Imágenes de páginas
PDF
EPUB

dans l'eau, & à élever l'eau au-deffus de fa furface à mefure que le bois s'y enfonce : il lui faudroit encore ici une double Action contraire; une vertu d'élever & une vertu d'abaiffer..

II°. L'Attraction générale, proportionnelle aux mafses & en raifon inverfe des quarrés des distances, ne peut produire dans deux Corps placés près de la furface de la Terre, aucun mouvement fenfible qui les emporte l'un vers l'autre comme le démontre la théorie même de l'Attraction, & comme en conviennent tous les Sectateurs de Newton. (1422&1517). Donc fi l'Attraction a quelque influence réelle comme on n'en peut douter, fur les deux phénomenes dont il eft ici queftion: il eft conftant que cette attraction doit être une Attraction Spéciale, uniquement relative aux différentes efpeces d'élémens fur le point du contact. (88, 91, 1520).

[ocr errors]

Le célebre Abbé Sigorgne, ce fublime & profond interprete du grand Newton, reconnoît avec lui " que l'Attraction en raifon directe des maffes & en raifon inverse des quarrés des diftances, ne fuffit aucunement pour expliquer une foule de phénomenes de la Nature. Il fuppofe donc en conféquence, que l'Attraction agit à l'égard de tous les corps indiftinctement, en raison inverfe des Quarrés des diftances, quand la distance eft notable; & en raison inverse des Cubes des diftances, quand la distance est infiniment petite.

Mais l'augmentation de Force attractive, qu'il fuppofe également & indiftinctement à toutes les efpeces de corps, ne peut nullement fatisfaire aux divers phénomenes d'affinité que l'on obferve par-tout dans la Nature, & pour lefquels uniquement elle feroit néceffaire.

97. EXPÉRIENCE II. Une Goutte d'eau, fur un Plan

horisontal de marbre ou de cuivre ou de bois verniffé, au lieu d'étendre fa furface felon le niveau qu'affectent les Liquides, prend une forme à peu près fphérique. (Fig 5).

EXPLICATION. D'où peut venir à cette Goutte d'eau, la figure fphérique qu'elle prend; fi ce n'eft de l'Attradion Spéciale de fes Parties intégrantes entre elles: attraction qui la fouftrait à la Loi générale de l'Hydroftatique, en vertu de laquelle les Liquides fe mettent toujours & par-tout de niveau dans leurs furfaces fupérieures.

La preffion de l'Air ou de la Matiere subtile, ne peut influer en rien dans ce phénomene: puifque ces Fluides agiffent néceffairement avec des forces égales en tout fens ; & que les preffions latérales m d& n b, étant détruites par les preffions verticales ca; les élémens de cette goutte d'eau, restent réduits à leur fimple action particuliere: action en vertu de laquelle les élémens d b c devroient fe précipiter vers rs, & prendre tous une furface de niveau; s'ils n'avoient aucune autre action, que leur tendance générale vers le centre de la Terre.

Or, ils ont une Tendance particuliere vers le centre de la Goutte qu'ils forment: donc cette tendance particuliere vers ce centre x, doit avoir pour caufe une Attraction Spéciale entre ces élémens.

De la même Caufe, de la même Attraction fpéciale, naît la figure fphérique des gouttes de pluie & de rofée; l'action & la figure de deux gouttes d'eau contigues, qui fe transforment en une feule goutte un peu moins fphérique.

98. REMARQUE I. Les petites Portions de mercure, prennent une forme plus parfaitement fphérique encore, que les gouttes d'eau: foit parce que le Mercure étant environ quatorze fois plus denfe que

12

l'eau, il a beaucoup plus de force attractive, à raifon de la plus grande contiguité de fes élémens; foit parce que le mercure ayant moins d'affinité que l'eau avec les corps fur lefquels il repofe; l'Action attractive eft moins détruite dans le mercure que dans l'eau, par l'attraction oppofée des fubftances qui le foutiennent..

99. REMARQUE II. Un Pied cube d'eau, que l'on verfe doucement & goutte à goutte fur un Plan horifontal de marbre ou de cuivre, ne prend pas & ne doit pas prendre, comme la goutte d'eau ifolée, une figure fphérique ; & voici la raifon de cette différence. (Fig. 5).

1o. Chaque élément a b c d d'une goutte d'eau, a une double Attraction; l'une, de tendance ou de gravitation vers le centre de la Terre; l'autre, de tendance vers les élémens contigus ou voifins.

