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frappe vigoureusement & perpendiculairement ce bâton horisontal en C. Le bâton A B fe caffera, fans renverser les deux verres pleins d'eau: parce que ce bâton, fubitement divifé en C, ceffe de porter fur - les deux verres, avant que le mouvement imprimé en C, ait eu le tems de fe porter & de fe tranfmetstre en A & en B.

Si le bâton AB ne fe caffe pas fubitement; les verres font renversés & mis en pieces: parce que le mouvement imprimé au bâton en C, a le tems de se transmettre & d'agir en A & en B.

Par la même raison, une Porte ouverte & fufpendue fur fes gonds, cede facilement à une légere impulfion de ma main parce que le mouvement de ma main, a le tems de fe communiquer fucceffivement à toutes les parties de la porte.

La même Porte eft à peine ébranlée par une Balle qui la frappe perpendiculairement & la perce de part en part: parce que le mouvement de la balle a emporté la partie qui lui réfifte & où elle fait son trou, avant que ce mouvement ait eu le tems de fe communiquer au refte de la Porte, & d'ébranler la partie qui repofe immédiatement fur les gonds.

Un Auteur, moderne a conclu de-là, par un paralogifme auquel ne devoit pas s'attendre notre fiecle, qu'une petite force peut produire un plus grand effet qu'une force immenfement plus grande.

318. OBSERVATION II. Les divers Corps, entre lefquels, fe communique le mouvement, font ou mous, ou durs, ou élastiques.

I°. On nomme Corps mous, ceux qui fe compriment avec facilité; & qui étant comprimés, ne tendent point par leur nature, à reprendre la figure que la compreffion leur a fait perdre. Telle eft la cire vierge, l'argille humide: tel eft le beurre; telle est une boule de neige,

II°. On nomme Corps durs, ceux qui ne peuvent aucunement fe comprimer. Tels font les élémens primitifs de la Matiere, dont les figures font inaltérables & indestructibles. (145).

Parmi des Corps folides qui font en prise à nos expériences & à nos obfervations, on n'en connoît aucun qui foit parfaitement incompreffible. (205).

III. On nomme Corps élaftiques, ceux qui fe compriment; & qui, après avoir été comprimés, repren nent ou tendent à reprendre leur premier état, leur. figure primitive & naturelle. Tel eft le marbre, l'ivoire, l'acier trempé : telle eft une branche verte d'ofier. (226, 229, 232).

319. REMARQUE I. Comme la Communication du Mouvement, fe fait de la même maniere & felon les mêmes Loix, dans les Corps mous & dans les Corps durs, qui font également fans élafticité : nous diviferons fimplement ce quatrieme Article, en deux Paragraphes; qui auront pour objet, la communication du Mouvement, & dans les Corps fans reffort, & dans les Corps à reffort.

1°. Quoique nous ne connoiffions dans la Nature,. aucune espece de Corps folides, qui foit parfaitement molle, parfaitement dure, parfaitement élaftique cependant, dans les Loix que nous tracerons fur la communication du Mouvement, nous confidérerons les Corps fans reffort, comme s'ils n'avoient: abfolument aucune élafticité; & les Corps à reffort, comme fi leur élasticité étoit parfaite.

Nous ferons donc abftraction de la très-petite élafticité que peuvent avoir les Corps mous ou durs; & du défaut d'élafticité parfaite, qui peut fe trouver dans les. Corps élastiques.

II. En traçant & en expliquant les Loix de la com-munication du Mouvement, nous ferons encore abf-

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traction de la gravité des Corps, de la réfiftance des Milieux où ils fe meuvent, de l'obliquité de leurs Collifions.

Nous les confidérerons donc, comme s'ils étoient fans gravité; comme s'ils fe mouvoient dans un Vide parfait; comme s'ils fe heurtoient toujours directement par la ligne droite qui atteint leurs centres.

Toutes ces fuppofitions font abfolument nécessaires, pour fimplifier cette théorie, déjà affez compliquée par elle-même.

320. REMARQUE II. On divife la Viteffe des Corps, dans la théorie du Choc, en vîteffe abfolue & en vîteffe refpective.

1o. La Viteffe abfolue d'un Corps, eft l'efpace qu'il parcourt, divifé par le tems employé à parcourir cet efpace: c'eft le Quotient de l'efpace divifé par le tems. (262).

