Imágenes de páginas
PDF
EPUB

1

[ocr errors]

CX.

de Ferrare avec

les Grecs. Labbe, conc.

tem. XIII. pag.

34.

On tint donc la premiere session avec les Grecs le AN.1438, mercredi huitiéme du mois d'Octobre, & l'empereur première fef ayant fait venir auparavant les fix principaux arche- fion du concile vêques, le grand garde-chartes, le grand eccléfiarque, avec les deux abbez & les trois docteurs, qui avoient affifté aux conferences, il leur demanda par où ils croyoient qu'on devoit commencer la difpute. Les fentimens furent partagez; mais le plus grand nombre fut d'avis qu'on commençât par le fecond article: fi le dogme de l'église Latine sur la proceffion du Saint-Esprit étoit orthodoxe, & fi l'on avoit eu raifon d'ajouter qu'il procedoit du Fils. Les Grecs & les Latins nommerent chacun fix perfonnes, & l'on mit leurs fieges devant l'autel où étoit l'évangile. Les Latins furent affis du côté du pape, & les Grecs du côté de l'empereur & du patriarche, fe regardant les uns les autres. Les Latins étoient les cardinaux Albergati & Julien, André Dominicain, archevêque de Coloffe, Louis évêque de Forli Cordelier, & trois théo logiens, Jean de Montenegre provincial des Dominicains de Lombardie, Pierre de Perquere Cordelier, & Jean de Saint-Thomas de l'ordre des Hermites de faint Auguftin, Les Grecs étoient trois métropolitains Marc Eugenique d'Ephese, Ifidore de Ruffie, & Beffarion de Nicée, qui, quoique jeune, étoit venérable par sa science & par sa modestie : il fut un des principaux promoteurs de l'union, & la foutint jusqu'au bout; enforte que s'étant par là rendu odieux aux Grecs à qui elle déplut, il fut obligé de refter en Italie, où il fut dans la fuite honoré du cardinalat : on joignit à ces trois métropolitains, Theodore Xantopulus grand fcevophylax, ou garde des vafes & des ornemens facrez de fainte Sophie, Michel Balfamon, grand bibliote

CXI. Quels furent

ceux qui difputerent, dans cet

te feflion.

AN.1438. quaire de la même églife, & George Gemiftius, un des plus fçavans hommes de la Gréce: Et l'on mit entre les deux rangs un petit fiege pour Nicolas Secundin de l'ifle de Negrepont. André de Sainte-Croix ne parle que du cardinal Julien, & il croit que celui de Sainte-Croix n'étoit pas de cette difpute, à caufe qu'on s'étoit propofé de n'en mettre que fix de chaque côté. Secundin étoit pour écrire en latin ce en latin ce que les uns & les autres difoient en grec; il étoit trés-habile dans les deux langues, & il rendoit fur le champ très-fidelement & trèsnettement en latin tout ce que les Grecs avoient dit, & reciproquement en grec ce que les Latins avoient répondu, & ce qu'ils avoient oppofé.

un

CXII. Beffarion fait

hon.

35.

Labbe, conc.

Beffarion commença la feffion par un long difcours difcours où il montra les avantages de la paix, combien on doit dans cette fef-. la défirer quand on en eft privé & avec quels foins il faut l'entretenir & la conferver quand on la poffede: tome x111. p: & après avoir animé les Fidéles à la joie dans l'efperance de voir bientôt les membres divifez de l'églife se réunir & ne former plus qu'un feul corps, il loua le pape, l'empereur & le patriarche du zele avec lequel ils vouloient contribuer à la paix, & les exhorta à perfeverer courageusement jufqu'à la fin. Son difcours étant fini, Marc d'Ephese voulut parler, mais on remir à l'entendre pour la feffion fuivante; parce qu'il étoit tard. Il ne parla toutefois qu'en la troifiéme feffion.

CXIII. Seconde fef

de Ferrare.

Dans la feconde feffion qui fut celébrée le famedi fion du concile, onzième d'Octobre, André évêque de Coloffe ou de Rhodes, que les Latins avoient choift pour parler, fit fa harangue en latin, & traita le même fujet fur lequel Beffarion avoit parlé. Il loua beaucoup de même le pa pe, l'empereur, le patriarche & tout le concile. Son zéle l'emporta si loin, qu'il ne finit que fort tard: ce

Concil. Labbei, tom. XIII. page 46.

?

qui fut caufe qu'on ne fit rien de plus: on indiqua la AN 1438. feffion fuivante au mardi d'après. Pendant cet intervalle on examina l'ordre qu'on obferveroit dans la difpute, quelles matieres on y traiteroit, & qui des Latins ou des Grecs la commenceroient : fi l'on uferoit de demandes & de réponses, ou fi ce feroit en faifant des differtations de part & d'autre. L'on convint que l'on fe ferviroit de la dialectique; & les Grecs furent nonmez pour commencer la difpute dans la troifiéme feffion.

