menaça Ladislas VI d'appeler les Turcs à son secours s'il ne lui rendait pas son second fils, Mathias Corvin, que le roi détenait aussi, et rassembla ses partisans contre lui. Ladislas se réfugia d'abord à Vienne, ensuite en Pologne', où il attendait Madeleine, fille de Charles VII de France, qu'il devait épouser; mais il mourut subitement, âgé seulement de dix-sept ans. Comme il avait, à l'exemple de son père, poursuivi les hussites avec un grand acharnement, on soupçonna qu'il avait été empoisonné par des hommes de ce parti. Du règne de Ladislas date une des premières chroniques de Hongrie, écrite en magyar par Ladislas Bathory, en 1450; car jusque alors on avait toujours écrit en latin, et là comme ailleurs c'étaient les chants populaires, les hymnes guerriers qui avaient inauguré la litérature nationale. Mais la prose ne se forma qu'à l'époque des Hunyad. Quelques années après, en 1465, on vit paraître la première grammaire magyare, perdue aujourd'hui. Ch. R. LADISLAS VII, roi de Hongrie, né vers 1450, mort le 13 mars 1516. Il était le fils aîné de Casimir IV de Pologne, et avait déjà, en 1471, été nommé roi de Bohême, quand les électeurs de la diète hongroise de Kallos vinrent, en 1490, après des débats tumultueux, lui apporter sa nomination de roi de Pologne. Il la dut surtout à la reine douairière de Hongrie, veuve de Matthias Corvin, Béatrice d'Anjou, à qui il avait fait beaucoup d'avances et promis de l'épouser. Béatrice, qui avait partagé les travaux de son mari tendant à la civilisation des Hongrois, et fondé de ses propres deniers la célèbre école des mineurs de Schemnitz, dirigea les vues des électeurs sur Ladislas. Mais, une fois élu roi, ce dernier ne garda plus de ménagements avec la reine, et il épousa, en 1502, Anne de Foix, qui lui donna plusieurs enfants. L'élection de Ladislas coûta cher à la Hongrie : toutes les conquêtes de Matthias Corvin, tant en Pologne qu'en Autriche, furent perdues, car les princes de ces deux pays, compétiteurs de Ladislas VII au trône de Hongrie, lui avaient déclaré la guerre, et le roi avait dû en outre assurer à Maximilien Ier le droit de succession éventuel en cas qu'il mourût sans postérité (Traité de Presbourg, 23 novembre 1491). D'un autre côté, les nobles du royaume, surtout la puissante famille de Zapolski ou Zapolya, irrités de cet empiétement d'une puissance étrangère sur les droits des électeurs hongrois, extorquèrent à Ladislas VII de nombreux priviléges pour leur ordre ce dernier sut confirmer Étienne II Zapolya la dignité de palatin à titre héréditaire, et à son fils Jean II Zapolya 'le gouvernement de la Hongrie orientale et de la Transylvanie, également comme fief héréditaire. La naissance seule d'un fils mit le roi en état de résister avec succès aux exigences intérieures de Jean Zapolya, qui demandait l'éventualité de la succession royale avec la main de la fille de Ladislas VII. Pour prévenir toute nouvelle demande de ce genre de la part des barons récalcitrants, il fit, en 1507, nommer roi le fils qui venait de lui naître. Quant à la guerre contre les Turcs, les flottes coalisées de Ladislas, des Vénitiens, des Français, des Espagnols furent détruites par une tempête, ce qui força le roi à conclure avec Bajazet II la paix de Bude (20 août 1503). Mais lors d'une nouvelle croisade prêchée contre les Turcs en 1512, par le cardinal archevêque de Hongrie, patriarche latin titulaire de Constantinople, avec la permission du pape, soixante-dix mille paysans s'étaient enrôlés comme croisés. Comme