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une forteresse, où il mourut, neuf ans plus tard, | qui se distinguèrent jusqu'à nos jours par leurs peut-être empoisonné.

Jean III, devenu roi, récompensa magnifiquement les grands auxquels il devait la couronne. La Gardie, chargé de tous les soins du couronnement, reçut le même jour (10 juillet 1569) le titre de chevalier (eques auratus). La guerre avait repris avec le Danemark. La Gardie, malheureux dans la campagne, fut dangereusement blessé et fait prisonnier. Après une assez longue captivité, il fut rendu à la liberté par la paix de 1571, et son maître Jean III lui conféra la dignité de baron d'Eckholm, avec de grands biens attachés à ce titre. La guerre ne remplit pas seule la vie de La Gardie. Le roi lui confia souvent des missions importantes. C'est ainsi qu'en 1572 il fut envoyé en ambassade auprès de quelques villes impériales, auprès de l'évêque de Munster, du comte d'Oost-Frise et du duc d'Albe. Il parut encore en la même qualité à la cour de Philippe II, roi d'Espagne, d'Henri de Béarn, roi de Navarre, et de Charles IX. A son retour, il fut chargé d'un commandement militaire dans la Livonie, et fit trois ans avec succès la guerre contre les Russes. De nouvelles négociations auprès de Rodolphe II, empereur d'Allemagne, donnèrent une haute idée de ses talents diplomatiques, et la mission qu'il remplit à Rome allait aboutir à des résultats favorables aux intérêts catholiques, lorsque la mort de la reine Catherine Jagellon, en 1583, vint mettre un terme aux négociations. Le jésuite Possevin, envoyé en Suède par le pape Grégoire XIII, reprit le chemin de l'Italie, et Jean III, qui craignait de voir se tourner contre lui les princes protestants d'Allemagne et les nobles suédois, chercha des appuis ailleurs qu'à Rome.

Pontus de La Gardie, rappelé après dix-neuf mois d'absence, épousa la fille naturelle du roi, Sophie Gyllenhjelm, et peu après reçut le commandement suprême des troupes contre les Moscovites. Il reprit en peu de temps tout ce qu'avaient perdu les Suédois en Livonie; ensuite il porta la guerre sur le territoire ennemi, prit Narva d'assaut, conquit l'Ingrie, étendit ses conquêtes dans l'ancienne Russie, et inspira par ses victoires une si grande terreur aux Russes qu'ils instituèrent des prières pour demander au ciel qu'il les préservât d'un si terrible ennemi. Nommé gouverneur d'Ingrie et de Livonie, La Gardie imposa aux Russes une paix de trois années, et songea ensuite à réparer dans son gouvernement les maux de la guerre. Ce brillant aventurier jouit peu de sa fortune. A la suite d'une conférence avec les Russes, il s'embarqua pour Narva; 'le vaisseau qui le portait fit naufrage, et La Gardie se noya en vue du port, avec vingt personnes de sa suite; il fut enterré à Revel, où quatre ans plus tard on lui éleva un tombeau en marbre.

Ce grand homme de guerre laissait trois enfants, une fille et deux fils. L'aîné, Jean, n'eut que des filles; mais le second, Jacques DE LA GARDIE, fut la tige de ces brillants seigneurs

services militaires et par la protection qu'ils ac. cordèrent aux lettres et aux arts.

La branche établie en France s'éteignit rapidement. Les deux frères de Pontus eurent de la postérité; mais depuis Olivier de La Gardie, mort en 1620, juge maje au présidial de Carcassonne, on ne trouve plus de traces de cette famille: elle n'existait plus à la fin du dix-septième siècle. Ed. SÉNEMAUD.

