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les de plus en plus petites, fans qu'il y ait défunion de l'Acide & de l'Alkali : chacune de ces molécules aura toujours, comme la maffe entiere, la nature de fel commun.

Et fi on fuppofe que ces molécules, parvenues au dernier degré de ténuité, ne foient compofées chacune que d'un feul atome d'Acide & d'un feul atome d'Alkali réunis ; en telle forte qu'on ne puiffe pouffer. plus loin la divifion, fans féparer l'acide de l'alkali: ces molécules feront les parties intégrantes primitives de ce Sel.

8. DÉFINITION VIII. Parmi les différentes efpeces de Corps dont l'Ensemble conftitue Ja Nature visible; il y en a de folides, il y en a de liquides, il y en a de fluides.

I°. On nomme Corps folides, ceux dont les Parties intégrantes font adhérentes les unes aux autres: en telle forte qu'en faififfant & en cherchant à enlever une certaine quantité de ces Parties intégrantes, on fente une réfiftance de la part de celles qui leur font contigues. Tel eft un morceau de bois, de fer, de marbre, de fucre, de pain.

II°. On nomme Corps liquides, ceux dont les Parties intégrantes n'ont pas entre elles une adhérence femblable à celle dont nous venons de parler; & qui étant réunis en une maffe fuffifante, font visibles & palpables en eux-mêmes, & par eux-mêmes ; & tendent par-tout à fe mettre de niveau dans leurs furfaces. Telle eft l'eau : tel eft le vin, le vinaigre, l'efprit de vin, le fang: telles font les liqueurs de tout genre.

III°. On nomme Corps fluides, ceux dont les Par ties intégrantes font fans aucune adhérence fenfible entre elles; & qui réunis en une maffe quelconque ne font jamais vifibles & palpables en eux-mêmes &

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par eux-mêmes. Tels font l'Air, la Lumiere, les différentes efpeces de Gas.

Au terme de Liquide, eft attachée une je ne fais quelle idée d'humidité, qui femble exclure le Mercure de la claffe des Liquides; & qui fait qu'on le place de préférence, dans la claffe des Fluides.

Au refte, le terme de Fluide, eft affez communé ment, chez les Phyficiens, un terme générique ; qui fe borne à exprimer un defaut d'adhérence, dans les Parties intégrantes des différentes efpeces de Corps auxquelles on l'applique. Ainfi, fous ce point de vue très-philofphique, très-conforme à la bonne Phyfique; l'eau, le vin, le mercure, l'air, le feu, la lumiere, font également des Fluides.

8. II°. REMARQUE. En divifant les Corps comme en deux claffes, favoir, en Corps folides & en Corps fluides; ou en Corps dont les Parties intégrantes font adhérentes entre elles, & en Corps dont les Parties intégrantes font entre elles inadhérentes; on peut fe former en cette maniere, une idée fenfible de leur différence à cet égard. (Fig. 78).

1°. Repréfentez-vous un Vafe cubique ou prismatique A B, rempli de petits corpufcules en forme de globules, ou de cones, ou de fufeaux, infiniment liffes & polis dans leurs furfaces, fans aucune liaifon ou adhérence entre eux : c'eft l'image d'un Fluide.

II°. Liez & uniffez maintenant par la pensée, ces mêmes corpufcules en un même tout, par leurs points de contact; en telle forte que tous ces corpufcules ne faffent qu'une même maffe; & qu'en faififfant un ou plufieurs de ces corpufcules, vous enleviez tous les autres qui font naturellement unis & adhérens entre eux : c'est l'image d'un Solide. Corps folide & Corps dur, font ici deux termes parfaitement fynonymes.

9. DÉFINITION IX. En envifageant les Corps, re

lativement aux décompofitions que leur font fubir la Nature & l'Art; il y en a de fixes, il y en a de volatils.

I°. On nomme Fixité, dans certains corps, la propriété qu'ils ont de réfifter à l'action du feu, fans fe fublimer, fans s'élever & fe diffiper en vapeurs.

L'or, l'argent, la platine, le fer, l'alkali végétal, l'alkali minéral, font des Corps fixes.

II°. On nomme Volatilité, la propriété oppofée qu'ont un très-grand nombre de corps, de fe réduire en vapeurs légeres qui s'exhalent, lorsqu'ils font expofés à l'action du feu.

L'eau, le vin, le mercure, les huiles, les graiffes, font des Corps volatils.

par

Le Point jufqu'où un Corps doit résister au feu fans fe fublimer, pour être réputé fixe, n'eft pas un point précis & déterminé : enforte que les fubftances font prefque toujours réputées fixes ou volatiles, comparaifon avec d'autres fubftances qui le font moins. Par exemple, l'Acide vitriolique, allongé d'eau, eft un corps fixe, par rapport à cette eau: ce même Acide, combiné avec certaines substances terreuses, eft un corps volatil, par rapport à ces fubftances.