plusieurs des seigneurs féodaux empêchèrent leurs serfs de s'y joindre, les chefs des croisés, Georges Dosa, de la nation de Szerlen, son frère nommé Geczo, et le bourgeois de Pesth Ambroise Szabérès, se jetèrent sur les propriétaires et renouvelèrent à cette occasion toutes les horreurs de la jacquerie. Après avoir battu le comte de Temasuras, Étienne Bathory, et fait périr au milieu d'atroces supplices l'évêque de Ganad, Nicolas Gkati, les jacques, avec leur chef Dosa, qui, aidé d'Antoine Hornsza, s'était fait proclamer roi, furent exterminés par Jean Zapolya. Dosa fut rôti tout vivant, et on força quelquesuns de ses amis, qu'on avait affamés, à couper sa chair rôtie en morceaux pour s'en nourrir. La révolte apaisée, la noblesse prit à la diète de Bude des mesures sévères contre les serfs (dont la dégradation, en Hongrie, date de cette néfaste époque); mais elle profita en même temps de cette circonstance pour enlever à la royauté ce qui lui restait de force. Éfienne Werboecz, jurisconsulte, publia alors le Tripartitum Juris regni Hungariæ; et dans ce recueil officiel, présenté à la même diète de Bude, et adopté par elle, en 1514, les droits de la couronne furent singulièrement restreints. En 1515 Ladislas signa la paix ( convention de Vienne) avec Maximilien Ier, qui était toujours son compétiteur au trône. Ladislas fiança son fils Louis avec Marie, petite-fille de l'empereur, tandis que Ferdinand, petit-fils de Maximilien, était fiancé avec Anne, fille de Ladislas; ce dernier assurait le trône de Hongrie à Ferdinand dans le cas où Louis viendrait à mourir sans postérité. Ce traité fut ratifié malgré la prétention des nobles. Ladislas VII mourut en 1516, au milieu de nouveaux efforts qu'il faisait pour relever les forces militaires de la nation, que Mathias Corvin avait portées à leur plus haut degré de développement par la création d'une armée permanente, avec plusieurs corps d'élite, et par le perfectionnement des armes à feu. Remarquons ici que c'est aux Bohémiens ou Zingari que la Hongrie dut le premier usage de ces nouvelles armes, et que ce fut Ladislas VII qui leur accorda beaucoup de priviléges. Ch. RUMELIN. Gebhardi, Geschichte von Ungarn, ↳ vol. Leizig, LADISLAS DE GARA, palatin de Hongrie et ban de Croatie, né vers 1386, mort vers 1466. Il était fils posthume de Nicolas de Gara, assassiné avant la naissance de Ladislas par Michel Horvath, ban de Croatie. Au milieu des troubles continuels dont la Hongrie était agitée, Ladislas fit toujours preuve de la plus grande habileté et d'un esprit politique. Il était partisan de Sigismond et chef du parti allemand, opposé au parti national des Hunyad qui repoussa les rois pris parmi les empereurs d'Allemagne. Ladislas avait contribué à l'élection des rois Sigismond, Albert II et Ladislas VI Posthume au trône de Hongrie, et Albert II l'avait récompensé en lui conférant le gouvernement de la Croatie et de l'Esclavonie, en 1439. En 1448, sous le règne de Ladislas VI, il devint palatin de Hongrie, et convoqua, en 1457, une diète à Bade, pour faire élire un nouveau roi, après la mort de Ladislas VI. Ladislas de Gara et son parti proclamèrent l'empereur Frédéric III; mais le parti national des Hunyad l'emporta, en faisant élire le second fils de Jean Hunyad, ancien régent du royaume, sous le nom de Matthias Corvin. Dès lors la carrière de Ladislas de Gara était close; il termina sa vie dans l'obscurité, retiré dans ses domaines, situés aux frontières de la Hongrie et du banat. Ch. R. LADISLAS DE HUNYAD, ban de