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parurent pas suffifantes au cardinal Julien, qui secrut AN. 1432. obligé d'écrire au pape, pour lui remontrer avec une liberté entiere, accompagnée toutefois du profond refpect qu'il lui devoit, combien il étoit éloigné de vouloir dissoudre le concile, envisageant cette dissolution comme la ruine & la perte de l'église. Æneas Sylvius a rap- Æn.Sylv.in Fafporté les deux lettres de ce cardinal, qui sont d'un style cic. rerum, &c. vraiment apoftolique, plein de force, & d'une liberté chrétienne, qui regne par-tout. "Je vous parle, trèssaint pere, dit-il, avec beaucoup de confiance, & je Premiere lettre ,, n'épargnerai pas même les expressions fortes, parce lien au pape. ,, que j'ai appris de saint Bernard, que la veritable

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amitié souffre quelquefois des reproches, & jamais de flatterie : que si j'agissois autrement, je me rendrois coupable de sacrilege & d'infidelité, devant Dieu & devant les hommes,,,. Voici les raisons qu'allegue ce cardinal, pour engager le pape à ne point dissoudre le concile.

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I. Parce que les Bohémiens y avoient déja été appellez, pour y traiter des moyens d'unir les Grecs avec les Latins : ils avoient reçu les lettres présentées par les députez du concile, ils avoient répondu qu'ils étoient prêts d'y venir, pourvû qu'on déliberât fur les quatre articles, ausquels ils réduisoient tous leurs differends avec les Catholiques; & qu'on rapportera plus bas. "Or fi l'on dissout le concile, disoit le car,, dinal, que diront les Heretiques? L'église ne reconnoîtra-t-elle pas sa défaite, puisqu'elle n'a pas ofé attendre ceux qu'elle avoit convoquez ? Par notre fuite nous approuverons leurs erreurs, & nous paroîtrons condamner la verité & la justice, qui font

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,, de notre côté.

II. Tous les Fideles se scandaliseront de la diffolu

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inter ejus ope

XI.

du cardinal Ju

AN.1432. tion du concile, & ils auront lieu de croire que notre doctrine est fausse, puisque nous n'ofons pas la défendre contre les erreurs des Bohémiens. Après celail exhorte le pape Eugene à se désister de son dessein, par la consideration de son propre interêt, puisque les Bohémiens, disoit-il, n'ont pas seulement répandu dans toute l'Allemagne, des erreurs contre la foi de l'église universelle, mais même contre l'autorité & contre l'honneur du faint siege en particulier.

III. Tout le monde sçait que le concile de Bafle a été affemblé principalement pour extirper l'heresie des Bohémiens. "Quelle confufion, & quel scandale, dit ,, encore le même cardinal, ne sera-ce pas dans l'égli

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se, si le concile se termine, sans avoir rien fait ? Tout l'univers, qui aura été trompé par une fauffe ,, attente d'une entiere réforme de l'église, n'aura-t-il ,, pas sujet de croire, que le clergé est incorrigible, & ,, qu'il veut persister dans ses defordres? N'armera-t-il

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pas tous les Heretiques contre nous, comme contre des gens qui se moquent de Dieu & des hommes ? Ne s'en prendra-t-il pas à l'évêque de Rome même, ,, qui rendra un compte exact de la perte des ames, dont il aura été coupable? Enfin, quel honneur pour

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la cour de Rome de troubler un concile assemblé

,, pour la réforme? N'est-il pas vrai que toute la haine,

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& toute la honte retomberont sur celui qui aura été

la cause de tous ces maux ?

,, IV. On a publié par-tout que le concile de Basle étoit assemblé pour réunir les princes Chrétiens, ,, principalement pour accorder le roi de France & ce3, lui d'Angleterre, qui sont en guerre depuis long

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tems. Ils ont été invitez de venir au concile; ne

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,, donc plus de bonne foi parmi les hommes; on ne AN.1432.

» pourra plus faire fonds sur aucune parole donnée, &

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,, l'on ne se fiera plus à personne. Ajoutez, faint pere, ,, „ continue le cardinal, que toutela noblesse d'Allema,, gne s'est offerte à faire marcher une armée très-puifsante, l'été prochain, contre les Bohémiens, pourvû qu'on leur fournisse trente mille écus d'or. J'en ai écrit quatre fois à votre sainteté, sans aucune ré,, ponse : enfin je leur ai promis cette somme de la part ,, du concile, & je les ai exhorté à l'exécution d'un

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dessein si louable, pour lequel il faudroit vendre &

croix & calices, afin de fournir aussi-tôt cette som,, me, fans excuse & fans délai. Si la dissolution du ,, concile se permet, que deviendra ma promesse ? ,, N'est-ce pas commettre toute l'église avec les He,, retiques, qui ne manqueront pas de se prévaloir ,, de nos détours & de nos fourberies? N'est-ce pas

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donner l'épouvante aux Catholiques, & les forcer à ,, prendre parti avec les Heretiques? N'est-ce pas en

