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Animaux cryftallifent, végetent, & fentent: l'Espece humaine cryftallife, végete, fent, & pense.

IDÉE GÉNÉRale de la VITRIFICATION.

135. OBSERVATION. Le Verre eft une compofition qui refulte d'un mélange de Sable purifié & de divers Sels fixes, que l'on réduit en fufion par le moyen d'un feu très-violent.

Le Sable feul n'eft point fufible : les Sels fixes, que la Chymie extrait des Minéraux & des Végétaux, fufibles par eux-mêmes, fervent de fondant ou de diffolvant au fable. Une foule de Pierres, broyées & purifiées, ont la même qualité que le Sable ou la Terre élémentaire.

Les Sels fixes, que leur fixité empêche de s'exalter & de fe diffiper en vapeurs, divifés & fondus par la violence du feu, s'infinuent, avec impétuofité, dans les pores du Sable, qu'ils pénetrent & qu'ils divifent dans toutes fes parties: en telle forte que dans le nombre immenfe d'élémens qui compofent un petit grain de fable à peine fenfible, il n'y aura peut-être pas un feul atome du fable, qui ne foit féparé de l'atome voifin,par l'interpofition d'un atome du fel fixe. Dans cet état de divifion & de mélange, où chaque élément du fable eft uni & accollé à un élément du fel fixe: cette Pâte, pénetrée d'un torrent de feu qui la rend fouple & flexible, eft capable de prendre toutes les formes que l'Art veut lui donner, & que le refroidiffement lent & ménagé avec précaution, durcit & confo¦ide. (1662 & 1631).

De cette théorie pratique de la Vitrification, découlent les principales propriétés du Verre.

1. Le Verre eft fragile: parce qu'il eft compofe de particules hétérogenes qui ont peu d'affinité les unes avec les autres; qui ne s'uniffent & ne s'attachent entre elles, que par un fort petit nombre d'an

gles ou de points fympatiques; qui par-là même, ne doivent jamais acquérir une liaifon & une adhérence bien intime & bien forte.

II°. Le Verre eft transparant : parce que les particules hétérogenes qui le compofent, peu unies enfemble, laiffent entre elles comme une infinité de pores ou d'ouvertures, qui donnent par-tout un libre paffage à la lumiere. Ces pores ou ces ouvertu res, infiniment multipliés, présentent en tout fens, des fentiers fenfiblement droits; qu'enfilent en liberté, les ballons ou les rayons comme infiniment petits de la lumiere.

III°. Le Verre est un Crystal artificiel, incomparablement moins dur que le Crystal naturel ou le Cryftal de roche: parce que le Crystal naturel eft formé d'élémens plus homogenes; qui, flottés & divifés par l'eau, s'uniffent en liberté par leur attraction mutuelle; s'appliquent & s'attachent les unes aux autres, par des furfaces plus grandes & plus fympatifantes; & acquierent par-là, une adhérence propor tionnée à la grandeur & à l'affinité de leurs furfaces unies. (123).

S'il étoit poffible d'avoir des feux affez violens pour fondre & pour tenir long-tems en fufion le Sable pur, ou la Terre élémentaire, fans le fecours des fels ou des fondans que l'on eft obligé d'y mêler pour en procurer la fufion: il eft probable que l'on pourroit faire des Cryftaux artificiels, dont la beauté & la dureté égaleroient celles des Crystaux naturels & des diverfes Pierres précieuses, qui ne font que des Cryftallisations naturelles.

La plupart des Cryftaux qui fervent aux divers ufages de la vie, ne font que du verre, ou des cryftaux artificiels, dont nous donnerons ailleurs une idée plus étendue & plus développée. (1662 & 1665).

DERNIER GENRE DE PREUVES.

UNE FOULE D'AUTRES PHENOMENES.

136. OBSERVATION. Nous aurons encore occafion d'appercevoir & de fentir l'action & l'influence de la Loi d'affinité, ou d'Attraction fpéciale, dans une foule de Phénomenes de toute efpece, que nous aurons à expliquer dans la fuite de cet Ouvrage ; & qui ne peuvent aucunement réfulter de la Loi d'impulfion & de la Loi d'attraction générale: nous nous bornerons ici à en indiquer les principaux, Par exemple :

I. Les grands phénomenes de la Dureté & de l'Elafticité des corps, paroiffent dépendre principalement de cette Caufe phyfique: comme nous le ferons voir dans la feconde Section de ce premier Traité. (221 & 228).

