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tion & enfuite pendre M. de Koningfeck qui étoit un Envoyé Etranger, re du celebre Envoyé de Pologne.

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Cependant, malgré ce contre-temps le Roy de Suede ne voulut prêter l'oreille à aucune propofition pour se retirer. Pendant quelque temps, les Cofaques s'affembloient par troupes & affiftoient de provifions le Roy de Suede mais enfuite ces Partis furent difperfez & ruinez par les forces du Czar, & l'Armée Suedoife affoiblie par diverses actions (quoiqu'elle eut l'avantage par tout où le Roy fe trouvoit) jufqu'à ce qu'enfin, après avoir été réduite à de grandes extrémitez le froid & par par faim, plufieurs Officiers & foldats ayant été gelez, d'autres ayant perda l'ufage des pieds & des mains dans le rude hyver qu'il hit cette année là, elle fut enfin entièrement ruinée par la grande Victoire que le Czar gagna l'an 1709. Le Roy de Suede lui-même fut bleffé, le Comte Piper fon premier Miniftre, les deux Secretaires d'Etat, tous les Generaux avec toute l'Armée; tout fut tué ou fait pri fonnier. Il n'y eut que les Generaux Majors Sparr & Legencroon, qui avec le Roi & environ 300 autres échapperent par le moyen du General des Colaques

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qui connoiffoit lePaïs, & qui leur fit paffer le Nieper (ou Borifthene) à cheval & à la nage, avec des difficultez extrêmes jufqu'à ce qu'ils arriverent à Bender dans les Etats du Grand Seigneur, où un petit nombre d'autres fe rendirent enfuite. Comme les particularitez de cette action font connues dans toute l'Europe, je ne me détournerai point pour les rapporter.

Par cette fignalée victoire, le Czar fut affermi fur fon Trône, & en état de pouvoir pouffer fes Conquêtes ; au lieu que fi le Roi de Suéde l'avoit battu, fon deffein étoit d'aller droit à Mofcou, & faire fes efforts pour le détrôner, comme il avoit fait au Roi Augufte. Il eft certain que fi le Czar eut perdu la bataille de Poltava, non feulement les Cofaques, mais les Mofcovites même, qui font toûjours difpofez à fe foûlever, & qui avoient pris les armes en divers endroits, mais qui avoient été défaits, fe feroient foulevez par tout, dans l'efperance de fe faire faire raifon fur les fujets de plainte qu'ils croyoient avoir contre le Gouvernement du Czar, Leur but auroit été de rentrer dans leur ancienne fuperftition & ignorance, d'être délivrez des Etrangers dont ils font toûjours mécontents, d'être foulagez de la charge des Taxes qui épuifent

le peuple; à quoi donnent lieu,non feufe ment une longue Guerre, mais auffi les autres entreprises du Czar, comme font les fortifications de nouvelles Places fur les Frontieres, où le Czar oblige les foldats & les païfans d'aller habiter; la conftruction des Flores; les ouvrages pour rendre les Rivieres navigables:toutes cho fes, qu'ils regardent comme n'étant nullement neceffaires, & dont ni eux, ni leurs peres n'avoient jamais our parler aupara

vant.

Mais la fortune ayant favorifé le Czar dans cette action, il revint triomphant à Mofcou, & y fit fon entrée avec le General en chef & les prifonniers qu'il avoit pris. Entre autres chofes qu'on fit en cette occafion, on dreffa un magnifique are de triomphe, & l'on fit jouer de trés-beaux feux d'artifice en un mot, on ne voyoit que fêtes & toute forte de démonftrations de joye.. Par ce changement de fortune fi confiderable, le Czar ne fongea qu'à pouf fer fes Conquêtes jufques dans le cœur de la Suéde, & à établir fon pouvoir fur la Mer Baltique.

La-deffus il plut à sa Majefté de penser à m'employer de ce côté-là, pour faire une communication depuis le Wolga jufqu'à Petersbourg, par le lac Lodiga, pour pou

voir facilement porter par eau ce qu'on voudroit, depuis cette grande Riviere, qui arrofe les parties les plus fertiles de la Mofcovie, jufqu'à cette nouvelle Ville qui eft la favorite du Czar; mais comme j'avois été trés long-temps privé de mes arrerages, de quoi j'avois fouvent témoigné mon mécontentement, j'étois tout-à-fait éloigné de vouloir fervir à quelque nouveau deffein,à moins que je ne fuffe auparavant payé de tout ce qui m'étoit dû: & fur ce que j'appris, à mon grand étonnement, que quelque Seigneur avoit fait une objection contre le payement de mes arrerages, fous pretexte que j'avois été fi long-temps à Mofcou fans rendre aucun fervice, & que l'ouvrage pour la communication du Wolga avec le Don n'étoit pas encore achevé. Je dreffai un mem oire que je fis voir premierement à M. whitworth, qui avoit été declaré alors Ambaf fadeur Extraordinaire auprés du Czar, & à M. Goodfellow, Conful de fa Majefté, afin qu'ils fçuffent le mauvais traitement que j'avois reçû. Lorfque ce memoire fût traduit en Langue Mofcovite, je le délivrai à l'Amiral Apraxim, le fuppliant humblement de me faire la juftice de le prefenter au Czar. J'avois fait tranfcrire ce memoire de la maniere fui

vante :'je demande pardon au Lecteur s'il y trouve diverfes chofes dont j'ai déja parlé.

Très humble reprefentation de la mauvaife fortune & du découragement que le fouligné Jean Perry a rencontré depuis qu'il fut reçu au fervice de fa Majesté Czarienne en Angleterre, jufqu'à la prefente année 1710.

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U mois d'Avril 1698, Monfeigneur Feodore Alexyavich Gollo» vin, Ambaffadeur de Sa Majefté, fit un » accord verbal avec moi en Angleterre " pour me faire entrer au fervice de fadi"te Majefté, moyennant 300 livres fterling de gages par an, outre une aug»mentation par mois, dont il fut convenu pour mes frais & pour ma sub"fistance, & une récompenfe extraordi"naire pour chaque ouvrage que j'ache"verois, par rapport aux Rivieres, Ports, "Moles, Baffins ou Eclufes. Là-deffus je "fus envoyé d'Angleterre pour examiner un ouvrage commencé, pour faire une communication entre le wolga & le Don, lequel avoit été abandonné par

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