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gnante; s'appliqua, avec ardeur, à remonter à la connoiffance des Caufes, par l'obfervation des effets; & en vertu du branle donné par Defcartes, vint à bout, après bien des écarts, de faire peu à peu d'utiles Découvertes; de connoître & de calculer les vraies Loix du mouvement; de deviner ou de foupçonner les vrais Principes des chefes; de faifir le vrai fyftême du Monde; d'arracher, du moins en partic à la Nature, le voile ténébreux qui la cachoit.

SEPTIEME SENTIMENT.

LES DIVERS PRINCIPES DES CHYMISTES.

166. Définition I. La Chymie eft une science dont l'objet eft de connoître la nature & les propriétés des Corps, par leurs analyfes & par leurs combinaifons. L'Analyje fépare les unes des autres, les parties conftituantes d'un corps: la Combinaison forme de nouveaux Touts, par l'union de certaines parties conftituantes d'un corps, avec certaines parties conttituantes d'un autre corps. Parmi ceux qui s'attachent à la Chymie, les uns s'appellent Alchymiftes, les autres fe nomment fimplement Chymiftes.

1o. Les Alchymiftes, qui fe regardent comme les Chymiftes par excellence, font ceux qui s'occupent follement à chercher la Pierre philofophale : cervaux creux, dont tout le mérite confifte à adopter un jargon énigmatiquement barbare; & à fe nourrir d'efpérances folles & chimériques. Ils fe nomment auffi Adeptes; c'est-à-dire, Chymiftes confommés dans leur art: quafi Artis chymica perfectionem adepti. (146).

II. Les Chymiftes font ceux qui s'occupent utilement à décompofer & à recompofer des Corps: foit pour en connoître la nature; foit pour fervir la Médecine & les Arts.

La Chymie, dont nous ne donnerons ici qu'une No

tion préliminaire, telle que l'exige & que la fuppofe néceffairement toute vraie Introduction à la Phyfique, formera la majeure partie du cinquieme & dernier volume de cet Ouvrage; & on pourra voir & confulter d'avance, dans ce dernier Volume, fi on le fouhaite, les Articles que l'on trouveroit trop peu étendus & trop peu développés dans celui-ci.

167. DÉFINITION II. L'Analyfe chymique eft l'art de féparer les unes des autres, non les Parties intégrantes, mais les Parties conftituantes d'un corps : ce qui fe fait en deux manieres, ou par l'action du feu, ou par l'action des Diffolvans. La premiere eft fondée fur une différente Volatilité, la feconde fur une différente Diffolubilité, dans les Principes du Corps à décompofer.

Io. Si dans un Alambic placé fur le feu, on met un Mixte quelconque, dont les parties conftituantes aient une differente Volatilité: il eft clair que les plus volatiles doivent être exaltées en vapeurs par un plus foible degré de chaleur, qui n'exaltera point les autres. Ces parties plus volatiles fe fépareront donc des autres en L; fe porteront vers le Chapiteau MN; & on les recueillera à part en NO. (Fig. 9).

Un degré de chaleur un peu plus fort exaltera enfuite d'autres parties moins volatiles que les premieres, plus volatiles que certaines autres parties de la maffe reftante. Ces parties s'éleveront donc à leur tour vers le Chapiteau; & on les recueillera encore સે part en NO.

En continuant de cette maniere à augmenter fucceffivement la cha'eur, on aura fucceffivement des Extraits correfpondans aux divers degrés de volatilité, qu'ont les divers Principes du corps à décompofer.

II°. Si on a un Mixte quelconque, dont les parties conftituantes aient une différente Diffolubilité : il est

n'atta

clair qu'un Diffolvant qui attaquera les unes, quera pas les autres. Ces Parties conftituantes pour ront donc être féparées les unes des autres.

Par exemple, fi on a une maffe compofée d'or & d'argent ; l'Eau-forte diffoudra l'argent & ne diffou dra point l'or: on aura donc l'or, féparé de l'argent.

PRINCIPES DES PARACELSISTES.

168. EXPLICATION. Les Chymiftes du moyen âge, c'est-à-dire, à peu près du tems de Paracelfe, vers le milieu du quinzieme fiecle, regarderent comme Principes primitifs des Corps, les divers réfultats de l'Analyfe chymique, ou les diverfes fubftances qui résultent de la décompofition des Corps.

Ils en admirent cinq, favoir, le Mercure, le Phlegme, le Soufre, le Sel, la Terre. Ces cinq principes furent nommés Principes des Paracelfifles: du nom de Paracelfe, le plus célebre Médecin & le plus grand Chymifte de fon fiecle, né à Einstdeln près de Zurich en 1493, & mort à Saltzbourg en 1541.

