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benéficiers à le payer fous peine des cenfures ecclefiaf- AN. 1440. tiques; consentant toutefois par bonté, que fi quelque nation, royaume ou province n'approuvoit point cette taxe, Felix pourroit convenir avec eux, & que les benéfices d'Allemagne, qui, toutes charges acquitées, n'excederoient point le revenu de cinq marcs d'argent par chaque année,ne feroient point compris dans le decret.

CXXV. Affemblée de

Bourges.

Acta Patri

concil.pag.1586.

Mais ce n'étoit pas affez à Felix d'avoir été créé pape, & d'avoir du revenu pour se maintenir dans sa dignité; il falloit encore qu'il fût reconnu par les princes, fans quoi il n'eût été qu'un vain fantôme fans autorité. Les peres du concile de Bafle s'y employerent fortement; mais Eugene de fon côté n'oublia rien pour l'empêcher. On envoya de part & d'autre des députez à l'affemblée que le roi Charles VII. avoit indiquée à Bourges, pour y déliberer fur cette divifion de l'églife. Jean de Ségovie y vint de la part du concile, & le cardinal de Turre-cremata, de la de la part du pape Eugene. On les entendit l'un & l'autre en diverfes féances. Le député du pape Eugene étoit chargé, 1. De prier le roi cii, tem. x111. de ne point reconnoître le concile de Bafle depuis le tems de fa tranflation à Ferrare, & de recevoir tout ce qui avoit été fait à Ferrare. 2. De ne point confentir la dépofition du pape Eugene, ni à l'élection d'Amedée duc de Savoie, faite par le concile de Bafle. 3. De n'envoyer perfonne à l'affemblée des princes Allemands,qui fe tenoit à Maïence, fans avoir auparavant confulté le pape. La raison d'Eugene en faisant cette demande, étoit que fi Charles VII. eût envoyé à Maïence des ambaffadeurs pour confirmer l'élection de Felix V. il eût été entierement perdu fans esperance de retour: c'étoit pour éviter ce malheur qu'il envoya auffi faire la même priére à tous les autres princes

Tome XXII.

Sf.

à

y

CXXVI.

Eugene & le

concile de B-fle envoient leurs

députez.

AN.1440.

Réponse de l'affemblée aux

députez du

pape Eugene.

Enfin ce pape 4. ce pape demandoit par fon légat qu'on abolît en France, ou du moins qu'on y fufpendît la Pragmatique-Sanction; promettant qu'il pourvoiroit aux benéfices au gré du roi. Le lendemain les envoyez de Felix & du concile de Bafle furent entendus; le roi leur donna de grandes marques d'eftime. De Corcellis fic un long difcours pour montrer que la fentence rendue contre Eugene, étoit bien fondée, & que l'élection de Felix étoit canonique & dans toutes les formes.

Les prélats affemblez à Bourges, délibererent penCXXVIL dant fix jours fur les articles propofez par les légats d'Eugene, après quoi le deuxième de Septembre, le roi étant préfent répondit, Martin Gouge évêque de Clermont, un de fes principaux miniftres, portant la parole. 1. Qu'il avoit toujours eu beaucoup de refpect & de déference pour les conciles genéraux, & qu'à l'exemple de fes ancêtres il étoit toujours prêt d'obéir à l'églife légitimement assemblée. 2. Qu'il avoit marqué l'un & l'autre en particulier au concile de Bafle qu'il avoit reconnu pour légitime; qu'il y avoit toujours eu fes ambassadeurs, & qu'il recevoit plufieurs bonnes chofes qui y avoient été faites. 3. Que pour ce qui étoit de la congrégation de Ferrare, il ne l'avoit jamais approuvée. 4. Quant à la dépofition d'Eugene, & à l'élection de Felix V. ( comme plufieurs perfonnes intelligentes doutoient fi cette dépofition, & l'élection qui l'avoit fuivie, avoient été faites à Bafle felon les formes, & fi le concile de Bafle représentoit alors fuffifamment l'églife univerfelle pour faire des chofes d'une fi grande confequence) les évêques répondirent que le roi n'étant pas affez informé de toutes ces chofes, il demeureroit dans l'obéiffance du pape Eugene, & qu'il le prieroit d'affembler l'année suivante un concile gené

CXXVIII.
Le roi de France

demeure dans

l'obéiffance d'Eugene.

En. Sylv. comment. lib. 7.

ral en France pour éteindre un fchifme fi pernicieux AN. 1440. pour l'églife; qu'il confeilloit cependant aux peres de Bafle & à monfieur de Savoie (c'est ainfi qu'il qualifioit le nouveau pape Felix ) de s'abstenir de lancer de nouvelles excommunications, & de penser férieusement à procurer la paix de l'églife par d'autres voies; qu'il donnoit fa parole qu'auffi-tôt que la vérité lui feroit connue, il s'y attacheroit. 5. Enfin, quant à la Pragmatique-Sanction, les prélats répondirent que le roi vouloit absolument qu'elle fût gardée & obfervée dans fon royaume; & que fi le concile de Bafle avoit fait quelque chofe de trop rigide, on pourroit le moderer, & qu'on s'en rapporteroit au concile genéral, quand le pape l'auroit affemblé en France. Cette réponse ne satisfit pas les députez du concile, qui voyoient par là les efperances du parti de Felix abatues, le roi ne reconnoiffant que le pape Eugene & le concile de Bafle. Charles VII. après la réponse, fit un édit daté du onziéme de Septembre, pour empêcher d'avoir égard aux cenfures du pape Eugene contre le concile de Bafle, & à celles du concile contre Eugene. Cet édit fut lû au parlement, & dans l'affemblée genérale de l'univerfité -tenue chez les Bernardins.

