Imágenes de páginas
PDF
EPUB

¡Tom. XIII.

391 & feq.

piété. Il juftifie dans ce difcours le dogme des Latins AN. 1439. fur la proceffion du Saint Elprit. Il y expofe en premier lieu les caufes du fchifme, & fait voir que fi les Grecs étoient excufables fur leur féparation de l'églife Romaine avant le concile genéral, il n'y avoit plus préfentement d'excufe pour eux ; qu'ils ne pouvoient fe féparer fans crime, à moins qu'ils ne prouvaffent que les Latins s'écartoient de la verité. Il montre en fecond lieu la néceffité d'accorder ensemble les docteurs de l'églife d'Occident avec ceux de l'églife d'O- concil. gener. p. rient. 3. Que quoiqu'il n'y ait aucune contradiction dans leurs paroles, fi toutefois il s'en trouve quelques-unes d'apparentes, il faut tâcher de les accorder comme une chose néceffaire à la foi. 4. Que pour entendre ceux qui ont parlé obfcurement, il faut fe fervir de l'explication de ceux qui fe font exprimez d'une maniere plus claire. s. Il explique comment on peut entendre ces deux prépofitions per & ex, dont on fe fert pour marquer la proceffion du Saint-Esprit. 6. IL rapporte les autoritez des peres, qui difent que le Saint-Elprit provient du Fils, ce qu'on entend de la perfonne même du Saint- Efprit, & non pas de la grace. 7. Il montre la conformité des peres de l'églife d'Orient avec ceux de l'églife d'Occident, felon les " témoignages qu'en ont apportez les Latins dans les conferences. Enfin il réfute les réponses frivoles que les Grecs ont faites aux preuves des Latins, & finit en exhortant fes compatriotes à l'union, Ce difcours de Beffarion, & ceux de George Scolarius furent préfentez aux Grecs, afin qu'ils y fiffent leurs réflexions, & qu'ils se rendissent au defir qu'on avoit de voir une union parfaite entre les deux églises.

L'empereur voulant abfolument finir cette affaire,
Tome XXII.

Hh

XV, Aflemblée

AN.1439. tint après Pâques une affemblée dans la maison du chez le patriar patriarche, où le cardinal Julien fe trouva

che pour termi

l'union.

& où il

ner l'affaire de tâcha de perfuader aux Grecs de reprendre leurs conferences; mais l'empereur ne voulut point écouter concil. gen. pag. Cette propofition; & étant allé lui-même trouver le

Tom. XIII.

467.474.

pape, il convint avec lui que l'on nommeroit dix perfonnes de part & d'autre, qui s'assembleroient & donneroient l'un après l'autre leur avis fur les moyens qu'ils jugeroient à propos pour parvenir à l'union. Beffarion propofa dans la premiere conference, que les Latins & les Grecs approuvaffent la lettre de faint Maxime fans aucune explication, parce que les Latins y donnoient un fens dont les Grecs ne s'accommodoient pas. Marc d'Ephese propofa enfuite que l'on ferences pour retranchât l'addition faite au fymbole. D'autres les deux partis. poferent pour modéle la profeffion de foi du patriarche Taraife, où il eft dit que le Saint Efprit procede du Pere par le Fils. Enfin il y eut divers temperamens propofez dans cinq conferences, qui furent tenues for ce fujet; mais aucun ne fut accepté par les deux partis.

XVI.

Autres con

accommoder

XVII. Profeffion de

foi des Latins fur la procion du

Saint-Elprit.

[ocr errors]
[ocr errors]

pro

Les Latins drefferent enfuite une profeffion de foi, dans laquelle ils déclaroient qu'ils n'admettoient point deux principes,ou deux caufes dans la Trinité, mais un feul principe qui eft l'action du Pere & du Fils, & leur puiffance productive; & que le Saint - Efprit ne procede pas du Fils comme d'un autre principe, ou d'une autre caufe, parce qu'il n'y a qu'une caufse, qu'une racine, qu'une fource de la Divinité qui est le Pere; que cependant le Pere & le Fils font deux perfonnes, quoiqu'ils agiffent par une même action, & que la perfonne produite de la substance & de l'hypostase du Pere & du Fils font une : Que ceux qui di

fent que le Saint-Efprit ne procede que du Fils, font AN. 1439. obligez de dire qu'il y a eu un tems que le Pere n'étoit point, ou de féparer la fubftance de l'hypoftafe, ce qui eft abfurde. Cette profeffion de foi fut envoyée aux Grecs par les Latins le vingt-neuvième d'Avril; & les Grecs n'en ayant point été contens, il fallut leur en envoyer une autre.

XVIII. Autre profef

Latins.

