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d'une Volonté immuable du fuprême Auteur de la Nature.

III. De cette Dureté infinie, dans les Principes 'élémentaires des Corps, quels que puiffent être ces Principes, il ne s'enfuit aucunement que les molécules inaltérables & infiniment dures qui conftituent P'Eau, par exemple, ne puiffent pas former un Liquide; que les Molécules inaltérables & infiniment dures qui constituent l'Air ou la Lumiere, ne puiffent pas former un Fluide: parce que la nature d'un Liquide ou d'un Fluide comme Liquide ou comme Fluide, ne résulte que d'un défaut de lien & d'adhérence entre fes Parties intégrantes ; & qu'un tel défaut peut exifter dans des Molécules indivifibles & infiniment dures, tout auffi bien que dans des Molécules divifibles & fans aucune dureté.

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IV. La dureté des Corps, confifte dans l'adhérence naturelle que prennent entre elles leurs Parties intégrantes dans leurs points de contiguité: quelle que puiffe être la vraie Caufe phyfique de cette adhérence, que nous examinerons ailleurs.

Les Corps folides, ou les Corps durs, font compofés de Molécules primitives d'une dureté infinie qui deviennent leurs Parties intégrantes ; & ces Parties intégrantes, liées & adhérentes les unes aux autres par leurs points de contact, oppofent une plus ou moins grande réfiftance à leur féparation. De-là, la dureté de ces fortes de Corps.

Les Corps liquides ou fluides font auffi compofés de Molécules primitives d'une dureté infinie, qui deviennent leurs Parties intégrantes; & ces Parties intégrantes, privées de toute fenfible adhérence entre elles, & propres à gliffer en toute liberté les unes fur les autres, n'oppofent aucune fenfible réfiftance à leur féparation, De-là, la fluidité de ces fortes de Corps.

Les Corps les plus durs font ceux qui oppofent le plus

de réfiftance à la féparation de leurs Parties intégrantes: féparation qui, en s'effectuant, ne peut jamais aller jufqu'à en entamer les Molécules élémentaires primitives, lefquelles reftent toujours indivifibles & inaltérables & dans leur maffe & dans leur configuration.

Quand on divife un Corps, on en fépare les Parties intégrantes: quand on décompofe un Corps, on en fépare les Parties conftituantes: mais jamais on n'en divife & jamais on n'en décompofe les Elémens primitifs.

DIVISION DE CE PREMIER TRAITÉ.

13. OBSESERVATION. On peut confidérer la Matiere, ou précisément comme Matiere, ou fpécialement comme compofant des Corps : & c'eft fous ce double point de vue, que nous allons l'envifager dans ce premier Traité.

Pour faifir la raifon & le fondement de la dif tinction que nous mettons entre la Matiere & les Corps: concevez tous les différens corps qui forment cet immenfe Univers, comme réduits à leur derniere divifion naturelle, ou comme décomposés en leurs Elémens primitifs; élémens féparés les uns des autres, épars aut fein du Vide infini, & tels que fe les figuroit Epicure avant l'origine des Chofes, dont il entreprit d'expliquer la formation.

Dans cette hypothefe évidemment poffible, il y aura une Matiere, & il n'y aura point de Corps: on peut donc confidérer la Matiere comme matiere, fans la confidérer encore comme conftituant des Corps.

De-là, cette double Question, qui tracera le plan de ce premier Traité: quelle eft la nature de la Matiere ? Quelle eft la nature des Corps?

De-là, la divifion de ce premier Traité, en deux

grandes Sections, qui auront pour objet, l'une, la nature de la Matiere; l'autre, la nature des Corps.

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QUELL

UELLE étendue convient à la Matiere? Jufqu'à quel point la Matiere eft-elle divife? Jufqu'à quel point la Matiere eft-elle divisible? La Matiere eft-elle active ou paffive par elle-même ? La Matiere eft-elle homogene ou hétérogene dans fon être primitif?

Tel eft l'intéreffant objet de nos recherches fur la nature de la Maticre. L'Etendue, la Divifion, la Divi. fibilité, V'Inertie, l'Homogénéité de la Matiere, exigent, pour être lumineufement expofées, tout autant d'Articles différens.

14.

ARTICLE

PREMIER.

L'ÉTENDUE DE LA MATIERE.