II. L'afcenfion des Vapeurs & des Exhalaifons dans l'Athmofphere, qui donne lieu à la formation de tous les Météores, paroît auffi avoir principalement pour caufe, une Attraction spéciale entre l'élément de l'air & l'élément de l'eau, entre l'élément de l'air & certaines exhalaifons terreftres: foit que cette attraction spéciale n'exige que la feule contiguité de ces élémens; foit qu'elle exige quelque Intermede, comme la Matiere ignée ou électrique, pour les difpofer à s'attirer plus efficacement & plus puif famment, en formant une Affinité complexe. (87).

III. Le Mécanifme phyfique du regne animal, du regne végétal, du regne minéral, paroît auffi dépendre en grande partie de la Loi d'affinité simple ou complexe puifque la Loi d'impulfion & la Loi d'attraction générale, paroiffent prefque toujours & par-tout infuffifantes, pour rendre raifon des phénomenes que l'on obferve dans ces trois Regnes.

IV. La même Loi d'affinité, paroît auffi fe mone

trer & fe faire fentir dans la plupart des expériences fur les Couleurs. Pourquoi l'Ecarlate abforbe-t-elle toutes les efpeces de rayons, à l'exception des rouges qu'elles réfléchit : finon en vertu d'une Affinité complexe, entre cette étoffe imprégnée de l'intermede de fa teinture, & les efpeces de rayons qu'elle ab

forbe?

L'ensemble de ces différens Phénomenes, a enfin forcé la Phyfique à admettre, outre la Loi d'impulfion & la Loi générale d'attraction, une troifieme Loi d'affinité, ou d'attraction fpéciale, affectée au contact ou à une très - grande proximité de certains élémens analogues entre eux.

Quelques Phyficiens font allés plus loin : ils ont cru voir dans la Nature, outre la Loi d'attraction dont nous parlons, une Loi de répulfion : en telle forte que les différentes efpeces de Substances matérielles, fur le point du contact, aient en même tems, relativement à diverfes fortes d'élémens, & une Force attractive & une Force répulfive, indépendantes l'une de l'autre, & agiffant chacune felon des Regles ou des Loix particulieres qui lui font propres. Nous allons combattre l'existence de cette Loi de répulfion, qui nous paroît n'avoir aucun folide fondement.

INUTILITÉ D'UNE LOI DE RÉPULSION. 137. ASSERTION. Il n'eft point néceffaire d'admettre dans la Nature, des Loix de répulfion.

DÉMONSTRATION. Selon l'Axiome généralement reçu, il ne faut point multiplier les Caufes, fans néceffité; c'est-à-dire, fans y être forcé par la nature même des Phénomenes, qui exigeroient que l'on admette une telle multiplicité de causes. Donc, fi on peut rendre raifon des divers phénomenes de la Nature, fans admettre des Loix de répulfion: on doit

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bannir de la Phyfique, comme inutiles & redondantes, comme ineptes & fabuleufes, les Loix de répulfion.

Or, on peut rendre raifon des divers phénomenes de la Nature, dans lefquels on croit voir une Force répulfive, par les Loix communes de l'impulfion & de l'attraction: ainfi que nous allons le faire voir, en rapportant aux Loix de l'impulfion & de l'attraction, les principaux phénomènes par lefquels on s'efforce d'établir ces Loix de répulfion. Donc il n'eft point néceffaire d'admettre dans la Nature, des Loix de répulfion.

138. EXPÉRIENCE I. Si on expofe à la Rofée du matin, une foule d'échantillons d'Etoffes différentes; on remarque que quelques-unes de ces étoffes, fe chargent abondamment de rofée: que quelques au tres en prennent beaucoup moins; & que certaines n'en prennent point du tout. D'où l'on conclut que, la Rolée tombant également en tout fens fur la Terre, il faut qu'il y ait dans certaines laines ou dans certaines teintures, une Force répulfive, qui empêche la rofée de s'unir & d'adhérer à certaines étoffes.

On obferve la même diverfité de phénomenes, dans les Métaux expofés à la rofée; & on en tire les mêmes conféquences.

RÉFUTATION. Cette Expérience prouve l'existence d'une Loi d'affinité, ou d'attraction spéciale, & non l'existence d'une Loi de répulfion.

1o. Les Etoffes qui fe chargent de rofée, ont une Affinité avec l'eau; en vertu de laquelle elles hument fans ceffe, ainfi que les Sels, les vapeurs répendues dans l'Athmofphere; les retiennent, & fe les rendent adhérentes: elles doivent donc être imbibées & chargées de rofée.

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