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fin irriter toute la noblesse & toute la milice d'Alle,, magne, qui se voyant trompée, s'élevera contre le ,, clergé, & décrira par-tout son avarice? Toute la ,, faute, dit ce cardinal au pape, retombera fur vous, ,, puisque vous n'avez pas répondu à mes lettres, par lesquelles je vous priois d'envoyer du secours à cette milice: mais encore vous m'ordonnez de rompre le concile, duquel seul, j'ai lieu d'esperer, ce que vous m'avez refusé; la foi & le salut des ames, doit être ,, préferé au temporel, & au patrimoine de l'église. Et ,, quand il seroit certain que vous dûffiez perdre Rome, ,, & tout l'état ecclesiastique, vous seriez obligé de fe

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courir les ames pour lesquelles Jesus-Christ est mort, →, plutôt que vos forteresses, & les murs de vos villes.

ΑΝ. 1432.

XII.

Bulle da pape Eugene pour rompré le concile.

Enfin, le cardinal Julien assure le pape Eugene dans la même lettre, qu'encore que peut-être la célebration du concile ne dût point procurer tous les biens qu'on en esperoit, qu'on diroit néanmoins qu'ils feroient arrivez, s'il n'eût point été dissous. Il refute ensuite les raisons du pape pour la dissolution, & se plaint des variations, & des paroles équivoques de ceux qui lui en avoient apporté les lettres. Il insiste plus fortement sur le danger évident du schisme, assurant sa sainteté, que les peres du concile étoient fermes dans la resolution de le continuer, lui exposant les raisons qu'on avoit eues d'improuver la bulle, dont il avoit chargé l'archevêque de Tarente, pour rompre le concile. L'examen de cette bulle fut fait par des personnes habiles & intelligentes, ausquelles ce cardinal la lut, pour tâcher de justifier le pape, & de colorer son procedé sous quelque prétexte spécieux. Voici les raisons ou plutôt les prétextes qu'Eugene alléguoit dans sa bulle, pour engager les peres du concile à se retirer.

1. Les perfecutions & les violences, que quelques citoyens de la ville de Bafle, infectez de l'erreur des Bohémiens, exerçoient contre le clergé. Cette raison

fut déclarée fausse, parce qu'on avoit des preuves cerLabbe, concil. taines, que les citoyens de la ville de Basle étoient très1.11.2.937. bons Catholiques, & bien intentionnez pour le clergé,

II. Les guerres continuelles entre les ducs de Bourgogne & d'Autriche, qui ôtoient, disoit-il, la liberté des chemins; mais on répondit, qu'il y avoit une tréve entre ces princes, & que personne ne s'étoit encore plaint d'avoir couru quelque danger sur le chemin de Bafle. III. Son troisiéme prétexte étoit l'union des Grecs avec les Latins, quine permettoit pas, selon lui, de précipiter le concile. Cette raison fut déclarée nonrecevable, recevable, & même ridicule; parce que, discit-on, il AN.1432. ne falloit pas permettre que l'Allemagne, dont la foi étoit alors bien établie, tombât dans l'heresie des Bohémiens, pour un sujet aussi incertain, qu'étoit la réunion des Grecs avec les Latins, qui se défaisoit aussi fouvent qu'elle se traitoit. Il y a trois cens ans, disoient les peres, qu'on nous rebat les oreilles de cette chanson, & qu'on la renouvelle chaque année. IV. Il disoit qu'il vouloit assister lui-même au concile, d'où il concluoit, qu'il falloit l'assembler en Italie. Mais cette raison fut jugée aussi frivole que les autres; parce qu'on ne croyoit pas qu'eu égard au danger, dont la foi & tout l'état ecclesiastique étoient menacez, le pape dût rompre le concile de Bafle ,par la raison, qu'il ne pouvoit y assister en personne, puisque son légat y étoit present. Telles étoient les raisons qu'Eugene apportoit dans sa bulle, & aux réponses qu'on y fit, on voit bien que son autorité tomboit d'elle-même.

XUI.

Seconde lettre du cardinal Julien au pape

Æn. Sylvius Fafcic. rer.exp.

Aussi le cardinal Julien, sans s'arrêter à cette bulle, écrivit au pape Eugene une seconde lettre, plus vive encore & plus preffante que la premiere. Il lui repre- Eugene. sente d'abord la joie que les Bohémiens ont témoigné, lorsqu'ils ont oüi parler de la paix, & la disposition où ils étoient de venir au concile, pourvu qu'on leur don- inter ejus nat un fauf-conduit. Il lui montre ensuite l'avantage opera. que recevroit sa réputation, si, quittant l'Italie, & le soin des biens temporels de l'église, dont il pouvoit commettre l'administration à des vicaires, il se rendoit au concile; "parce que, dit-il, le veritable patrimoi,, ne de l'église, c'est de gagner des ames à Dieu : l'é„glise n'est pas un assemblage de pierres & de murs: Je- • sus-Christ ne vous a pas établi pour garder des villes » & des places fortifiées, mais pour être le pasteur des

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Tome XXII.

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