Croatie, né vers 1427, mort en 1457. Fils aîné du célèbre régent de Hongrie Jean Hunyad, il prit part aux exploits glorieux de son père, et le banat de Croatie et l'Esclavonie furent sa récompense, en 1448. Mais la jalousie de Ladislas contre Ulric de Cillen, nommé lieutenant du roi en Hongrie en 1456, amena une de ces querelles si fréquentes entre les deux familles chefs des factions opposées. Ladislas tua le comte de Cillen, et le roi, n'osant pas punir ouverternent le meurtrier, parce qu'il redoutait la vengeance de cette puissante maison, l'attira à Bude, où il le fit décapiter (en 1457). Ce crime contribua puissamment à l'élection du second frère Matthias Corvin au trône royal, qui devait bientôt devenir vacant par la mort du roi Ladislas VI, car elle fit diminuer le nombre des adhérents du parti allemand; mais elle amena aussi une nouvelle invasion des Turcs. Ch. RUMELIN. Gebhardi, Geschichte von Ungarn, ↳ vol.; Leipzig, 1778, 1782. — Fessler, Geschichte von Ungarn; Leipzig, 1847, 1850. LADISLAS (Jean), roi des Bulgares, s'empara du trône après l'avoir souillé du sang de Gabriel, son cousin, en 1015, et mourut au mois de janvier 1018. Il était fils d'Aaron et frère du roi Samuel. En 1016 l'empereur Basile reprit le cours de ses conquêtes en Macédoine. Achride, l'une des principales villes du pays, tomba en NOUV. BIOGR. GÉNÉR. T. XXVIII. son pouvoir. Malgré les efforts de Ladislas, plusieurs autres places se rendirent aux Grecs ou furent prises d'assaut. Il fit cependant preuve de courage et d'habileté, et remporta dans cette campagne quelques avantages. Il périt au siége de Duras, après deux aus et cinq mois de règne. Ladislas laissait de sa femme Marie six fils et six filles. A la nouvelle de sa mort, Basile se rendit en Bulgarie pour recevoir la soumission de la reine et des grands du royaume, en 1019. Ibaze seul résista; mais il fut pris l'année suivante, et privé de la vue. La Bulgarie fut alors réduite en province de l'Empire. Les Bulgares commençaient à s'accoutumer au joug lorsqu'un aventurier, nommé Daléan, tenta de leur rendre leur liberté et leur nationalité (1037). Après quelques années de lutte et de succès divers il succomba lui-même (1041), et la Bulgarie continua d'être gouvernée par des ducs romains jusqu'au règne de Calo Pierre, en 1186. F.-X. T. Le Beau, Histoire du Bas-Empire, tom. X. — De Guignes, Histoire des Huns, tom. III.-Art de vérifier les dates, t. I et II. LADISLAS, rois de Servie. Voy. WLADISLAS. LA DIXMERIE (Nicolas BRICAIRE DE), littérateur français, né vers 1730, à La Motte d'Attencourt (Champagne), mort le 26 novembre 1791, à Paris. Venu de bonne heure dans cette ville, il s'occupa toute sa vie de travaux littéraires. «< On trouve, dit Sabatier, dans ses poésies de l'aisance et de la simplicité; ses contes sont moins agréables que ceux de Marmontel, mais ils sont plus moraux, plus variés, et annoncent une âme plus sensible. » On a de lui : L'Ile taciturne et l'Ile enjouée; Paris, 1759, in-12; — Le Livre d'Airain; ibid., 1759, in-12; Contes Philosophiques et Moraux; ibid., 1765, 2 vol. in-12; nouv. édit., augmentée, ibid., 1769, 3 vol. in-12; Les deux Ages du Goût et du Génie sous Louis XIV et sous Louis XV; ibid., 1769, in-8°, parallèle entre les dix-septième et dix-huitième siècles; les notes sont judicieuses et instructives; – Le Lutin; ibid., 1770, in-12; Le Sauvage de Taïti aux Français; ibid., 1770, in-12; — Toni et Clairette; ibid., 1773, 2 vol. in-12; réimpr. en 1797, avec un Discours sur l'Origine, les Progrès