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grande hauteur, dans la maffe de l'Air environnant. De ces Principes d'expérience & de théorie, découle l'explication de plufieurs Phénomenes dignes d'être ici obfervés. (Fig. 2).

1o. Un Chien fuit fon Maître ou fuit le Gibier, en appliquant de tems en tems fon nez fur les voies où ils ont paffé: parce qu'il y a & dans l'homme & dans le gibier, une fermentation intérieure & permanante, en vertu de laquelle jaillit par leurs pores, un torrent continuel de corpufcules imperceptibles, qui s'attachent d'une maniere plus ou moins durable à leurs traces; que l'odorat infiniment fin du chien, démêle & difcerne fans peine & fans erreur; & qui dirigent ce chien dans la recherche & dans la poursuite ou de fon maître ou du gibier.

11°. Il y a des Corps odorans, qui après un certain tems plus ou moins long, perdent leur odeur: foit parce que leurs particules évaporables s'épuifent affez promptement: foit parce que la fermentation qui doit en occafionner l'évaporation, ceffe & s'arrête ou abfolument ou plus ou moins périodiquement.

?

III. Il y a d'autres Corps odorans, qui confervent confamment & perfévéramment leur odeur: parce que leur fermentation, fenfible ou infenfible eft conftante & permanante; & que les particules qui s'exhalent, étant d'une petiteffe inconcevable, fuffi fent à une très-longue & très-durable évaporation.

Tel cft un grain de Mufc, dont l'odeur peut fe faire fentir pendant vingt ans d'une maniere incommode, dans un Appartement où l'air fe renouvelle tous les jours: fans qu'après vingt ans, on s'apperçoive d'aucune diminution bien fenfible ou dans fon poids ou dans fon volume. Suppofons que ce grain de Mufc, fe trouve pendant vingt ans dans la même Chambre que la Caffolette dont nous venons de calculer les parties évaporées; & qu'il faille un jour

entier •

entier, pour que l'air renouvellé foit imbu bien fenfiblement de fon odeur.

Pour avoir la fomme des parties évaporées du fein de ce grain de Mufc pendant ces vingt années; il faudra multiplier le nombre précédemment trouvé 5,804,752,896,000, par vingt fois 365 jours: ce qui donnera 42,374,696,140,800,000 particules échappées & évaporées du fein de ce grain de Musc; fans que la quantité de matiere, qui s'eft convertie en ces particules odorantes, diminue fenfiblement fa maffe. Quel nombre, quelle ténuité dans ces particules odorantes! L'efprit fe perd & fe confond, en contemplant ces merveilleux phénomenes.

IV. Parmi les Odeurs, il y en a qui flattent, il y en a qui choquent l'odorat. Les Odeurs gracicufes font celles qui occafionnent dans les fibres de l'odorat, un ébranlement auquel eft attachée une fenfation mentale plus ou moins agréable & flatteufe. Les Odeurs difgracieufes font celles qui occafionnent dans les fibres de l'odorat, un ébranlement qui doit faire naître une fenfation mentale plus ou moins révoltante & difgracieuse. (Mét. 460).

Il ne nous eft pas donné d'aller plus avant en ce genre: nous n'avons aucune voie pour découvrir comment & pourquoi telle odeur eft propre en ellemême & par la nature de fes corpufcules, à occafionner une fenfation déplaifante, plutôt qu'une fenfation flatteufe.

V°. La même Odeur peut plaire & déplaire à différens Sujets, à raifon de la diverfité de leurs organes. L'odeur de la rofe flatte le plus grand nombre de perfonnes, par l'ébranlement modéré, par le chatouillement délicat, que l'émanation de fes corpufcules produit dans les fibres de leur odorat.

D'autres perfonnes, dont l'odorat fera compofé de fibres plus fubtiles, plus mobiles, plus pénétraTome I.

C

bles, recevront de ces mêmes corpufcules, un ébran lement trop violent, des fecouffes trop tumultueufes, un engorgement & un déchirement dangereux. L'économie naturelle du cerveau, en fera altérée & troublée; & l'ame, toujours intéreffée & toujours attentive au bon état de tout l'Individu, en fera inquiétée & effrayée: en conféquence de quoi, cette odeur fera défagréable & infupportable à ces perfonnes; parce que le trop violent ébranlement qu'elle occafionne, la fait juger nuifible & funefte.

