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tribuent réciproquement à l'action de la diffolution : on appelle Diffolvant, le corps dont les parties intégrantes font déjà défunies & fluides avant la diffolution ; & on nomme Diffous, le corps dont les parties ne fe défuniffent que par l'acte même de la diffolution ou de la combinaison des deux corps.

DISSOLUTION DES SELS.

102 DESCRIPTION. Les propriétés effentielles & caractéristiques de toute Subftance qui mérite d'être regardée comme faline, font d'avoir de la faveur d'être diffoluble dans l'eau, d'avoir une pefanteur & une fixité moyennes entre celles de l'eau & celles de la terre pure. Tel eft le fel commun, tel eft le fucre, tel eft le falpêtre ou le nitre.

Parmi la multitude prefque infinie des Corps dans lesquels on obferve des propriétés falines; on a remarqué qu'il y en a un grand nombre qui font compofés d'une fubftance faline par elle-même, & d'une ou de plufieurs autres fubftances qui par ellesmêmes ne font point falines.

C'eft fans doute cette obfervation, qui a donné lieu au célebre Chymifte Sthal, de foupçonner qu'il n'y a dans la Nature qu'un feul Principe falin, qui fe modifie en une infinité de manieres différentes, par fon mélange avec une foule de fubftances non falines; & que ce Principe falin unique eft l'Acide vitriolique, le plus actif & le plus inaltérable de tous les Principes falins.

103. EXPÉRIENCE. Empliffez environ jufqu'aux deux tiers de leur capacité, d'une eau pure de fontaine, trois Gobelets de criftal: mettez du Sel commun dans le premier; du Sucre dans le fecond; du Salpêtre dans le troifieme.

EFFETS. L'eau divife & diffout ces trois efpeces

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de Sels, en particules fi ténues & fi imperceptibles, qu'on ne peut les appercevoir à l'aide du meilleur Microfcope: de forte qu'après que ces trois efpeces de Sels fe font mêlées à l'eau, où elles fe font très-bien fentir au goût; fi on prend une goutte de ces différentes diffolutions, dans l'un des trois Gobelets indif féremment, & qu'on la regarde avec une excellente Loupe, avec un excellent Microscope, on ne voit qu'une fimple Liqueur limpide.

I°. L'eau diffout & tient en diffolution une quantité de Sel commun à peu près égale au quart de fon poids; après quoi fon action eft épuifée; & le nouveau fel commun qu'on y mêle, refte au fond en maffe concrete, & ne s'y diffout plus : c'eft le Point de faturation, Bouillante, elle n'en diffout guere plus que lorfque elle eft froide.

II°. L'eau diffout & tient en diffolution une beaucoup plus grande quantité de Sucre: elle parvient donc beaucoup plus difficilement à l'égard du fucre, qu'à l'égard du fel commun, au Point de faturation.

III. L'eau froide diffout une quantité déterminée de Salpêtre après quoi elle arrive au point de Saturation, & n'en diffout plus. Bouillante, elle diffout une quantité incomparablement plus grande du même falpêtre après quoi elle arrive enfin à un nouveau Point de faturation, où elle ceffe d'en diffoudre d'avantage.

IVo. Saturée de Sel commun, l'eau eft encore en état de diffoudre une quantité plus ou moins grande de Sels différens, tels que le Sucre & le Salpêtre : quand fon action eft épuisée relativement au premier fel, elle conferve donc encore une force réelle pour diffoudre des fels d'une autre espece.

104. ASSERTION. Le phénomene de la Diffolution des Sels, paroit dépendre uniquement de la Loi d'affinité, ou d'une Attraction Spéciale entre l'Eau & les Sels.

DEMONSTRATION. Le Sel commun, que nous pren drons ici pour exemple général, plus pefant que l'eau, fe précipite d'abord en maffe & fous fa forme concrete, au fond du Vafe où l'eau eft contenue. Comment & en vertu de quoi remonte-t-il & fe diftribue-t-il dans toute la maffe de l'eau ?

On voit d'abord, qu'il s'agit ici d'un grand Phénomene; d'un phénomene qui fe montre perfévéremment fur les deux tiers de la furface de notre Globe: puifque les deux tiers de cette furface, font formés par l'eau falée de la Mer.

I. Ce Sel, placé au fond du Vafe, n'est point diffous & exalté par l'action d'une Matiere tourbillonnante. Caufe de la dureté & de la pefanteur des corps, felon les Cartéfiens, comment feroit-elle en même tems la caufe de la divifion & de l'exaltation des mêmes corps? Ce feroit attribuer à cette Caufe fabuleuse, une double vertu diamétralement oppofée.