'Bayle, Dict. Hist. et Crit., 4e édit., 1720, t. II, in-fol. Oiernheim, In vita P. Gardii, ap. Bayle. Moréri, Dict. Hist, Mezeray, Hist. de Fr., t. XIII, de l'édit. in-8°, p. 473-75.- Florimond de Remond, Hist. de la Naiss., etc., de l'Hérésie, in-49; 1605, liv. HI, fol. 385-336. - Le P. Maimbourg, Hist. du Luther., t. II, in-12, édit. 1682, p. 39699. De Thou, Hist. Univ., t. IX, de la trad. fr. in-4°, liv. 83, édit. de Londres (Paris), 1734. - Art de vérifier les dates, édit. in-8°, L. VIII de la partie moderne, p. 229 et 308.- Erik Geyer, Hist. de Suède. Ed. Sénemaud, Biographie de La Gardie, t. Ier, in-8°, des Mém. de la Société des Arts et des Sc. de Carcassonne, 1849, p. 27-47.

LA GARDIE (Jacques, comte DE), général suédois, fils du précédent, né en 1583, mort en 1652, fut investi en 1609 d'un commandement militaire important, alors qu'il n'avait pas encore trente ans, et prouva qu'il avait hérité des talents de son père. Ses succès contre les Polonais et les Russes illustrèrent les dernières années de Charles IX. Il conserva sa faveur sous Gustave-Adolphe. Au retour de ses campagnes de Russie, revêtu du prestige de la gloire et dans la force de l'âge, il vit chez la reine douairière Catherine, la belle Ebbé Brahé, qui aurait pu monter sur le trône de Suède. Il demanda sa main, et l'obtint. Créé comte et membre du sénat, il fut l'un des dix sénateurs chargés de l'administration du royaume lorsque le roi passa en Allemagne pour s'engager dans la guerre de Trente Ans. Nommé grand-connétable et président du conseil de guerre, il mourut après avoir fourni une glorieuse carrière. Ses trois fils Magnus-Gabriel, Jacques - Casimir et PontusFrédéric, marquèrent dans les fastes militaires de la Suède. Ed. S.

LA GARDIE (Magnus-Gabriel DE), comte D'AVENSBOURG, né en 1622, mort en 1686. Il commença sa carrière en 1644, comme colonel des gardes. En 1645 il fut envoyé en ambassade en France, reçut en dotation Magnushof, et fut élevé au grade de colonel des gardes du corps. En 1647, la reine Christine le nomma membre du sénat et du collège de la guerre. Envoyé comme lieutenant général en Allemagne, il reçut à son retour, en 1648, le gouvernement général de la Livonie. Longtemps il empêcha la reine d'abdiquer. Disgracié en 1654, sous Charles-Gustave, il rentra un an après en faveur, fut nommé ambassadeur en Pologne en 1658, devint chancelier du royaume, premier ministre de Charles XI, et mourut en laissant sept enfants de sa femme Marie-Euphrosine, sœur du roi Charles-Gustave.

Son frère (Jacques-Casimir DE), tué en 1657, devint successivement conseiller d'État et lieutenant général d'infanterie. Il se signala dans

la guerre de Pologne, et conquit à la Suède Vilna en Lithuanie. En 1656 il se trouva au blocus de Marienbourg, en Prusse, et à la bataille de Varsovie. En 1657 il reçut le commandement de l'armée suédoise dans la guerre de Pologne, et fut tué, dans le mois d'octobre de la même année, au siége de Copenhague, d'un coup de canon tiré d'une frégate danoise. Il avait épousé Ebbé Sparre.

Son frère Pontus-Frédéric, mort en 1693, se trouva au siége de Cracovie en 1656. L'année suivante il se signala contre les Russes. Il occupa, dans la suite, de hauts emplois, et mourut à Stockholm. Ed. S.

Biographie de La Gardie, t. I.

LAGARTO (Frey Pedro), prélat et théologien portugais, né à Setuval, vers 1524, mort le 28 juillet 1590. Il entradès 1540 chez les solitaires d'Arrabida, qui vivaient sous la règle de SaintFrançois, étudia la théologie à Salamanque, et fut éln, en 1576, provincial de la, province d'Arrabida. On a de lui: Summa utilis. omnium notabilium, quæ in postilla Hugonis cardinalis super utrumque Testamentum continentur. On a un portrait de F. P. Lagarto à la bibliothèque publique de Lisbonne. F. D.