Elle se tint le mardi quatorziéme d'Octobre, & Marc d'Ephese ayant parlé de la charité qu'on devoit garder dans les difputes, fit entendre qu'il commenceroit à parler de l'addition Filioque faite au fymbole. André de Coloffe répondit de la part des Latins, qu'ils prioient les Grecs d'avoir pour eux la même affection; & que s'il échappoit quelque expreffion un peu dure, on l'attribuât plutôt au fujet de la difpute, qu'aux perfonnes qui difputoient. Il voulut enfuite entrer en matiere fur l'addition du mot Filioque; mais Marc d'Ephefe l'arrêta, en lui difant qu'il n'étoit pas encore tems de répondre fur cet article; & après avoir marqué que l'églife de Rome avoit négligé par le paffé la paix qu'elle fouhaitoit à prefent, il dit qu'elle ne fe pouvoit faire qu'o

'on n'ôtât entierement les principes de la discorde. Il ajouta : lifons premierement les définitions des faints peres, fi le tems nous le permet, afin que nous puiffions faire voir que nous penfons, & que nous parlons comme eux. C'est ce que nous croyons absolument néceffaire, avant que d'entrer en matiere, & de commencer la difpute. La plainte que Marc d'Ephese venoit de faire contre l'églife Romaine en l'accufant d'avoir négligé la paix qu'elle fouhaitoit à préfent; cette plainte D'd iij.

CXIV.
Troifiéme

feffion du concile de Ferrare.

Concil. ibid.

AN, 1438. toucha André de Rhodes, & dans la réponse qu'il fit à Marc, il dit qu'il étoit furpris qu'il eût oublié que l'églife Romaine avoit toujours pris fi fort à cœur les interêts de l'église Grecque, qu'il ne s'étoit jamais élevé aucune tempête dans fon fein, qu'elle n'eût employé tous les efforts pour l'appaifer, ou par fes lettres, ou par fes légats, ou par tout autre moyen. Marc d'Ephefe repliqua, mais l'on n'entra point en matiere dans cette fellion.

CXV.

Quatriéme

On tint la quatriéme le mercredi quinziéme d'Ocfeffion du con- tobre, & elle se passa toute entiere en discours affez Conc. Labbe Vagues entre Marc d'Ephese & André de Rhodes. tome. XXII. p. Bellarion de Nicée fe mit auffi de la partie, pour mon

cile de Ferrare.

58.

trer qu'il étoit néceffaire de laiffer dire à celui qui parle, tout ce qu'il voudra dire : qu'ensuite celui qui écoute, peut approuver ou reprendre ce que l'autre a dit, & montrer que fes preuves ne font pas concluantes; que comme on a ajugé aux Grecs la liberté de parler les premiers, c'eft aux Latins à les entendre fans les interrompre, & à refuter enfuite ce qui n'aura pas été bien prouvé dans leurs difcours. Le cardinal Julien répondit à Beffarion, qui repliqua, enforte que toute la feffion fe paffa en conteftations fans rien conclure. Après qu'elle fut finie, il y eut le même jour une affemblée chez le patriarche, en présence de l'empereur, des cardinaux, des prélats & autres ecclesiastiques en dignité. Là les Grecs demanderent encore avec inftance qu'on lût, avant d'entrer en dispute, les définitions des faints peres & du fymbole, & protefterent qu'ils n'ecouteroient plus rien, qu'on ne leur eût accordé leurs demandes on fut donc obligé de les

contenter.

:

‹.. Ainsi dans la cinquième feffion du jeudi seizićme

CXVI.
Cinquième

cile de Ferrare.

Conc. Labbe tome XIII. pa

d'Octobre, Marc d'Ephefe demanda qu'on lût les fym- AN.1438. boles du premier & fecond conciles genéraux, comme étant le fondement de la foi de l'églife. Et fur une re- feffion du conmontrance que lui fit le cardinal Julien, Marc convint qu'on ne liroit par les définitions entieres, ce qui feroit trop long, mais feulement ce qu'il y auroit d'ef- 8 63. fentiel à la queftion préfente. On expofa donc quelle étoit la foi des trois cens dix-huit peres qui compofoient le concile de Nicée, & on lut leur fymbole. On lut auffi la défenfe qu'avoit faite le concile d'Ephese de rien ajouter au fymbole. Marc d'Ephese fit fes reflexions fur cette défense, & la confirma par le témoignage de faint Cyrille & du pape Celeftin. On rapporta auffi les définitions des conciles de Calcédoine, qui eft le IV. genéral, du V. du VI. & du VII. genéraux, qui n'ont rien voulu ajouter au fymbole: fur quoi Marc d'Ephefe parla long-tems, & principalement. fur le VII. concile genéral, qui eft le fecond de Nicée. Les Latins produifirent un manuscrit de ce VII. concile, où ils prétendirent que l'on trouveroit que le SaintElprit procédoit du Fils, & affurerent que ce manufcrit étoit fort ancien. Mais les Grecs répliquerent que fi cela eût été, les autres Latins défenfeurs de cette addition n'auroient pas manqué de rapporter ce témoignage comme décifif, de forte que les Grecs ne voulurent ajouter aucune foi à ce manufcrit.

La feffion fixiéme fut tenue le lundi vingtiéme d'Octobre: & après qu'on fût convenu qu'on n'allégueroit rien des conciles tenus pour & contre Photius, & de celui qu'on qualifioit de part & d'autre de VIII. concile genéral, André de Rhodes commença un long difcours, pour montrer que ce que les Grecs prétendoient être une addition, n'étoit ni une addition, ni

CXVIL Sixième feflion

du concile de

Conc. Labbe,

tom. XIII. page

86.

« AnteriorContinuar »