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-fon fourreau, ou avec tel autre corps qui n'altere point fa maffe & fa figure. Car dans les diffolutions, les -Parties intégrantes des corps diffous, confervent leur nature primitive; & par-là mêmé, leur même figure & leur même maffe.

II°. Si on veut que la Diffolution opere une plus grande divifion dans les parties combinées : conçoiton comment les pores de l'Argent, acceffibles aux molécules de l'Acide nitreux, deviendront inacceffibles aux mêmes molécules de l'Acide nitreux; quand ces molécules auront été plus atténuées par leur combinaifon avec l'Acide marin, duquel elles peuvent fe détacher pour fe précipiter dans ces pores?

telles

III. En fuppofant telle divifion, tels pores, figures qu'on voudra dans les deux Métaux qui fe diffolvent: conçoit-on, fans la Loi d'affini.é & d'attraction, comment un Fluide qui devroit être paisible & immobile, fe porte & s'infinue avec violence dans les pores & entre les parties folidement adhérentes de ces métaux; comment ces parties folidement adhérentes de ces métaux, fe féparent les unes des autres, fe difperfent en tous fens dans toute la maffe du Diffolvant, & vont s'unir jufqu'au point précis de faturation, à toutes les molécules de ce même diffolvant? Cette explication eft donc fauffe & ruineufe.

117. EXPLICATION II. Voici donc une autre caufe & une autre raifon de cette diverfité de phénomenes. I°. L'Acide nitreux, ou l'Eau forte, diffout l'argent, & ne diffout pas l'or: parce que les molécules de cet Acide, capables de pénétrer dans les porcs de ces deux métaux, ont une affinité avec les molécules de l'Argent, & n'ont pas la même affinité avec les molécules de l'or. Elles doivent donc être attirées par l'argent, & non par l'or.

II. L'Acide nitreux, combiné avec l'Acide marin,

ou l'Eau régale, diffout l'or, & ne diffout pas l'argent: parce que les molécules de l'Acide nitreux, combinées avec les molécules de l'Acide marin, forment de nou veaux Touts, différens des deux principes ifolés qui les conftituent; & que ces nouveaux Touts ont une affinité avec les éléments de l'or, fans avoir la même affinité avec les éléments de l'argent.

Les molécules de l'Acide nitreux, pour être combinées avec les molécules de l'Acide marin, ne ceffent pas de pouvoir pénétrer dans les pores de l'argent: puifqu'en fe détachant des molécules de l'Acide ma rin, elles pourroient, comme avant le mélange, s'infinuer & fe précipiter dans les mêmes pores de Pargent.

Mais ces molécules de l'Acide nitreux, ont avec les molécules de l'Acide marin, une Affinité complexe, qui épuife & détruit leur attraction avec l'ar gent, & qui fait naître une attraction avec l'or. Elles doivent donc ceffer d'être attirées par l'argent, & commencer à être attirées par l'or. (87). (

LES PRÉCIPITATIONS CHYMIQUES.

118. DÉFINITION. La Précipitation chymique eft une opération par laquelle on définit l'un d'avec l'autre deux Corps en diffolution, par le moyen d'un troifieme corps qui a la propriété de s'unir avec l'un des deux, & de forcer l'autre à s'en féparer à mesure qu'il s'y unit.

On appelle Précipitant, le corps qui fert d'intermede pour opérer la féparation des deux corps qui étoient unis.

On nomme Précipité, celui des deux corps qui, en-se détachant du corps auquel il étoit uni, ne s'attache point au Précipitant; & fe dépofe communément au fond du vafe où fe fait cette opération.

I. Il eft certain d'abord, qu'aucune Précipitation ne

peut fe faire; qu'en vertu d'une affinité du Précipitant, beaucoup plus forte que celle du Précipité, avec La subftance dont ce dernier eft féparé.

Cette étonnante propriété qu'ont certaines fubftances d'en féparer ainfi d'autres, quoique très-étroitement unies, eft la vraie caufe phyfique d'une infinité de phénomenes également intéreffans & pour la Chymie & pour toute la Phyfique.

Par exemple, on n'eût jamais connu l'Acide du fel commun, les Acides d'une infinité d'autres fubftances fans le fecours de certains Acides plus puiffans, ont la vertu de les féparer d'avec leurs Alkalis; c'eft-à-dire, de certaines fubftances qui font comme leurs enveloppes & leurs bafes, & dans lesquelles ils fe trouvent naturellement engagés.

qui

II. Il eft certain enfuite, qu'il n'y a point de Préci pitation chymique; fans une nouvelle combinaison du Précipitant avec l'un des deux Principes qui étoient auparavant unis & diffous enfemble.

