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de Labeo sont réunis dans la Palingenesia librorum Juris de Hommel; ils ont été l'objet d'un commentaire spécial de la part de Séb. Ortega.

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Labeo avait laissé plus de quatre cents ouvrages, dont les principaux étaient : Libri VIII Iɛtav☎v; Paul en fit une Epitome (voy. Bynkerschoek, Observationes, III, 16; Blume dans la Zeitschrift de Savigny, t. IV, p. 317); — Libri Prætoris urbani; — Libri Prætoris peregrini (voy. Wieling, De Labeonis ad edictum libris); Commentarii ad XII Tabulas; Libri Responsorum; - De Jure pontificio; De Diis animalibus; De Disciplinis Hetruscis Tagetis et Bacchetidis; De Officio Augurum; Posteriora, ouvrage de droit, publié après la mort de Labeo, dont Aulu-Gelle cite le quarantième livre, et qui fut commenté par Jarolenus (voy. ce nom; voy. aussi P. Phil. Wolphardt, De Posterioribus Labeonis; Rinteln, 1751, in-4°). Labéo doit aussi, selon toute probabilité, être regardé comme l'auteur des ouvrages De Fastis et De Oraculo Apollinis Clarii, attribués par Macrobe à un Cornelius Labeo (voy. Smith, Dictionary of Greek and Roman Biography, au mot Cornelius Labeo). Enfin, selon toute probabilité Labeo avait encore écrit un ouvrage de jurisprudence intitulé: Libri Epistolarum, ouvrage dû selon quelques-uns à un certain Domitius Labeo, qui vivait au troisième siècle de notre ère. Ce dernier Labeo ne paraît avoir eu sur la science du droit que des notions très-bornées (voy. MÉNAGE, Amanitates Juris, ch. XX, et G. Grotius, Vitæ Jurisconsultorum, II, 4, $ 8). Ernest GRÉGOIRE.

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Aulu Gelle, Noctes Attitæ, XIII, 12. Tacite, Annales, 11, 75. - Suétone, Auguste, c. 54. Dio Cassius, Historia romana, liv. LIX. Pomponius, Enchiridion, Digeste, I, 11, 2, § 47. Corn. van Eck, De Vita M. A. Labeonis et C. A. Capitonis inséré dans le Thesaurus novus Dissertationum d'OElrichs ). Ch. G. Biener, A. Labeo, juris civilis novator ( inséré dans les Opuscula academica de Biener). - Chr. Thomasius, Comparatio Labeonis et Capitonis; Leipzig, 168S, in-4o. Chr. Thomasius, Comparatie Labeonis et Trebatii; Leipzig, 1684, in-4o. A. N. Moller, Selecta quædam, cap. I dans.le Thes. nov. Dissert. d'OElrichs).

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LABÉO (Accius ou Attius), poëte romain, vivait dans le premier siècle après J.-C. Il traduisit littéralement l'Iliade d'Homère. Cette traduction, qui semble avoir eu beaucoup de succès du temps de Néron, était fort mauvaise, si on en croit Perse. Mais la raillerie d'un poëte satirique n'est pas un jugement, surtout lorsqu'on ne peut la contrôler. Il ne reste rien d'Attins Labeo. Y.

Perse, Sat. 1, v. 4, 51.

LA BERGERIE (Jean-Baptiste ROUGIER DE). Voy. ROUGIER.

LABERGE (Charles-Auguste DE), peintre de paysage, né à Paris, en 1805, mort en 1842. Il entra en 1825 dans l'atelier du paysagiste Victor Bertin, et étudia la figure sous M. Picot. On trouve dans ses premiers tableaux un faire large et heurté, une touche facile et résolue, rendant avec vigueur les masses et surtout les terrains, mais négligeant le détail des premiers plans. Ce genre-là était en vogue à cette époque, et donnait des esquisses au lieu de tableaux. Les faciles succès qu'il obtint décidèrent bientôt Charles de Laberge à chercher une autre voie. Après plusieurs années de retraite et d'étude opiniâtre, il exposa, au salon de 1831, un tableau où sa première manière avait complétement disparu, et qui produisit parmi les artistes une grande sensation. Le sujet du tableau, une Diligence traversant un village de Basse-Normandie et annonçant aux gens du lieu la nouvelle de la révolution de Juillet, était traité avec une fidélité surprenante : il rappelait les travaux des maîtres hollandais. Dès lors de Laberge s'attacha à reproduire exactement la nature. Au salon de 1832, il exposa Le Médecin de Campagne, dont le succès fut plus grand encore, et que les connaisseurs regardent comme son meilleur ouvrage.

