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& dans leurs maffes & dans leurs configurations : les Corps de nature terreuse, ne different entre eux, que par leur mélange avec les autres Elémens principes.

Selon les Partisans du fecond Sentiment, les Elémens terreux font homogenes par leur nature, hétérogenes par la diverfité de leurs maffes & de leurs configurations: les Corps de nature terreufe different les uns des autres, & par la diverfité des élémens terreux qui les compofent, & par la différente combinaifon de ces éléments terreux avec les autres Elémens principes.

Il est très-vraisemblable qu'il y a plufieurs especes différentes d'élémens, dans la maffe de l'Air: comme nous l'avons déjà indiqué, & comme nous le prouverons ailleurs. (771)..

Il eft démontré par les belles expériences de Newton fur la Lumiere & fur les Couleurs, qu'il y a au moins fept efpeces différentes de rayons, dans la maffe de la Lumiere. (867).

Pourquoi & fur quel fondement refuferoit-on d'admettre la même diverfité, dans les Elémens qui compofent la Terre élémentaire? Pourquoi la Nature, qui a mis de la diverfité dans les molécules de l'Air, dans les molécules de la Lumiere, n'auroit-elle mis aucune diverfité dans les molécules de la Terre; où cette diverfité paroît encore plus néceffaire pour rendre raifon des phénomenes que préfente l'étonnante variété des Corps.

184. REMARQUE. C'eft fur ces principes & d'après ces raifons, que plufieurs Chymiftes donnent différentes divifions de l'Elément terreux; qu'ils divifent par exemple, en Terre vitrifiable, en Terre argilleufe, en Terre calcaire, en Terre gypfeufe, en Terre mercurielle : divifions générales qui font toutes fufceptibles d'une foule de fubdivifions particulieres,

I°. On nomme Terre vitrifiable, la plus pure, la plus fimple, la plus infufible, la plus élémentaire des Subftances terreufes: telle que celle qui compofe le Dia mant & le Crystal de roche, parfaitement purs, fans couleur & fans odeur.

Les Pierres formées de cette terre, ont plus de dureté que les autres. Elles font feu quand on les frappe avec l'acier : elles font feu auffi, quand on en frappe deux l'une contre l'autre. Mais alors c'eft un feu intérieur, qui n'éclate point au dehors en étincelles fcintillantes: phénomene qui leur eft commun avec le Verre & avec la Porcelaine; & qui paroît être une dépendance de l'Electricité, dont nous traiterons ailleurs.

II°. On nomme Terre argilleufe, the efpece parti culiere de terre, par tout fort abondante, qui ne fermente point avec les Acides; qui s'imbibe & fe gonfle dans l'eau; qui fe durcit fans fe vitrifier ou fe calciner au feu. Il eft vraisemblable que cette terre, par fon affinité avec l'eau, entre avec elle coup, dans la compofition des Végétaux.

pour beau

La Terre argilleufe a beaucoup de rapport avec la Terre marne; & celle-ci, avec la Terre végétale, dont nous donnerons ailleurs une idée plus étendue & plus développée. (504).

III. On nomme Terre calcaire, toutes les fubftances terreufes & pierreufes; qui, expofées à un degré de feu fuffifant, prennent les caracteres de la Chaux vive.

Dans leur Calcination, elles perdent un partie de leur poids & de leur confiftance: parce que l'action du feu leur enleve, outre leur Subftance gaseuse, unè partie confidérable de l'eau qui entroit dans leur compofition. Mais comme les dernieres parties de cette eau, font retenues très-fortement par leur partie terreufe: il faut un degré de feu très-violent, pour la

leur faire perdre entiérement; & c'eft-là principale ment en quoi confifte le changement des terres calcaires en chaux vive. La grande affinité de la Chaux vive avec l'eau, fait qu'elle s'en faifit avec avidité : ce qui occafionne une effervefcence violente & une chaleur fenfible.

les

que Les Pierres calcaires, toujours moins dures Pierres vitrifiables, ne font point feu avec l'acier ; quand elles font pures & fans mélange.

IV°. On nomme Terre gypfeufe, une certaine efpece de Terre calcaire, qui ne fait point d'effervefcence avec les Acides; qui forme les Selenites, les Albâtres gypfeux, toutes les Pierres à plâtre; & que l'action du feu convertit en plâtre ou en gypfe, au lieu de la convertir en Chaux. Le Plâtre & la Chaux commune étant deux Subftances très-différentes, & ces deux Substances provenant de la Terre à plâtre & de la Terre à chaux: il feroit bien difficile de ne pas admettre une différence réelle quelconque, entre ces deux fortes de Terre.

