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le mouvement d'un Corps, eft ou l'action de fa gravité, ou la réfiftance des fluides, ou le choc de différens corps: caufes dont on apperçoit toujours ou féparément ou conjointement l'influence; toutès les fois qu'on voit du changement dans le mouvement d'un corps.

314. OBJECTION II. Si la feconde Loi du Mouvement, eft vraie & réelle; fi tout Corps en mouvement, tend naturellement à fe mouvoir par une ligne droite :

I. Il s'enfuit d'abord que le Mouvement en ligne courbe, ellipt que ou circulaire, eft un mouvement contre nature: puifque c'eft un mouvement contraire à l'exigence naturelle de tous les corps en

mouvement.

Or, la Terre, les Planetes, les Cometes, fe meuvent en ligne courbe autour du Soleil. Le Soleil luimême fe meut en ligne courbe, au centre du Monde planétaire, autour de fon centre & de fon axe; & il eft affez probable que les Etoiles ont un mouvement femblable à celui du Soleil, un mouvement de rotation autour de leur axe fenfiblement immobile. Donc tous les Corps les plus notables de l'Univers, auroient un mouvement contre nature.

II°. Il s'enfuit encore qu'un Corps mu en ligne courbe, elliptique ou circulaire, tend à fe mouvoir par la Tangente. Or, un corps ne peut point tendre à fe mouvoir par la tangente.

Car un Corps mu en ligne circulaire où elliptique, par exemple, la Terre mue autour du Soleil, ne peut tendre à fe mouvoir par la tangente à fa courbe: fans tendre à s'éloigner du centre de fon mouvement. Or la Terre ne peut tendre naturellement à s'éloigner du centre de fon mouvement, du centre du Soleil: fans quoi elle tendroit naturellement & à s'approcher

& à s'éloigner du centre du Soleil; ce qui eft contradictoire.

III°. Il s'enfuit enfin que la Végétation des plantes, que la Circulation du fang dans les animaux s'opéreroient par des mouvemens totalement contraires à l'exigence d'une Loi primitive du mouvement: puifque ces mouvemens, dans les plantes & dans les animaux, ne fe font point, du moins pour la plupart, en ligne droite.

RÉPONSE. Io. Comme dans une Courbe quelconque, par exemple dans un cercle, deux Points immédiatement contigus font néceffairement une ligne droite : il est évident qu'un Cercle eft un polygone d'une infinité de côtés, qui font tout autant de petites lignes droites. Donc un Corps, mu en ligne circulaire, fe meut néceffairement par une infinité de lignes droites, dont la direction eft fans ceffe infléchie par la caufe qui exige perfévéramment cette inflexion. Donc, en fe mouvant circulairement, un Corps fuit, autant qu'il eft en lui, la Loi générale que l'on attaque.

Cette permanante inflexion ou interruption de mouvement dans un Corps qui fe meut en ligne courbe, eft contre l'exigence naturelle du Mouvement initial, felon lequel ce corps commence à chaque inftant à fe mouvoir, S'enfuit-il de-là que l'interruption ou l'inflexion de ce Mouvement, foit contre nature? Non: parce que la nature d'un Mouvement commencé, n'exige pas qu'il ne foit point abfolument interrompu; mais fimplement qu'il ne foit point interrompu fans l'influence d'une caufe qui en exige l'interruption.

II°. Un Corps animé d'un mouvement elliptique ou circulaire, par exemple, la Terre mue autour du Soleil, tend à chaque inftant, en vertu du fimple

mouvement qui l'anime, à s'enfuir par la tangente; & par-là même, à s'éloigner du centre du Soleil.

Mais, en vertu d'une autre cause, savoir, en vertu de fa gravitation, la Terre tend auffi à chaque inftant à s'approcher du centre du Soleil. De cette double Caute, naît la continuelle inflexion du mouvement de la Terre autour du Soleil: comme nous l'expliquerons ailleurs plus amplement.

Il eft donc faux qu'en vertu de la même cause, un Corps tende contradictoirement à s'approcher & à s'éloigner du centre de fon mouvement.

III. Dans la végétation des plantes, dans la cir culation du fang & des humeurs chez les animaux, tout mouvement tend à s'effectuer en ligne droite; & cependant prefque tout mouvement s'effectue en lignes courbes ou anguleufes parce que dans les animaux & dans les végétaux, le mouvement s'effectue par une infinité de canaux, qui infléchiffent prefque fans ceffe la direction des Fluides deftinés à leur confervation ou à leur accroiffement.