DÉFINITION.

L'ÉTENDUE, ainfi que nous l'avons fi amplement expliqué dans notre Cours complet & dans nos Cours élémentaire de Métaphyfique en traitant de l'Efpace infini, eft ou pénétrable, ou impénétrable.

1. L'Etendue pénétrable est l'Espace pur, ou la fimple capacité de recevoir des Corps.

1. L'Etendue impénétrable eft la Matiere placée dans l'Espace. L'Efpace peut exifter fans contenir aucune matiere: la Matiere ne peut exifter fans occuper une portion indéterminée de l'Efpace infini.

III°. Pour mieux faifir la différence de cette double Etendue, de l'Etendue pénétrable & de l'Etendue im pénétrable: concevez une Capacité quelconque, par exemple, une Chambre cubique de trois toifes d'éten due en tout fens, formée par fix furfaces d'un marbre que ne puiffe pénétrer aucune matiere extérieure.

Que le Tout-puiffant anéantiffe abfolument toute la matiere quelconque, qui fe trouve entre ces fix furfaces: en retenant ces fix furfaces à la même diftance de trois toifes, où elles fe trouvent l'une de l'autre ! Dans cette hypothese évidemment poffible, vous aurez entre ces fix furfaces, une Etendue pénétrable de trois toifes en tout fens; ou un Vide propre à recevoir des corps qui auroient trois toifes en tout fens, ou vingt-fept toifes cubiques.

Qu'enfuite le Tout-puiffant crée dans cette Capacité vide de tout corps, une quantité de matiere fans pores, qui l'empliffe entiérement! Dans cette nouvelle hypothefe, encore évidemment poffible, vous aurez dans cette capacité ou dans cette chambre, une Etendue impénétrable de trois toifes en tout fens, ou de vingt-fept toifes cubiques.

15. ASSERTION I. La propriété caractéristique de la Matiere, la propriété par laquelle nous la diftinguons de tout ce qui n'eft pas matiere, c'eft l'Etendue folide & impénétrable.

EXPLICATION. Ce qui fe préfente le premier à nos idées, ou du moins à nos fens, quand nous examinons les Corps qui nous environnent, c'eft leur Eundue en longueur, en largeur, en profondeur.

-Ces trois Dimenfions, que les Géometres confiderent féparément les uns des autres, font toujours inféparables dans l'état phyfique des Corps. Car il n'y a aucun Corps, dans lequel on ne conçoive au moins deux Surfaces, réellement diftinguées l'une de Pautre. Et comme la multiplicité des furfaces fait

une Profondeur, & que les furfaces réfultent d'un affemblage de lignes qui font une Largeur, & que les lignes font formées d'un nombre de points qui font une Longueur: il s'enfuit que le moindre ou le plus petit de tous les Corps, eft néceffairement long, large, profond.

16. ASSERTION II. L'Etendue eft une propriété inféparable de la Matiere, mais elle n'en eft pas l'effence.

EXPLICATION. I°. L'Etendue eft une propriété inSéparable de la Matiere: puifqu'on ne peut concevoir la Matiere, fans y concevoir une étendue réelle plus ou moins grande; & que, felon le Principe fondamental de toutes les Sciences, tout ce que l'on conçoit néceffairement dans une chose, est indubitablement dans cette chose. (M. 417).

II. Il ne s'enfuit pas de-là, que l'Etendue foit l'ef fence de la Matiere: puifque l'effence de toute portion déterminée de matiere, eft évidemment déterminée & immuable; & qu'il eft certain par les principes de la Religion, que telle & telle portion déterminée de matiere, en confervant toujours fa même effence, peut miraculeufement augmenter en étendue réelle par la réproduction; peut miraculeufement diminuer en étendue réelle, par la compénétration: comme nous l'avons obfervé & expliqué dans un autre Ouvrage, en confidérant la Matiere dans un état miraculeux & furnaturel. (Mét. 1394 & 1380).

Après ce fimple & fuccinct retour fur l'état métaphyfique de la Matiere, nous allons nous borner dans la fuite, à l'envifager toujours purement & fimplement dans fon état naturel.

17. ASSERTION III. La Matiere, dans fon état naturel, eft une fubftance étendue & impénétrable.

DÉMONSTRATION. Io, La Matiere eft une Subftance: puifqu'on

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