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infinité de fois le dernier terme de cette fuite dé croiffante, pour faire la durée d'une heure.

Une minute, une feconde, une tierce, est éga lement divifible en un nombre infini de parties à l'infini décroiffantes; dont la fomme infinie ne fera ou qu'un minute, ou qu'une feconde, ou qu'une tierce.

II. Il eft facile, d'après ces Principes, de réfu ter l'Objection dont il eft ici question.

Un Espace déterminé, par exemple, une Toife, exige dans le Mobile qui le parcourt, un tems dé terminé, par exemple, une Seconde. Un Point in finiment petit de cet efpace déterminé, exigera une infiniment petite partie du tems déterminé, ou de la Seconde. Pour parcourir l'efpace total qui a une infinité de points infiniment petits, dont la fomme infinie fait une toife; il faudra donc fimplement une infinité d'instans infiniment petits, dont la fomme infinie fait une Seconde.

Il est donc faux que l'infinie divifibilité de la Ma tiere, entraîne l'impoffibilité du Mouvement; ou qu'il faille, dans ce Sentiment, un tems infini pour parcourir un espace fini.

III. On voit, par cette théorie de l'infinie Divifibilité, quels nuages offufquent toujours néceffairement l'Esprit humain : toutes les fois qu'il ofe étendre fes idées finies fur la nature de l'Infini; dans' les chofes même où l'existence de l'Infini lui paroît le mieux démontrée ; & où la nature de l'Infini, femble être le plus à fa portée.

71. II°. REMARQUE. L'Objection que nous venons de réfuter, eft foncierement le célebre Argument par lequel Zenon s'efforçoit de démontrer à Diogene l'impoffibilité du Mouvement. Diogene, embarraffé & ne fachant que répondre, fe leva de fon

fiege;

hege; fe promena dans fa Salle; fe remit à fa place. En fe promenant, il démontra à fon Adverfaire, la poffibilité du mouvement. En avouant enfuite qu'il ne favoit comment répondre à la difficulté propoiće: il apprenoit à ce même Adverfaire, qu'une Difficulté infoluble ne doit pas faire abandonner une Vérité certaine.

1o. Si Zénon attaquoit fimplement & abfolument la poffibilité du Mouvement: la réponse muette de Diogene, étoit ingénieufe & triomphante. Mais fi Zénon fe bornoit à faire voir que la poffibilité du Mouvement, étoit incompatible avec l'infinie divifibilité de la Matiere, qu'admettoit peut-être Diogene: la réponse muette de ce dernier, étoit nulle & inepte.

II. On attribue à Zénon, d'autres Argumens contre la poffibilité du Mouvement; & en particulier cellui-ci, qui nous paroît peu digne d'un Philosophe tel que Zénon.

Un Mobile se meut, ou dans l'endroit où il eft, du dans l'endroit où il n'eft pas. S'il fe meut dans l'endroit où il eft; il ne fe meut pas puifqu'il ne change pas de place. S'il fe meut dans l'endroit où il n'eft pas il agit où il n'eft pas ; & par conféquent, il eft où il n'eft pas. (Fig. 30 ).

Un fimple moment d'attention philofophique, fuffit pour faire évanouir en plein ce puérile fophifme. Le Corps P, par exemple, en vertu de fa Gravitation qui lui eft toujours & par-tout inhérente, se meut ou tend à fe mouvoir dans le Point P où il eft, vers le Point D où il n'eft pas. Il agit où il eft; & fon action, quel qu'en foit le Principe, le porte ou tend à le porter où il n'eft pas.

Une fauffe Métaphyfique dénature l'idée des chofes: de-là, des ténèbres; de-là, des fophifmes; de là, des difficultés que l'on donne pour infolubles. Une faine Métaphyfique ramene les chofes à leurs Tome I

F

vraies idées; & les ténébreuses difficultés qu'avoit fait naître un faux Apperçu, vont fe perdre & s'e vanouir dans l'empire des chimeres.

ARTICLE QUATRIEM E.

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INERTIE DE LA MATIERE ET LOIX GÉNÉRALES D'OU DÉPEND SON ACTION.

72. DÉFINITION I. ON nomme Inertie de la Ma

tiere, une propriété négative qui fait de la Matiere, une Subftance purement paffive; une fuftance incapable d'avoir par elle-même & de puifer dans fon propre fonds, aucune action, aucun mouvement aucune influence aucune vertu pofitivement agiffante ou réfiftante; une fubftance qui doit néceffairement à une Caufe étrangere, à une Caufe d'une nature effentiellement différente, tout ce que nous voyons d'activité & d'action, dans toute la Nature matérielle. Mais il ne faut point confondre, dans la Matiere, la Qualité d'inertie, avec la Force d'inertie, dont nous parlerons ailleurs. (286).

