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Si dans une Cornue EH ou dans un Matras LM, on met de l'eau, ou du vin, ou telle autre substance à diftiller les parties les plus volatiles & les plus fpiritueufes de ces fubftances, fe dégageront & fe fublimeront les premieres; & fe rendront dans les Récipiens G ou O, d'où on pourra les extraire à part.

Ces Récipiens G &O, qui communiquent avec les Matras ou les Cornues, ne doivent point être fermés hermétiquement: parce que la force immenfe des vapeurs aqueufes ou fpiritueufes, les mettroit en pieces.

III. On peut diftiller de la même maniere, les différentes eaux minérales, les eaux de la Mer & de certaines Sources falées. Les parties les plus volatiles de l'eau & des fubftances mêlées avec l'eau, fe íublimeront & s'évaporeront fucceffivement; & il ne reftera au fond des Cucurbites, des Matras, des Chaudieres, , que la partie fixe & non volatile, que l'on pourra obferver & analyser à part.

171. REMARQUE II. On donne en Chymie le nom de Bain, à différentes matieres dont on fe fert pour tranfmettre la chaleur aux Corps que l'on veut analyfer par le feu. Les matieres les plus ufitées pour cet effet, font l'Eau & le Sable.

I°. Placer la Cornue ou le Matras qui contient la matiere à analyser, dans un vaiffeau plein d'eau, que l'on échauffe plus ou moins jufqu'au degré de l'ébullition: c'eft employer le Bain Marie.

II. Placer la Cornue ou le Matras qui contient la matiere à analyfer, dans un vaiffeau rempli de fablon, que l'on échauffe plus ou moins jufqu'au degré de l'incandefcence: c'eft employer le Bain de fable.

Comme l'ébullition eft le plus grand degré de chaleur, que l'eau puiffe acquérir dans un vase ouvert : il s'enfuit qu'on peut donner facilement, par ce moyen, un degré conftant de chaleur au Corps qu'on

analyfe. Quand on a befoin d'un degré de chaleur fupérieur à celui de l'eau bouillante, on emploie le bain de fable.

Ces deux efpeces de bains, alternativement employées dans les Laboratoires chymiques, fuffifent pour l'analyse de tous les Corps que l'on veut décompofer par le feu.

IDÉE DES SUBSTANCES SALINES.

172. DÉFINITION. En général, on nomme Subftances falines, ainfi que nous l'avons déjà obfervé, toutes les fubftances qui font propres à affecter le goût & à fe diffoudre dans l'eau. Elles font communément compofées de deux Principes, que la Chymie fépare; favoir d'un Acide & d'un Alkali, ou de quelque fubftance terreufe ou métallique qui y fait la fonction d'Alkali; & qui, de même que l'Alkali, fert de base à l'Acide.

Les Subftances falines deviendront l'objet de plufieurs Traités particuliers, dans le cinquieme Volume de cet Ouvrage : nons nous bornerons à en donner une idée générale.

IDÉE DES ACIDES,

173. DESCRIPTION. Les Acides font des fubftances d'une faveur qui eft effectivement acide ou aigre : ce qui a déterminé leur dénomination.

1o. Les Acides ont une grande tendance à s'unir avec prefque tous les corps de la Nature, & fingulierement avec ceux qui font moins compofés; tels que le phlogistique, les alkalis, les terres abforban

tes, l'eau & l'huile,

II. Les Acides très concentrés (c'est-à-dire, dépouillés par l'évaporation ou par là diftillation ou par d'autres moyens chymiques, des matieres étran geres & de l'eau furabondante à leur effence falin

quand ils font pris intérieurement en dofe un peu forte, font des corrofifs très-violens & de vrais poifons.

Cette qualité leur vient de la grande activité qu'ils ont pour s'unir & pour adhérer aux autres corps; qu'ils pénetrent & qu'ils déchirent, en s'y infinuant en vertu de leur affinité. (112).

Leurs meilleurs contre-poifons font les fubftances alkalines, falines ou terreufes, les huiles, le lait, l'eau: fubftances avec lesquelles les acides ont une trèsgrande affinité, & dans lefquelles ils tendent avidement à s'abforber: ce qui les empêche de prendre pour abforbants, les parties mêmes du Corps animal.

III. Quoique tous les Acides foient volatils: comme tous n'ont pas une égale volatilité, on donne de préférence le nom d'Acides volatils, à ceux qui ont plus de volatilité que les autres, foit à caufe du principe inflammable qu'il ont en plus grande abondance; foit à caufe de quelque huile très-atténuée qui leur eft mêlée.

