Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN.1433. çue en ces termes : Que la parole de Dieu feroit prêchée librement, mais d'une liberté réglée par le bon ordre, & une exacte fidelité; que les prêtres les diacres qui la précheroient, feroient approuvez envoyez par les Superieurs à qui ce droit appartenoit, fauf l'autorité du fouverain pontife, qui doit le premier regler toutes chofes, fuivant les regles des faints peres. Le concile avoit ainsi redressé le troifiéme article: Les ecclefiaftiques gouverneront fidelement, felon les mêmes regles des faints peres, les biens de l'églife dont ils font les adminiftrateurs, & l'on ne pourra fans facrilege en prendre le gouvernement, & lôter à ceux aufquels ces biens appartiennent canoniquement.

vocatione Bo

hem. ad conc.

Bafil. p. 315.

LXIII.

permettent la

communion fous les deux efpeces.

y

دو

رو

[ocr errors]

رو

رو

Les Bohémiens ayant déliberé fur ce qu'ils venoient In Fafciculo de d'entendre, dirent qu'ils n'avoient point de réponse à donner, qu'on n'eût auparavant fatisfait à l'article de la communion fous les deux efpeces. Cette fermeté obligea les envoyez du concile à donner cette déclaraLes députez tion." Que la coutume genérale de l'église de communier fous une feule efpece, ayant été introduite pour de bonnes raifons, & de juftes causes, elle ne pour pouvoit être réprouvée ni changée, à la difcretion des particuliers, fans l'autorité de l'églife; Que la même églife cependant pouvoit accorder la communion fous les deux efpeces pour de juftes fujets : & ,, que fi les Bohémiens le défiroient abfolument, le facré concile donneroit pouvoir à leurs prêtres, de donner ainfi la communion fous l'efpece du pain & du vin à ceux qui auroient atteint l'âge de difcretion, & qui la demanderoient avec refpect, à con,,dition que ces prêtres leur diroient toujours en les ,, communiant, qu'ils devoient croire ferm.ement que le corps de Jefus-Chrift n'étoit pas feulement fous », l'efpece du pain, ni le fang fous l'efpece du vin, mais que Notre-Seigneur étoit tout entier fous chaque

رو

رو

[ocr errors]

"

[ocr errors]

efpece,,. Cette explication caufa encore beaucoup AN. 1433. de disputes.

:

Les députez voyant qu'ils n'avançoient rien, eurent recours à des voies plus efficaces. Ils fçavoient que la nobleffe & la bourgeoisie de Bohême ne s'étoient déclarées contre les Huffites que par force, & après avoir été abandonnées de l'empereur & des princes de l'empire qu'elles étoient dans un état violent, à cause des infultes qu'elles recevoient tous les jours de l'armée & des payfans; & qu'elles feroient toujours prêtes de fe réconcilier avec eux au moment qu'on leur donneroit l'efperance de rendre leur condition meilleure. Sur ce fondement on fit entendre aux gentilshommes & aux bourgeois des villes de Bohême, qu'ils avoient été mal confeillez de dégrader l'empereur pour fe mettre fous la domination de Procope, & de changer un gouvernement moderé en celui d'un prêtre fchifmatique*, qui ne reconnoiffoit point d'autres loix que celles de fon caprice. Qu'au lieu des quatre états dont la monarchie de Bohême étoit auparavant compofée, un cinquième qui étoit l'armée, ufurpoit toute l'autorité, & ne la partageoit en aucune maniere avec les autres. Que les mêmes gens de guerre qui impofoient des taxes immenfes pour contenter leur avarice, les levoient avec beaucoup de violence; que leur infolence ne pouvoit être punie que par un foûlevement genéral, pour prévenir le deffein qu'avoient les Huffites, de les exterminer, auffi-tôt qu'ils les auroient dépouillez de leurs biens.

La nobleffe & la bourgeoisie n'étoient que trop convaincues de ces raisons ; mais la premiere n'avoit point d'argent, & la feconde ne trouvoit pas affez de fureté à lui en prêter. Les députez du concile fâchez qu'un

LXIV. Les députez

travaillent à la divifion des

Bohémiens.

Cochlée hist. Huffit. lib. 7.

* C'est Ro

quefane.

AN. 1433.

obftacle fi peu confidérable empechât le rétablissement

de la religion catholique en Bohême, écrivirent à Bafle des lettres fi preffantes, qu'on y fit une quête pour les néceffitez extraordinaires de ce royaume. On ne trouva que dix-huit mille écus, & cette fomme fi peu proportionnée au besoin, ne laissa pas de produire tout l'effet que l'on pouvoit attendre d'une plus grande, parce qu'elle fut mife entre les mains du plus habile & du plus zelé gentilhomme de Bohême. C'étoit un nomNaucler. ibid. mé Mainard de Neuhaux ou de la Maison-neuve, officier de guerre, vaillant & experimenté, qui fe piqua de devenir le liberateur de fa patrie.

8451

LX V. Douziéme

feffion du con

cile de Bafle.

Labbe, Conc.

tom.x11.p.508.