et les Genres des Romans ; Comète, conte en l'air; 1773, in-8°; — L'Espagne littéraire ; Paris, 1774, 4 vol. in-12; recueil d'un journal mensuel que Cubières-Palmezeaux, ami de l'auteur, fit reparaître avec des changements et additions de sa main, sous le titre : Lettres sur l'Espagne, ou essai sur les mœurs, les usages et la littérature de ce royaume; Paris, 1810, 2 vol. in-8°; Mme Fanny de Beauharnais y inséra à la fin une nouvelle et quelques pièces de vers; La Sibylle gauloise, ou la France telle qu'elle fut, telle qu'elle est, et telle à peu près qu'elle pourra être; Londres et Paris, 1775, in-8°; — Les Dangers d'un Premier Choix, ou lettres de Laure à Émilie; 21 - La 1777, 2 vol. in-12; La Haye et Paris, 1785, 3 part. in-12; Eloge de Voltaire; Genève, 1779, in-8°, prononcé dans une loge maçonnique; Dialogues des Morts, qui parurent d'abord dans Le Mercure; Eloge de Montaigne; Paris, 1781, in-8°; - Le Géant Isoire, sire de Montsouris ; ibid., 1788, 2 vol. in-12, etc. - La Dixmerie a eut aussi beaucoup de part à l'Origine des Arts de Goguet ainsi qu'à l'Avant-Coureur (1760-1773), feuille hebdomadaire, à l'Almanach des Muses et à d'autres recueils périodiques. Quelques contes de lui, d'une bonne facture, se trouvent dans le tome II du Recueil des meilleurs Contes en vers; Paris, 1784, in-8°. P. L-Y. Sabatier, Les Siècles Littéraires, t. II. Notice de Cubières en tête des Lettres sur l'Espagne. Quérard, La France Littéraire. - Viollet-Leduc, Biblioth. Poétique (suppl.). LADMIRAL (Jean), graveur hollandais, né à Leyde, en 1680. Il était d'une famille française protestante, que la révocation de l'édit de Nantes avait réduite à chercher un refuge à l'étranger. il apporta dans sa nouvelle patrie un grand talent comme graveur et l'art d'imprimer les estampes en diverses couleurs, art peu répandu alors. Le célèbre anatomiste Ruysch le chargea d'exécuter les planches dont il enrichissait ses ouvrages. C'est ainsi que Ladmiral représenta les diverses parties du corps humain fort habilement nuancées. Ces planches jouissent encore de l'estime des anatomistes et des amateurs. On a aussi de Ladmiral une Collection d'Insectes en vingt-cinq feuilles; 1756. Basan, Dict. des Graveurs. A. DE L. LADONNE (Etienne), poëte latin moderne, né à Autun, vivait dans le dix-septième siècle. Il laissa la réputation d'un bon avocat, et écrivit en vers alexandrins : Augustoduni, amplissimæ civitatis et Galliarum quondam facile prin-, cipis, Antiquitates; Autun, 1640, in-8°, avec des remarques assez amples en prose. Il mourut avant l'impression de cet ouvrage, qui fut édité par son frère, Jean Ladonne, chanoine d'Autun. K. Edme Thomas, Histoire d'Autun. LADORE (Jacques), théologien et poëte français, né en Touraine, dans la première moitié du dix-septième siècle. Après avoir obtenu le diplôme de docteur en théologie, il fut admis dans un couvent de minimes. Dans la suite il devint procureur général de l'ordre, et ses fonctions l'appelèrent à Rome, où il se trouvait encore en 1664. Étant revenu en France, il passait la Seine à Joigny, lorsqu'il tomba dans le fleuve et se noya. On ignore l'époque précise où eut lieu cet événement. Il a publié : Le Vol de l'Ame sur les autels; Paris, 1656, in-8°; Le Bonheur de la Fréquente Communion; ibid., 1658, in-8°; Digestum Sapientiæ Minimitanæ, sive de jure Minimorum; Rome, 1660, in-4°; Horatii christiani tripartitus in B. Francisci Salesii canonisationis inauguratione, fidei scilicet, spei et charitatis triumphus; Rome, 1662, in 4°. Ce dernier