Les Acides que l'on extrait des fubftances animales, par la diftillation, ont communément plus de volatilité, que ceux que l'on extrait des fubftances minérales & des fubftances végétales.

IV° Les Acides, à raifon des fubftances' dont on les extrait, fe divifent en Acides minéraux, en Acides végétaux, en Acides animaux ou volatils.

Il fe divifent auffi principalement en Acide marin, en Acide nitreux, en Acide vitriolique: ce dernier eft le plus puiffant de tous les acides, & peut-être l'unique Acide, dont tous les autres ne font que des modifications.

V. On n'obtient prefque jamais les Acides en maffe feche & fous une forme concrete: parce qu'ils ont une fi grande affinité avec l'au, que lorsqu'ils n'en contiennent précisément que ce qui leur est nécef

faire pour être telle efpece de fels; ils fe faififfent avidement de l'eau, auffi-tôt qu'ils peuvent l'atteindre & la toucher.

Et comme l'Atmosphere terreftre est toujours plus ou moins chargée de vapeurs aqueufes : le feul contat de l'air, dont ils attirent & absorbent l'humidité, fuffit pour les mettre dans un état de fluidité.

IDÉE DES ALKALIS.

174. DESCRIPTION. Les Alkalis font des fubftances d'une faveur âcre & brûlante, compofées principalement de terre, d'acide, & d'un peu de phlogistique: car tels font les Principes qu'en extrait la Chymie, en les foumettant à de nouvelles analyses. Ils font ou fixes ou volatils: felon qu'ils ont plus ou moins de difpofition à s'exalter & à fe diffiper en vapeurs, quand ils éprouvent l'action du feu. Les Sels que l'on extrait des cendres des fubftances animales & végétales, font de vrais Alkalis fixes, que l'action du feu a dépouillés de la très-grande partie de leurs Acides, & que cette même action du feu n'a pu exalter en vapeurs. On obtient affez facilement les Alkalis fixes & volatils, fous une forme feche & concrete.

1o. Les Alkalis fixes entrent en fufion à un feu modéré; & par la fufion, ils diffolvent toutes les terres: à un feu très-violent, ils fe changent en verre ; par la vitrification, ils perdent leur diffolubilité dans l'eau, & vraisemblablement leur nature faline.

&

II°. Les Alkalis font, ainfi que les Acides, de puiffans diffolvans: ils décompofent tous les fels à bafe terreufe & à bafe métallique; précipitent ces fortes de fubftances, & s'uniffent à leurs Acides, avec lefquels ils ont une très-grande affinité.

III. Les Alkalis, ainfi que les Acides, fe divifent, à raifon des fubftances dont on les extrait, en alkalis minéraux, en alkalis végétaux, en alkalis animaux.

C'est à ces derniers, qu'eft fpécialement affecté le nom d'Alkalis volatils; lefquels proviennent principalement du Regne animal.

IV. Les Couleurs bleues & violettes, que donne à l'eau une infufion de certains Végétaux, tels que les Violettes & le Tournefol, font comme une Pierre de touche, par rapport aux Acides & aux Alkalis.

Les Couleurs bleues & violettes de cette infufion, font changées en couleurs rouges, par les Acides; en couleurs vertes, par les Alkalis.

SELS NEUTRES : SEL COMMUN : SELS

ESSENTIELS.

175. DESCRIPTION I. On ne donnoit autrefois le nom de Sels neutres, qu'aux Sels qui étoient compofés d'acides & d'alkalis unis ensemble jufqu'au point de faturation; en telle forte qu'ils n'euffent aucune propriété dominante acide ou alkaline.

Ôn donne à préfent le nom de Sels neutres, aux combinaisons quelconques des Acides avec toutes les fubftances auxquelles ils peuvent s'unir, en telle forte que cette union leur faffe perdre du moins en grande partie, les qualités qui indiquent l'Acidité : comme cela arrive, lorfque l'on combine certains Acides avec certaines fubftances terreufes & métalliques. La Chymie a une foule immenfe de Sels neutres différens. (1552 & 1555).

176. DESCRIPTION II. Le Sel commun eft un fel neutre parfait, compofé d'un acide & d'un alkali particulier. (124 & 127).

1°. Le Sel commun ne peut être décomposé en fon Acide & en fon Alkali, par la fimple action du feu le plus violent: il faut, pour opérer cette analyfe, employer des Intermedes capables de défunir ces deux principes; de s'emparer de l'un, & de précipiter Pautre.

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