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fant partie de fa maffe, remonte contre un Plan incliné, & éprouve une grande réfistance à fon mouvement: cette réfiftance diminue encore fa vîteffe rétrograde.

Le Recul du fufil & du piftolet, dépend de la même caufe, & s'explique de la même maniere. La force du bras qui les foutient & les dirige, doit être confidérée comme faifant partie de leur réfiftance.

IV. Plus un Canon & un Fufil font pefans; moins ils reculent parce que plus une maffe eft grande, moins une force déterminée lui imprime de viteffe. (Fig. 34 & 37).

Si le Canon ou le Fufil étoient tellement arrêtés & fixés, qu'ils ne puffent aucunement reculer; la violence du coup, feroit de beaucoup plus grande : parce que l'adion de la Poudre enflammée, s'exerceroit toute entiere contre la balle ou le boulet; comme l'action d'un Reffort placé entre un Corps mobile & un Corps immobile, paffe toute entiere & fans partage, dans le corps mobile.

Vo. Un Canon & un Fufil plus longs, pouvu que leur longueur ne foit pas immodérée, portent plus loin: parce qu'ils donnent à la Poudre le tems néceffaire pour s'enflammer toute entiere, & pour exercer toute fon action contre la balle ou le boulet. La balle & le boulet échappent à l'impu'fion de la portion de poudre, qui ne s'enflamme qu'après leur éruption.

Si cependant la longueur du canon ou du fufil devient hors de mefure, & s'étend au-delà de ce qu'il leur faut pour donner lieu à l'inflammation fucceffive de toute la poudre : l'excès de longueur, ne fert qu'à occafionner un frottement qui diminue en pure perte, le mouvement de la balle où du boulet.

335. REMARQUE. Trois Caufes phyfiques, que

nous ne ferons qu'indiquer ici, concourent à produire le prodigieux effort de la Poudre, & contre le Canon & contre le Boulet favoir, l'action explosive du Feu, le reffort débandé de l'Air, la force immenfe de la Vapeur produite par l'inflammation. (823 & 844)

Quelques modernes Phyficiens ont voulu attribuer le Recul des Armes à Feu, du Canon, par exemple, à une violente fecouffe de l'Air, qu'ils fuppofent entrer par la bouche & s'élancer contre la culaffe de l'Arme à feu; à l'instant où la matiere enflammée a fait fon éruption. Fauffe explication, à toute forte de titres! (Fig. 34).

1o. Le Canon, par exemple, commence à reculer, felon Wolf, avant que le boulet foit forti, & que l'air puiffe y entrer : ce n'eft donc point la fecouffe de l'air, qui le fait reculer.

II. L'Air ne peut fe précipiter, avec violence, dans l'intérieur du Canon; qu'autant que le canon feroit comme vide d'air, à l'inftant où fe fait l'éruption de la Poudre enflammée.

Or il est démontré par les obfervations, qu'un grain de poudre enflammée donne un volume d'air deux cent fois plus grand que ce grain même (729): donc, loin d'être vide d'air, à l'inftant où fe fait l'éruption, le Canon eft rempli d'un volume exorbitant de Fluides aériformes; qui, en fe dégageant & en fe débandant avec violence, exercent leur reffort & contre le boulet & contre la culasse du Canon.

:

III. Quand même le Canon feroit réellement vide d'air la petite quantité qu'il peut en contenir, ne feroit pas capable, en s'y précipitant par fon fimple reffort naturel, de lui imprimer une fecouffe auffi violente que celle qui opere fon recul.

336. PROBLEME II. Expliquer, par les mêmes Principes, comment & pourquoi une Fufée s'éleve dans l'Air, contre fa pefanteur. (Fig. 76).

· SOLUTION. La Fufée A B doit être confidérée comme un Canon fort léger, dont la culaffe fans lumiere eft en haut; & dont le calibre tout rempli d'une matiere fucceffivement inflammable, n'a qu'une petite ouverture évasée en entonnoir par le bas, & destinée à donner paffage à l'éruption de la matiere inflammable, à mesure qu'elle prend feu fucceffivement & comme par couches. La baguette AP, attachée parallélement à la fufée, est destinée à faire prendre à la fufée, par fa gravitation vers le centre de la Terre, une direction toujours à peu près perpendiculaire à l'horifon.

I°. La matiere inflammable, qui prend feu dans la fufée, non fubitement & comme tout à coup, mais fucceffivement & comme par couches, fait la fonction d'un Reffort qui fe déploie & fe débande avec violence entre deux Réfiftances: favoir, entre le corps de la Fufée, qu'il tend à faire monter contre fa gravité; & la Colonne inférieure d'air contigu, qu'il tend à faire defcendre, malgré la preffion des colonnes adjacentes qui la foutiennent & qui s'opposent à fon déplacement.