ouvrage, appelé ordinai. rement l'Horace chrétien, est un recueil d'odes latines ayant pour objet de célébrer chacune des vertus de François de Sales, dont la canonisation se préparait. K. Violet-Leduc, Bibliothèque Poétique. LADOUCETTE (Jean-Charles - François, baron DE), administrateur et littérateur français, né à Metz, le 4 octobre 1770, mort à Paris, le 19 mars 1848. Fils d'un chirurgien major des armées, le jeune Ladoucette fit de brillantes études au college de Nancy. Il terminait son droit dans cette ville lorsque les trois régiments qui formaient la garnison se révoltèrent et furent comprimés par l'énergie de M. de Bouillé (voir ce nom). Au milieu du feu, Ladoucette rejoignit la garde nationale de Metz; le lendemain il prononça l'oraison funèbre de M. de Vigneulle, lieutenantcolonel de ces volontaires. Son goût pour les belles-lettres se manifesta dès lors; il débuta par un Éloge au général Bouillé sur l'affaire de Nancy. Envoyé à Paris par son père, il fut adressé à Mercier, auteur du Tableau de Paris, qui était son parent. Les événements politiques l'engagèrent à aller parcourir la Suisse et l'Allemagne pour étudier le génie des productions littéraires d'outre Rhin. Rentré en France après le 18 brumaire, Ladoucette tourna ses vues vers la carrière administrative, et, sur la proposition deux fois présentée par le conseil général du département de la Seine, il fut, par arrêté du premier consul, daté du 23 germinal an x (13 avril 1802), nommé préfét des Hautes-Alpes. En prenant possession de sa préfecture, Ladoucette trouva le département en proie à la disette. Les grains avaient été gelés sur pied, les magasins étaient vides, l'argent rare et les chemins affreux. Au milieu de l'effroi général qu'inspirait cette situation pénible, Ladoucette résolut de profiter de la détresse même du pays pour conquérir une route qui allait à jamais lui ouvrir la fertile Italie. Il écrivit au général Jourdan, alors gouverneur du Piémont, et lui communiqua son projet de faire une route sur le mont Genèvre. Ladoucette travailla lui-même à cette route avec les habitants et les soldats de deux régiments, malgré l'opposition du directeur général des ponts et chaussées, qui le menaçait de destitution. Pour justifier sa témérité auprès du chef de l'État, il avança, sur ses propres fonds, vingt-cinq miile francs pour les premiers travaux, et appuya sa demande de raisons si importantes en faveur de la route qu'il venait d'entreprendre que courrier par courrier il, reçut les vingt-cinq mille francs avancés et successivement quinze ordonnances de dix mille francs chacune, avec ordre de faire dresser le projet de la route d'Espagne en Italie. Un obélisque ayant vingt mètres de hauteur, élevé sur un large plateau à 2,000 mètres au-dessus du niveau de la mer, fut consacré à l'empereur par le département des Hautes-Alpes (1). Par les soins' de Ladoucette, un bureau central de charité fut établi dans chaque chef-lieu de justice de paix, et dans chaque commune un bureau auxiliaire, pour régir, sous la surveillance de l'administration, les biens appartenant aux pauvres sous quelque nom et dénomination que ce puisse être. Il institua en outre cinquante greniers d'abondance, obtint du gouvernement le rétablissement des maisons hospitalières fondées, en 1340, sur le mont Genèvre, par Humbert, dernier dauphin, monastère servi par des religieux hospitaliers qui sonneraient la cloche soir et matin, surtout pendant les orages, pour ramener les voyageurs égarés et leur fournir les secours