Cependant, à côté de ces minutieuses perfections, il ne négligeait pas l'effet général. Son ambition était de concilier ces qualités si opposées; Le Médecin de Campagne sembla presque réaliser ce rêve de son talent. En effet, après avoir observé de près, dans ses détails, le prodigieux fini de ce tableau, le spectateur, en s'éloignant, sera frappé de l'effet général, et de la manière large dont l'ensemble est traité. Charles de Laberge voulait que l'observateur retrouvât dans ses œuvres tous les points de vue, tous les aspects sous lesquels la nature s'offre à nos regards les objets vus de près dans leurs détails les plus circonstanciés, puis l'effet produit par les masses quand le regard les embrasse distance; c'était reproduire la réalité dans ses conditions et ses manifestations les plus complexes. L'école hollandaise nous a donné plusieurs chefs-d'œuvre qui ont approché de ce but : et rien ne manquait à de Laberge pour égaler les maîtres hollandais; la santé seule lui manquait au milieu de sa carrière. De 1832 à 1836, de Laberge visita l'Italie, passa plusieurs étés dans

les montagnes du Bugey, composa un grand nombre d'études, rédigea des notes approfondies sur l'histoire de l'art, et fit paraître, au salon de 1836, le tableau de la Vieille au Mouton, où le système qu'il avait adopté était poussé jusqu'à ses dernières limites. On peut citer encore parmi ses tableaux : La Forêt de Virière; — Le Soleil couchant; - La Laitière et Le Pot au lait; Le Pécheur et les Poissons;- Le Chien et son Maitre; - Un Intérieur de Château. Chacun de ces tableaux coûta à l'artiste des efforts surprenants de travail. « Tel chardon, telle plante du premier plan a exigé, disait un critique, des mois entiers d'étude. » Mais la santé de l'artiste déclinait de jour en jour; atteint d'une maladie de poitrine, il ne cessa de travailler qu'au moment où la vie lui échappa.

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Un écrivain en renom qui compte également parmi les peintres, et dont le jugement doit faire autorité dans les arts, M. Frédéric de Mercey, a consacré à Charles de Laberge une savante étude, qui nous fournit la meilleure appréciation du caractère et des facultés de cet artiste original. « Il appelait ses moments perdus ceux qu'il consacrait à l'étude approfondie de la perspective linéaire qu'il posséda en véritable savant, et dont aucun problème n'aurait pu l'arrêter. Il avait également une connaissance consommée de l'histoire de l'art. Il apportait dans ses lectures et ses recherches la même conscience et la même volonté que dans ses études pittoresques. Les notes qu'il a recueillies formeraient des volumes et jeteraient de précieuses lumières sur quelques-uns des points les plus obscurs de l'histoire de diverses écoles de peinture qui ont illustré l'Allemagne et la Hollande... Sa conversation était pleine d'intérêt et de charme; comme tous les hommes profondément convaincus, qu'une seule idée préoccupe, et qui consacrent de longues heures à des travaux solitaires, il passait insensiblement de la causerie au monologue, et, sans qu'il s'en doutât, se mettait à professer avec un entraînement singulier et une véritable éloquence. Il avait tout ce qui distingue le grand artiste, une âine tendre, un goût exclusif, un caractère réfléchi et passionné, et par-dessus tout une ambition immense du succès, mais du succès mérité... Solitaire par goût et par principes, il évitait de se répandre aussi soigneusement que d'autres cherchent à se produire; il ne vivait que pour sa famille et un petit nombre d'amis. C'était un de ces hommes, si rares aujourd'hui, dont l'art est la seule passion, difficiles pour eux-mêmes, tolérants pour les autres, droits dans leur conduite comme dans leurs œuvres. >>

Am. RENÉE.