La Terre à plátre, eft combinée avec l'Acide vitriolique : elle ne fait aucune effervefcence avec les Acides; par la raifon qu'il n'exifte aucun Acide qui puiffe expulfer l'Acide dont elle eft faturée, lequel eft le plus fort & le plus puiffant des Acides.

La Terre à chaux, eft combinée avec l'Acide méphytique: elle fait effervefcence avec les Acides; par la raifon que la plupart des Acides peuvent en expulfer l'Acide dont elle eft faturée, lequel est un des Acides les plus foibles.

Mais fi ces deux Terres ne different réellement entre elles que par leurs Acides: pourquoi donnentelles deux Résultats très-différens, le Plâtre & la Chaux, après leur calcination?

V. Becher nomme Terre mercurielle, une fubftance de nature terreufe; qui, par fon mélange avec le

Phlogistique ou le Principe inflammable, compose les Substances métalliques.

Mais qu'est-ce que cette Subftance terreuse; qui, en fe combinant avec le Principe inflammable, forme un métal, plutôt qu'un bâton de foufre ou un morceau de bois? C'est ce que n'ont jamais défini les Partisans de cette prétendue Terre mercurielle.

Quelques Chymiftes modernes ont prétendu que l'on peut réduire les divers Métaux, en une Liqueur métallique, fluide, pefante, opaque & brillante, comme le Mercure ordinaire, par le moyen de certains Procédés chymiques, qu'ils décrivent & qu'ils donnent pour tout autant d'expériences certaines & inconteftables : ce qui tendroit à établir démonstrativement l'Opinion de Becher.

Parmi les diverfes Expériences qui doivent ain réduire en Mercure tels & tels Métaux par tels & tels Procédés chymiques : il en eft une qui a été mife à l'épreuve avec tous les foins imaginables, par Meffieurs Macquer & Baumé ; & elle n'a pas donné un atome de Mercure : les autres n'en donneroient vraisemblablement pas davantage.

VI. Le célebre Auteur de l'Hiftoire naturelle, divise l'Elément terreux, en deux claffes générales, favoir, en Terres vitrifiables & en Terres calcinables. L'Argille & le Caillou, la Marne & la Pierre calcaire, peuvent être regardées comme les deux extrêmes de chacune de ces deux claffes: dont les intervalles font remplis par la variété prefque infinie des Mixtes, qui ont tous pour bafe, l'une ou l'autre de ces deux Terres.

Mais quelle terre n'eft pas vitrifiable? Et fi toute terre eft vitrifiable, que devient la division générale dont il eft ici question?

LE FEU, PRINCIPE. DES CORPS.

185. DESCRIPTION. Le Feu, dont nous donnerons ailleurs une plus ample théorie, doit être confidéré fous deux états fort différens: en premier lieu, comme libre, comme pur, comme ne faifant partie d'aucun Compofé; en fecond lieu, comme combiné, ou comme entrant en qualité de partie conftituante, dans la compofition d'une infinité de Corps. Confidéré dans le premier état, on le nomme Feu élémentaire: confidéré dans le fecond état, on le nomme Phlogistique, ou Principe inflammable.

1°. Le Feu pur, le Feu élémentaire, eft un affemblage de particules d'une matiere inaltérable, infiniment atténuée, toujours en mouvement, ou toujours difpofée au mouvement. C'est le grand moteur, l'agent univerfel de la Nature, qu'il anime & qu'il vivifie.

Comme par l'Attraction générale & fpéciale, tous les autres élémens, tous les autres principes des corps, tendent à l'union & au repos : de même par l'action du feu, ces mêmes élémens, ces mêmes principes des corps, tendent à leur féparation & à leur divifion.

Sans l'action du Feu, tous les Corps liquides & fluides fe convertiroient en maffes folides: par l'action du Feu, qui les pénetre en plus ou moins grande quantité, la tendance réciproque de leurs parties les unes vers les autres, eft détruite ou infiniment affoiblie; & la maffe totale conferve une mobilité refpective dans toutes fes parties. Dans les Corps folides, l'adhérence des parties eft d'autant moindre; que ces corps font pénétrés d'une plus grande quantité de Feu élémentaire, logé & mu dans leurs porcs, fans être combiné avec leurs élémens.

De ce conflit éternel, entre l'action du Feu & l'ac

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