que réclamerait leur position. Il créa un cours d'accouchement destiné à mettre un terme aux accidents causés par l'ignorance des sages-femmes, fonda la Société d'Émulation des Hautes-Alpes, dont il fut le président, établit un musée central à Gap, s'occupa activement de l'amélioration de toutes les voies de communication, en fit ouvrir de nouvelles, fit construire des ponts, curer des rivières, encaisser des torrents, creuser des canaux, dessécher des marais, faire des plantations et des pépinières, et multiplia les écoles sur tous les points du département. C'est à lui que l'on doit l'établissement de la première maison centrale de détention, celle d'Embrun, où le règlement donné par lui est encore observé aujourd'hui. Le 31 mars 1809, Ladoucette fut nommé préfet de la Roër, où il rendit de grands services. Il administra ce département jusqu'en 1814, époque où il fut séparé de la France. A son retour de l'île d'Elbe, l'empereur lui confia la préfecture de la Moselle. Lorsqu'on apprit l'entrée de Louis XVIII à Paris, Ladoucette resta à son poste, modéra les esprits, et, maintenant l'harmonie entre les habitants des villes et des campagnes, il amena, sans secousse, le nouvel ordre de choses et publia une proclamation où il tint un langage plein de dignité. De retour à Paris, le 16 août 1815, il reçut les éloges du ministre de l'intérieur, qui lui offrit des récompenses qu'il refusa, comme il refusa plus tard la préfecture de l'Oise et autres propositions successivement renouvelées. En 1828 il fut porté pour la députation dans le grand collége de l'Aisne et dans le troisième collége de Paris; mais il ne fut élu député qu'en 1834, par l'arrondissement de Briey (Moselle). En qualité de président de plusieurs commissions, il a apporté de grandes lumières, fruit de ses longues études et (1) Lors de son inauguration, le 22 fructidor an xr, le prefet donna sur le mont Genèvre une fête brillante, et fit frapper une médaille avec cette inscription. Exergue: Le mont Genèvre ouvert, le 22 germinal an XII. 12 avril MDCCCIV; légende: J. C. F. Ladoucette, préfet, au nom du département des Hautes-Alpes. Au revers la médaille représente l'effigie de l'empereur, et porte pour légende: A Napoleon Bonaparte, l'empereur et le héros des Français. de son expérience. On a de lui comme écrivain : Helvétius à Voré, fait historique en un acte et en prose, représenté sur le théâtre des Amis des Arts et des Élèves de l'Opéra-Comique, le 19 messidor an vi; Philoclès, imitation de l'Agathon de Wieland, 2 vol. in-8°. Ladoucette dédia cette traduction libre à l'auteur allemand, qui lui dit : « Je ne l'eusse pas fait autrement, si je l'eusse écrit pour des Français ; » - Essai sur la Vieillesse, discours lu dans la séance de la Société d'Émulation des Hautes-Alpes, le 15 pluviôse an II;Rose et Noir, une nouvelle dite trèsancienne et une chinoise; 1801, in-12; Éloge funèbre du général Vallier La Peyrouse, lu à la séance du 15 vendémiaire an xn; Éloge du chevalier Bayard (manuscrit); Lettre écrite des eaux du Monestier, le 15 fructidor an XII, à son Excellence le ministre de l'intérieur, sur les Antiquités des HautesAlpes, et principalement sur celles de MonsSeleucus (Labátie-mont-Saléon ) ( annuaire du département des Hautes-Alpes, an xш, p. 198 à 204); Archéologie de Mons-Seleucus, ville romaine; Gap, 1806, in-4°; Voyage fait en 1813 et 1814 dans les pays entre Meuse et Rhin, suivi de notes; Paris, 1818, in-8°, avec eartes; Topographie, Histoire, Usage et Dialecte des Hautes-Alpes; Paris, 