Les mouvemens fans ceffe infléchis & détournés de ces fluides, ne font point contre nature: parce que, comme nous venons de l'obferver, la nature du mouvement exige fimplement que le mouvement ne foit point changé fans l'influence de quelque caufe; & que les finuofités des canaux où coulent les Fluides dans les animaux & dans les végétaux, exigent par leur réfiftance, que le mouvement de ces fluides, prenne fans ceffe leur direction.

315. OBJECTION III. Si la troifieme Loi du Mouvement, eft vraie & réelle; fi le mouvement périt purement & fimplement par la Réfistance : l'Univers devroit depuis long-tems être privé de tout mouvement; la Nature entiere devroit être plongée dans une inaction totale & générale : puifque tous les

Corps de la Nature, éprouvent fans ceffe & par-tout, des réfiftances d'où réfulteroit une deftruction réelle de leur mouvement.

D'ailleurs la preuve d'expérience fur laquelle on établit principalement cette troifieme Loi, eft-elle bien concluante & bien démonstrative? Ne pourroiton pas dire avec Defcartes, que le mouvement de deux Corps durs ou mous, qui s'entrechoquent en des fens oppofés, eft communiqué à l'air & aux fluides environnans, par le frémiffement interne de leurs parties au lieu de dire avec Newton, que ce mouvement eft purement & fimplement détruit & anéanti?

RÉPONSE. L'action de la Nature, n'a rien à craindre de la Loi qu'on attaque ici; & l'expérience qui établit cette Loi, eft très-concluante & très-décisive.

I°. Les Mouvemens généraux de la Nature, les mouvemens qu'on peut regarder comme effentiels à fa Conflitution, n'éprouvent aucune réfiftance connue, dans l'hypothefe démontrée des Vides immenfes de Newton. Donc ces mouvemens généraux, ces mouvemens effentiels, ne peuvent point être détruits par la voie de la réfiftance.

La Terre, les Planetes, les Cometes, en vertų d'un Mouvement projectile qui tend à s'effectuer par la tangente à leur courbe, & d'un Mouvement centripete qui tend à s'effectuer par le rayon de leur courbe, font leurs révolutions périodiques autour du Soleil: fans éprouver d'autre réfiftance, que l'infiniment petite percuffion de la Lumiere; qui, dardée fans ceffe contre leur furface, tend néceffairement à augmenter leur mouvement d'une part, autant précisément qu'elle tend à le diminuer de l'autre.

La réfiftance que la force projectile oppofe à la force centripete, & que la force centripete oppose à

la force projectile, ne tend & n'aboutit, comme nous l'expliquerons & le démontrerons ailleurs, qu'à entretenir ou à faire renaître l'équilibre entre ces deux Forces; & à empêcher que l'une des deux ne devienne perfévéramment prédominante.

II. Les Mouvemens particuliers de la Nature, les mouvemens qu'on peut regarder comme accidentels à la conftitution de l'Univers, peuvent fe réparer en mille & mille manieres : à mesure qu'ils périffent par la voie de la résistance.

Par exemple, les mouvemens des Plantes & des Animaux, quand les Individus périffent, font réparés par la formation de nouveaux individus femblables.

Le Mouvement diminué par le froid pendant l'hiver, eft réparé par le retour du printems & de l'été.

Le Mouvement que peut faire périr la réfiftance, dans le Regne animal, dans le Regne végétal, dans le Regne minéral, eft réparé par l'action de la Lumiere & du Feu que le Soleil darde fans ceffe fur la Terre.

Le Mouvement que pourroit perdre la maffe de l'Air, par la réfiftance que lui opposent si souvent les forêts & les montagnes, eft fans ceffe réparé par fon élafticité qui lui rend en un fens oppofé, tout le mouvement que la réfiftance lui a fait perdre.

III°. Dire que le Mouvement qui femble périr dans le Choc oppofe de deux corps, durs ou mous, peut être communiqué aux Fluides environnans : c'eft recourir à une mauvaise raifon, pour foutenir une mauvaise caufe.

Car, il confte par des expériences bien certaines & bien décifives, que fi deux Corps mous fe meuvent dans la même direction, en telle forte que celui qui précede, aille deux fois ou quatre fois plus lentement que celui qui le fuit: après le choc, les deux Corps

heurtés

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