J, Barbosa Canaes de Figueiredo Castello Branco, Estudos Biographicos, ou Noticia das pessoas retratadas nos quadros historicos pertencentes a bibliotheca nacional de Lisboa, Lisbonne, F. A. da Sylva, 1854, in-4°.

LA GASCA (Pedro DE), homme politique espagnol, né en juin 1485, à Barco de Avila (Castille), mort le 20 août 1560, à Palencia. Appartenant à une famille noble qui prétendait descendre des Romains, il commença ses études au séminaire d'Alcala de Heriarès, et les acheva à l'université de Salamanque, qui lui conféra le grade de docteur en théclogie. Ordonné prêtre, il eut la direction d'affaires importantes, fit maintes fois prévaloir les intérêts de la religion, et fut même appelé, malgré sa jeunesse, à siéger au conseil de l'inquisition. Ce fut pour ce motif qu'il fut délégué, vers 1540, à. Valence, afin d'arrêter les progrès d'une hérésie singulière; pendant les deux années qu'il fut employé à cette tâche difficile, il montra tant de capacité que les cortès, assemblées à Monson, le désignèrent pour remplir les fonctions de visitaclor. Un de ses premiers soins fut de mettre les cistes en état de défense contre

cier La Gasca à sa juste valeur, le satisfit sur ces deux points, et l'on vit alors ce spectacle étrange dans l'aristocratique Espagne, d'un simple licencié revêtu d'une plus grande autorité qu'un vice-roi et n'ayant pour tout titre que celui de président de l'audience royale. Ainsi La Gasca avait le droit de faire la paix et la guerre, de lever des troupes, de nommer et de révoquer les fonctionnaires de l'ordre le plus élevé, et de gracier même ceux qui s'étaient révoltés contre leur souverain. Il s'embarqua le 26 mai 1540 à SanLucar avec une suite peu nombreuse, dont faisait partie, d'après ses instances, Alonso de Alvaredo, qui avait exercé un commandement sous Francisco Pizarre. Lorsqu'il arriva (juillet), le vice-roi de Pérou, Nuñez, venait d'être tué à la bataille d'Anaquito, dont le gain livrait le pays à Gonçalo Pizarre. Agissant avec sa prudence accoutumée, La Gasca essaya d'abord de fléchir l'orgueil du vainqueur, qui accueillit ses tentatives de conciliation avec dédain; mais il réussit à détacher de son parti Alonso Alvarez de Hinojosa, commandant de la flotte rebelle, et par l'influence duquel un grand nombre de soldats et de colons rentrèrent sous l'autorité royale. Pais, avec vingt-deux bâtiments et cinq cents partisans, il passa de Panama à Puerto-Viejo, se dirigea par terre sur Tumbez, et, traversant la vallée de Xauxa, chercha à joindre le fidèle Centeño. Ce dernier ayant été battu par Pizarre, La Gasca, dont la petite armée s'élevait à seize cents hommes, alla prendre ses quartiers d'hiver dans la province d'Andaguaylas ( décembre 1547), où vinrent le trouver Alonso de Alvarado et Pedro Valdivia, le futur conquérant du Chili. Après avoir préparé son plan de campagne, il traversa l'Apurimac, et s'arrêta dans la vallée de Sacsahuana. Le 9 avril 1548, il alla au-devant de Pizarre, dui offrit la bataille, et la gagna; les excelentes dispositions de ce vaillant capitaine échouèrent contre celles d'un prêtre de chétive apparence et « qui n'avait pour armes, disait-il lui-même en quittant l'Espagne, que sa prudence et son bréviaire. » Établi enfin à Cuzco, où la reconnaissance du peuple lui décerna les beaux surnoms de Padre restaurador y Pacificador, il s'occupa de la colonisation,, fit res

l'irruption, toujours à craindre, des pirates algé-pecter les droits acquis par les Indiens, et versa

riens. Cet acte de prévoyance, qui ne fut le prétexte d'aucun impôt, suffit pour empêcher le débarquement de, Khaïr-ed-Din, le second des Barberousse, qua'aurait peut-être favorisé un nouveau soulèvement des Morisques.