Le corps de la Fufée A B, eft comme le Canon qui recule; & les Molécules aériennes font comme le Boulet qui avance avec une vîteffe incomparablement plus grande, en vertu de l'action explosive DBC de la Poudre, qui lutte fucceffivement & contre le fond BA de la Fufée, & contre la Colonne d'air qui aboutit à fon orifice B.

II°. Quoique la Colonne inférieure d'air contigu, femble d'abord devoir oppofer fort peu de réfiftance à l'éruption de la Matiere enflammée BCD: cependant, comme la résistance d'un Fluide, eft proportionnelle au quarré de la vîteffe du corps qui le frappe & le déplace (302); & que la viteffe de fa Matiere enflammée, qui frappe la Colonne d'air, eft immense : il

s'enfuit que la réfiftance qu'oppofe la Colonne d'air, à la Matiere enflammée B CD qui fort de la fufée, doit être très-grande.

III°. La Fufée, en s'élevant dans l'air, a à vaincre, outre fa pefanteur, la réfiftance d'une colonne d'air AF, égale à fon diametre; & cette résistance lutte auffi contre l'action de la force qui l'éleve.

Mais la réfiftance qu'oppofe à l'action de la matiere enflammée, la colonne d'air fupérieure, eft comme nulle en comparaison de la résistance que lui oppofe la colonne d'air inférieure: parce que la Colonne Juperieure A F n'eft frappée & déplacée que par la vîteffe du corps de la fufée; & que la Colonne inférieure BP eft frappée & déplacée par la vîteffe incomparablement plus grande de la Matiere enflammée B CD, qui s'échappe de la fufée.

Or, comme les résistances d'un même Fluide, font entre elles, comme les quarrés des vîteffes (302); & que la vîteffe de la Matiere enflammée excede immenfement la vîteffe du corps de la Fufée: il s'enfuit que la réfiítance oppofée au corps BA de la Fufée par la colonne fupérieure, eft comme nulle; en comparaifon de la réfiftance oppofée à la Matiere enflammée BCD de la Fufée, par la colonne d'air inférieure.

La Fufée doit donc monter, au lieu de defcendrc: tant que dure l'éruption de la Matiere enflammée, dont la force explofive, arrêtée & répercutée par la réfiftance de l'air, lutte contre le fond de la Fusée avec un effort permanant, oppofé & bien fupérieur à l'effort de fa gravité.

336. 11°. REMARQUE. Sur un petit Réchaud plein de feu placez un Eolipile A BD, à demi plein d'efprit de vin; & établiffez ce réchaud fur un fupport léger, qui ait une position horisontale, & qui puiffe

fe

fe mouvoir aisément fur quatre petites roulettes très-mobiles. (Fig. 79).

Quand l'Air dilaté en A B par la chaleur, & fortifié par les vapeurs aqueufes qu'y exalte fucceffivement la matiere ignée, commencera à faire jaillir au loin l'Esprit de vin, par le bec de l'Eolipile; préfentez une Bougie allumée à ce torrent d'efprit de vin: il deviendra un Jet de feu permanant D V X, dans lequel vous obferverez un Phénomene tout femblable à celui que vous venez d'obferver & d'analyfer dans le Problême précédent.

La Matiere ignée VDX, eft comme un reffort qui déploie conjointement fon action, & contre la Colonne aérienne DVX, qui réfifte fortement à fon éruption; & contre le Vaiffeau ABD, qu'il force à reculer & à fe mouvoir affez rapidement fur fes Roulettes, dans la direction rétrograde RST.

$37. PROBLEME III. Expliquer, par la théorie du Reffort des corps, comment & pourquoi un Globe élaftique A, heurtant une file de globes élastiques, tous égaux à lui, refte en repos après le choc; imprime tout fon mouvement au dernier de la file, & laiffe en repos tous les globes intermédiaires. (Fig. 19).

SOLUTION 1°. Le Globe élastique A, heurtant le globe élastique B, doit perdre la moitié de fon mouvement par le choc, & l'autre moitié par la réaction. Il doit donc, après le choc, refter immobile auprès du globe B. (331).

II. Le Globe élastique B, après la compreffion finie, eft animé d'une tendance au mouvement, égale à tout le mouvement qu'a perdu le globe A. En vertu de ce mouvement initial, de ce mouvement arrêté & captivé par la réfiftance du globe contigu C, i! comprime ce globe contigu, & fe comprime luimême.

Tome I.

Bb

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