VI°. Des Odeurs qui ont déplu dans un tems, plaifent quelquefois dans un autre; telles que l'odeur du tabac, que les vapeurs de la biere: foit parce que les fibres de l'odorat, qui en font les juges en dernier reffort, changent par elles-mêmes avec le tempérament; foit parce que l'ufage & l'habitude des chofes, forment infenfiblement une nouvelle nature à nos organes; foit enfin parce que quelques-uns de nos jugemens, en genre de faveurs & d'odeurs, dépendent pour beaucoup de l'Imagination, qui effarouchée d'abord ou par certaines apparences révoltantes, ou par certaines impreffions nouvelles & fufpectes, fait naître précipitamment dans l'ame, une averfion pour certains objets ; & qui, défabusée enfuite par l'expérience, fe familiarife peu-à-peu & avec des fenfations & avec des objets qu'elle avoit fauffement jugé nuifibles & funestes.

LES MALADIES CONTAGIEUSES.

34. EXPLICATION. On conçoit facilement, d'après l'expérience de la Caffolette, & d'après les Principes que nous venons d'établir & de développer, comment fe communiquent & comment fe répandent les Maladies contagieufes: comment un Peftiféré, par exemple, placé dans une ville, infecte toute la Ville & enfuite toute une Province & tout un Royaume.

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Dans un Peftiféré, existe une violente effervefcence, qui occafionne en lui une permanante émanation de vapeurs viciées, de miafmes vénéneux: quelle que foit la cause & la nature de ce venin fi propre à fe communiquer; myftere que n'a jamais pu dévoiler la plus perçante lumiere de la Médecine & de la Phyfique. Ces vapeurs, ces miafmes, ces corpufcules véneneux, échappés du Sujet peftiféré, s'attachent aux meubles, aux alimens, aux perfonnes, aux murs, à toute la maffe de l'Air environ

nant.

Que doit-il arriver de-là ? Les Perfonnes qui ont le malheur de fe trouver placées dans cette Maffe d'air infectée, introduifent inévitablement dans leurs poumons, avec l'air qu'elles refpirent, une quantité toujours croiffante de ces miafmes véneneux, de ces principes contagieux; qui fe mêlant avec leur fang & avec leurs humeurs, & circulant fucceffivement dans toutes les parties de leur corps, y alterent & y dénaturent pomptement toute l'économie animale; y produifent par-tout le même genre de défordre & de corruption, qui leur a donné naiffance; y font naître une Effervefcence deftructive, qui devient ellemême une nouvelle fource de corruption & de deftruction.

Le Mal fe répand & s'étend, d'un jour à l'autre & fouvent d'une heure à l'autre, avec une inconcevable célérité. Bientôt, quelques Sujets infectés, vont en infecter mille & mille autres ; & la Contagion devient générale, prefque au moment où elle commence à exister & à fe manifefter: par la raison que chaque Victime qu'elle attaque & qu'elle infecte devient une nouvelle caufe qui la reproduit & qui propage.

la

TROISIEME

DÉMONSTRATION:

LES ANIMALCULES MICROSCOPIQUes.

L'invention des Microscopes, a fait découvrir dans la Nature, un nouveau Monde d'êtres vivans & animés, dignes de l'attention & de l'admiration d'un Philofophe.

Nous ferons connoître, dans la théorie de la Lumiere (1025), le mécanisme fcientifique du Microf cope: mécanisme qui confifte à travailler les Verres, de telle façon que par leur moyen, un très-petit Objet fe peigne régulierement dans l'oeil, fous un trèsgrand Angle optique. Nous nous bornerons, pour le préfent, à faire ufage de ce fonds général de Lumicres nouvelles, que la Phyfique doit à ce merveilleux Inftrument.

35. EXPÉRIENCE I. Fixez horifontalement un Microfcope folaire, au trou d'un volet de fenêtre : en telle forte que la chambre étant bien fermée, les rayons folaires qui tombent fur le miroir placé endehors, se réfléchiffent fur l'objectif & fur la lentille du Microscope; & fe dirigent par le Tube du même Microfcope, ou contre le Mur oppofé, qui doit être bien blanchi, ou contre un très-grand Carton blanc, parallele à ce mur.

Mettez fur le Porte-objets de ce Microfcope, un peu de cette pouffiere qui fe forme fur le fromage fec, fans en faire un tas trop denfe, capable d'empêcher le paffage de la lumiere; & placez le Porteobjets, qui doit être d'un verre très-mince & trèsnet, au point convenable, dans une direction parallele à l'Objectif & à la Lentille.

EFFETS. Vous verrez peinte fur le Mur ou fur le Carton oppofé, une Fourmilliere d'animaux de même efpece, vivans & animés; dont quelques-uns pour

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