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jours égal à l'angle d'incidence: ce qui fuppofe dans la Lumiere, une élasticité fenfiblement parfaite.

III. Farmi les autres Corps élastiques, nous n'en con noiffons aucun dont l'élafticité foit parfaite. Une Boule de marbre ou d'ivoire, feroit parfaitement élastique: fi en tombant perpendiculairement dans le vide, fur un Plan de même matiere, d'une hauteur quelconque, elle remontoit précisément à la même hauteur d'où elle est tombée, en reprenant parfaitement la même figure qu'elle avoit avant la chûte.

Mais, ni le Marbre, ni l'Ivoire, ni l'Acier trempé, ni aucun autre Corps folide, ne nous préfente ce double phénomene dans toute fa perfection. Aucun globe folide ne s'éleve à la même hauteur d'où il efttombé. Aucun globe folide ne reprend parfaitement la fphéricité qu'il a perdue dans le choc; & fi on l'examine attentivement, on obfervera qu'il lui refte un trèspetit applatiffement vers le centre du cercle qui a éprouvé la compreffion & le contact fur le Plan.

On peut évaluer par-là à peu près, le plus & le moins d'élafticité qui fe trouve dans les divers Corps élastiques. Les Globes les plus élastiques font ceux qui, en tombant perpendiculairement d'une hauteur déterminée, fur un Plan de même matiere, rejailliffent à une plus grande hauteur, & perdent le moins de leur fphéricité.

238. REMARQUE II. L'Elafticité eft mife en jeu dans les Corps, en deux manieres différentes; favoir, ou par voie de preffion, ou par voie de tenfion.

Une Eponge, une Paume, quand on les comprime dans la main deviennent élastiques par voie de

preffion.

Les Cordes de boyau deviennent élastiques fur les Inftrumens, par voie de tenfion; & quand elles se caffent, chaque partie revient fur elle-même avec

Tome 1.

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violence: parce que toutes les molécules écartées & féparées par la tenfion, tendent par leur attraction mutuelle, à fe rapprocher les unes des autres, avec un mouvement qui les fait rétrograder vers les Points fixes qui les captivoient.

Quand on courbe un Arc ou un Fleuret: il y a & tenfion & preffion; tenfion dans la partie extérieure, preffion dans la partie intérieure de la courbure. De-là, l'élafticité de ce Corps. (Fig. 7 & 75).

OBJECTIONS A REFUTER.

239. OBJECTION I. Si l'Attraction spéciale influe comme cause physique, dans le phénomène de l'Elafticité: pourquoi ne pas lui donner tout l'honneur de cet effet? Pourquoi lui affocier l'action d'une Matiere fubtile, dont elle n'a pas befoin? Pourquoi admettre deux caufes phyfiques, là où une feule eft fuffifante?

D'ailleurs, comment la Matiere fubtile, qui s'intinue avec tant de facilité dans les corps, peut-elle y rencontrer des obftacles, propres à occafionner fon impulfion contre ces corps; propres à la retenir & à l'emprisonner dans les concavités de ces corps? Cominent la Matiere fubtile, qui eft d'une ténuité comme infiniment petite, peut-elle produire dans ces corps, un effet auffi puiffant que celui de leur élasticité?

RÉPONSE. Dans la Phyfique, le nombre des Caufes, ne dépend pas du caprice du Phyficien qui en obferve l'influence. Nous admettons une double Caufe; pour expliquer le phénomene de l'Elafticité: parce que ces deux Caufes paroiffent concourir ensemble dans la production de ce phénomene. L'Attraction fpéciale ou Affinité, et la principale caufe de l'élasticité : mais rien ne prouve que ce foit la feule caufe de ce phénomene, & qu'il faille en exelure abfolument l'action des divers Fluides dont nous avons fait mention.

1o. On peut confidérer la Matiere fubtile, comme formant des torrens plus ou moins denfes ; & les pores des Corps comprimés, comme formant des canaux en entonnoir.

Dans cette idée fi fimple & fi naturelle, il eft facile de concevoir comment un torrent d'une matiere infi→ niment rapide, heurtant contre le grand orifice des pores coniques d'un Corps, doit rencontrer des obftacles dans fon paffage à travers ce corps; & imprimer une vraie impulfion, aux parties folides & impé nétrables qu'elle heurte.

II. Quelque inconcevable petiteffe que l'on fuppofe à la Matiere fubtile: fes molécules ont une maffe déterminée, laquelle peut être captivée & emprifonnée dans des concavités dont les pores feroient moins grands que ces molécules.