M. de Mercey, dans la Revue des Deux Mondes, 15 février 1842.

LA BESNARDIERE (Jean-Baptiste DE GOUEY, Comte DE), administrateur français, né le 1er octobre 1765, à Périers, près Coutances,

mort le 30 avril 1843, à Paris. Il fit d'abora partie de la congrégation des Oratoriens, et se chargea, après la dispersion des ordres religieux, de l'éducation de plusieurs jeunes gens de famille. La nécessité le contraignit bientôt à solliciter un emploi en 1796 il entra comme simple commis au département des relations extérieures; trois ans plus tard, il était sous-chef à la division des consulats, et en 1807 il prenait la direction de la première division politique, poste qu'il conserva jusqu'en 1814. Lors de la campagne de Russie, il fut attaché au gouvernement de la province de Wilna, et fit, après la retraite de Moscou, un rapport plein de vues remarquables sur la situation de l'Europe. L'année suivante, il assista au congrès de Châtillon, et accompagna à celui de Vienne Talleyrand, sur l'esprit duquel il exerçait la plus grande influence. Le retour des Bourbons ne fit qu'apporter un changement favorable à la fortune de La Besnardière : créé comte le 22 août 1815, il devint en 1826 conseiller d'État en service extraordinaire, et resta en outre chargé de la direction des travaux politiques aux affaires étrangères. Après 1830, il se retira complétement de la vie publique. Les nombreux papiers qu'il a laissés, principalement sur l'organisation des pouvoirs exécutif et législatif, ont été placés aux archives du ministère dont il a été un des fonctionnaires les plus laborieux. << Napoléon, dit un biographe, aimait à travailler avec La Besnardière, et ne dédaignait pas de le consulter dans les grandes occasions. On prétend que le bonhomme (c'est ainsi qu'il l'appelait) est l'élève de Talleyrand, disait un jour l'empereur; eh bien, moi, je crois que c'est Talleyrand qui est l'élève du bonhomme. >> Paul LOUISY.

Rabbe, Biogr. des Contemp. Fastes de la Légion d'Honneur. - Arnault, Jay, Jouy et Norvins, Biogr. nouv. des Contemp.

LABEY (Jean-Baptiste ), mathématicien français, né vers 1750, en Normandie, mort en 1825, à Paris. Il fut d'abord attaché à l'École Militaire de Paris, où il compta Bonaparte parmi ses élèves, et continua d'enseigner les mathématiques à l'École centrale du Panthéon, à l'École Polytechnique et en dernier lieu au lycée Napoléon; il donna aussi des leçons à l'institution Sainte-Barbe. On a de lui: Introduction à l'Analyse infinitésimale; Paris, 1796, 2 vol. in-8°, trad. d'Euler; Lettres à une princesse d'Allemagne sur divers sujets de physique et de philosophie; ibid., 1812, 2 vol. in-8°, également trad. d'Euler et augm. de notes; Traité de Statique; ibid., 1812, in-8°.

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gal de la cathédrale de Limoges. On a de lui: Vies des Saints du Limousin; Limoges, 1828, 3 vol. in-12 (comprenant les mois de juillet à décembre); - Antidote contre le Schisme ou le pensez-y-bien des Catholiques français, par un docteur de Sorbonne; Paris, 1792, in-89; Apologues et Allégories chrétiennes, ou la morale de l'Évangile, en vers français; Paris (1802), in-12; Relation de tout ce qu'ont souffert pour la religion les prêtres français insermentés déportés à l'ile d'Aix, près de Rochefort (1794-1795); Paris, 1796-1802, in-8°;

Divini Amoris Fasciculus; Limoges, 1832, in-32; ce recueil de méditations est extrait de saint Augustin, saint Anselme, saint Bernard, etc. J.-B. L. Roy-P. ( de Limoges).

Quérard, La France Littéraire. — Renseignements particuliers.