1820, in-8°, avec atlas; Notice sur la colonie agricole de Fredericks-Oord, en Hollande; 1822; Nouvelles, Contes, Apologies et Mélanges; 3 vol. in-12; Des Ubiens, de Colonia Agrippina, coup d'œil sur l'histoire de Cologne jusqu'à nos jours (recueil de la Société royale des Antiquaires de France, 1823, tom. IV, p. 507 à 527); — Le Troubadour, ou Guillaume et Marguerite; Paris, 1824, in-12; Robert et Léontine, histoire du seizième siècle; Paris, 1827, 3 vol. in-12; Fables en vers; Paris, 1827, in-18; quelques-unes de ces fables sont imitées de Pfeffel et de Lessing, de Richardson, etc. A. JADIN. Annuaire du Département des Hautes-Alpes pendant plusieurs années. Journal des Sciences Militaires, février 1828.- Biographie nouvelle des Contemporains, tom. X.- Biographie des Préfets, 1826. Recueil des Travaur de l'Académie de Metz, 1822. Germain Sarrut et Saint-Edme, Biographic des Nouveaux Départements. Bégin, Biographie de la Moselle. - Documents particuliers. *LADOUCETTE (Louis-Napoléon-LætitiaCharles DE), sénateur français, né à Gap (Hautes-Alpes), le 11 février 1809. Fils du précédent, il entra à l'école de cavalerie de Saumur en 1831, et servit comme sous-lieutenant dans le 5 régiment de dragons jusqu'en 1837, époque où il donna sa démission. Nommé, l'année suivante, anditeur au conseil d'État, M. de Ladoucette était maître des requêtes lorsque la révolution de Février éclata. Il se présenta aux élections de 1849, et fut élu à l'Assemblée législative par le département de la Moselle. M. de Ladoucette siégea d'abord parmi les républicains modérés, et vota constamment avec les amis de l'ordre. Il fut nommé membre de la commission consultative créée le 13 décembre 1851, et élevé à la dignité de sénateur par décret du 26 janvier 1852. Dans le courant de la session de 1854, M. de Ladoucette fit au Sénat une proposition tendant à présenter à l'empereur un rapport qui devait arrêter les bases d'un code rural. Cette proposition ayant été accueillie à l'unanimité, une commission de dix membres fut désignée pour élaborer ce travail. SICARD. Biographie des sept-cent-cinquante Représentants du peuple à l'Assemblée législative; Paris, 1849. Biographie des Membres du Sénat, etc.; Paris, 1852. L'Album de la Semaine, 2o année, page 76. LA DOUËSPE DE SAINT-OUEN (Louis DE), avocat au parlement de Normandie, né en 1660, mort en 1740. Il était très-versé dans les belleslettres, et fut un des premiers membres de l'Académie de Caen. On a de lui un poëme en quatre chants, imité du 4o livre de l'Énéide; Paris, 1738, in-8°. M. G. Mercure de novembre 1738. française, t. V. Goujet, Bibliothèque LADOWSKI ( Matthias-Marcien ), jurisconsulte polonais, né vers 1650, mort en 1710. Il fut archiviste de l'État, secrétaire du roi Jean Sobieski, et composa les ouvrages suivants : Inventaire des Constitutions de la couronne de Pologne de 1550 à 1683; Varsovie, 1685, in-fol. Cet ouvrage fut continué par JosephAndré Zaluski, Arnolphe Zegliçki et Théodore Waga, jusqu'à l'année 1782; Inventarium omnium et singulorum privilegiorum, litterarum, diplomatum, et monumentorum quæcumque in archivis regni in arce Cracoviensi continentur, per commissarios a S. R. M. et Respublica ad revidendum omnes scripturas in eodem Archivis existentes, deputatos confectum A. D. 1682, in-fol. LADOWSKI (Remie), naturaliste polonais, né en Wolhynie, en 1738, mort en 1798. Il entra dans la congrégation des Piaristes, et fut professeur au collège de Lukow. On a de lui: Grammaire géographique, ou nouveau système de géographie