On peut donc, fans heurter la vraisemblance, fup→ pofer des Fluides retenus & tourbillonnans dans l'intérieur des corps.

III°. La force des hommes & des animaux, n'eftelle pas très-vraisemblablement l'effet des Efprits vitaux ; qui ne font autre chofe qu'une matière trèsfubtile, lancée en invisibles torrens dans les nerfs & dans les muscles, qui la captivent & qui dirigent fa marche. (Mét, 1247 & 1250).

Il n'est donc point improbable, qu'une Matiere fub tile, malgré fon inconcevable ténuité, produise des effets fenfibles dans les corps.

IV. Mais les effets de l'Elafticité, n'ont ni pour cause unique, ni pour cause principale, l'action de la Matiere fubtile.

Ces effets dépendent principalement de la Force d'attraction ou d'affinité ; comme nous l'avons déjà obfervé. Ce feroit donc exagérer l'action de la Matiere fubtile, que de lui attribuer tout l'effet de l'élafticité.

240. OBJECTION II. L'Aira une étafticité parfaite : l'air devra-t-il cette élasticité à l'adhérence de fes parties & à l'action des Fluides qui heurtent fes pores ou qui tourbillonnent dans fes pores?

La Lumiere eft élastique & parfaitement élastique : admettra-t-on encore & une adhérence de parties & un choc de fluides dans la Lumiere, qui paroît être un affemblage d'élémens infiniment petits, infiniment fimples?

RÉPONSE. I°. Pourquoi la maffe élastique de l'Air, devroit-elle fon élafticité à une caufe différente de celle qui produit ce phénomene dans le reste de la Nature?

Comme la figure des molécules aériennes, échappe néceffairement à toutes les obfervations de la Phylque: on fe repréfente communément ces molécules, fous l'image d'une infinité de petits filamens de peu de longueur & d'une épaiffeur très-petite; ou fous l'image d'une infinité de petits refforts infléchis, affez femblables à ceux qui meuvent les Montres.

Pourquoi les molécules qui forment ou ces petits filamens ou ces petits refforts aériens, ne pourroientelles pas avoir une adhérence réfultante de leur affinité mutuelle ? Pourquoi ces filamens ou ces refforts aériens ne pourroient-ils pas être en prise à l'action d'une matiere plus fubtile, capable de contribuer par fon impulfion ou par fon expanfion, à leur faire reprendre la figure naturelle que la preffion leur auroit fait perdre ?

Les refforts ou les filamens de l'air, de la laine, du crin, de l'éponge, doivent être confidérés, relativement à leur élafticité, comme tout autant de petites Baguettes flexibles, femblables en petit à la Branche d'ofier dont nous avons précédemment expliqué le mécanisme élastique. (230).

II. Il eft certain, d'après les belles expériences de Newton fur la Lumiere, que le plus petit Balon lamineux qu'on puiffe obferver, eft toujours compofé de fept efpeces différentes de molécules, fource des fept couleurs primitives. (866).

Donc, tout rayon ou balon de Lumiere, eft compofé de plufieurs molécules qui peuvent avoir, & qui ont réellement une adhérence entre elles..

Pourquoi ces molécules, qui forment un rayon ou un balon de Lumiere, ne pourroient-elles pas avoir entre elles une affinité, une attraction, femblable à celle qu'ont les autres corps élastiques?

Quoique nous ne puiffions pas obferver en ellesmêmes les infiniment petites maffes de la Lumiere; on peut leur fuppofer avec affez de vraisemblance une figure fphérique. Dans cette fuppofition, le mécanifme qui produit & qui met en jeu l'élasticité dans la Lumiere, revient au même mécanisme qui produit & qui met en jeu l'élafticité dans une Boule d'ivoire. ou de marbre. (235)..

PARAGRAPHE QUATRIEME.
LA GRAVITÉ DES CORPS.

241. OBSERVATION. LA Caufe de la gravité les

Phénomenes de la gravité, tel eft le double objet que préfente naturellement cette question.

Mais la nature des chofes & l'enchaînement des matieres, exigent que nous faffions ici abstraction. de la Caufe de la gravité pour nous borner à en établir l'existence, à en obferver les furprenans phé-

nomenes.

Nous ferons voir ailleurs que la Gravité des Corps, eft uns dépendance de la Loi générale d'Attraction; ou

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