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AN. 1455.

deputent S. An

22. c. 14.

En. Sylv.

CLXXVI.
Æneas Syl-

le pape de la part de l'empe

reur.

avoit un nouveau pape, ils envoyerent lui promettre fidélité & obéiffance. Antonin archevêque de Florence, tonin vers le chef de cet ambassade, fit un excellent difcours au fou- pape Antonin. tit, verain pontife de la part de ses diocésains. L'empereur Frederic envoya aufli à Rome Æneas Sylvius & Jean epift. Hinderbak célébre jurifconfulte. Ce fut Enée qui porta la parole avec le même honneur qu'il s'étoit acquis en pareilles occafions. Cette députation avoit été faite malgré l'avis contraire de ceux qui ne vouloient pas que Frederic rendît obéiffance au pape, jufqu'à ce qu'il eût révoqué l'accord fait avec le pape Eugene, & rendu à la nation Allemande fes priviléges & fa liberté touchant la collation des benéfices. Enée dans la harangue qu'il fit au pape & aux cardinaux, fit voir la vius harangue néceflité où l'on étoit de s'opposer aux Turcs, qui toient fur le point de fe rendre maîtres de toute la Hongrie; il repréfenta que les forces des Chrétiens feroient de beaucoup fuperieures à celles des Infidéles pourvu que fa fainteté fit obferver le bon ordre; que l'empereur étoit bien réfolu d'y employer toutes les forces, qu'Alphonfe roi d'Arragon étoit tout prêt; que le duc de Bourgogne le fouhaitoit fort; que plufieurs princes d'Allemagne en avoient fait le vœu; que Charles roi de France imiteroit certainement le zéle de fes prédécesseurs ; que les Anglois pleins de courage ne manqueroient pas d'y contribuer; que les Caftillans, les Portugais, enfin tous les peuples n'attendoient que les ordres du pape afin de prendre les armes pour la défense de la religion; que c'étoit donc à fa fainteté à feconder les vœux de tous les Fidéles en ouvrant les trésors de l'églife, & en envoyant les ouvriers dans la moiflon. Mais toutes ces belles promeffes des princes demeurerent fans exécution, & il n'y

Hhhh ij

CLXXVII.

Alphonfe.

En. Sylv. Europ.c. $8.

AN.1455. eut que le pape qui s'y employa dignement. Divifion entre Le premier qui commença à reculer, fut Alphonfe le pape & le roi roi d'Arragon, qui étoit en poffeffion du royaume de Naples. Comme il vouloit traiter de pair avec le pape, & le rendre en quelque maniere dépendant de lui, il lui fit demander par fes ambaffadeurs comment sa sainteté vouloit vivre avec lui. Qu'il gouverne fon royaume, répondit le pape un peu fâché de cette demande, & qu'il me laiße gouverner l'églife fans s'en mettre en peine. Depuis ce tems-là le pape & Alphonfe furent toujours divifez; & celui-ci ne laiffoit échapper aucune occafion de marquer à Callixte fa haine & fon reffentiment. Les uns blâmoient le pape de ne pouvoir pas fouffrir ce roi dont il étoit né fujet, & à la recommandation duquel il avoit été fait cardinal, après avoir été fon domestique. Les autres donnoient le tort à Alphonse, qui paroiffoit n'avoir pas affez de refpect pour le vicaire de Jefus-Chrift; & ces derniers peut-être n'avoient pas tant de tort, fi l'on examine les motifs qui engageoient le roi d'Arragon à prendre des manieres fi hautes: Alphonfe vouloit que le fouverain pontife lui confirmât le royaume de Naples, non feulement pour lui-même, mais encore pour fon fils naturel Ferdinand, que les papes Eugene & Nicolas avoient légitimé à ce fujet; & qu'il lui donnât encore la Marche d'Ancone, & beaucoup d'autres places qui appartenoient au patrimoine de l'églife.

CLXXVIII. 1 Sujets d'inimi& Alphonfe.

tié entre le pape

Comment. Pii

II. lib. 2.

Antonin. tit.

22. §. I.

Mais ce qui irrita davantage Alphonse, fut que le pape Callixte retira beaucoup de places, & retrancha plufieurs droits de ces deux royaumes de Naples & de Sicile qu'Alphonfe s'attribuoit, & qui appartenoient au faint fiége; qu'il y rétablit enfin la jurisdiction de l'églife, voulant avoir la difpofition des benéfices que

le roi faifoit donner, ou donnoit lui-même à des fujets, AN.1455. qui souvent étoient incapables de les poffeder, foit par leur âge, foit à caufe de leur ignorance, ou de leurs mœurs peu réglées; fe fouciant peu de ceux qui se préfentoient, pourvu qu'il y trouvât fon compte, & qu'on lui donnât de l'argent; car on l'accufoit, & le bruit étoit public, qu'il n'accordoit aucun benéfice à perfonne, qu'il n'en fût auparavant payé. Voilà ce qui fit la division, & ce qui juftifie entierement le pape, dont le devoir effentiel étoit de s'oppofer à ces defordres, & de ne pas permettre le honteux trafic des chofes faintes.

En France le roi crut qu'il y alloit de fon honneur. de juftifier la mémoire de la Pucelle d'Orleans qui avoit autrefois chaffé les Anglois du royaume, & qu'ils avoient fait condamner au feu à Rouen. Charles VII. voulut donc que fes parens demandaflent des juges au faint fiége pour revoir le procès: & fur leur requête

le

CLXXIX.
La mémoire

de la Pucelle
d'Orleans eft

rétablie.

