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AN. 1432. chiner fa mort. En effet il fut tué le dix-feptiéme d'Août
de cette année le lendemain des noces de fon fils. On
ne douta point que Cobelle Rufa, époufe d'Antoine
Marfano duc de Seffa, n'y eût trempé plus que les au-
tres. Comme elle avoit beaucoup de part dans la fa-
veur de la reine, dont elle étoit parente, & qui fe con-
duifoit aveuglement par fes confeils, elle haïssoit mor-
tellement Caraccioli, qui feul pouvoit lui disputer la
premiere place. Ainfi elle fe fervit adroitement de l'ou-
trage qu'il avoit fait à la reine, pour indisposer contre
lui l'efprit inconftant de cette princeffe. Quand la reine
eut abandonné Caraccioli au reffentiment de la duchef-
fe, celle-ci le fit appeller, feignant que la reine étoit
attaquée d'une apoplexie. Caraccioli se leva aussi - tôt
pour le rendre promtement au palais, mais il fut assas-
finé au fortir de fon lit. La reine ne defavoua point ce
meurtre, pardonna aux meurtriers, confifqua les biens
du défunt, & condamna fa mémoire. Après la mort,
Louis d'Anjou que la reine avoit adopté, & que Ca-
raccioli avoit par envie confiné dans la Calabre, fous
prétexte d'y faire la guerre, ne penfoit plus qu'à re-
tourner à Naples; mais il en fut empêché par la du-
cheffe de Seffa, jalouse de conserver, & de ne partager
avec perfonne le pouvoir abfolu qu'elle avoit auprès de
la reine ; outre qu'elle fe fentoit plus portée pour Al-
phonfe roi d'Arragon, que Caraccioli avoit fait venir
en Sicile, dans l'efperance de rentrer dans l'adoption
de la reine. En effet cette princeffe révoqua l'adoption
qu'elle avoit faite du duc d'Anjou pour lui fucceder
dans le royaume de Naples, & renouvella celle qu'elle
avoit faite autrefois en faveur de D. Alphonfe roi d'Ar-
ragon; on en dreffa un acte qu'elle voulut figner, afin
d'en ôter la connoiffance aux François.

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XXXI. Affaires de Po

Cromer. lib.

En Pologne les députez des Bohémiens étant venu AN. 1432. trouver le roi Ladiflas, pour lui promettre leur fecours contre les chevaliers Teutoniques en Pruffe, qui con- logne. tinuoient toujours à maltraiter les Polonois, & à leur faire la guerre, & pour informer ce prince des bonnes intentions du concile de Bafle à leur égard, ces dépu tez, dis-je, furent reçûs avec beaucoup de magnificence, & même admis à la communion par l'archevêque de Gnefne, & par les autres prelats. Mais auffi-tôt qu'ils entrerent à Cracovie, Sbignée qui en étoit évêque, donna ordre qu'on fit ceffer le fervice divin; ce qui irrita tellement le roi contre lui, qu'il le menaça de le traiter, comme il avoit fait à l'égard de Pierre fon prédeceffeur: mais l'évêque ne fut point étonné de ces menaces, & répondit avec courage au roi, que quand il s'agiffoit de la religion, il ne craignoit rien, qu'il étoit prêt de tout fouffrir pour elle jufqu'à la mort; que le fang de Pierre fi injuftement mis à mort,

de

mandoit vengeance au ciel; &
au ciel ; & que Dieu ne manque-
roit pas de prendre fa défenfe. On rapporté de cet évê-
que, qu'ayant été informé que le roi avoit donné or-
dre à quelqu'un de le tuer, il ne prit aucunes mefures
pour l'éviter, couchant dans fa chambre fans aucun
garde, fe levant la nuit pour aller à la cathédrale, ac-
compagné d'un feul prêtre, fans qu'il lui arrivât au-
cun mal, foit que le roi eût revoqué un fi mauvais def
fein, foit que la nouvelle eût été fauffe. Le pape Eu-
gene quelque tems après, voulut récompenfer la pieté
du chapeau de cardinal.

XXXII

Carmes.

Le quinziéme Février de cette année le pape donna Mitigation de
une bulle, pour permettre aux Carmes de manger de la regle des
la viande trois fois la femaine, & plufieurs autres adou-Billar.tom: 1.
cissemens, qui ôterent beaucoup de la premiere feve- ugen. IV. conf.

3.

XXXIII.

Congrégation

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AN. 1432. rité de leur regle. Cependant Innocent IV. l'avoit déja mitigée en 1245. fept ans après que ces Religieux furent venus en Europe avec le roi faint Louis, & fe furent établis en France. Ce pape approuva auffi & con** firma par une bulle du vingt-troifiéme de Novembre de la même année, la congrégation de fainte Justine de fainte Jufti- de Padoue, que Jean XXIII. avoit déja approuvée, & qui avoit reçu plufieurs privileges de Martin V. Eugene IV. les amplifia & en augmenta le nombre par deux autres bulles, la première du trentiéme Juin Ibid. conft.s. 1436, & la feconde du vingt-quatrième de Novembre de la même année. Cette congrégation étoit une réforme de l'ordre des Benedictins en Italie, faite par Louis Barbe Venitien, chanoine de faint George d'Alga, l'an 1409. Eugene retractant ce que fon prédeceffeur en avoit ordonné, la rétablit plus fortement, fit beaucoup de loix pour la maintenir plus furement, & l'honora de beaucoup de nouveaux privileges.

