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que nous allons chercher l'expucation au grand Pnénomene dont il eft ici question.

LA SOLIDITÉ, PAR IMPULSION.

218. SENTIMENT I. Selon Descartes & felon Malebranche, la Solidité des Corps, a pour caufe, la preffion d'une Matiere fubtile, de l'Ether cartéfien; qui, avec une force immenfe plus ou moins contrariée, preffe de toute part vers un centre commun, un amas d'Elémens plus groffiers, & les applique l'un contre l'autre.

Cette Matiere fubtile étoit fans élasticité, felon Defcartes elle eft élastique, felon Malebranche & felon tous les modernes Cartéfiens. Mais, élastique ou inélastique, elle a une preffion d'où réfulte, dit-on, la Solidité de certains corps, ou l'adhérence réciproque de leurs parties. Développons & examinons ce Mécanisme cartéfien. (Fig. 73).

I°. Soit une Machine de Magdebourg, divifée en fes deux hémispheres creux A & B. Si on pompe l'air enfermé dans ces deux hémispheres : l'air environnant les preffe l'un contre l'autre, & leur donne une adhérence qui ne pourra être vaincue que par une force égale à un poids de cent ou de deux cens livres. C'estlà l'image, felon les Cartéfiens, du mécanisme qui produit la dureté ou la folidité des Corps. (700).

Deux Molécules de matiere rameufe & canelée, deux Molécules dont les faces font capables de s'appliquer parfaitement l'une contre l'autre, fe trouvent elles contigues dans le tems où fe forme un corps,

tel

que le bois ou le marbre? La Matiere fubtile, l'Ether cartéfien, qui emplit la Nature, preffe ces deux molécules l'une contre l'autre avec une force immenfe. De-là, l'adhérence de ces deux molécules entre elles de-là, l'adhérence femblable de toutes les autres molécules qui forment le même corps.

La matiere qui produit cette preffion, eft la matiere qui emplit l'immenfité des cieux, felon les Cartéfiens: c'est-à-dire, la matiere du premier & du fecond Elément de Defcartes, la matiere fubtile & la matiere globuleufe, élastique ou inélastique. (163).

II°. Si un Corps étoit compofé tout entier d'élémens dont toutes les furfaces fuffent parfaitement unies & totalement contigues; ce corps entier feroit d'une adhérence ou d'une dureté comme infinie, felon les Car téfiens: puifque, pour vaincre cette adhérence des parties entre elles, il ne faudroit rien moins qu'une force capable de furpaffer la preffion de tous les cônes de Matiere éthérée ; qui, aboutiffant de toute part à tous les points de ce corps folide, s'étendent fans aucun vide jufqu'à la Région des Etoiles, ou peut-être jufqu'à la derniere Couche de la Matiere & du Monde.

III. Mais comme les Corps durs & folides ne font pas compofés d'élémens qui puiffent s'appliquer les uns aux autres dans toute l'étendue de leurs furfaces; & que parmi ces élémens principes des corps, il y en a de différente mafle & de différente figure: il s'enfuit que les Corps folides ne doivent pas avoir tous la même dureté ou la même adhérence de parties.

Par exemple, les Corps font plus durs, ou ont leurs parties plus fortement adhérentes les unes aux autres: quand leurs Elémens font plus contigus, & moins divifés par des couches intermédiaires de matiere éthérée. Les Corps font moins durs, ou ont leurs parties moins adhérentes entre elles: à proportion que leurs molécules rameufes & anguleufes font moins contiguës, & qu'elles font plus divifées par des couches intermédiaires de matiere éthérée; laquelle, en communiquant avec la matiere éthérée extérieure, tend, par fa preffion ou par fon élasticité, à écarter les Elémens plus maffifs entre lefquels elle fe trouve interpofée, avec une force proportionnelle à fa quantité.

ou

De-là, felon les Cartéfiens, la différente dureté ou folidité du plomb, de l'or, de l'acier, du diamant. Le Diamant eft plus dur que le plomb: parce que la preffion extérieure de la matiere éthérée, eft moins détruite dans le diamant que dans le plomb, par la réaction ou par la preffion contraire de la matiere éthérée, répandue entre les élémens de ces deux corps. IV. Si un Corps eft compofé d'Elémens fphériques cylindriques, ou pyramidaux, ou d'une figure quel conque qui donne peu de contact entre ces élémens; ce corps fera fans aucune adhérence fenfible dans fes divers conftitutifs; ce corps fera liquide ou fluide: parce que la matiere éthérée, interpofée de toute part en très-grande abondance entre fes élémens, tend intérieurement à les écarter, autant que la matiere éthérée environnante tend extérieurement à les unir. Ces deux Forces oppofées, & fenfiblement égales, fe détruifent réciproquement; & leur effet doit être nul. Telle eft l'eau, tel eft l'air, telle eft la lumiere, tels font tous les corps liquides & fluides.

