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Il faut en troisieme lieu, qu'ils foient mis l'un & l'autre à l'épreuve de l'eau bouillante, dans un même lieu ou dans des lieux totalement différens, l'un à Paris & l'autre à Rome ou Pétersbourg, fous une même hauteur du mercure dans le Barometre: par la raifon qu'une même eau parvient d'autant plus difficilement au point d'ébullition, & acquiert une d'autant plus grande intenfité de chaleur, avant d'arriver à ce point & à ce terme, que la Colonne aérienne qui preffe fa furface, a plus de force & lui oppose plus de réfiftance.

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Un Phyficien moderne, M. du Luc, nous paroît avoir élevé cet utile Inftrument, à toute la perfection dont il eft fufceptible.

III°. Un Thermomètre de comparaifon, pour évaluer la température de l'Atmosphere, doit être expofé aut nord & à l'ombre, à l'abri de toute réverbération qui puiffe altérer fenfiblement la température de Fair

environnant.

Le plus grand degré de froid, eft communément à l'instant où le Soleil va fe lever : le plus grand degré de chaleur, eft communément vers les deux ou trois heures après midi.

IV°. Tandis que le Mercure fe foutient au deffus du Point de la congélation, l'eau ne gele point.

:

Le Mercure vient-il à defcendre jufqu'à ce Point de la congélation? L'eau commence à fe geler à moins que l'agitation du vent, ou quelqu'autre caufe étrangere, ne l'en empêche.

vo. Dans les grands froids, le Mercure defcend de beaucoup au-deffous du Point où le fixe la glace pilée. Il defcendit à Paris à 15 degrés & un quart plus bas en 1709, pendant ce Froid célebre qui défola l'Europe.

Dans les Régions feptentrionales, en Laponie, en Norwege, en Sibérie, il defcend affez communément

pendant l'hiver, jufqu'à 40 & 50 degrés au deffous de la congélation: enforte que ces Régions éprouvent habituellement chaque année, un froid deux ou trois fois plus grand que celui qu'on effuya en France en 1709; & que nous avons vu renaître à Befançon en 1767 & 1768, & à Paris en 1776.

Ce qui n'eft pas moins étonnant, c'eft que dans les Régions brûlantes de la Zone torride, le Thermometre, dans les plus grandes chaleurs de l'été, ne monte pas beaucoup plus haut qu'à Rome, qu'à Marseille, qu'en plufieurs autres villes de l'Europe ce qui prouve que les intolérables chaleurs de la Zone torride, accablent plus par leur continuité, que par leur intenfité,

215. REMARQUE IV. C'eft fur les mêmes principes, & d'après la même méthode, que l'on fait auffi des Thermometres d'efprit de vin, & d'autres liqueurs femblables, que l'on colore comme on veut.

que

le

Mais on a obfervé que ces Liqueurs font quelquefois fujettes à certaines fermentations intérieures: ce qui fait que ces Thermometres ne correspondent point, dans ces circonstances, au degré du Froid extérieur, qu'ils devroient marquer. C'est pour cette raifon l'on préfere aux liqueurs le mercure, quel n'éprouve point de semblables fermentations. I°. Un Thermometre bien fait eft regardé par tous les Phyficiens, comme une Regle fûre & infaillible pour évaluer dans une infinité d'expériences, le degré précis de chaleur & de froidure, que l'on cherche à connoître. (Fig. 10 & 80).

II". On peut donner indifféremment telle forme que l'on voudra, au Récipient qui contient le Mercure au deffous du petit Tube cylindrique, parfaitement calibré, à côté duquel on marque la graduation. Ce Récipient pourra être conftruit ou en forme de

boule, ou en forme de cylindre, ou en forme de Tube Spiral on lui donne cette derniere forme, quand on veut le rendre plus aifément & plus promptement fenfible aux plus petites impreffions de la

chaleur.

III. Parmi les différentes efpeces de Thermome tres, celui de Réaumur & celui de Farenheit, font ceux dont l'ufage eft le plus commun; & ceux auxquels on rapporte affez généralement toutes les opérations & toutes les obfervations qui fe trouvent relatives à cette efpece d'Inftrumens. (Fig. 70).

Dans le Thermometre de Réaumur, la Divifion af cendante & defcendante commence précisément au Point de la congélation, donné par la glace pilée : ce qui eft fort fimple & fort commode..

