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dans York Buildings près de la Riviere. Il demeura quelques jours à Londres, & eut plufieurs entrevues avec le Roi,, avec fon Alteffe Royale la Princeffe Anne de Dannemarc, & plufieurs Seigneurs d'Angleterre ; mais il n'y eut perfonne dont la converfation lui fit plus de plaifir que celle du Marquis de Carmarthen, dont l'humeur s'accordoit parfaitement avec la fienne; ce Seigneur lui étoit d'un très grand fecours dans la connoiffance qu'il vouloit acquerir de la Marine, & étoit toûjours prêt à ramer & à voguer avec lui, ce qui étoit fon plus grand divertiffement. Je lui ai fouvent oui dire qu'il avoit de grandes obligations à ce Marquis, & en general il parle fort avantageufement de l'Angleterre, & s'entretient fouvent des obfervations qu'il y a faites. Je lui ai auffi fouvent oui dire qu'il avoit deffein d'y retourner dès qu'il auroit la Paix. Il a même plufieurs fois declaré à fes Seigneurs, lorfqu'il étoit un peu gai, qu'il regardoit la condition d'un Amiral d'Angleterre, comme plus heureufe que celle d'un Czar de Mofcovie.. La maifon qu'on lui avoit préparée dans Londres, ne convenant ni à fon humeur, ni au deffein qu'il s'étoit proposé dans fes voyages, quelques jours après

fon arrivée, il aima mieux aller à Deptford loger dans la maison de M. Evelyn, qui eft fort agreablement fituée. Il y avoit une porte de derriére par où l'on pouvoit entrer dans le Chantier du Roi, ce qui lui facilitoit les moyens de fatisfaire l'envie qu'il avoit de s'entretenir avec nos ouvriers Anglois qui lui faifoient voir leurs plans, & les pro'portions qu'il falloit obferver dans les Vaiffeaux de quelque grandeur qu'ils fuf fent, & toutes les regles requifes pour les conftruire, ce qui le fatisfaifoit extrémement, auffi-bien qu'à remarquer de quelle maniere cela fe pratiquoit tant pour les Vaiffeaux Marchands que pour les Vaiffeaux de Guerre. Il fe repentit même d'avoir demeuré fi long-temps en Hollande, où la maniere de bâtir les Vaiffeaux eft beaucoup au-deffous de celle qui eft en ufage en Angleterre ; & comme il s'eft depuis fort perfectionné dans cet art, on lui a fouvent oüi dire, que s'il n'étoit pas venu en Angleterre, il n'auroit été toute la vie qu'un apprentif dans cet art: qui fait aujourd'hui tout fon plaifir.

A fon arrivée en Angleterre, il refolut de n'avoir dans fon Païs que des Vaiffeaux bâtis à l'Angloife, & il s'en

tretint avec plufieurs Anglois par rapport à la Flote qu'il avoit deffein de mettre fur pied, Celui qu'il confulta le plus fur ce fujet, fut le fils du Chevalier Antoine Dean homme d'efprit. Le pere avoit été autrefois envoyé en France par le Roy Charles II. pour quelque affaire: .on dit que dans ce voyage il apprit aux François la maniere dont il falloit conf truire les Vaiffeaux ; ce qui fut cause qu'il fe trouva fouvent attaqué par la populace, & en danger de perdre la vie.

Le Czar vit avec beaucoup de plaifir nôtre Arcenal dans la Tour, la maniere dont nous fabriquons nôtre monnoye, qui furpaffe certainement celles de tous les autres Pais du monde. II demeura environ trois mois en Angleterre. Pour fatisfaire fa curiofité, le Roy ordonna à l'Amiral Mitchel de l'accompagner à Portfmouth, & de mettre en Mer la Flote qui étoit à Spithead, & de lui donner le fpectacle d'un combat naval. H en avoit vû un en Hollande; mais il fut plus fatisfait de celui qu'il vit en Angleterre. Il alla auffi à Oxford voir l'Univerfité, & il rendit une fois vifite à l'Archevêque de Canterbury. Il alloit affez fouvent dans nos Eglifes, fur tout dans Les Cathédrales, pour examiner l'Ordre

religieux qui s'y obfervoit : Il eut même la curiofité de voir les Affemblées dés * Quakers & des autres Sectes.

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On lui fit voir auffi les deux Chambres du Parlement, dans le temps qu'el les étoient affemblées; on le mena une ou deux fois à la Comedie, mais il n'y trouva aucune fatisfaction. Son plus grand attachement étoit pour ce qui regardoit la Guerre & la Marine, & it paffoit la plus grande partie du temps à naviguer fouvent il prenoit les outils des Charpentiers, & travailloit lui-même dans le Chantier de Deptford, comme il avoit fait en Hollande. Tantôt il étoit avec le forgeron, tantôt avec le fondeur enfin il n'y avoit point d'art mecanique, depuis l'horloger jusqu'à l'artifan qui fait des cercueils, qu'il n'y fit plus ou moins d'attention. Il en acheta même un qu'il envoya en Mofcovie pour y fervir de modele; ce qu'il fit à Pégard de plufieurs autres chofes. Tantôt il prenoit l'habit de Chevalier, tantôt celui de marelor. Il ne paroiffoit qu'avec une fort petite fuite, comme il avoit fait en Hollande, afin d'être moins connu: par hazard la populace le reconnoiffoit & s'amaffoit pour l'examiner, il se reti* Sorte de Fanatiques en Angleterre.

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roit d'abord. Le Prince Mentzicoff fon Favori, & un de fes Ambaffadeurs, le Comte Gollovin, & quelques autres perfonnes qui l'avoient accompagné en Angleterre, contracterent par fon ordre avec quelques Marchands, pour envoyer tous les ans en Mofcovie une quantité confiderable de tabac, à condition qu'ils en demanderoient auparavant la permiffion au Marquis de Carmarthen, à qui il fit cette honnêteté en confideration des fervices qu'il en avoit reçûs: le profit que ce Seigneur devoit tirer de cette permif fion, étoit cinq Shellings par tonneau. Jufqu'alors le tabac avoit été défendu en Mofcovie, par ordre du Patriarche,comme une chofe foüillée & profane; & aujourd'hui même un Prêtre n'oferoit entrer dans une chambre où l'on fume.

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Les cuifiniers & les domeftiques du Roi eurent ordre de fervir le Czar; pendant tout fon fejour en Angleterre, if fut traité fort honorablement avec toute fa fuite aux dépens du Roy, de même que fur Mer lorfqu'il vint de Hollande, & qu'il y retourna. Le Roy lui permit de prendre à fon fervice ceux de fes Su jets qui pouvoient lui être utiles, & à fon départ il lui fit prefent du Royal Tranfport qui étoit un Yacht bâti en

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