Lorsque les luttes orageuses excitées par l'ambition de Gonçalo Pizarre et l'incapacité du viceroi Blasco Nuñez firent comprendre la nécessité d'envoyer au Péron un pacificateur aussi ferme qu'habile, le conseil jeta les yeux sur La Gasca. Mais ce dernier n'accepta cette mission qu'à la double condition qu'elle serait gratuite et qu'il aurait les pouvoirs les plus étendus. Malgré l'avis de ses conseillers, Charles Quint, qui avait su appré

dans le trésor royal cent quarante mille ducats.

De retour en Espagne au commencement de 1550, La Gasca reçut, en récompense de tant de services désintéressés, le riche évêché de Siguenza, d'où il passa plus tard à celui de Palencia. Peu de temps avant sa mort, il se rendit, en compagnie de la reine de France, au couvent de Yuste, et eut un dernier entretien avec Charles Quint. F.D.

Gonzalez d'Avila, Teatro ecclesiastico de la Primitiva Iglesia de las Indias occidentales; 1655, in-fol. - Cieça de Leon, La Cronica del Peru; Anvers, 1554, in 8o. — Prescott, History of the Conquest of Peru.

LAGERBRING (Siven-Bring ), historien suédois, né en 1707, mort à Lund, le 5 décembre

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Sammandrag af Suea Rikes historia (Abrégé de l'histoire de Suède); Stockholm, 1775, in-8°, 3e édition, considérablement augmentée; ibid., 1790. Cet ouvrage a été traduit en français; Paris, 1788, in-12; De Territorio Skyttiano; Stockholm, 1799, etc. R. L.

Rotermund, Supplément à Jöcher.

LAGERLOEFF (Pierre), archéologue suédois, né le 4 novembre 1648, à Wermeland, mort à Upsal, le 7 janvier 1699. Après avoir terminé ses études, il parcourut, en société du baron de Flemming, le Danemark, la Hollande, l'Angleterre, la France et l'Allemagne. De retour en sa patrie, il devint professeur d'éloquence à l'université d'Upsal et historiographe du roi de Suède. On a de lui: Historia Linguæ Græcæ; Upsal, 1685; – De Ludis Olympicis ; ibid., 1688; De Antiquitate et Situ Gentis Suionica; ibid., 1689; De Gallorum veteribus Druidibus; ibid., 1689; De Fatis Imperiorum; ibid., 1691;

-

De Nobilitate Romana; ibid., 1692; De Usurpatione Pontificum Romanorum in Principes seculares; ibid., 1692; - Observationes in Linguam Suecanam; ibid., 1694; - De Inclinatione Linguæ in Italiam; ibid., 1695; De magno Sinarum Imperio; ibid., 1697; De Vandalorum in Africa Imperio; ibid., 1697; De Philosophia Epicuræa; ibid., 1697; De veris et antiquis Gothicæ Gentis Sedibus asserendis; Upsal, 1709, etc. R. L.

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Jöcher, Algem. Gelehrten-Lexikon. — Rotermund, Supplément à Jocher.

LAGHI (Antonio-Bonaventura), architecte italien, né à Bologne, en 1676, mort en 1756. Il travailla à Rome pour plusieurs papes, et on voit encore de lui à Bologne le bel escalier du palais Caprara, la façade du palais Ercolani, qu'il restaura entièrement, et la petite église de SantaMaria-di-Porta, qu'il construisit au pied de la tour penchée, La Girasenda. E. B-N. Malvasia, Pitture, etc., di Bologna. Memorie originali di Belle Arti.