Cette feconde profeffion de foi des Latins contenoit encore la proceffion du Saint- Efprit, du Pere fion de foi des & du Fils; enforte toutefois qu'il étoit dit que le Pere étoit la feule cause du Fils & du Saint-Efprit. Les Grecs en donnerent enfuite une de leur côté, dans laquelle ils déclaroient que le Pere étoit la fource & la racine du Fils & du Saint Efprit; & que le Saint-Efprit fortoit du Fils, & étoit envoyé par le Fils. Les Latins demandoient qu'ils expliquaffent ces termes, & qu'ils euffent à dire en quels fens ils les prenoient; s'ils les entendoient de la proceffion éternelle & fubftantielle du Saint - Esprit, ou feulement d'une mission_temporelle. Les Grecs, après quelques difficultez, drefferent une profeffion de foi, qui étoit conçue en ces

termes :

[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

pro

"Nous autres Latins, nous affurons & faifons
feffion, que quand nous difons que le Saint-Elprit
procede du Pere & du Fils, nous n'entendons pas
nier cela
pour
le Pere ne foit le principe & la
que
fource de toute la divinité du Fils & du Saint-Ef-
prit, ou que le Fils procede du Pere, ou admettre
deux principes & deux productions du Saint-Esprit:
mais nous affurons & croyons que le Saint-Elprit
procede du Pere & du Fils comme d'un feul prin-
cipe, & par une feule production. Et nous autres
Grecs reconnoiffons que le Saint-Efprit procede du

XIX. Profeffion de

foi dreflée par

les Grecs pour

les Latins.

AN,1439.

XX.

Les Grecs font

fujet de l'union.

Concil. gener: 467. & feq.

tom. XIII. pag.

[ocr errors]

Pere, & qu'il appartient au Fils; qu'il fort de lui, & qu'il procede fubftantiellement des deux, fçavoir du Pere par le Fils, & nous nous uniffons dans cette ,, profession de foi unanime.

[ocr errors]
[ocr errors]

Cette profeffion de foi ayant été lue dans l'affemblée des Grecs, fut approuvée des uns & rejettée des autres. Cependant elle paffa à la pluralité des voix, & fut envoyée au pape, qui demandoit qu'on y ajoutât encore diverfes explications. Les Grecs étoient partagez entre eux. Beffarion de Nicée, & l'archevêque de Ruffie foutenoient que l'on pouvoit dire que le Saint-Esprit procede du Pere & du Fils, comme le difoient les Latins, ou du Pere par le Fils, felon l'expreffion des peres Grecs; pourvu que l'on reconnût qu'il procedoit du Pere & du Fils, comme d'un feul principe & d'une feule cause ; que c'étoit là le moyen d'accorder le sentiment des peres qui paroiffoient contraires ; & de parvenir bientôt à l'union. Marc d'Ephefe, le patriarche d'Héraclée, & plufieurs autres, étoient d'avis contraire, & foutenoient qu'il y avoit bien de la difference entre dire que le Saint-Efprit procede du Pere par le Fils, ou que le Saint-Efprit procede du Pere & du Fils.

ques

Après avoir long-tems difputé avec chaleur, on eut fort partagez au beaucoup de peine à convenir. Nous fumes dix évêd'un même sentiment, dit le fecretaire des actes du concile, les évêques des Rutheniens, de Ruffie, de Nicée, de Lacedemone, de Mytilene, de Rhodes, de Distre, de Ganne, de Drame & de Mileniffe: d'où l'on peut inferer que ce fecretaire des actes étoit évêque de Mileniffe, qui met celui de Drame devant, quoiqu'il foit après dans les fignatures. Il ajoute que Gregoire vicaire du patriarche d'Alexandrie revint à leur avis, auffi-bien que l'abbé Pacome, & qu'ils furent fuivis des

évêques de Sefigne, de Trebizonde & d'Héraclée, qui AN.1439. étoit l'autre vicaire du patriarche d'Alexandrie, & du vicaire du patriarche de Jerufalem, qui au commencement étoit fort éloigné de l'union. Auffi-tôt que l'empereur vit que l'on fe rapprochoit des Latins, & que le nombre de ceux qui étoient portez à la paix, augmentoit, il les assembla tous le troifiéme jour de Juin chez le patriarche, pour y donner leur avis.

che.

XXI. Affemblée

Le patriarche commença à opiner, & dit que puifque les peres enfeignoient en quelques endroits que le Saint- chez le patriarEfprit procede du Pere & du Fils; & en d'autres, qu'il procede du Pere par le Fils, & que les termes du Fils, ou par le Fils,étoient équivalens; fans fe fervir de cette expreffion, que le Saint-Elprit procede du Fils,il difoit qu'il procede du Pere par le Fils éternellement & fubftantiellement, comme d'un feul principe & d'une feule caufe; la prépofition,par,fignifiant en cet endroit-là, que le Fils eft caufe dans la proceffion du Saint-Esprit. Il ajouta qu'il recevroit les Occidentaux, qui difoient que le Saint-Efprit procede du Pere & du Fils, pourvu que l'on ne l'ajoutât pas au fymbole, & que les Grecs s'uniffent avec eux fans changer leurs rites. L'empereur dit seulement en genéral, qu'il ne croyoit pas ce concile inferieur aux autres conciles genéraux, qu'il vouloit suivre sa décifion, étant perfuadé que l'églife ne peut errer, pourvu que les Latins n'obligent point les Grecs de rien ajouter au fymbole, & de changer leurs rites. Ifidore archevêque de Ruffie, qui reprefentoit le patriarche d'Antioche, dit qu'il croyoit auffi qu'il falloit approuver la doctrine des Occidentaux, que le Saint-Esprit recevoit fon être du Fils, & que le Pere & le Fils étoient un feul principe du Saint-Efprit. Beffarion de Nicée fut du même avis, & fit un long difcours pour l'appuyer.

Hhiij •

[ocr errors]
« AnteriorContinuar »