Com

LA BIGOTIÈRE (René DE), seigneur de PERCHAMBAULT, jurisconsulte français, mort en 1727. Fils d'un conseiller au présidial d'Angers, qui embrassa l'état ecclésiastique, il fut reçu docteur en droit dans cette ville (1696), et exerça longtemps les fonctions de conseiller au parlement de Rennes, où il devint président aux enquêtes. On a de ce magistrat, qui fut un des plus érudits de sa province : Observations sommaires sur la Coutume de Bretagne, Laval, 1689, in-4o, qui parurent sous le nom supposé de Pierre Abel, avocat; Coutume de Bretagne, avec des observations sommaires pour faire connoître le sens qu'elle avoit dans son origine et celui que l'usage lui a donné; Rennes, 1694, 1699, in-12; ibid., 1713, 2 vol. in-12, nouv. édit., revue et augmentée; mentaire sur la Coutume de Bretagne ; Rennes, 1693, 1702, in-4°; -Institution au droit français par rapport à la coutume de Bretagne; Rennes, 1693-1695, in-4°; Du Devoir des Juges et de tous ceux qui sont dans les fonctions publiques; Rennes, 1695, in-16; Factum pour savoir si l'usage qui permet aux tuteurs de colloquer les deniers pupillaires à intérêt est autorisé; Rennes, 1709, in-4°; Second factum sur le même sujet; ibid., 1713; · Traité de l'Usure et Intérêt, suite du Commentaire sur la Coutume; Rennes, 1702. Ce dernier ouvrage, qui mérite une juste estime, malgré les négligences et même les fautes qu'on y remarque, fut exposé aux plus violentes attaques de la part de quelques théologiens, qui en trouvaient la doctrine relâchée. Le chanoine Écolasse se montra le plus ardent, et la lutte devint si vive entre les deux écrivains que l'on nomma des commissaires pour juger le différend; mais les parties s'échauffant beaucoup, le roi fit suspendre le cours de la procédure. Écolasse n'en publia pas moins les mémoires qu'il avait préparés pour sa justification, sous le titre de Préjugés légitimes contre les livres de M de La Bigotière de Perchambault,

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LABIENUS, nom d'une famille romaine qui ne figure dans l'histoire que dans le dernier siècle de la république. On a quelquefois, mais sans autorité, rattaché cette famille à la gens Atia. Les membres historiques de la familie Labienus sont :

LABIENUS ( Titus), homme d'État et général romain, né vers 98 avant J.-C., tué en 45. Il débuta dans la carrière politique sous les auspices de César, et comme un des chefs du parti populaire. Tribun en 63, pendant le consulat de Cicéron, i intenta une action pour meurtre (perduellio) à Rabirius, qui trente-sept ans plus tot avait tué son oncle Q. Labienus, complice de Saturninus. Cette poursuite tardive, qui était une manœuvre dirigée par César contre le sénat, donna lieu à un procès dans lequel Rabirius fut défendu par Cicéron, et dont l'issue laissa la victoire indécise entre les deux partis. Labienus, poursuivant ses hostilités contre le sénat, proposa le plébiscite qui enleva au collége des pontifes le droit dont il jouissait depuis Sylla d'élire lui-même ses membres. L'élection fut transférée au peuple, et César dut à cette loi la dignité de souverain pontife. César reconnut les services de Labienus, en le prenant pour lieutenant ( legatus ou pro-prætor) lorsqu'il se rendit dans sa province de la Gaule Cisalpine, en 58. Pendant la première campagne des Gaules, Labienus se montra officier habile, et commanda en chef l'armée romaine en l'absence de César, qui était allé remplir ses fonctions civiles de gouverneur dans la Gaule Cisalpine. Comme il n'est pas fait mention de lui dans les trois campagnes suivantes, on suppose qu'il quitta l'armée et retourna à Rome. Mais en 54 il reparut en Gaule, et se signala par deux victoires sur les Trévires, que commandait Induciomare. Dans la grande campagne contre Vercingetorix, en 52, il se montra le plus capable et le plus vigoureux des lieutenants de César. Envoyé avec quatre légions contre les Senones et les Parisii, il établit son quartier général à Agendicum, et marcha de là contre Lutèce. Les habitants brûlèrent cette ville à son approche, et bientôt la révolte des Éduens et des Bellovaques le força de se retirer. Il rentra dans Agendicum après avoir complétement vaincu le général gaulois Camulogène (1). Les deux années qui s'écoulèrent entre cette campagne et le commencement de laguerre

(1) Dans une dissertation insérée dans les Mem. de la Société des Antiq., t. XXI, M. Quicherat soutient, non sans quelque raison, que cette bataille ne s'était pas livrée audessous de Paris vers Meudon, mais au-dessns, entre Ivry et Choisy. L'opinion contraire a été soutenue par M. de Saulcy, dans la Revue contemporaine du 15 avril 1858.