M.-A. Gualandi,

LA GIBONAYS (Jean-Arthur DE), jurisconsulte français, né en 1649, à Saint-Malo, mort en janvier 1728, à Paris. Après avoir pris le degré de bachelier en théologie, il se livra à l'étude de la jurisprudence, et devint doyen de la chambre des comptes au parlement de Bretagne. On a de lui quelques ouvrages qui dénotent à la fois un moraliste chrétien et un magistrat éclairé : De l'Usure, Interest et Profit que l'on tire du Prest, ou l'ancienne Doctrine sur le prest usuraire opposée aux nouvelles opinions;

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Paris, 1710, in-12, où il réfute les maximes trop favorables à l'usure émises par René de La Bigotière; - Maximes pour conserver l'union dans les compagnies; Nantes, 1714, in-8°; Recueil des Édits, ordonnances et règlements concernant les fonctions ordinaires de la Chambre des Comptes de Bretagne, tirés des titres originaux qui sont un dépôt de ladite chambre; Nantes, 1721, 2 vol. in-folio (1); Succession chronologique des ducs de Bretagne, avec quelques observations et faits principaux; Nantes, 1723, édition séparée d'un traité curieux inséré à la fin du précédent ouK. vrage.

Guimar, Annales Nantaises. - Biographie Malouine. - Miorcec de Kerdanet, Les Écrivains de la Bretagne. LA GISELIÈRĖ (DE), auteur dramatique français, né à Angers, vivait dans la première moitié du dix-septième siècle. Sa carrière est peu connue; il ne doit l'honneur d'avoir échappé à un oubli absolu qu'à sa tragédie d'Hippolyte; Paris, 1635; elle eut un grand succès, et n'en était pas tout à fait indigne. On trouve en tête, entre autres morceaux assez remarquables, une pièce laudative en vers, signée P. Corneille, et qui avait échappé aux éditeurs de l'immortel auteur du Cid. M. Paul Lacroix l'a réimprimée, en faisant observer que Racine connaissait évidemment cet Hippolyte. En effet ce grand poëte, en écrivant Phèdre, lui a pris quelques vers, notamment dans le récit des derniers moments du fils de Thésée. Quelques exemplaires d'Hippolyle sont accompagnés de quatorze pages contenant Autres Œuvres poétiques, qui ne méritent pas qu'on s'y arrête. G. B.

Bibliothèque du Théâtre-Français, t. II, p. 520-526.Paul Lacroix, Catalogue de la Bibliothèque Dramatique de M. de Soleinne, t. I, p. 243, et supplément, p. 37.

LAGNIET (Jacques), graveur français du dix-septième siècle. On manque de renseignements sur sa vie; il paraît seulement qu'il faisait le commerce des estampes. Ses productions, devenues rares, sont très-recherchées dans les ventes. «< Elles manquent de délicatesse et de fini, dit M. G. Brunet; mais une espèce de verve brutale et caustique, une franche gaîté, la reproduction des allures et des habitudes populaires de l'époque, tels sont les titres qui recom. mandent avec raison l'œuvre de cet artiste. » Son ouvrage le plus important a pour titre : Recueil des plus illustres proverbes mis en lumière, divisés en trois livres : le premier contient les proverbes moraux; le second les proverbes joyeux; le troisième représente la vie des gueux en proverbes ; Paris, 1657, in-4o; ce sont des estampes offrant différents sujets expliqués par des proverbes. Le nombre de planches varie dans les différents exemplaires que l'on possède, et qui ont tous été formés pièce à pièce : l'exemplaire du duc de La Val

(1)« Messieurs de la chambre, dit Guimar, n'épar gnèrent ni soins ni argent pour le retirer du commerce.

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lière contenait 267 planches; celui de Simon 241, celui de Méon 314. Ces exemplaires contiennent une partie distincte qui a pour titre : La Vie de Tiel Wlespiegle, natif de Saxe, patron des matois, moralisée en proverbes instructifs et divertissants; Paris, 1663, 35 pièces dans l'exemplaire de La Vallière, 36 dans celui de Méon. On a encore de Lagniet : L'Esbattement moral des Animaux, 25 pièces; - Les Adventures du fameux Don Quixote de la Manche, 38 pièces;

- Les Aventures de Buscon, 12 pièces. Il a gravé en outre des sujets badins et des caricatures populaires, qu'il serait difficile de réunir aujourd'hui. Méon en avait rassemblé un bon nombre dans une collection de 504 pièces reliées en deux volumes, qui après la mort de ce bibliophile appartinrent successivement à Morel de Vindé, Bourdillon, Delessert, puis passèrent en Angleterre. Ils avaient été payés 122 fr. à la vente publique de la bibliothèque de Méon en 1804; ils ont monté plus tard à 400 et 500 francs, et enfin à 35 livres sterling (875 francs) en 1849. J. V.