I. Ils entendoient par Mercure, non le Minéral qui porte ce nom; mais ce qu'ils retiroient de plus volatil, de plus fpiritueux, de plus capable d'affecter le goût & l'odorat, dans l'analyfe des Corps.

II. Ils nommoient Phlegme, les Produits aqueux non inflammables, que leur donnoit l'analyfe des Corps.

III. Ils défignoient par le nom de Soufre, nonfeulement les matieres fulphureufes & le foufre commun; mais encore les huiles quelconques, & tout ce qu'ils obtenoient d'inflammable, en décomposant les Corps.

IV°. Ils donnoient le nom général de Sel, à toutes les matieres falines, de quelque nature qu'elles fuffent, qu'ils retiroient de leurs analyfes.

Vo. Ils comprenoient, fous le nom de Terre, ce

qui refte de fixe, après l'analyse des corps. Voici un exemple de cette Analyse chymique, à laquelle on donne le nom de Diftillation.

IDÉE DE L'ANALYSE CHYMIQUE.

169. EXPÉRIENCE. Si fur un bon Fourneau chymique, on met du Vin à diftiller, dans un Matras ou dans une Cucurbite de verre L': voici les divers effets qui en réfultent. (Fig.c).

Io. Du fein de la Cucurbite ou du Matras L, s'éleve d'abord vers le Chapiteau M, une Vapeur fubtile, que le Réfrigérant PQN convertit en liqueur; & qui fe précipite dans le Récipient O. Ce principe, le plus actif & le plus volatil des principes à décompoter, eft ce que la Chymie nommoit alors Esprit ou Mercure. Ce dernier terme n'eft plus en ufage en ce fens, dans la Chymie.

II°. Après la fublimation de ce Principe fpiritueux, du fein du même Matras ou de la même Cucurbite, s'éleve également vers le Chapiteau, une autre liqueur fans goût & fans faveur: ce principe plus aqueux & moins favoureux, c'eft le Phlegme.

HII. Après la fublimation de ces deux Principes, il refte au fond de la Cucurbite L, une Matiere vifqueufe; qui, tranfportée dans une femblable Cucurbite de grès, & foumife à un feu plus violent, donne dans la fublimation, premierement une liqueur infipide, fecondement une autre liqueur infipide, troifiemement une liqueur acide, quatriemement une liqueur vifqueufe.

Les deux premiers réfultats de cette nouvelle opération, peuvent fe rapporter au Phlegme: les deux derniers font ce que l'on appelle encore affez communément les Huiles.

IV. Après ces opérations, il refte au fond de la Cucurbite, un marc ou un fédiment, que l'on brûle

&

que l'on réduit en cendres. On recueille ces cendres; on les diffout dans l'eau chaude; & on coule cette eau, à travers quelques feuilles de papier fongeant. Les Sels mêlés & diffous avec l'eau, paffent avec elle à travers les pores du papier ; & tombent dans un vafe placé au-deffous, pour recevoir cette eau & ces fels.

La matiere craffe qui refte adhérente au papier fon geant, c'eft la Terre, que l'on appelle auffi en Chymie, Caput mortuum.

V°. On met fur le feu, le vafe dans lequel l'eau eft mêlée avec les fels, jufqu'à ce que l'eau fe foit totalement évaporée: ce qui refte au fond, eft ce que Pon appelle les Sels fixes.

170. REMARQUE I. On peut décomposer à peu près de la même maniere, les autres Corps; par exemple, le fang, les graiffes, les moëlles, les chairs des animaux; la plupart des différentes fubftances végé→ tales; & quelques-unes des fubftances minérales.

I. Comme les divers Principes de ces fubftances, ontune differente Volatilité : fion les place fur un Fourneau chymique, dans des Cucurbites ou des Matras L; les plus volatils font les premiers à s'exalter par l'action du feu; c'eft la partie fpiritueufe: les plus fixes & les plus réfractaires ne peuvent être exaltés par l'action du feu; c'eft la terre ou le fel fixe: ceux qui ont une volatilité moyenne, retenus plus longtems par leur vifcofité, fe détachent & s'exaltent fuc ceffivement, felon le degré plus ou moins grand de leur adhérence; tels font les Principes aqueux & huileux. (Fig. 9).

II°. C'eft par un femblable mécanifme, que s'opere la Diftillation: opération par laquelle on fépare & on recueille, à l'aide d'un degré de chaleur convenable, les Principes fluides & volatils.des Corps.

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