Bellefor. hift. Franc. l. 15.

6. 116.

Monftrelet,

pape Callixte nomma des commiffaires, fçavoir vol. 3. l'archevêque de Reims, & les évêques de Paris & de Coutances, qui s'étant assemblez à Rouen, examinerent les procedures & entendirent plufieurs témoins. Ils firent d'abord un mandement qui ordonnoit que tous ceux qui feroient inftruits de ce qui s'étoit paffé dans la fuite de ce procès, fe rendiffent le vingtiéme Decembre dans la falle de l'archevêché de Rouen, pour être ouis fur ce qu'ils fçavoient pour & contre. Il fe trouva encore plufieurs perfonnes vivantes qui avoient eu connoiffance des procedures; on fit des informations de la vie qu'avoit menée la Pucelle, & après beaucoup de témoignages honorables rendus à fa vertu, fa mémoire fut rétablie, & toutes les procedures faites contre elle annullées. Il fut ordonné dès le jour même qu'on feroit à Rouen une proceffion générale dans la Hhhh iij

CLXXX.

Le dauphin

fe joint au duc de Milan contre

Alphonfe.

AN.1455. place de Saint Ouen; le lendemain une autre au vieux marché où elle avoit été exécutée, & dans lequel on éleva une statue de la Pucelle en habit de femme, qu'on voit encore aujourd'hui, placée dans une niche au deffus d'une fontaine. On ne rechercha point fes juges, parce que la plupart étoient malheureusement peris. Le dauphin demeuroit toujours dans fes états du dauphiné sans vouloir revenir à la cour, la guerre étant alors en Italie, entre Alphonfe roi d'Arragon & les Venitiens d'une part, & François Sforce & les Florentins de l'autre, le dauphin gagné par ceux-ci leva des troupes qu'il joignit à celles de René d'Anjou, & les fit marcher vers les Alpes: mais la paix d'Italie ayant été rétablie par les foins du pape, le dauphin vit fes mefures rompues. Il y avoit dix ans qu'il refufoit opiniatrément d'obéir aux ordres réiterez & preffans que le roi fon pere lui donnoit de fe rendre auprès de lui, lorfque Charles pour l'y contraindre prétexta un voyage en Bourbonnois & en Auvergne, & fit marcher des troupes vers le Dauphiné, fous la conduite de LouisAntoine de Chabannes feigneur de Dammartin, avec ordre d'enlever le dauphin, & de le lui amener. Ce fut alors que ce prince prit le parti de fe cantonner dans le Dauphiné, & de demander un fecours d'hommes & d'argent au duc de Savoie fon beau-pere; mais ce duc n'ayant point voulu le foutenir dans fa révolte, ni rien entreprendre qui fût préjudiciable au roi, le dauphin prit fa réfolution fur le champ, fe fauva dans la principauté d'Orange, de-là en Franche-Comté, & enfuite en Brabant dans les états du duc de Bourgogne; mais il n'y arriva qu'au mois de Septembre de l'année fuivante.

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La retraite de Richard duc d'Yorck dont nous avons parlé l'année derniere, ne dura pas long-tems, Com

d'York contre

Hiftoire de

Charles VII.

par Jean Chartier, p. 285.

Naucler.gene. rat. 49.p.479.

me il ne pouvoit voir tranquillement le duc de Som- AN. 1455. merset rétabli dans fes honneurs, & occuper les pre- le roi d'Anmieres charges du royaume, il alla lever des gleterre. troupes dans le pays de Galles, & revint vers Londres avec fon armée, proteftant qu'il n'en vouloit point au roi, mais à fon miniftre. Le roi & le duc de Sommerfet furent bientôt en état de le recevoir, & ils allérent même au-devant de lui jufques fous les murs de Saint Alban avec une armée égale à la fienne. On en vint aux mains: le comte de Varvick fils de Richard mit d'abord l'armée du roi dans un tel défordre qu'il fut impoffible au genéral & aux officiers de le reparer; quoique les foldats combattissent avec beaucoup de valeur. Huit mille foldats des royalistes demeurerent fur le champ de bataille, & avec eux le duc de Sommerfet, le baron de Clifford, les comtes de Stafford & cft tué. de Northumberland: le duc de Bukingham, quoique bleffé fe fauva avec quelques autres feigneurs. Le roi abandonné des fiens, fe retira dans une petite maison, où il fe vit bientôt invefti, & à la difcretion du vainqueur. Richard affecta en cette occafion des manieres refpectueuses envers cet infortuné monarque; il le confola fur la perte de fon miniftre, & l'affura que cette mort lui procuroit l'affermiffement de fon trône. Il le fit monterà cheval, & le reconduifit à Londres.

CLXXXII.
Bataille dans

laquelle le duc

de Sommerfet

Lettres du pape

Callixte au roi

de France. Collect.concil.

Labbei, tom.

XIII.

Le pape Callixte, peu de tems après être monté fur,CLXXXIII. le faint fiege, écrivit trois lettres au roi de France: Par la premiere datée du huitiéme d'Avril de cette année, il apprend à ce monarque, que Dieu l'a élevé sur la chaire de faint Pierre, & que fes freres les cardinaux lui ont impofé une charge qu'il ne peut porter; fi le Seigneur qui fe plaît à choisir les foibles pour confondre les forts, ne le foutient; & il demande à sa majesté le fecours de fes prieres auprès de Dieu. Il lui repréfente

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