G. Brunet, Dict. de la Convers., supplément.

LAGNY ( Thomas FANTET DE), mathématicien français, né à Lyon, en 1660, mort à Paris, le 12 avril 1734. Il était fils de Pierre FANTET (1), secrétaire du roi à la chancellerie de Grenoble, et de Jeanne d'Azy, fille d'un docteur en médecine de Montpellier. Dirigé dans ses premières études par un oncle paternel, il les continua chez les jésuites de Lyon, où il fut toujours le premier de sa classe. Cependant, s'il se maintint dans ce rang, il ne le dut qu'à son extrême facilité; car il ne s'occupait guère des belles-lettres, objet de l'enseignement des Pères, que pour remplir ses devoirs, et il consacrait tous ses instants de liberté à la géométrie et à l'algèbre, dont le goût s'était spontanément manifesté chez lui, et qu'il étudiait sans autre secours que celui de quelques livres. Sa famille le destinait à la jurisprudence; il alla donc faire trois années de droit à Toulouse. Mais il préféra continuer à se livrer aux mathématiques, et dans ce but il vint à Paris. Il commença par publier quelques travaux dans le Journal des Savants. L'un des plus remarquables est celui qu'il donna dans le numéro du 14 mai 1691, et qu'il fit réimprimer, l'année suivante, sous ce titre Méthode nouvelle infiniment générale et infiniment abrégée pour l'extraction des racines quarrées, cubiques, etc., et pour l'approximation des mêmes racines à l'infini dans toutes sortes d'égalités, proposée à examiner aux mathématiciens de l'Europe; Paris, 1692, in-4°. Cette méthode est certainement ingé. nieuse; mais Lagny se vante en disant : « Je ne crains point d'assurer qu'on n'a jamais fait dans la science des nombres de découverte ni plus

(1) Thomas Fantet prit sans doute le nom de Lagny d'une terre qu'il acquit. L'opuscule qu'il fit paraitre en 1703 sous ce titre La Cubature de la Sphère, etc., porte simplement : par Thomas FANTET, Lionnois.

belle dans la théorie, ni à beaucoup près si utile dans la pratique. » Ces paroles semblent en contradiction avec la réputation de modestie que des biographes ont faite à leur auteur.

Lagny entra à l'Académie en 1695. En 1697 l'abbé Bignon le fit nommer professeur royal d'hydrographie à Rochefort. Il aspirait vivement à revenir à Paris. Ce ne fut qu'en 1716 que ses vœux furent remplis : le duc d'Orléans l'appela à la Banque générale pour y occuper les fonctions de directeur, qu'il remplit avec un zèle intègre jusqu'à la chute de cette institution. II était aussi membre de la Société royale de Londres et conservateur de la Bibliothèque du Roi. C'est de lui que l'on raconte qu'étant à ses derniers moments et presque entièrement privé de sentiment, quelqu'un (Maupertuis, dit-on) s'approcha de son lit et lui demanda rapidernent quel était le carré de 12; le moribond répondit immédiatement 144, et expira quelques instants après.

Parmi les ouvrages de Lagny, nous citerons Nouveaux Éléments d'Arithmétique et d'Algèbre, ou introduction aux mathématiques; Paris, 1697, in-12: livre qui renferme quelques considérations originales sur les numérations, mais sans grande valeur pratique;

· La Cubature de la Sphère, où l'on démontre une infinité de portions de sphère égales à des pyramides rectilignes ; La Rochelle, 1703, in-12; Arithmétique nouvelle; Rochefort, 1703, in-4° : où Lagny se rencontre avec Leibnitz dans l'idée d'une arithmétique binaire; Analyse générale des méthodes nouvelles pour résoudre les problèmes; Paris, 1733, in-4°. Lagny s'occupa, sans grand succès, de la résolution générale des équations; ses travaux sur ce sujet sont consignés dans les anciens Mémoires de l'Académie des Sciences avant 1699 et dans ceux des années 1705, 1706 et 1710. E. M.