civile n'apportèrent point de changement dans la position de Labienus, qui resta le premier lieutenant de César et le commandant de l'armée romaine en l'absence du général en chef. En 51 il fut envoyé dans la Gaule Cisalpine, où l'on redoutait une invasion des barbares ; et comme cette crainte ne se réalisa pas, il revint dans la Gaule Transalpine soumettre les Trévires; qu'il avait conquis trois ans auparavant. En 50 César lui donna une preuve éclatante de confiance, en le laissant à la tête de la Gaule Cisalpine, qui était devenue le centre des intrigues du parti césarien, le point d'appui de tous les ennemis du sénat. Si Labienus était attaché à la république, il ne devait pas accepter cette position; mais puisqu'il l'avait acceptée, il devait rester fidèle à son général. Des motifs peu honorables, à ce qu'il semble, en décidèrent autrement. Enivré de ses succès militaires, se croyant l'égal de César, il éleva des prétentions que le général en chef accucillit avec dédain. Le parti pompéien, averti de cette dissidence, fit tous ses efforts pour entraîner le lieutenant mécontent; et Labienus, oubliant l'immense fortune et les autres faveurs qu'il devait à César, l'abandonna au début de la guerre civile. La nouvelle de sa défection fut accueillie à Rome avec le plus grand enthousiasme par le parti sénatorial. Cicéron, dans sa correspondance avec Atticus, prodigue les termes de « héros » et de « grant homme » à ce déserteur, dont l'abandon avait, selon lui, porté un coup terrible (maxima plaga) au parti de César. Mais ce << héros » devait tromper l'espoir de ses nouveaux amis; il ne put pas entrainer un seul des vétérans de César ni décider une seule ville de la Cisalpine à soutenir la cause du sénat. Ses talents étaient ceux d'un bon officier plutôt que d'un commandant en chef. Cicéron parla bientôt de son grand homme d'une tout autre manière; il lui trouvait peu de dignité. Placé l'année suivante (48 avant J.-C.) sous les ordres de Pompée, Labienus prit une part active à la campagne de Grèce, et se distingua plus par sa cruauté que par ses talents militaires. A Dyrrha chium, il empêcha Pompée de tenter contre le camp de César une attaque qui aurait facilement réussi et mis fin à la guerre, et après la bataille il commit un acte de férocité froide, que César raconte ainsi : « Labienus ayant obtenu de Pompée qu'on lui remit les prisonniers, les promena à la tête du camp, sans doute pour mériter la confiance du parti qu'il venait d'embrasser; mais les appelant ses camarades et leur demandant avec insulte si les vétérans avaient coutume de fuir, il les fit égorger publiquement. »

Après la défaite de Pharsale, Labienus s'enfuit à Dyrrhachium, où il rencontra Cicéron. Il lui apprit la perte de la bataille, et pour relever un peu le courage des partisans de Pompée, il annonça en même temps que César avait été dangereusement blessé. De Dyrrhachium il se rendit à Corcyre, puis à Cyrène, qui refusa de le rece

voir, et finit par se joindre aux débris du parti de Pompée, qui, rassemblés en Afrique par Caton et Scipion, formèrent bientôt une force considérable. Il eut d'abord le commandement d'une armée séparée, lutta contre César à Ruspina en 46, d'abord avec succès, puis avec perte, et fit le reste de la campagne sous les ordres de Scipion. Elle se termina par la défaite de Thapsus, qui livra tonte l'Afrique à César. Labienus alla rejoindre en Espagne les derniers restes de son parti. A Munda, il combattit une dernière fois contre son ancien général. Une fausse manoeuvre de sa part décida du sort de la journée. I quitta la ligne de bataille pour aller au secours du camp pompéien, menacé par Bogud, roi de Mauritanie. Les Pompéiens,prenant ce mouvement rétrograde pour une fuite, làchèrent pied, et la déroute devint générale. Labienus y périt, et sa tête fut portée à César. Ainsi finit le chef médiocre et ambitieux qui avait été un moment l'espoir du parti sénatorial. Il dut sa réputation plutôt aux circonstances qu'à son mérite. Tant qu'il se contenta d'être le lieutenant d'un grand capitaine, il parut digne de la première place; dès qu'il voulut agir par lui-même, il tomba au-dessous du second rang. On louerait sa fidélité à la cause républicaine si son dévouement avait été inspiré par l'amour du bien public, et non par sa haine contre César.

Y.