9.10.

XXXIV.

Cenfure fur les monitions des évêques.

Dupin Bibl.

tom. 12.

XXXV.

Attaires de France.

La faculté de théologie de Paris fut auffi confultée alors par l'évêque d'Evreux & par l'inquifiteur de fon diocefe, fur une propofition que quelqu'un avoit avancée; que les monitions des évêques font des abus, & la déclara par fa conclufion du feiziéme Mai, injurieufe, présomptueule, téméraire, fcandaleufe, tendante à la fedition & à la rebellion, capable d'affoiblir les cenfures ecclefiaftiques, contraire à la doctrine de Jefus-Chrift & des Apôtres, & favorable aux erreurs condamnées par le concile de Conftance.

En France la guerre fe faifoit prefque dans toutes les provinces avec differens fuccez; mais très foiblement, en forte qu'elle languit durant sept ou huit ans,à cause de tordecer l'impuiffance des deux partis qui manquoient d'argent, & qui ne pouvoient pas mettre de grandes armées fur

Jean Chartier,

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pied,

pied. Ajoutons à cela la foiblesse des deux rois, de ce- AN.1432, lui d'Angleterre qui étoit mineur,& de celui de France dont l'efprit étoit gouverné par fes favoris & par fes maîtreffes. Le comte d'Arondel genéral de l'armée Angloise affiegea Saint Celerin, & prit cette ville après plus de trois mois de fiege. De là il vint affieger le château de Sillé-le-Guillaume dans le Maine, qu'il emporta. Après ces expeditions il fit plufieurs courses dans les pays du Maine & d'Anjou, prit les châteaux de Mellai & de Saint-Laurent-des-Mortiers, dans lesquels il mit garnison, enfuite il s'en retourna en Normandie. Mais ayant appris qu'un capitaine Gascon nommé la Hire, & un autre appellé Ponton de Saintrailles, étoient entrez dans un vieux fort nommé Gerbroi à quatre lieues de Beauvais, le comte d'Arondel vint auffi-tôt devant cette place. La Hire & Saintrailles à fon approche fortirent de la place & vinrent l'attaquer. Quoique les Anglois fuffent trois fois plus forts en nombre que les François, cependant ils furent battus, & perdirent huit cens hommes qui demeurerent fur la place. Le comte lui-même ayant été dangereufement bleffé, fut fait prifonnier, & mourut peu de tems après de fes bleffures: e qui affoiblit beaucoup le parti Anglois.

XXXVI. Mort du comte d'Arondel.

XXXVII. Sforce fe re

Dans ce même tems, Sforce qui étoit encore dans Rome pour y maintenir le pape Eugene, fut contraint d'en fortir, & de ceder aux embuches & aux armes de tire de Rome. Paul des Urfins. Il alla camper à Aldige, où le cardinal de Sainte-Croix de la famille des Colonnes l'alla trouver de la part du pape, pour le raffurer & l'obliger de revenir dans Rome. He quoi, lui dit ce cardinal, comment le grand Sforce craindra-t-il un Ours, ayant pour appui une fi ferme Colonne ? faifant allufion au nom des Urfins & à celui de fa famille, Mais Sforce lui réTome XXII.

F.

XXXVIII.

Arrivée des

hémiens à Bafle.

zy

AN.1432. pondit, qu'on pourroit avec raison le taxer de folie, fi pendant qu'il imploroit en vain le fecours d'un marbre animé, il se laiffoit furprendre par un animal d'une grandeur extraordinaire, qui pouvoit l'attaquer des dents & des ongles, & marcher vers lui à grands pas; défignant par ces paroles le fecours peu affuré des Colonnes, & les forces préfentes de Paul des Urfins. On met aussi sur la fin de cette année le fupplice de François Carmagnole, l'un des grands capitaines de fon tems, à qui les Venitiens firent trancher la tête pour avoir été fufpect de trahifon auprès du duc de Milan. Le quatrième de Janvier de l'année 1433. les députez AN. 1433. des Bohémiens arriverent à Bafle, & y firent leur entrée avec beaucoup de pompe,ayant trois cens chevaux à leur députez des Bo- fuite; le peuple accourut de tous côtez pour les voir, & ne pouvoit cependant foutenir leurs regards affreux, se fouvenant des cruautez qu'ils avoient exercées pour défendre opiniâtrément leur héréfie : fur-tout chacun avoit la vûe arrêtée fur Procope, comme fur celui fans lequel Zifca n'avoit rien fait de confiderable, & qui, depuis la mort du même Zisca, avcit défait le duc d'Autriche, & mis deux fois en fuite par fa feule préfence toutes les forces de l'empire. Le concile les reçut avec toute la civilité due aux ambaffadeurs des têtes couronnées; & lorfqu il fut question d'entrer en matiere dans l'affemblée du neuviéme Janvier, où ils furent admis, le cardinal Julien président du concile les haranguą. Il s'étendit fort dans fon difcours fur les maux qu'attiroit le aux Bohemiens. fchifme; & faifant ufage de la connoiffance qu'il avoit de l'écriture fainte, il prouva par un grand nombre P Lalbe,append. d'endroits tirez de ces divins livres, que l'églife époufe de Jefus-Chrift, étoit la mere de tous les Fideles, qu'elle avoit la puiffance de lier & de délier, qu'elle

En. Sylv. hift. Bokem. 8. 49.

XXXIX. Difcours du

cardinal Julien

I.conc. Bafil.

tom.x11.p.894•

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