II. La Viteffe refpective de deux Corps, qui fe meuvent l'un contre l'autre, eft l'efpace parcouru par les deux corps, divifé par le tems employé à parcourir cet efpace foit que ces deux corps parcou rent des portions égales, foit qu'ils parcourent des portions inégales de cet efpace. Par exemple, (Fig. 17):

Un corps A eft éloigné d'un corps B, de fix toiles. Ces deux corps s'avancent l'un contre l'autre en une feconde, en telle forte que le corps A parcourt quatre toifes; & le corps B, deux toifes: leur vîteffe refpective eft 6 toifes.

=

Après le choc, ces deux corps rétrogradent l'un & l'autre quelle que foit la caufe de cette rétrogradation. Le corps A parcourt deux toifes, & le corps B quatre toifes dans une feconde. Leur vîteffe abfolue a changé; mais leur vîteffe refpective refte la même : c'est toujours fix toifes parcourues par les deux corps, en une feconde.

PARAGRAPHE

PREMIER.

COMMUNICATION DU MOUVEMENT, DANS LES CORPS SANS RESSORT.

LES ES Corps fans reffort, ainfi qu'on vient de l'expliquer, font ceux que l'on confidere, ou comme parfaitement mous, ou comme parfaitement durs. (319).

THEOREME FONDAMENTAL.

321. Dans le Choc des Corps en général, la quantité de Mouvement que perd le Corps frappant, eft d'autant moindre, que fa maffe eft plus grande; eft d'autant plus grande, que fa maffe eft plus petite, relativement à la maffe du Corps qu'il heurte & qu'il déplace.

DÉMONSTRATION. La Spéculation & l'Expérience concourent de concert à établir & à faire fentir la Vérité de ce théorême fondamental, que nous bornerons ici au choc des Corps fans reffort; & qu'il fera facile de transporter & d'adapter au choc des Corps à reffort.

Io. La Spéculation fait fentir la vérité de ce théorême. Car, plus la maffe du Corps frappant eft grande, relativement à celle du Corps frappé : moins le corps frappant divife fon mouvement, en le partageant avec le corps frappé. Moins ce mouvement fe divife, plus chaque divifion refte grande. Donc la quantité de Mouvement que perd le Corps frappant, en partageant fon mouvement avec le corps frappé, eft d'autant moindre, que la maffe frappante eft plus grande.

Plus la maffe du Corps frappant eft petite, relativement à celle du Corps frappé: plus le Corps frappant divife fon mouvement, en le partageant avec le corps frappé. Plus ce mouvement fe divife: plus

chaque portion ou divifion eft petite. Donc la quan tité de Mouvement que perd le corps frappant, en communiquant fon mouvement au Corps frappe, eft d'autant plus grande, que la maffe frappante eft plus petite.

II". L'Expérience fait encore mieux fentir la vérité de ce. Théorême fondamental. Car,

Si un Corps de dix livres, heurte avec une vîteffe quelconque, un Corps d'une livre, en repos & mobile; le Corps de dix livres, ne perd qu'un onzieme de fon mouvement: parce que fon mouvement, qui étoit partagé entre dix livres & appliqué à tranfporter une maffe de dix livres avant le choc, fe trouve partagé entre onze livres & appliqué à transporter une maffe de onze livres après le choc.

Si au contraire, un Corps d'une livre, avec une vîteffe quelconque, rencontre un Corps de dix livres en repos & mobile; il perd dix onziemes de fon mouvement parce que le même mouvement qui étoit attaché tout entier à tranfporter une livre avant le choc, fe divife en onze parties pour tranfporter onze livres après le choc. C. Q. F. D.

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322. Quand un Corps fans reffort, heurte diametralement un autre Corps fans reffort:

1. Si le choc fe fait contre un Corps en repos, ou contre un Corps mu dans la même direction que le Corps frappant: le Mouvement fe partage, fans fe détruire.

II°. Si le choc fe fait entre deux Corps mus en des fens oppofes; le Mouvement périt en tout ou en partie.

Si les deux Mouvemens oppofes font égaux en quantité, foit que les corps foient égaux, foit que ces corps foient inégaux en maffe: les doux Corps reflent en repos après le choc.

Si les deux Mouvemens o pofes font inégaux en quan

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