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C'est là le veritable état de mon af. ce faire; fur quoi je fupplie très-hum- «e blement qu'on veuille confiderer avec équité. Premierement, que comme on ce l'a vû, ce n'a point du tout été par ce ma faute, que la communication du ce Wolga avec le Don n'a point été ache- « vée depuis fi long temps. Secondement, « qu'à mon arrivée dans le Païs, on ne « m'a propofé aucune difficulté qui dût « empêcher le payement regulier de mes " appointemens annuels, excepté le scru- « pule dont j'ai parlé, fur la prétenduë “ crainte que je ne vinffe à deferter: " fcrupule que j'efpere qui eft presen- « tement tout-à-fait évanoui, après les « preuves que j'ai données pendant dou- " ze années, de la fidelité de mes fer- " vices. Et puifque la faveur & la bon- " té de fa Majefté Czarienne s'étendent “ tous les jours fur un grand nombre de ceux qui viennent des Païs Etran- " gers pour la fervir: je me flate, avec " humilité, que je ne deviendrai pas en " ceci un malheureux exemple d'infor- “ tune & de ruine, après m'être confié « pendant tant d'années fur les gracieufes promeffes que fa Majesté a eu la « bonté de me faire, que mes gages me « feroient payez, & avoir employé mes "

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plus beaux jours & tout ce que je país avoir de capacité, & fait tous mes efforts pour fervir la Majefté, en tout ce qui m'a été commandé.

A Mofcou le 15. Fevrier 1710.

J. PERRY.

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Après que j'eus donné ce Memoire à l'Amiral Apraxim, j'en préparai une copie que je joignis à un placet fort court, dans l'intention de les reprefenter au Czar même; mais le Prince Mentzicoff, dans la Province de qui fe devoit faire l'ouvrage, où j'allois être employé, me confeilla de ne delivrer ni l'un ni l'au tre, & de me contenter de parler à sa Majefté, fans la troubler par des écritures, & me promit qu'il appuyeroit mes demandes. C'eft auffi ce qu'il fit dans un endroit, où avec un petit nombre de perfonnes, j'eus ce même jour l'honneur de dîner avec fa Majefté. Ce Prince me répondit gracieufement là-deffus, que dés que j'aurois examiné ce qu'il y avoit à faire pour la communication dont j'ai parlé à Petersbourg, je ferois affurément payé à mon retour de tous mes arrerages, avant qu'il me fit entreprendre autre chofe. Sur cela, me repofant fur la

parole

parole de fa Majefté, puisqu'il ne s'agiffoit que d'examiner, & non de m'engager dans quelque nouveau Traité fans avoir touché mon argent, je fus porté à m'accorder à la volonté de fa Majesté & j'executai fes ordres, faisant mon rapport felon que les chofes m'avoient paru, dans le deffein de faire plaifir à sa Majefté, qui venoit de me renouveller une promeffe fi favorable.

L'inspection que je devois prendre étoit dans la vûe de pouffer un grand & utile projet du Czar, qui depuis long-temps avoit intention de tranfporter tout le commerce d'Archangel & des autres endroits de ce Païs-là dans fa nouvelle Ville de Petersbourg, fituée à l'embouchure de la Neva, qui venant du Lac Lodiga, tombe dans la Mer Baltique,

Pour cet effet, on y avoit bâti des Magazins avant que j'y arrivaffe de Mofcovie, & un grand nombre d'Habitans étoient venus s'y établir. Ce n'étoit pourtant là que la plus petite par tie des deffens du Czar, qui en avoit dans l'efprit un grand nombre d'autres de plufieurs fortes, & en particulier celui de bâtir une autre nouvelle Ville dans l'Ile Richard, qui eft à 40 miles de Mofcovie, de l'embouchure de la Neva

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& às de la Côte d'Ingermanie & qu'il vouloit faire affez grande pour loger tous les Seigneurs de fa Cour, les Marchands, &c. y creufer des canaux dans les rues comme à Amfterdam, & y faire un Port artificiel pour fes Vaiffeaux & ceux des Marchands qu'on fuppofe qui y négocieront. Cependant tous ces projets qui tendent à augmenter le Commerce en cet endroit & la puiffance de fa Majefté, fe trouveront trés-difficiles à executer, & feront très-onereux à fon Peuple, à moins qu'on ne faffe une communication par eau avec les Contrées les plus fertiles du Païs. La raifon en eft, que le chemin eft extremement long & ennuyeux ; parce qu'il faut attendre que les pluies ayent groffi les Rivieres, pour pouvoir paffer en divers endroits, où il y a peu d'eau. D'un autre côté, les bateaux & trains de bois qui viennent par ces Rivieres, heurtent fouvent, & font brifez par les rochers & chutes qui y font, d'où il arrive que les effets fe perdent & font pillez. Joignez a cela là grande difette & cherté du fourrage pour les chevaux, lorsqu'il faut faire le tranfport par terre; le bled & les autres provifions qu'on porte de cette maniere reviennent ordinairement à trois ou

quatre fois, pour le moins, plus cher qu'on ne les achete entre les Villes de • Rebna & de Caffan, dont la premiere qui eft fur le Wolga, eft éloignée de Petersbourg d'environ 1000 miles de Ruffie. On porte de ce même Païs du bois de charpente & autres chofes neceffaires pour équiper les Flotes du Czar, dont les frais font pareillement augmentez par la longueur du tranfport; de forte que les Vaiffeaux de fa Majef té qui font prefentement bâtis de chêne à Petersbourg, quoiqu'on prenne le fer & le cordage dans le Païs-même, & que le falaire des Ouvriers foit beaucoup moindre, coûtent autant que fi on les achetoit en Angletrrre.

C'eft pour remedier à ces inconveniens, qu'il plût à fa Majefté de me marquer trois differens chemins pour aller du Lac Lodiga, jufqu'au Wolga, afin que je fuiviffe le cours de diverfes Rivieres, depuis les endroits, où elles fe jettent l'une dans l'autre jufqu'à leur fource que je viffe, où elles s'approchent le plus, & où l'on pourroit faire plus commodément la communication. Je me mis donc en devoir d'executer fes ordres, & pour cet effet, je mefurai la defcente ou difference du niveau de ces

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