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minée à la furface de la Terre, auroit une pefanteur quatre fois moindre, à une diftance double du même centre de la Terre; cent fois moindre, à une diftance dix fois plus grande; 3600 fois moindre, à la diftance où fe trouve la Lune. (1272).

255. REMARQUE IV. Le célebre Dominique Caffini mefura géométriquement, dans le dernier fiecle, tout l'Arc du Méridien terreftre qui paffe par l'Ob fervatoire de Paris, depuis Colioure au fond du Rouffillon, jufqu'à Dunkerque en Flandres. Après quoi, en déduifant de fes Mefures géométriques, une Spéculation générale fur la Figure de la Terre, il annonça au Monde favant, comme une Découverte intéreffante, que la Terre, au lieu d'être une vraie Sphere, devoit être allongée vers fes Poles MN, & applatie vers fon Equateur ACB. (Fig. 84). ·

1. Pour confronter avec l'Expérience, la Spéculation & l'Induction de Caffini: Newton, bien perfuadé & bien convaincu que la Terre fait réellement chaque jour une révolution fur fon centre & autour de fon axe, fit faire un affez grand Globe de peau flexible ANB MA; l'emplit d'eau; le fit tourner rapidement fur un axe lié & fixé en C à un tuyau d'une femblable peau flexible MN; & obferva quelle figure il prenoit dans fa révolution rapide autour de

cet axe.

Il vit ce Globe ANBMA, fe renfler en ab, vers fon Equateur; fe raccourcir & s'applatir en mn, vers fes Poles; perdre fa Figure fphérique ANBMA, & prendre une Figure fphéroïdale a nb ma.

II°. Après cette observation expérimentale, Newton se borna à annoncer modeftement au Public, que l'hypothese des Poles allongés & de l'Equateur applati, ne s'accordoit, ni avec l'obfervation expéri

mentale qu'il venoit de faire, ni avec la vraie théorie du Mouvement & des Forces centrales:

Que felon l'expérience de fon Globe de peau flexible, & felon la théorie des Forces centrales, les Parties aqueufes de notre Globe terreftré, décrivant de plus grands cercles en aba vers l'Equateur, qu'en vxv vers les Poles, devoient avoir plus de force centrifuge fous l'équateur, que loin de l'équateur & vers les poles: qu'ayant plus de force centrifuge vers l'équateur, elles devoient perdre plus de leur force centripete ou de leur pefanteur : que perdant plus de leur force centripete ou de leur pefanteur, elles devroient fe tenir à une plus grande élévation vers l'équateur, pour faire équilibre par l'excès de leur maffe, avec celles qui, placées vers les poles, perdent moins de leur pefanteur:

Que les Corps folides, ainfi que les Corps liquides & fluides, roulant journellement autour de la Terre avec des vîteffes inégales, devoient avoir moins de pefanteur fous l'Equateur, que loin de l'Equateur & près des Poles.

III°. Cette belle théorie de Newton s'accordoit, & avec l'expérience de fon Globe factice, & avec la Découverte de Richer. Les Obfervations aftronomiques qui ont été faites dans ce fiecle, au Pérou, au Cap de Bonne-Efpérance, fous le Cercle polaire, ont achevé de la convertir en une démonftration complette.

L'applatiffement de la Terre vers les Poles, a été définitivement décidé & démontré, comme nous l'expliquerons ailleurs (1368); & l'Opinion de M. Caffini, a été généralement abandonnée par tous les Phyficiens, & par fon Fils lui-même; qui, après avoir examiné à fonds la queftion, ne fe fit point une peine de reconnoître & d'avouer que fon Pere s'étoit trompé dans le réfultat de fes Mefures géométriques.

RESULTAT GÉNÉRAL DE CE PREMIER TRAITÉ.

256. CONCLUSION. La nature de la Matiere, la nature des Corps, tel eft l'intéreffant objet que nous avions à expofer & à développer dans ce premier Traité: où nous avons fait pafler fucceffivement en revue, toutes les propriétés générales que l'on a découvertes jufqu'à préfent, dans la Matiere & dans les Corps.

Pouvons-nous nous flatter de connoître toutes les propriétés de la Matiere & des Corps? Non : il refte encore une infinité de Découvertes à faire, fur cet immenfe objet..

Mais nous pouvons nous flatter fans témérité, de favoir que toutes les propriétés qui peuvent nous être inconnues dans les Corps, dérivent & doivent dériver des Propriétés générales que les obfervations de plufieurs milliers d'années nous y ont fait connoître; par exemple, de leur Etendue, de leur Divifibilité, de leur Attraction réciproque, de la diverfité de leurs Parties intégrantes & conftituantes, de leur Porofité, de leur Pefanteur, de leur Mobilité, & ainfi du refte.

De forte que, fi nous ne connoiffons pas formellement & explicitement en elles-mêmes toutes les propriétés qui peuvent caractériser chaque efpece de Corps: nous connoiffons du moins implicitement & confufément les Propriétés qui peuvent échapper à notre pénétration dans les Corps, ou leurs Propriétés encore inconnues, dans le germe d'où elles doivent naître, dans la fource d'où elles doivent jaillir, dans. les Caufes combinées & connues qui doivent leur donner l'existence.

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SECOND TRAITÉ.

THEORIE DU MOUVEMENT.

L'ADMIRABLE variété, que nous préfente le Monde inanimé, ae renferme & n'exige qu'une Matiere homogene par fa nature, hétérogene par fes modifications de figure & de mouvement; ainfi que nous l'avons fait voir dans le Traité précédent. (144).

Après avoir expofé la théorie générale de la Matiere, nous allons développer la théorie générale du Mouvement. De-là réfultera la théorie générale de la Nature vifible, qui ne renferme que Matiere & Mouvement.

Nous obferverons d'abord le Mouvement en luimême, & comme fous les mains de la Nature : nous l'obferverons enfuite dans les Machines, & comme fous la main de l'Art: telle fera la divifion & tel fera l'objet de ce fecond Traité,

Qu'il eft facheux de voir cette intéreffante théorie du Mouvement, fouvent enveloppée d'épaiffes ténebres, quelquefois foumise à de faux principes & à de fauffes regles, dans plufieurs Auteurs eftimés! Nous allons tâcher de lui donner toute la lumiere dont elle eft fufceptible, & d'en écarter toutes les erreurs & toutes les méprifes qui l'ont plus d'une fois défigurée.

PREMIERE

SECTIO N.

LE MOUVEMENT EN LUI-MÊME, ET COMME SOUS LES MAINS DE LA NATURE.

L'ESTIMATIO

'ESTIMATION du Mouvement, les obftacles au Mouvement, les Loix générales du Mouvement, la communication du Mouvement, le Mouvement compofé, le Mouvement accéléré, le Mouvement réfléchi & réfracté, vont former la divifion de cette premiere Section; & devenir l'objet & le fujet de tout autant d'Articles différens.

ARTICLE

PREMIER.

ESTIMATION DU MOUVEMENT ET DES FORCES

257.

MOTRICES.

LE Mouvement eft le transDÉFINITION I port ou le paffage fucceffif d'un Corps, d'un lieu en un autre lieu quelles que foient & la caufe & la direction & la rapidité de ce paffage ou de ce tranfport,

1°. Le Lieu, ainfi que le Mouvement, eft ou ab

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