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d'un grain de fable à peine vifible, contiendroit plus de parties; que dix mille deux cens cinquante-fix des plus hautes montagnes de la Terre, ne contiendroient de grains de fable vifibles.

QUATRIEME DÉMONSTRATION:

LA DIFFUSION DE LA Lumiere.

41. EXPÉRIENCE. Dans une nuit calme & fous un ciel ferein, placez au haut d'une tour ou d'un clocher, une Bougie allumée, de fix à la livre: on la verra d'une diftance de deux lieues.

EXPLICATION. On voit la furface fupérieure de la Bougie, devenue liquide, monter fans ceffe en petits torrens dans la meche enflammée; & fe convertir fucceffivement en particules ignées & lumineuses, qui s'élancent en tous fens avec une inconcevable viteffe. La petite quantité de cire qui fe confume à chaque inftant, fe divife en particules lumineufes, lefquelles fe diftribuent ou fe diftribueroient dans toute la capacité d'une Sphere de quatre lieues de diametre: en telle forte qu'il n'y a ou qu'il n'y auroit aucun point fenfible dans cette fphere, où l'il placé ne fût ébranlé par des particules élancées du fein de cette Bougie allumée.

Quel nombre immenfe de points fenfibles, dans la capacité d'une telle Sphere! En quelle innombrable multitude de particules comme infiniment petites, doit donc être divifée la très-petite portion de cire, qui fe répand & qui fe diftribue à chaque moment, d'une maniere fenfible, dans chacun de ces points!

Le Docteur Neuwentiit a trouvé par le calcul qu'il ne fe confume par Seconde, dans cette Bougie allumée, qu'une quantité de cire égale en poids à la quatorzieme partie d'un grain, ce qui fait environ la huit millieme partie d'une once; & que cette huit mil

lieme partie d'une once de cire, qui fe confume en une Seconde, produit dans chaque Seconde, un nombre de particules lumineufes, qui furpafferoit le nombre de petits grains de fable que renfermeroient 100,000,000,000,000 globes, égaux en maffe & en volume au Globe terreftre.

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42. EXPLICATION. Tous les Corps lumineux produifent & répandent la Lumiere, par un mécanisme affez femblable à celui de la Bougie allumée dont nous venons de parler. C'eft toujours une effervefcence inteftine, quelles qu'en foient la caufe & la nature, qui divife, qui épure, qui met en mouvement, qui fait jaillir en torrens, les corpufcules lumineux par lefquels eft frappé directement ou par réflexion, l'Organe de notre vue.

I°. Le bois, les huiles, les graiffes, font comme tout autant de magafins ou de réservoirs, où une abondante quantité de Matiere lumineuse, fe trouve arrêtée & fixée par les parties brutes de ces fubftances: jufqu'à ce que l'impétueufe action du feu la dégageant des prifons qui la captivent, & la dépouillant des entraves qui l'embarraffent, vienne imprimer à fes molécules épurées & fimplifiées, une vîteffe comme infinie, dont elles font fufceptibles.

II°. Dans les Vers luifans, exiftent certains Réfervoirs de fubftances huileufes; qui, éprouvant une permanante fermentation, font jaillir par leurs pores, des torrens continuels de molécules lumineufes, que la nutrition répare, à mefure & à proportion que l'évaporation les diffipe.

Un mécanisme affez femblable, exifte dans certaines efpeces de bois; qui, en fe pourriffant, acquierent le dernier degré de fermentation, & deviennent lumineux: parce qu'ils dardent de leur fein, ainfi que

les Vers luifans, des torrens de Matiere ignée & lumi neufe, que dégage & diffipe la fermentation.

III. Des Exhalaifons qui fermentent ou qui s'enflamment dans l'Atmosphere, font jaillir de leur fein, en tout fens, des torrens de Molécules lumineufes ; qui donnent naiffance à une foule de Météores dont nous parlerons ailleurs.

IV°. Le Soleil & les Etoiles doivent avoir aussi dans leur fein, d'exceffives effervefcences, d'où réfulte cette émanation conftante de Molécules luminexfes; qui viennent, à des distances immenfes, ébranler les fibres de notre ceil, & nous avertir de l'exiftence de ces afires.