En vertu de la premiere Attraction, fruit de la Loi générale; tous les élémens de cette goutte d'eau,. tendent à fe mettre à égale distance rs du centre de la Terre.

En vertu de la feconde Attraction, fruit de la Loi Spéciale; ces mêmes élémens têndent à fe mettre les uns auprès des autres à égale diftance d'un centre commun x, pris dans cette goutte d'eau.

La premiere Attraction lutte donc contre la feconde, & tend à la détruire. Mais comme la premiere, toujours proportionnelle aux maffes, eft trèspeu confidérable dans une fort petite goutte d'eau elle fe trouve affez foible pour être vaincue en très-grande partie par la feconde, qui eft dans toute fa force, à raifon de la très-grande proximité de toutes les parties.

Cette feconde Attraction, qui doit produire fa fphéricité dans une goutte d'eau, obtient donc plus

ou moins parfaitement fon effet ; & la eft plus ou moins parfaitement fphérique.

goutte d'eau II. Si on fuppofe maintenant en m & en n deux nouvelles gouttes d'eau: ces deux gouttes, par leur propre attraction, attireront l'une l'élément d' vers m, l'autre l'élément b vers n.

La tendance des élémens d & b vers le centre de La goutte a b c d, fera donc partagée & diminuée ; & les élémens c, en vertu de leur gravitation qui n'a plus le même obftacle à vaincre, fe précipiteront vers la furface inférieure m n.

Ainfi un grand volume d'eau, ne doit pas prendre une furface fphérique': parce que dans un grand volume d'eau, la gravitation commune, proportionnelle à la maffe, détruit par-tout victorieufement l'Attraction Spéciale des diverfes gouttes entre elles.

Comme les gouttes éloignées m & n ne peuvent pas avoir une contiguité immédiate entre elles, & que l'Attraction Spéciale dépend de la contiguité ou du moins de la très-grande proximité: la Force attractive des gouttes d'eau entre elles, ne croît point & ne doit pas croître proportionnellement à la maffe d'eau qui en réfulte. Dans une grande maffe d'eau, la Gravitation générale, qui lutte contre l'Attraction particuliere, doit donc en détruire fenfiblement tout l'effet, par fon excès de force.

La même chofe a lieu dans un grand volume de Mercure & de tout autre Liquide, & pour les mêmes raifons.

100. REMARQUE III. Cette Attraction Spéciale eft croportionnelle aux maffes attractives, en tant que dontigues: la raifon en eft, que cette force attractive dépend de la contiguité.

Ainfi le morceau de fapin de la premiere expérience précédente, fera attiré par une force comme 1,

s'il eft touché par une furface d'eau comme ; fera attiré par une force comme 10, s'il est touché par une furface d'eau dix fois plus grande.

Mais la partie de cette maffe d'eau qui n'a point de contact, foit qu'elle ait plus ou moins de largeur, foit qu'elle ait plus ou moins de profondeur n'exerce aucune vertu attractive fur le fapin: parce qu'elle manque de la condition effentielle d'où dépend fon action, favoir, de la, contiguité.

SECOND GENRE DE PREUVES.

LES DISSOLUTIONS CHYMIQUES. 101. DÉFINITION. La Diffolution des Corps, est un opération par laquelle les partics intégrantes d'un corps, s'uniffent & fe combinent avec les parties intégrantes d'un autre corps de nature différente: en telle forte que de cette union & de cette combinaison, il réfulte un nouveau Compofé, qui n'eft proprement ni le corps qui diffout, ni le corps qui eft diffous, mais un mélange combiné de l'un & de l'autre. Telle eft une pinte d'eau, dans laquelle on a diffous quatre ou cinq onces de fel commun: ce n'eft pas de l'eau, ce n'eft pas du fel: c'eft une combinaifon de ces deux efpeccs de fubftance: c'eft un Tout nouveau.

1o. On voit, par cette définition, que la fimple divifion ou féparation des Parties intégrantes d'un corps, n'eft pas une diffolution. Le Plomb, devenu: liquide par l'action du feu, eft fondu, & non diffous. Pour que le Plomb foit diffous, il faut que fes parties intégrantes fe combinent avec les parties intégrantes d'un autre corps; par exemple, du mercure ou de l'eau forte.

II. Dans une Diffolution chymique, quoique les deux corps d'où réfulte le nouveau Compofé, con

« AnteriorContinuar »