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& primitives de la Nature, dont nous avons déjà parlé précédemment. ( 73 ).

Nous allons donner, dans le refte de ce Paragraphe, une fuccinte notion des deux premieres Causes générales, qui font plus connues : nous donnerons enfuite, dans le Paragraphe fuivant, une notion plus étendue & plus développée de la troifieme, qui eft encore peu connue, & qu'il eft important de

faire bien connoître.

CHAPITRE PREMIER.

LA LOI D'IMPULSION.

78. DÉFINITION. L'Impulfion eft l'action d'un corps qui heurte un autre corps. Telle eft l'action d'un boulet de canon, fur le mur qu'il frappe; d'un cheval, fur le cabriolet qu'il traîne; de l'eau ou du vent, fur les roues ou fur les aîles d'un moulin à eau ou d'un moulin à vent. L'impulfion renferme donc deux choses; favoir, l'action du Corps quelconque, folide ou liquide ou fluide, qui meut ou qui tend à mouvoir un autre corps, & que l'on confidere comme caufe; & le Mouvement produit dans le corps ou frappé, que l'on confidere comme effet.

heurté

L'Impulfion eft évidemment une Caufe générale & primitive, dans la Nature: quoique l'on ne connoiffe pas affez, quelle eft la matiere qui y fait la fonction de premier moteur.

Il paroît affez vraisemblable que le Fluide igné, dans notre Globe, eft le principal Agent primitif de la Nature, dans les phénomenes qui dépendent de l'Impulfion naturelle.

79. REMARQUE, Selon Defcartes, la Caufe primi

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tive & générale de tous les effets de la nature maté rielle, c'est l'Impulfion : il en fait naître & découler tous les phénomenes que nous préfente ce vifible Univers.

Demandez-lui pourquoi le Marbre eft un corps dur. Il vous répond que cette Dureté lui vient du repos de fes parties les unes auprès des autres : repos occafionné par l'impulfion du Fluide qui l'environne, & qui prefle fes élémens les uns contre les autres.

Demandez lui pourquoi l'Eau eft fluide. Il vous répond que cette Fluidité a pour fource & pour cause, l'impulfion du Fluide qui eft placé entre les éléments de l'eau; & qui tend à les écarter, autant que le fluide

environnant tend à les unir.

Demandez-lui pourquoi un Boulet de canon, qui s'échappe de votre main, tend vers le centre de la Terre. Il vous répond que cette Gravitation eft produite par l'impulfion du Fluide environnant; qui heurtant plus fortement fon hemifphere fupérieur que fon hémisphere inférieur, le précipite vers le centre de

la Terre.

Demandez-lui pourquoi les Planetes décrivent des Courbes autour du Soleil. Il vous répond que ce Mouvement curviligne leur vient de l'impulfion du Fluide dans lequel elles nagent; & qui leur imprime à la fois & un mouvement centrifuge & un mouvement centripete, dont le réfultat eft la Courbe qu'elles décri

vent.

Demandez-lui pourquoi ces mêmes Planetes vont d'occident en orient, au lieu d'aller d'orient en occident, ou du nord au midi, ou du midi au nord. Il vous répond que ces Corps céleftes font emportés en ce sens, plutôt qu'en un autre, par l'impulfion & par la direction du Fluide dans lequel ils font placés.

Demandez-lui pourquoi ce Fluide moteur, dont l'i nertie eft le partage, a en lui-même cette impulfion &

cette

cette direction. Il vous répond que ce Fluide tient cette impulfion & cette direction, non de fa nature, mais de la volonté libre du Créateur.

Demandez-lui enfin pourquoi le Créateur a voulu imprimer telle impulfion & telle direction, plutôt que telle autre, au Fluide qui donne le branle & l'action à tout l'Univers. Il vous répond que c'eft fortir de la recherche des Caufes phyfiques, pour entrer dans la recherche des Caufes finales: que le dernier terme, dans la recherche des Caufes phyfiques, c'est l'Impulfion primitive qu'a librement décerné le Créateur; & que le Créateur a librement décerné cette Loi d'impulfion, uniquement parce qu'il l'a voulu; & parce qu'il l'a jugé propre à l'exécution de fes grands deffeins dans la formation & dans la confervation de la Nature.