II°. Ce Sel n'eft point diffous & exalté en vertu de l'Attraction générale, de l'Attraction commune à tous les corps indiftin&tement. Car quelque force attractive que l'on fuppofe entre l'eau & le fel commun, dans leur contact: comme cette Attraction affecte indifféremment tous les corps, elle ne peut tendre qu'à les unir plus fortement entre eux indif tinctement. Elle ne doit donc tendre qu'à unir l'eau avec le fel qu'elle touche: au lieu de tendre à défunir & à difperfer les molécules de ce fel, dans toute la maffe de l'eau.

III°. Ce Sel n'eft point diffous & exalté par la fimple action du feu ou de la chaleur: puifqu'un Thermometre plongé dans une eau de fontaine, ne monte point, quand on y met diffoudre du fel. L'action de la Chaleur, qui ne le diffout pas hors de l'eau, ne le diffout donc pas dans l'eau, où elle n'eft pas plus grande. IV. Ce Sel n'eft point diffous & exalté par le poids

& par la gravitation de l'Eau. Car, comment & en vertu de quoi le poids & la gravitation de l'eau, opéreroient-ils la feparation des molécules du Sel? On aura beau fe figurer abfurdement les molécules de l'Eau, comme tout autant de petits Coins, propres à s'infinuer entre les Parties intégrantes du fel à divifer: il faudra toujours à ces prétendus petits Coins, une Force impulfive ou attractive, qui les faffe agir, qui les enfonce avec violence, entre les Parties intégrantes du Sel.

Or, cette Force active peut-elle être autre chose qu'une Attraction spéciale entre les molécules de l'eau & les molécules du fel à divifer? Le poids de l'eau fupérieure, lutte autant contre les molécules à divifer, que contre les prétendus petits coins, deftinés à opérer la divifion : ce poids de l'eau eft donc évidemment une force nulle, relativement à la diffolution du fel.

Et d'ailleurs ce poids de l'eau, ou telle autre vertu impulfive qu'on voudra imaginer dans l'eau, devroit divifer & féparer les molécules d'un morceau de Cire, plus aifément & plus efficacement que les molécules d'un morceau de Sel criftallifé qui eft un corps beaucoup plus dur : ce qui eft contraire à l'expérience.

105. RÉSULTAT. C'est donc uniquement en vertu de l'Attraction Spéciale qui fe trouve entre les molécules élémentaires de l'eau & les molécules élémentaires du Sel commun, qu'une maffe plus ou moins confidérable de ce fel, jettée dans un vaiffeau plus ou moins profond, qui contient une fuffifante quantité d'eau naturelle, s'y diffout entiérement & fe diftribue uniformément dans toute la maffe de l'Eau. Et on peut dire la même chofe, du fel de nitre, du fel de Glauber, du fel ammoniac, & ainfi du reste.

1°. Le Sel, précipité d'abord en maffe folide au fond de l'eau, attire l'eau contiguë; & est attiré par l'eau contiguë.

La couche d'eau, qui fe trouve contiguë à la maffe folide du Sel, au fond du Vaiffeau, en vertu de fa force attractive spéciale pour le fel, s'infinue avec violence dans fes pores; divife & détache fes petites molécules; fe charge & fe fature de fes particules divifées & féparées de la maffe.

II°. A cette premiere couche d'eau, qui agit immédiatement fur la maffe folide du Sel, au fond du Vaiffeau, eft contigue une feconde couche d'eau, qui exerce à fon tour toute fa force attractive contre les molécules falines qui ont été attirées & exaltées par la premiere couche. Elle s'en charge donc à fon tour; &, en dépouillant ainfi la couche contiguë au fel, elle la rend à fa force attractive, elle l'empêche d'arriver bientôt au Point de faturation; elle la met en état de continuer à attaquer & à divifer la maffe du Sel.

III°. Une troisieme couche d'eau, fait fur la feconde, ce que celle-ci a fait fur la premiere; & ainfi de fuite, d'une quatrieme couche fur la troisieme, d'une cinquieme fur la quatrieme, d'une dixieme fur la

neuvieme.

Les Couches d'eau fucceffives, depuis le fond jufqu'à la furface, à mesure qu'elles fe chargent de molécules falines, font donc fans ceffe dépouillées de leur fel par les couches d'eau plus éloignées qui n'ont encore rien perdu de leur force attractive pour le fel force qu'elles exercent toute entiere contre les molécules falines de la couche d'eau qui les avoifine, laquelle a déjà perdu une partie de fa force attractive, proportionnelle à la quantité de fel dont elle s'eft emparée.

IV. La couche d'eau, qui fe trouve contiguë å

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