Fontenelle, Éloge de M. de Lagny. -A. S. de Montferrier, Dictionnairé des Sciences Mathématiques pures et appliquées.

LAGOMARSINI (Jérôme), célèbre humaniste italien, né le 30 septembre 1698, à PortSainte-Marie (Espagne), mort à Rome, le 18 mai 1773. En 1708, après la mort de son père, négociant génois, qui était allé s'établir en Espagne, Lagomarsini vint en Italie, et commença ses études au collége des jésuites à Prato en Toscane. Entré dans la Société à l'âge de quinze ans, il fut, en 1721, chargé d'enseigner la rhétorique au collège d'Arezzo. Quatre ans après il alla compléter ses études de théologie à Rome, et revint ensuite reprendre ses fonctions à Arezzo. En 1732 il fut appelé à la chaire de rhétorique au collège de Florence. L'étude approfondie qu'il avait faite des classiques latins, et surtout de Cicéron, le mit à même de former d'excellents élèves. Éloigné de tout pédantisme, il cherchait surtout, dit Fabroni, ut discipuli non tam humanas a scholis litteras quam humanitatem referrent. Tout le temps

qu'il pouvait dérober à ses occupations, il le consacrait à préparer une nouvelle édition de Cicéron; et il obtint en 1744 d'être déchargé de ses fonctions de professeur pour pouvoir se livrer entièrement à ce travail. Mais en voulant y apporter par trop de soin, en recherchant de tous côtés les moindres variantes des écrits de son auteur favori, il ne parvint à publier que le discours In Pisonem. En 1751 il fut appelé à Rome pour y enseigner le grec au Collegium Gregorianum, emploi qu'il remplit jusqu'à la fin de sa vie. Selon Creuzer l'un des meilleurs

juges en matière de philologie, Lagomarsini fut un des latinistes les plus consommés des temps modernes; n'ignorant aucune des finesses de l'idiome latin, il fit preuve, dans les quelques discussions littéraires auxquelles il fut mêlé, de la plus grande habileté à -manier l'ironie sans jamais sortir des bornes des convenances. Pour lui-même il ne rechercha jamais la renommée, mais il aimait à voir glorifier son ordre, et il s'attacha à recueillir tous les témoignages émis en faveur des jésuites par les hommes les plus distingués. On a de lui: Risposta di Golmario Marsiliano a una scrittura critica; Trévise, 1723; Vita di S. Fernano, abbate dell' ordine di S. Benedetto; Lucques, 1726; Ad Facciolatum Epistola, qua quid in M. T. Ciceronis contra Pisonem Oratione interciderit demonstratur; Florence, 1733; se trouve aussi à la suite des Orationes de Lagomarsini;- M. T. Ciceronis Oratio in Pisonem, cum variis lectionibus codicum Florentinorum et priorum editionum; Venise, 1741;- Orationes; Milan, 1746, in-8°; la sixième édition parut à Rome, 1753;- Graziani De Scriptis invita Minerva, cum notis ; Florence, 1746, 2 vol. in-4° ; · Julii Poggiani, Senensis, Epistolæ et Orationes, notis illustrata; Rome, 1756-1762, 4 vol. in-4°; les nombreuses et excellentes notes de Lagomarsini ont rendu cet ouvrage très-précieux; on y trouve des détails très-intéressants sur le concile de Trente; De Fontium Origine carmen; Venise, 1749; Epistola ad Amicum, in qua judicium fertur de aliquot locis operis inscripti: Noctium Sarmaticarum Vigiliæ; Bologne, 1753, in-8°: satire amusante, dirigée contre Noceti, Francisconius et Micolius; Januensis Romæ traductæ Ratio, elegia: cet agréable poëme sur la loterie parut dans le tome XII de la Collectio Calogerana; • Lettera al marchese Scip. Maffei in lode della sua tragedia la Meropa, dans le tome XIV de la Storia Letteraria d'Italia; Epistola ad cardinalem Quirinum de Dionis Cassii loco de quo M. Reimaro cum Scip. Maffeio non conveniebat, dans le même volume. On a longtemps attribué à Lagomarsini plusieurs écrits satiriques dirigés contre le P. Lami; mais il est établi aujourd'hui que ces écrits avaient pour principal auteur le P. Cordara, et que Lagomar