Il eft certain & inconteftable que l'Impulfion eft une Loi générale & primitive de la Nature: mille & mille effets en démontrent l'existence. Mais l'Impulsion estelle la feule Loi de la Nature: en telle forte que tous les phénomenes terreftres & céleftes naiffent de cette feule Loi? Non! Nous verrons que cette Loi eft infuffifante pour rendre raifon d'une foule de phénomenes; & que par conféquent, il faut néceffairement lui affocier d'autres Loix.

La Loi d'impulfion, fera amplement & richement développée, dans tout le second traité de cet Ouvrage.

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LA LOI D'ATTRACTION.

80. OBSERVATION. SELON Newton, ily a dans la Nature, outre la Caufe primitive qu'affigne Descartes, favoir l'Impulfion, une autre Caufe primitive qu'il faut lui affocier, favoir l'Auracion: enforte que ces deux Tome 1.

G

Caufes primitives, indépendantes l'une de l'autre fe réduisent en derniere analyse àla volonté du Créateur; qui a librement décerné l'une & l'autre, pour être ou alternativement ou conjointement les deux grands Mobiles de la Nature & de l'Univers.

Descartes, dans fon faux fyftême du Plein, crut pouvoir expliquer tous les phenomenes, par la feule Impulfion. Newton, après avoir démontré l'existence d'un Vide immenfe, dans la région des Planetes & des Cometes, entre le Soleil & les Etoiles (1399), a fait voir que l'Impulfion ne fuffifoit pas pour rendre raifon des grands phénomenes de la Nature vifible; & qu'il falloit néceffairement joindre à la Loi d'impulfion, une Loi d'attraction.

Mais qu'est-ce que cette Attraction newtonienne, dont le nom feul effarouche encore quelques prétendus Philofophes? Eft-ce quelque refte furanné ou quelque nouveau rejetton de ces Qualités occultes, que l'immortel Descartes a éliminées du Sol philofophique? Gardons-nous, pour notre honneur, de foupçonner le grand Newton, d'une femblable démence!!

Les Qualités occultes du Péripatétifme, n'étoient que des Etres fictices & indéfiniffables, dont on n'avoit point d'idée; & qu'imaginoit stupidement l'aveugle Pédantifme, pour voiler fon impuiffante ignorance, & pour fe difpenfer de donner des raifons, au lieu de mots vides de fens & fans objet.

L'Attraction newtonienne, fi elle exifte, n'a rien de commun avec ces ineptes rêveries. Voici l'idée fimple & lumineuse qu'on doit s'en former, en attendant que nous démontrions fon existence, par des raifons victorieuses & irréfragables, dans tout le Traité de l'As-. tronomie phyfique.

81. DÉFINITION. L'Attraction, fi elle exifte, eft un mouvement imprimé par l'Auteur de la Nature, à des

Corps co-exiftans, en vertu duquel ces corps dans le Vide comme dans le Plein, fans l'impulfion d'une Matiere étrangere, tendent réciproquement à s'approcher les uns des autres.

La Force auractive d'un corps, eft toujours proportionnelle à fa maffe; ou à la quantité des molécules qui le compofent, & qui toutes font attractives.

La co-existence de deux Corps quelconques, par exemple, du Soleil & de la Terre, placés à des diftances plus ou moins grandes l'un de l'autre, au fein du Vide immense: voilà la caufe occafionnelle de leur Attraction, ou de leur tendance réciproque l'un vers l'autre.

Le Mouvement par lequel ces deux Corps mus par l'Auteur de la Nature, tendent réciproquement & perfévéramment à s'approcher l'un de l'autre : voilà leur Attraction même.

Qu'il faudroit être aveugle, pour foupçonner dans ces idées fi fimples & fi lumineufes, quelque reffemblance avec les Qualités occultes du Péripatétifme, qu'on ne pouvoit ni définir, ni concevoir!

POSSIBILITÉ DE L'ATTRACTION GÉNÉRale.

82. ASSERTION. L'Atraction réciproque & générale entre tous les Corps, telle qu'on vient de la définir, eft évidemment poffible. (Fig. 3). ·

DémonstratioN. Soient deux Globes A & B, qu'une double impulfion peut faire avancer l'un vers l'autre au point C.

I. Dans les principes de l'Impulfion, les deux Globes A & B ne fe meuvent l'un vers l'autre, que par l'action du Créateur, caufe efficiente de tout mouvement (76); & ils ne font mus par l'action du Créateur, que parce que le Créateur a librement décerné en général, au commencement des tems, de produire dans ces deux globes, à l'occafion de cette double Im

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