Dans le Thermometre de Farenheit, la Divifion af cendante commence au deffous du Point de la congélation; & le Point de la congélation est le trentedeuxieme degré de cette Division: ce qui est fort incommode & fort embarrassant.

Dans le premier, le Point de l'eau bouillante eft le quatre-vingtieme degré : dans le fecond, le même Point de l'eau bouillante, eft le deux cent-douzieme degré comme on le voit marqué dans la Figure qui repréfente cette double graduation.

Pour rapporter idéalement l'une à l'autre, cette double Graduation; il fuffira de fe rappeiler que le Point de la Congélation eft zéro dans la premiere, & 3.2 dans la feconde; & que chaque degré de la premiere, vaut deux degrés & un quart dans la feconde.

PHENOMENES DU PYROMETRE.

216. DESCRIPTION. Le Pyrometre eft un inftrument deftiné à mesurer la quantité de Feu qui pénetre un Corps; ou à faire connoître la quantité de Dilatation que le feu produit dans de corps. (Fig. 15).

1o. foit une Baguette de fer AB; qui, fixe & immobile au point A, aboutiffe par le point Dà une Roue dentée DN en telle forte que fi la baguette : s'alongeoit d'une ou deux lignes, elle fit faire un tour entier à la roue DN, laquelle s'engraine avec une autre roue M.

II°. Si on place plufieurs petites bougies allumées fous la baguette AB: cette baguette, dilatée par la chaleur, s'étendra & s'alongera en D; fera tourner la roue dentée DN, laquelle, par une feule révolution, fait faire une foule de révolutions à la roue M.

Par cette communication de mouvemens, une Aiguille mobile RS tourne avec une grande rapidité, tant que la chaleur des bougies, augmente la chaleur & la dilatation de la baguette A B; & quand on ôte les bougies, l'Aiguille tourne en un fens contraire, à mefure que la baguette de fer AB, perdant fa chaleur & fa dilatation, revient à fon premier état de condenfation. (209).

PARAGRAPHE

SECOND.

SOLIDITÉ ET FLUIDITÉ DES CORPS.

L

217. OBSERVATION. ES Corps fenfibles font formés d'un nombre immenfe d'élémens d'une ténuité inconcevable : élémens adhérens entre eux, dans les Corps durs ou folides; inadhérens entre eux, dans les Corps liquides & fluides. Quelle eft la caufe de cette adhérence dans les uns, de ce défaut d'adhérence dans les autres? Tel eft le grand problême que nous allons tâcher de réfoudre : problême qui, par ion univerfalité, ne s'étend à rien moins, comme on voit, qu'à toutes les Subftances matérielles qui forment l'Univers.

1

1o. Les Péripatéticiens attribuoient la Solidité & la Fluidité des corps, à deux qualités occultes, dont P'une opéroit la folidité, & l'autre, la fluidité; & cette opinion revit encore dans quelques prétendus Philofophes qui, pour rendre raifon de ces deux grands phénomenes, fe bornent à dire que les Corps font folides ou fluides, parce que telle eft leur

nature.

Opinion inepte & anti-philofophique! Les Corps n'ont d'autre nature fpécifique, que celle qui réfulte des Loix générales de la Nature : foit qu'on en connoiffe, foit qu'on en ignore l'influence. Un Philofophe n'eft pas obligé de connoître toujours les caufes des phénomenes: mais il ne doit jamais affigner aux phénomenes, des caufes ridicules ou abfurdes.

II°. Gaffendi fait réfulter la Solidité des corps, d'un entrelacement de divers atomes branchus & crochus; & la Fluidité, du défaut d'un tel entrela

cement.

Cette Opinion, moins déraifonnable que la précédente, n'eft pas moins infoutenable & inadmiffible: puifque ces élémens primitifs, entrelacés les uns avec les autres, ne pourroient fe féparer fans rompre leurs branches & leurs angles; & que ces élémens primitifs, felon Gaffendi lui-même, font infécables & indeftructibles & dans leur tout & dans toutes leurs parties. D'où il réfulteroit que les corps durs feroient tous d'une dureté infinie; & qu'aucune caufe ne pourroit vaincre & détruire l'adhérence de leurs parties.

III. La Solidité & la Fluidité, ainfi que tous les autres phénomenes, doivent avoir pour caufe, les Loix générales de la Nature; favoir, ou l'Impulfion, ou l'Attraction, ou l'une & l'autre. C'eft ceffer d'être Phyficien, que d'en chercher d'autres caufes; & c'eft auffi dans ces deux feules Loix de la Nature,

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