CXXIX.
Edit du roi

Charles VII

touchant les di

vifions de l'égli

fe.

CXXX.

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Alphonfe recile, de Bale.

connoît le con

⠀ ⠀ Si le parti de Felix fut mortifié de la réponse du roi de France à fes députez,il fut d'un autre côté relevé par la lettre qu'Alphonfe roi d'Arragon écrivit aux perés de Bafle,dans laquelle il donne la qualité de concile général aufynode de Bafle:mais on ne devoit pas beaucoup compter fur cette démarche, pour peu que l'on connût l'efprit d'Alphonfe. Il vouloit le royaume de Naples,mais René duc d'Anjou étoit maître de la ville capitale & d'une grande partie de ce royaume:les forces d'Alphonse ne pouvoient l'en chaffer, Eugene favorifoit de plus le c. feq.

Surita, l. 14.

34. &

AN. 1440. parti du duc. Le plus fûr pour le roi d'Arragon étoit de fe rendre Eugene favorable, & cependant de ne point choquer ouvertement Felix, & ce fut le parti qu'il pric en commandant la neutralité. Cependant Felix à qui ce parti ne plaifoit point, lui envoya demander de se ranger entierement de fon côté. Alphonfe lui fit dire par l'archevêque de Palerme, qu'il reconnoîtroit fon élection, pourvu qu'il confirmât l'adoption que Jeanne reine de Naples avoit faite de lui autrefois, qu'il lui donnât l'investiture du royaume à perpetuité, pour lui & fes fucceffeurs, & qu'il lui fournit cent mille écus d'or pour l'en mettre en poffeffion; qu'alors il emploieroit toutes les forces pour fe rendre maître de Rome, & de tout le patrimoine ecclesiastique; mais qu'il falloit qu'il vînt premierement par mer en Sicile, afin qu'il pût de là plus aifément entrer dans Rome. C'eft ainfi qu'il fe jouoit de Felix,qui de fon côté n'eut aucun égard à fes demandes.

CXXXI.

Beaucoup de princes recon·

noiffent Felix,

A&ta Patric. tom. XIII. conc.

En. Sylu. Eu

rop. 6. 42. Aug. Patric.

art. 106.

Mais Elifabeth reine de Hongrie, & veuve de l'empereur Sigifmond, Albert duc de Baviere, & un autre Albert duc d'Autriche, tous deux parens de l'empereur Frederic, le reconnurent veritablement pour pape legitime. L'université de Paris, les univerfitez d'Allemagne & celle de Cracovie furent auffi pour lui, & firent plufieurs écrits pour défendre l'autorité du concile de Bafle. Il fut encore reconnu par l'ordre des Chartreux, en partie; car ceux d'Italie & des autres provinces voifines blâmerent la conduite de leurs confreres, & demeurerent toujours attachez à Eugene. Felix, pour augmenter le nombre de fes créatures, fit le quinziéme d'Octobre huit cardinaux de differentes nations, & dans le mois de Novembre il en créa fix autres tous cardinaux par François : Les premiers étoient Alexandre patriarche

113.

CXXXII.

Création de

Felix.

d'Aquilée, du titre de Saint Laurent in Damafo ; Othon AN.1440.
évêque de Tortofe, du titre de Sainte Potentienne;
George évêque de Vicenze, du titre de Sainte Anasta-
fie; François évêque de Geneve, du titre de Saint Mar-
cel; Bernard archevêque d'Aix, du titre des Saints
Nerée & Achillée; Jean évêque de Strasbourg, du ti-
tre de Saint Sixte; Jean vicaire de Frifingue, du titre
de Saint Martin-aux-Monts; Jean de Segovie, du ti-
tre de Saint Calixte : les derniers qui ne furent faits
le douzième de Novembre étoient Nicolas Tu-

que
defque archevêque de Palerme, qui eft le même que
Panorme, avec Denys patriarche d'Antioche, évêque de
Paris; Amedée archevêque de Lyon; Philippe arche-
que de Tours; Jean évêque de Nantes, & Gerard évê-
que de Caftres, confeffeur du roi de France.

CXXXIII.
Les Angloi:

ne reconnoif

Plufieurs princes & prélats d'Allemagne favorisoient auffi le parti de Felix, mais dans l'affemblée de Maïence & les Ecoflois qui se tint l'année suivante, on ne lui fut pas autant fent point Felix. favorable qu'il l'auroit fouhaité, parce que l'on y prit la réfolution de demeurer dans la neutralité, jufqu'à ce qu'on eût assemblé un concile. Le royaume d'Angleterre ne prit pas beaucoup de part à ce qui fe paffa au concile de Basle, parce qu'il n'y assistoit point de prélats de cette nation. Le concile leur avoit envoyé des députez avant l'élection de Felix ; mais ils leur firent réponse, qu'ils honoroient le concile de Bafle, & approuvoient fes decrets, à l'exception de ceux qu'il avoit faits contre Eugene, qu'ils reconnoiffoient pour pape légitime. On y envoya d'autres députez après l'élection; mais ils n'eurent aucune réponse pofitive, les Anglois panchant fort à la neutralité. En Ecoffe, à l'exception de quelques feigneurs, tout le royaume fe déclara pour Eugene; & les prélats afsemblez dans

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