César, Belv. Gal., I, 10, 12, 21, 22, 54; V, 24, 53-58; VI, 7, 8; VII, 57-62; VIII, 23 25, 45, 52, Bell. Civ., I, 15; III, 13, 19, 71, 87. - Hirtius, Bel. Afr., 15-19, etc. - PseudoCésar, Bel. Hisp., 18, 31.- Cicéron, Pro Rab., 5, 7; Epis. ad Atticum, VII, 7, 11, 12, 13, 15, 16; VIII, 2; ad Fam., XIV, 14; XVI, 12; De Divin., I, 32. - Dion Cassius, XXXVII, 26, 27, 37; XL, 11, 31, 38, 43; XLI, 4; XLII, 10; XLIII, 2, 30, 38. - Suétone, Cæsar, 12, 13. Appien, Celtica, 3, 15, Bel. Civ., H, 95. Plutarque, Cæsar, 18. Cat. minor, 56. Frontin, Strat., II, 7. - Florus, IV, 2. LABIENUS (Quintus), général romain, fils du précédent, mis à mort en 39 avant J.-C. Il se joignit au parti de Brutus et de Cassius après le meurtre de César, en 44, et alla de leur part demander le secours d'Orodes roi des Parthes. La négociation traina en longueur, et avant qu'elle eût abouti à un résultat satisfaisant, Labienus reçut la nouvelle de la bataille de Philippes, en 42. Il résolut alors de rester chez les Parthes, mais les circonstances lui offrirent bientôt une occasion de venger sur les vainqueurs la défaite de son parti. Tandis qu'Octave était occupé à régler les affaires de l'Italie et à conduire la guerre contre Sextus Pompée, Antoine s'abandonnait tout entier à sa folle passion pour Cléopâtre. Labienus conseilla à Orodes de saisir le moment favorable et d'envahir les provinces romaines d'Asie. Le roi des Parthes y consentit, et confia à Labienus lui-même et à Pacorus une puissante armée, qui traversa l'Euphrate et pénétra en Syrie. Antoine avait confié la garde de cette province à d'anciens soldats de Brutus et de Cassius, qui résistèrent faiblement, et dont une partie passa même du côté de Labienus. Apamée et Antioche ouvrirent leurs portes aux vain.

queurs. Pacorus s'avança vers le sud jusqu'au midi de la Palestine, tandis que Labienus poursuivait jusqu'en Cilicie le lieutenant d'Antoine, Decidius Saxa, qui fut vaincu une seconde fois et tué. Le vainqueur se donna le titre d'imperator parthicus, que l'on lit sur ses médailles : c'était déclarer qu'il ne se regardait plus comme Romain. Ces événements finirent par tirer Antoine de son oisiveté, et il envoya au secours de l'Asie Mineure une armée commandée par Ventidius. Cet habile général se porta rapidement contre Labienus, qui se hâta de rétrograder sur la Syrie pour rejoindre Pacorus. Mais Vintidius empêcha la jonction des deux armées ennemies, et battit séparément les Parthes de Pacorus, qui s'enfuirent en Cilicie. Labienus, désespérant du succès, abandonna ses soldats, et tenta de gagner aussi la Cilicie sous un déguisement. Il tomba entre les mains de Demetrius, affranchi d'Octave, et fut mis à mort. Quintus Labienus avait la même arrogance, la même dureté que son père, et pas plus que lui il ne semble avoir été guidé par des motifs patriotiques (1)

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Y.

Dion Cassius, XLVIII, 24-26, 39, 40. -Tite Live, Epit. CXXVII. Florus, IV, 9. Velleius Paterculus, II, 78. Plutarque, Ant., 30, 33.- Appien, Bel. Civ., V, 65, 133. Justin, XLII 4.