élémentaire pour les écoles pies; Varsovie, 1774, 2 vol. in-8°;- Des Abeilles, la manière de les élever, les multiplier et de les soigner dans leurs maladies; Varsovie, 1781, in-8°;- Histoire naturelle du royaume de Pologne, ou description, mise par ordre alphabétique, des animaux, des plantes et des minéraux qui se trouvent en Pologne et en Lithuanie, ainsi que dans les provinces démembrées, recueillie d'après les meilleurs auteurs; Cracovie, 1783, in-8°. La deuxième édition a été publiée en 2 vol. en 1804. Cet ouvrage a été traduit en allemand par Bokshammer; Dictionnaire d'Histoire Naturelle et d'autres curiosités de l'antiquité qui se trouvent réu nies dans plusieurs cabinets, traduit du français; Cracovie, 1783, 2 vol. in-8°; Œuvres de l'abbé Baudry, traduit du français, à l'usage de la jeunesse; Lublin, 1785, in-8°; Le Théatre de madame de Genlis, à l'usage de la jeunesse; Varsovie, 1787-1793, 5 vol. in-8°; Les Devoirs des gens d'illustre naissance; Lublin, 1788, in-8°; Description des iles Pelew, situées dans la partie occidentale de l'océan Pacifique, d'après les données du capitaine Wilson; Varsovie, 1792, 2 vol. in-8°. L. CH. Bielski, De Vita et Scriptorum Piaristarum. F. Bentkowski, Hist. de la Littérature polonaise, 1774. LADVOCAT - BILLIARD (Nicolas), prélat français, né à Paris, en 1620, mort à Boulognesur-Mer, le 14 avril 1681. Il prit la carrière ecclésiastique, fut reçu en Sorbonne le 24 décembre 1652, et devint chanoine de Notre-Dame et vicaire général du co-adjuteur de Paris, Albert de Gondi, cardinal de Retz, qu'il aida pendant plusieurs années dans ses intrigues politiques, dans l'administration de son diocèse et qu'il accompagna à Rome en 1675. En 1677 il obtint le siége épiscopal de Boulogne-sur-Mer. Il gouverna sagement son diocèse, où il fonda un séminaire et quelques établissements d'instruction et de charité. On a de lui: Vindicia Parthenicæ; Paris, 1670, 1772 : l'auteur y soutient que la sainte Vierge a été enlevée au ciel corporellement. C'est Ladvocat-Billiard qui a composé les premiers règlements utiles observés dans l'HỔtel-Dieu de Paris. A. L. L'abbé Ladvocat, Dict. Hist. port. Moréri, Le grand Dict. Hist. Richard et Giraud, Bibl. Sacrée. LADVOCAT (Jean-Baptiste), biographe et hébraïsant français, né à Vaucouleurs, diocèse de Toul, le 3 janvier 1709, mort à Paris, le 29 décembre 1765. Il était fils du juge royal des eaux et forêts et maire de Vaucouleurs. Il fit ses études à Pont-à-Mousson. Les jésuites cherchèrent à l'attacher à leur ordre; mais ses parents l'envoyèrent se perfectionner à Paris. Il y entra dans la société de Sorbonne. Reçu docteur en théologie, il fut bientôt après nommé curé de Domremy; la Sorbonne l'appela, en 1740, à une de ses chaires royales, et lui donna le titre de bibliothécaire en 1742. Le duc d'Orléans ayant, en 1751, fondé en Sorbonne une chaire pour l'hébreu, l'abbé Ladvocat en remplit les fonctions jusqu'à sa mort. On a de lui: Dictionnaire Géographique portatif, traduit de l'anglais, sur la 13e édition, Paris, 1747, 1750, in-8°; nouv. édition, augmentée, par Ch.-G. Le Clerc, Paris, 1779, in-8°; édit. par Fr.-X. de Feller, Liége, 1788, 1792, 2 vol. in-8°; édit. par L.-A. Fontenay, Paris, 1803, in-8°; autre par J.-P. Bérenger, Bâle, 1805, in-8°; Lyon, 1811, in-8°; édit. par Auguste L... (Ant.-J. Letrône), Paris, 1813, in-8°; édit. par Bosson de Collonges, Lyon, 1813; édit. par Morel, Paris, 1813, in-8°; édit. par Marchant de Beaumont, Paris, 1817, in-8°: cet ouvrage, publié sous le nom de |