Cependant on tint la feffion douziéme le lundi treiziéme de Juillet. Les peres s'y plaignirent fortement de la mauvaise foi du pape,qui ouvroit,dirent-ils, un chemin affuré à fes fucceffeurs de fe déclarer prévaricateurs des decrets des conciles, & d'en rabaifler l'autorité. Ils lui reprocherent les efforts qu'ils avoient faits durant dixhuit mois entiers, pour le fléchir, & pour l'engager à favorifer le concile de Bafle, mais que fon obftination avoit toujours rendu inutils.

Ils vouloient prononcer contre lui un arrêt définitif de condamnation, de peur que leur patience ne leur fût préjudiciable & qu'elle ne lui doni ât lieu de s'opiniâtrer davantage dans les mauvais desseins: mais à la priere de Sigifmond, ils fe contenterent de le fommer encore une fois à révoquer après foixante jours, le def fein qu'il avoit projetté de rompre & de transferer le concile, fous peine d'être regardé comme contumace & pécheur public Ce decret eft conçu en termes exzation contre le trénement forts: on y traite le pape d'incorrigible; pape Eugene, d'homme qui fcandalife toute l'églife, & on le déclare fufpens de toute administration du pontificat; on fait

LXVI.

Decret de ci

[ocr errors]
[ocr errors]

défense de lui obéir, & l'on enjoint aux prelats de venir AN.1433. au concile.

LXVII.
Decret tou-

tions.

Labbe, Conc.

Dans cette même feffion le concile fit un autre decret, dans lequel on renouvella le droit des élections chant les élecétabli par les Apôtres, & confirmé par le premier concile de Nicée dans les canons quatriéme & cinquié- tom.x11.p.513me. Ce decret porte 1. que le pape ne peut fe fervir des réserves faites ou à faire au faint fiege, des églifes métropolitaines, cathédrales, collegiales, monafteres & dignitez électives, excepté celles qui font renfermées dans le droit, & qui font dans les terres dépendantes de l'églife de Rome; mais qu'on y procedera par élection, fans pourtant porter aucun préjudice aux privileges & aux coutumes contenues dans la difpofition du droit. 2. Le concile ordonne que le pape le jour qu'il fera créé, promettra par ferment d'obferver inviolablement ce decret. 3. Il commande à ceux qui ont droit d'élection de n'élite que des fujets dignes & capables de remplir les dignitez ecclefiaftiques; & afin qu'une chofe de cette confequence ne fe fafle pas legerement, il veut que le jour de l'élection les électeurs s'affemblent dans l'églife pour y entendre avec dévotion la messe du Saint Efprit, dans laquelle ils con nue nieront après s'être confeffez, afin d'obtenir de Dicu les lumieres neceffaires au choix d'un digne fujet. Qu'enfuite étant entrez dans le licu de l'élection, ils jureront tous entre les mains de celui qui préfide, & celui-ci entre les mains de celui qui le fuit immédiatement, qu'ils éliront un homme digne & utile à l'églife, foit évêque ou abbé ; qu'ils ne donneront point leur voix à un homme qu'ils foupçonneront raifonnablement d'avoir brigué cette dignité pour lui ou par follicitation, ou par promeffe d'argent. Le concile

tom. XII. feß.

AN. 1433. prefcrit la formule de ce ferment. 4. Il est ordonné Conc. Labbe, qu'on élira des perfonnes d'un âge avancé, de bonnes 12. conc. Bajil. mœurs, qui foient dans les ordres facrez; & l'on dédervet. de elect. fend les élections fimoniaques, on les déclare nulles; & l'on prive du droit d'élire ceux qui les auront fai

tes. 5.

Enfin les peres exhortent les princes, les communautez, & autres de quelques conditions qu'ils foient, de ne point interpoler leur crédit dans les élections, foit par lettres, foit autrement, pour ne point porter préjudice, ni faire aucune violence à leur liberté.

Eugene fut fort mécontent des decrets que l'on fit dans cette feffion, & fur-tout du premier ; & comme le refus que le concile avoit fait depuis peu de reccvoir & d'entendre les légats qu'il avoit envoyez pour traiter avec ledit concile touchant la tranflation qu'il vouloit en faire à Boulogne, l'avoit déja fort irrité; il donna une déclaration le vingt-neuviéme de Juillet par laquelle il caffa toutes les citations, procedures & decrets qu'on avoit faits contre lui à Bafle, contre le faint fiege & les cardinaux, & tout ce qu'ils entreprendroient de faire à l'avenir, excepté ce qu'il leur avoit promis de traiter. Il parut se radoucir gene aux peres de tems après; & en effet il écrivit une lettre datée du premier Août, dans laquelle il marque qu'ayant fçu la raison pour laquelle on avoit refufé les légats qu'il avoit envoyez, il déclare à l'inftance de l'empereur & par le confeil de trois cardinaux, les feuls qui étoient demeurez auprès de lui, que pour ôter toute occafion de fchifme, il approuve le concile depuis fon commencement, de même que fa continuation, afin qu'on pût travailler tranquillement à extirper les herefies, les guerres, les déreglemens des mœurs, & les autres

LXVIII.

Lettre d'Eu

o concile.

peu

« AnteriorContinuar »