LABIENUS (Titus), orateur et historien, fils ou frère du précédent, vivait au commencement de l'ère chrétienne. Il garda les sentiments et les haines de sa famille, et ne se réconcilia jamais avec le gouvernement impérial. Il ne laissa passer aucune occasion d'attaquer. Auguste et ses amis, ce qui lui valut le surnom de Rabienus. Sénèque l'Ancien, qui le représente comme un homme fort pauvre, d'un caractère abject et généralement haï, dit aussi qu'il possédait de grands talents oratoires. Labienus écrivit une histoire dont on ne connaît pas le sujet, mais qui devait se rapporter à des événements contemporains. Sénèque en entendit la lecture, et il remarque que l'auteur en passa une grande partie, parce que, disait-il, elle ne pouvait être lue avant sa mort. Malgré cette sage précaution, Labienus n'évita pas les délateurs, et le sénat déclara que ses écrits seraient brûlés. Décidé à ne pas survivre aux produits de son génie, il s'enferma dans le tombeau de ses ancêtres, et se donna la mort. On sait que cet événement eut lieu en l'an 12 de l'ère chrétienne. Trois discours seulemennt de Labienus sont mentionnés, savoir un discours pour Figulus, contre les héritiers d'Urbinia, qui furent défendus par Asinius Pollion; un discours contre A. Pollion, le même plaidoyer peut-être que le précédent; un discours contre Bathyllus, affranchi de Mæcène, qui fut défendu par Gallion. Caligula permit la lecture des écrits de Labienus, et de ceux de Cremutius Cor. dus et de Cassius Severus, qui avaient été également proscrits.

Y.

(1) Un LABIENUS fut compris dans la proscription des triumvirs, en 43 avant J.-C. On ignore à quel degré il était parent de Quintus Labienus et de son père.

Sénèque, Controv. V, p. 328-330, édit. Bipont. Suétore, Calig., 16.- Quintilien, 1, 5; IV, 1. Tacite, De Orat. De Chambort, Dissert. sur T. Labienus, dans les Mémoires de l'Acad. des Inscriptions, vol. X, p. 98. Westermann, Meyer, Oratorum Roman. Fragmenta. Gesch, der Römischen Beredtstamkeit. Weicher, De Cassio Parmensi, p. 319-324. - Bentley, Ad Hor. Serm., I, 3, 82.

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LA BILLARDIÈRE ( Jacques-Julien DE), voyageur et naturaliste français, né à Alençon, le 23 octobre 1755, mort à Paris, le 8 janvier 1834. Après de bonnes études, faites dans le collége de sa ville natale, il se rendit à Montpellier, où il suivit les cours de botanique de Gouan; il vint ensuite à Paris, et fut reçu docteur en médecine en 1780. « A compter de cette époque, dit M. Flourens, sa vie n'est plus qu'une suite, presque non interrompue, de voyages ou de recherches pour la botanique. » Un premier voyage le conduisit en Angleterre, où il étudia les riches collections recueillies, presque de tous les points du globe, par Banko, le compagnon de Cook. De retour en France, il gagna les Alpes, et sous la direction de Villars il parcourut les montagnes du Dauphiné, puis les Alpes piémontaises avec Bellardi et Balbi. En 1786 il reçut une mission du gouvernement français pour visiter la Palestine et la Syrie. Parti de Marseille, il séjourna quelque temps dans l'île de Chypre. Arrêté en Syrie par la peste et la guerre, il se borna à explorer le mont Liban. Il y trouva la fameuse forêt de cèdres réduite à une centaine d'arbres, recueillit des plantes, et fit des observations sur la culture et les mœurs des habitants druses et maronites. Il se livra aussi à des opérations de géométrie, et fixa la hauteur du sommet le plus élevé de cettè montagne célèbre (le Sannin) (1) à 1491 toises audessus de la mer. Le Liban, comme toutes les montagnes très-élevées, lui présenta tous les climats par ses diverses hauteurs, et par conséquent les productions les plus variées. Ces climats superposés lui donnèrent au bas de la montagne les productions des pays chauds, au milieu celles des pays tempérés, près du sommet celles des pays froids. « Le Liban, répète-t-il d'après les poëtes arabes, porte l'hiver sur sa tête, le printemps sur ses épaules, et l'automne dans son sein, pendant que l'été dort à ses pieds. La Billardière poussa ses courses jusqu'à Damas, et revint en visitant les îles de Candie, de Sardaigne, de Corse il en rapporta un grand nombre de plantes. A son retour, il commença la publication de ses travaux, classée par décades, sous le titre de: Icones Plantarum Syriæ rariorum descriptionibus et observationibus illustratæ; Paris, 1791, in-4° : les figures sont de Redouté. Ce travail, très-remarquable au point de vue de la gravure comme à celui de l'histoire naturelle, ne fut terminé qu'en 1812. Le 9 février 1791, l'Assemblée constituante décréta qu'une expédition serait faite pour la recherche de La Pérouse. Elle fut placée sous les ordres de

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(1) En arabe Tummel Mezereb.

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