219. REFUTATION. Ce Syftême cartéfien, trèsphilofophique à bien des égards, le plus ingénieux & le plus fatisfaifant que l'on puiffe imaginer dans l'hypothese du Plein, s'écroule & s'évanouit néceffairement avec cette hypothefe, qui n'eft aucunement foutenable, qui eft en tout point fabuleufe & chimérique; qui fe trouve diamétralement oppofée à tous les grands phénomenes de la Nature: comme nous le ferons voir & fentir ailleurs. (1398 & 1399).

Il est démontré à la vérité, que dans toute hypothefe, il faut néceffairement admettre l'existence d'une Matiere très-fubtile, toujours en action & en mouvement: existence évidemment démontrée par les phénomenes de l'électricité, de l'aimant, du feu, de la lumiere.

Mais l'existence d'une telle Matiere, n'a rien de commun avec celle de laquelle Defcartes & Malebranche font naître le phénomene de la folidité des Corps: puifque la Matiere fubtile dont l'existence eft démontrée, ne fuppofe point une preffion uniforme en tout fens dans le Plein; fe concilie avec les Vides immenfes de Newton; doit plutôt tendre à écarter qu'à unir les élémens des Corps qu'elle penetre & qu'elle enfile avec tant de vîteffe & de liberté tantôt dans un sens, tantôt dans un autre, & jamais uniformément en tout fens.

LA SOLIDITÉ, PAR ATTRACTION
OU PAR AFFINITÉ.

220. SENTIMENT II. Selon la plupart des Chymif tes & des Phyficiens modernes ; la Solidité des Corps, ou l'adhérence de leurs parties entre elles, a pour caufe l'Attraction spéciale entre les élémens dont font formés ces Corps. La Fluidité des Corps, ou le défaut d'adhérence entre leurs parties, a pour caufe le défaut d'une femblable Attraction entre les élé mens qui les compofent.

I. Nous avons déja obfervé ailleurs, & nous fe rons voir encore plus fenfiblement dans la fuite ( 1422 & 1517), que l'Attraction générale, cette Attraction qui produit le grand phénomene de la Pefanteur, ne peut produire dans les Corps terreftres, aucun mouvement qui les faffe tendre fenfiblement les uns vers les autres, aucune adhérence qui s'oppose fenfiblement à leur féparation; & que fi l'Attraction générale produit quelque effet infiniment petit de tendance ou d'adhéfion entre les Corps terreftres, cet effet a lieu dans les Corps liquides, ainfi que dans les Corps folides.

Donc la Solidité des Corps, qui eft un effet trèsfenfible & très-marqué, un effet capable de vaincre fouvent la plus grande force, un effet qu'on n'ob

ferve pas dans tous les corps, n'a point pour cause l'Attraction générale qui affecte indifféremment tous les corps, qui les preffe tous également vers certains centres communs felon certaines Loix; mais qui, en vertu de ces mêmes Loix, ne doit point les rendre adhérens les uns aux autres d'une maniere fenfible.

II. Nous venons d'obferver que l'Impulsion ou la Preffion d'une matiere quelconque, ne rend pas plus heureusement raifon du grand phénomene de la Solidité des Corps.

De quelle caufe peut donc dépendre ce phénomene, fi ce n'eft de l'Attraction Spéciale, ou de la Loi d'af finité : puifque tous les phénomenes de la Nature, paroiffent avoir pour caufe, ou la Loi d'impulfion, ou la Loi d'attraction générale, ou la Loi d'affinité ?

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221. Le grand phénomene de la Solidité & de la Flui'dité des Corps, paroît être une dépendance de la Loi d'Affinité.

EXPLICATION. 1°. Soit un Corps quelconque, dont les élémens foient analogues, dont les élémens aient des furfaces propres à acquérir un grand & intime contact.

L'Attraction spéciale entre ces élémens, fera dans fa plus grande force (123); & l'effet de cette Attraction, fera une très-grande adhérence entre ces élémens; & par-là même, une grande dureté dans ce corps.

Ĉe Corps ne pourra être divifé que par une force fupérieure à la fomme de toutes les attractions qui produifent l'adhésion dans les élémens qu'on voudroit féparer. Ce corps fera un Corps folide, un corps de la plus grande dureté.

I. Soit un autre Corps quelconque, dont les élé

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