I. La Qualité d'inertie, dans la Matiere, eft une propriété négative & naturelle : elle exprime un fimple défaut d'action intrinfeque, née de la Matiere: elle exprime ce qu'eft la Matiere en elle-même & par elle-même.

II°. La Force d'inertie dans la Matiere, eft une propriété pofitive & accidentelle : elle exprime ce que donne de force agiffante ou résistante à la Matiere, la volonté libre du Créateur, qui l'anime & la met en jeu felon certaines Loix fixes & invariables. 73. DEFINITION II. Nous nommerons ici Loix de la Nature matérielle, la maniere fixe & conftante dont

la Matiere reçoit, conferve, communique, & perd Paction qui l'anime. Par exemple, c'eft une Loi de la Nature matérielle, qu'elle n'acquiere point le mouvement, fans une caufe qui l'y faffle naître; qu'elle ne perde point le mouvement qu'elle a acquis, fans une réfiftance qui l'y faffe ceffer; qu'elle ne com-' munique & ne tranfmette fon mouvement, que felon certaines Regles fixes & invariables; qui, bien connues, en font connoître toute l'action.

I. Parmi les Loix de la Nature matérielle, il y en a de générales, qui affectent indifféremment toutes les efpeces de corps : il y en a de particulieres, qui n'affectent que certaines efpeces de corps; par exemple, qui affectent les corps fluides, fans affecter les corps folides; qui affectent les corps élaftiques, fans affecter les corps inélaftiques.

II°. Parmi ces Loix de la Nature matérielle, on nomme loix générales & primitives, celles qui ne dépendent d'aucune caufe ultérieure & plus générale; & qui font elles-mêmes la caufe primitive de différentes efpeces d'effets ou de phénomenes, que l'on peut regarder comme tout autant de Loix particu

liercs.

Par exemple, l'Impulfion & l'Attraction font deux Loix générales & primitives. Ce font deux Loix générales: parce qu'elles affectent indifféremment tous les corps quelconques. Ce font deux Loix primitives: parce que d'elles dépendent un grand nombre d'effets généraux, tels que les phénomenes de la Mécanique, de l'Hydroftatique, de la Gravitation; & qu'elles ne dépendent elles-mêmes que de la volonté primitive du Créateur; qui, pour perpétuer dans la Nature, l'Ordre par lui choifi & établi, décerna librement que les Corps recevroient telle action & produiroient tels phénomenes, à l'occafion de l'Impulfion & de l'Attraction,

A ces deux Loix générales & primitives, il faut en affocier une troifieme, favoir la Loi d'Affinité, qui ne dépend d'aucune Caufe ultérieure & plus générale; & qui eft elle-même la Cause primitive d'un grand nombre de phénomenes de différente efpece, dans l'union & dans la défunion des Parties intégrantes & des Parties conftituantes des diverfes efpeces de Corps : ainsi que nous l'observerons & que nous le démontrerons dans le troisieme Paragraphe fuivant.

III. Parmi les Loix primitives de la Nature, qui ne dépendent d'aucune autre Loi, & defquelles toutes les autres Loix dépendent, il y en a une qui a été connue de tout tems: c'est l'impulfion. Il y en a une autre, qui n'eft bien connue que depuis environ un fiecle: c'est l'Attraction. Il y en a une troifieme, qui eft encore peu connue, & qui ne le fera peut-être jamais mieux : c'est la Loi d'affinité.

Les regles ou les loix particulieres de l'Impulfion & de l'Attraction font très-bien connues : nous nous bornerons, dans cette théorie générale de la Matiere, à en donner une idée préliminaire, à en faire entrevoir le Mécanifme phyfique : nous réservant à les développer & à les démontrer en détail, celleslà, dans la théorie du Mouvement; celles-ci, dans la théorie de l'Aftronomie phyfique.

Les regles ou les loix particulieres de l'Affinité, reftent encore à connoître, & ne feront vraisembla blement jamais bien connues : nous nous attacherons, dans un Paragraphe à part, à faire bien voir & bien fentir fon influence dans une foule de Phénomenes frappans, que nous avons fans ceffe fous les yeux; & qui ne peuvent être attribués à aucune autre caufe générale ou particuliere.

IV. Mais, en regardant ces trois Loix générales &primitives, comine les vraies fources & les vraies

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