Si la Chymie donne quelquefois le nom de Préci pitation, à certaines opérations qui manquent de cette condition : c'eft, de fon propre aveu, un abus de ce terme.

III. eft certain enfin, qu'il ne fe fait jamais de Prè cipitation, que dans des matieres fluides: puifque fi elles n'étoient pas fluides; l'un des corps unis, ne pour roit pas fe détacher de l'autre, pour fe précipiter.

Comme les corps peuvent être rendus fluides ou par l'eau ou par le feu: on diftingue deux fortes de précipitations, l'une par la Voie humide, l'autre par la Voie feche.

On doit rapporter à la première, ou à la voie humide, toutes les décompofitions des Sels à bafe terreufe & métallique; que l'on fait diffoudre dans l'eau, lorfqu'on veut féparer leurs bafes d'avec leurs Acides, par le moyen d'un intermede convenable.

On doit rapporter à la feconde, ou à la voie feche, les opérations par lefquelles on fépare l'un de l'autre, deux Métaux enfemble unis & combinés : ce à quoi l'on parvient, en les faifant fondre enfemble; & en les mêlant avec la fubftance qui doit procurer la féparation de leurs parties. (1654 & 1658).

119. EXPÉRIENCE. Dans un grand Gobelet de Cryftal, verfez une quantité confidérable d'Eau- forte bien concentrée ; & mettez dans cette eau-forte, une très-petite piece d'argent. L'eau-forte la diffoudra toute entiere, & la tiendra en diffolution.

Dans cette Diffolution d'argent, plongez quelques petites lames de cuivre. L'eau-forte attire le cuivre plus fortement que l'argent : d'où il arrivera que l'argent détaché de l'eau-forte, fe précipitera au fond du gobelet, fous la forme d'une poudre; & que le cuivre fe mettra en diffolution avec l'eau-forte.

Dans cette Diffolution de cuivre, plongez de la limaille de fer. Comme le fer eft attiré par l'eauforte, plus puiffamment que le cuivre: le cuivre aban donnera fon diffolvant, & fe précipitera au fond.

Dans cette Diffolution de fer, plongez du zinc. L'eau-forte agiffant encore d'avantage fur le zinc que fur le fer celui-ci quittera fon diffolvant, & fe précipitera au fond.

Dans cette Diffolution de zinc, jottez des yeux d'é creviffes. Après avoir fermenté d'une maniere terrible avec l'eau-forte, ces yeux d'écreviffes l'attirent & en font attirés; & le zinc, abandonné de fon diffolvant, Le précipitera au fond.

Sur cette Diffolution d'yeux d'écrevisses, versez de l'efprit urineux. Il fe fera une nouvelle effervefcence, caufée par l'attraction réciproque & fupérieure du Sel urineux & de l'eau-forte; & alors les yeux d'écrevif fes, se sépareront de leur diffolvant, & fe précipite ront au fond.

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Enfin, fur cette derniere Diffolution, jettez quelque Sel alkali fixe. Ce fel alkali ayant une très-grande af finité avec l'eau-forte : il arrivera que le fel volatil urineux, venant à fe féparer de fon diffolvant, s'élévera en haut, où il fera emporté par fa légéreté.

Toutes ces expériences confirment, comme on voit, la Loi d'affinité que nous avons déjà établie: loi d'où peut uniquement découler leur explication. On peut auffi remarquer, à l'occafion de ces expériences, que l'Affinité ne fuit point la proportion de la pefanteur ou de la légéreté : puifque fouvent un corps plus pefant eft précipité par un corps plus léger; & un corps plus léger, par un corps plus pefant.

TROISIEME

GENRE DE PREUVE S.

LES DIFFÉRENTES CRYSTALLISATIONS. 120. DÉFINITION. La Cryftallifation, en général, eft une opération par laquelle les Parties intégrantes d'un corps, féparées les unes des autres par l'interpofition d'un Fluide, font déterminées à fe joindre & à former des maffes d'une figure réguliere & conftante.

Cette définition convient, comme on voit, à tous les Corps dont les parties font naturellement fufceptibles d'un arrangement régulier: foit que leurs molécules foient tranfparantes, comme dans les fels, dans les cryftaux, dans les pierres précieufes; foit que leurs molécules foient opaques, comme dans les cailloux, dans les pyrites, dans les métaux.

La Cryftallifation des Sels, que la Nature met plus à la portée de nos obfervations, va nous fervir d'introduction à la théorie générale de la Cryftallisation.

LA CRYSTALLISATION DES SELS.

121. EXPÉRIENCE. Placez fur un Porte-objets horifontal, à trois points différens, trois gouttes d'eau,

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