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sini n'y collabora que pour une faible part; Lagomarsini a laissé en manuscrit des matériaux considérables pour une nouvelle édition de Cicéron; vingt volumes de lettres échangées avec les érudits les plus renommés de son temps, et quinze volumes, où il avait transcrit les louanges accordées à l'ordre des Jésuites depuis sa fondation. E. G. Fabroni, Vitæ Italorum, t. XVIII, p. 146. — Lombardi, Storia della Lett. Italiana nel secolo XVIII, t. IV, p. 39. LAGOS (Vicente-Rodriguez DE), navigateur portugais, né au seizième siècle, mort au dixseptième siècle. Né dans Lagos, au royaume des Algarves, il se voua, comme la plupart de ses compatriotes, à la mer. Il avait fait de fréquents voyages aux Indes orientales, et il était pilote des navires du roi; il est auteur d'un livre intitulé: Navegação de Lisboa ás Indias e carreira da navegação de Cochim à Portugal. Hugues de Linschoten s'est singulièrement servi de ce travail pour son livre de l'histoire de la navigation aux Indes orientales (1619). F. D.

Barbosa Machado, Bibliotheca Lusitana. LA GRANGE (Claude DE), historien français, né dans la première moitié du seizième siècle. On n'a aucun renseignement sur sa vie; il était protestant, et se nommait en latin Grangæus. On a de lui: Libri III de secundo Bello civili ab anno 1563; Montauban, 1569, in-8"; — Comment. de Bello Melitensi a Solymanno gesto; ibid., 1582, in-4°; - Discours du siége de Villemar en Languedoc et de la deffaicte et mort du mareschal de Joyeuse, inséré dans les Mémoires de la Ligue. On lui attribue encore les trois livres suivants : Réplique du tiers estat du Dauphiné à la défense de la noblesse; in-4°; La juste Plainte et Remonstrance faicte au roy par le pauvre peuple du Dauphiné; Lyon, 1597, in-8°; ponse et Salvations des gens du tiers estat du Dauphiné; Paris, 1599, in-4°. P. L-Y.

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Haag frères, La France Protestante, t. VI. — Adelung, Supplem. à Jocher.

LA GRANGE (Guillaume DE), littérateur français, né à Sarlat (Dordogne), vivait en 1576. Tout ce qu'on sait de lui, c'est qu'il gagna plusieurs prix aux Jeux Floraux. Il a laissé Didon, tragédie en cinq actes; Lyon, 1582: imprimée par les soins de Barthélemy Balliste, viguier de Narbonne, de Marcellin Guyeton, élu de Lyon, et de Rigaud, libraire en la même ville. Les éditeurs déclarent « cette tragédie profitable à tous, tant pour l'agrément que pour la gravité des vers et sentences y débités ». Il suffit, pour faire comprendre leur goût, de citer quelques vers de la scène dans laquelle Didon reproche à Énée de préméditer une fuite sans motifs; Didon s'écrie : Au moins puisque joué j'ai inon honneur et moy, Si avant ton départ j'étois grosse de toy Ou si, ayant desia Lucine réclamée, Tu me laissois ici quelque petit Énée, Qui te représentast, de face seulement, Je pourrois, plus constante, endurer ce tourment; Et par le grand malheur de ta fuite obstinée, Je ne semblerois point du tout abandonnée!..

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