10. DÉFINITION X. On nomme Pores, les vides ou les interftices que laiffent entre eux, les élémens de matiere qui forment un même Corps, un même Tout, folide ou fluide. (Fig. 78).

Pour vous former une idée fenfible des Pores qui exiftent en fi grande quantité dans toutes les efpaces connues de Corps folides ou liquides ou fluides: concevez une Corbeille AB, remplie de boules à jouer, ou de cailloux irréguliers de différente figure & de différent volume. Ces boules ou ces cailloux, entaffés au hafard les uns fur les autres, ne fe touchent pas dans tous les points de leurs furfaces: ils laiffent donc

des Vides plus ou moins confidérables & plus ou moins réguliers, entre leurs parties folides.

C'est une image affez reffemblante & affez naturelle de la configuration interne des différens Corps, folides, liquides, fluides, qui fe prêtent à nos expériences; & qui tous ont une plus ou moins grande fomme de Pores, par le moyen defquels, comme par autant de routes ouvertes & frayées, les Fluides plus fubtils s'y infinuent & s'en échappent avec une merveilleufe facilité.

II. DÉFINITION XI. On nomme Phénomene, un effet fenfible & furprenant dans le Ciel ou fur la Terre, que , que l'on découvre, ou par la fimple obfervation de la Nature, ou par le moyen des expériences phyfiques; & dont la caufe n'eft pas fenfible & évidente en elle-même.

1°. Le mouvement d'un Carroffe, traîné par des chevaux, n'eft pas un phénomene: parce que l'on voit la caufe de cet effet.

II°. Le mouvement d'une Planette ou d'une Comete en ligne courbe autour du Soleil, eft un phénomene: parce que cet effet a une caufe qui ne fe montre pas aux yeux, & que l'efprit doit chercher & deviner.

On voit par-là, que le nom de Phénomene s'étend à une infinité de chofes : puifqu'il y a dans la Nature, une infinité d'effets fenfibles, qui ne furprennent peutêtre pas, parce qu'on eft accoutumé à les voir fans ceffe; mais qui font toujours furprenans en euxmêmes, puifque leur caufe ne fe fait pas voir & fentir.

La connoiffance de la Nature, eft fondée toute entiere fur l'obfervation des Phénomenes qu'elle préfente à nos fons: puifque nous ne voyons pas les chofes en elles-mêmes, & que nous ne pouvons connoître les Caufes cachées & invifibles, que par leurs effets fenfibles; la Nature, que par fes phénomenes.

COUP-D'EIL SUR LES ELEMENS PRIMITIFS.

12. OBSERVATION. Quelles que puiffent être & la figure & la nature de ces Molécules élémentaires, qui font les Parties conflituantes primitives des différentes efpeces de Corps; & qui, par leur infinie petiteffe, échappent néceffairement à nos yeux armés de tous les Microfcopes poffibles:

1o. Il eft certain, de l'aveu de tous les Naturaliftes éclairés, que ces Molécules élémentaires primitives doivent avoir en elles-mêmes, cu par leur nature, ou par une Loi immuable du fuprême Auteur des chofes exiftantes, une permanante Immutabilité : en telle forte que rien ne puiffe les décompofer, les dénaturer; que rien ne puiffe entamer & divifer leur infiniment petite maffe; que rien ne puiffe changer & altérer leur figure originaire.

Car fi ces Molécules élémentaires primitives étoient intrinfequement fujettes à quelque divifion, à quelque mutation, à quelque altération; il eft clair que les Corps qui en font compofés, & qui leur doivent leur nature & leur effence, feroient cffentiellement muables; & que les caux, les terres, & les autres corps naturels, ne feroient plus aujour dhui de même nature qu'autrefois : ce qui eft manifeftement contraire à l'expérience & à l'obfervation.

II°. Ces Molécules élémentaires primitives doivent donc être regardées comme étant en elles-mêmes d'une Dureté infinie: puifque l'expérience annonce & démontre, ainfi que nous l'obferverons ailleurs plus amplement, qu'aucun Agent créé n'a prife fur elles; qu'aucun Agent créé ne peut féparer & divifer les parties homogenes ou hétérogenes qui les conftituent; & que, quoique divifibles en elles-mêmes, elles font réellement indivifibles dans le fait & dans l'état naturel des chofes, en vertu d'une Loi ou

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