Nous verrons dans la fuite , que les pertes que font les Aftres en ce genre, ne doivent ni les épuifer ni les appauvrir fenfiblement : parce que la quantité de matiere, que diffipe leur permanante irradiation, eft très-peu confidérable en elle-même; & que la perte plus ou moins confidérable qu'ils font fans ceffe à cet égard, eft fans ceffe réparée avec une efpece d'égalité, par la quantité de matiere femblable que chacun d'eux reçoit des Aftres environnans. (860). RÉSULTAT DE ces quatre DÉMONSTRATIONS.

43. COROLLAIRE. Des quatre Démonstrations que nous venons d'établir & de développer, il réfulte bien évidemment & bien fenfiblement, que la divifion de la Matiere, s'étend réellement au-delà de tous les termes imaginables que nous pourrions lui affigner; ou que les élémens de la Matiere, tels qu'ils exiftent dans la Nature visible, font réellement d'une ténuité qui excede tout ce que nous pouvons imaginer, tout ce que nous pouvons concevoir.

D'où il s'enfuit, que quand l'explication des Phénomenes, exigera que l'on fuppofe aux élémens de la Matiere, une exceffive petiteffe, une inconcevable té

nuité; on ne fuppofera rien qui ne foit le plus rigoureusement conítaté & démontré par l'expérience.

ARTICLE TROISIEME.

LA DIVISIBILITÉ DE LA MATIERE.

LA

A théorie expérimentale que nous venons d'expofer & d'établir, fuffit abondamment à l'explication des divers phénomenes de la Nature, qui annoncent & qui fuppofent dans les parties élémentaires de la Matiere, une inconcevable ténuité, une inconce vable Divifion: mais elle ne prouve rien, en faveur de la Divifibilité à l'infini.

Si la Matiere eft divifible à l'infini : à quelque extrême petiteffe que l'on fuppose réduit par la divifion, un élément de Matiere; il y a toujours l'infini, entre la divifion effectuée & la divifion poffible: il n'y a donc aucune induction à tirer de l'une à l'autre.

IDÉE DU CONTINU.

44. DÉFINITION. On appelle Continu, un affemblage d'élémens unis: quelles qu'en foient & la nature & la maffe. Tel eft un bloc de marbre; tel eft un grain de fable; telle eft une goutte d'eau. Un feul élément, fimple dans fon être, ou fans aucune compofition de parties (s'il y a de tels élémens dans la Nature), ne fait pas un Continu.

45. OBSERVATION. Tous les Phyficiens, tous les Naturalistes, tous les Philofophes éclairés, s'accor dent à reconnoître que là Matiere qui forme un Continu, ne peut être divifée par des Agens créés, que jufqu'à un certain terme; au-delà duquel elle ceffe d'être en prife à tous les efforts que l'on feroit

pour

les Vers luifans, des torrens de Matiere ignée & lumi neufe, que dégage & diffipe la fermentation.

III°. Des Exhalaifons qui fermentent ou qui s'enflamment dans l'Atmosphere, font jaillir de leur fein, en tout fens, des torrens de Molécules lumineufes ; qui donnent naiffance à une foule de Météores dont nous parlerons ailleurs.

IV°. Le Soleil & les Etoiles doivent avoir auffi dans leur fein, d'exceffives effervefcences, d'où réfulte cette émanation conftante de Molécules luminexfes; qui viennent, à des distances immenfes, ébranler les fibres de notre ceil, & nous avertir de l'exiftence de ces afires.

Nous verrons dans la fuite, que les pertes que font les Aftres en ce genre,ne doivent ni les épuifer ni les appauvrir fenfiblement : parce que la quantité de matiere, que diffipe leur permanante irradiation, eft très-peu confidérable en elle-même; & que la perte plus ou moins confidérable qu'ils font fans ceffe à cet égard, eft fans ceffe réparée avec une efpece d'égalité, par la quantité de matiere femblable que chacun d'eux reçoit des Aftres environnans. (860). RÉSULTAT DE CES QUATRE DÉMONSTRATIONS.

43. COROLLAIRE. Des quatre Démonstrations que nous venons d'établir & de développer, il résulte bien évidemment & bien fenfiblement, que la divifion de la Matiere, s'étend réellement au-delà de tous les termes imaginables que nous pourrions lui affigner; ou que les élémens de la Matiere, tels qu'ils exiftent dans la Nature vifible, font réellement d'une ténuité qui excede tout ce que nous pouvons imaginer, tout ce que nous pouvons concevoir.

D'où il s'enfuit, que quand l'explication des Phénomenes, exigera que l'on fuppofe aux élémens de la Matiere, une exceffive petiteffe, une inconcevable té

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