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IV.

ans, ce qui fut fingulier en fa perfonne. C'étoit lui qui avoit condamné Jefus-Chrift ; & il avoit dans le Sanhédrin un titre qui le rendoit comme un second préfident. Jean étoit fils d'Ananus: & Alexandre furnommé Lyfimaque & frere de Philon dont nous avons les écrits, étoit le plus riche des Juifs. En ce confeil étoient auffi tous les parens du pontife. Quand ils eurent tous pris leur féance, qui étoit en demi-cercle, le président dans le fond; les Apôtres furent amenés au milieu de la place. On leur demanda en quel nom ils avoient fait cette action; & Pierre rempli du S. Esprit répondit hardiment: Au nom de Jefus-Chrift Nazaréen que vous avez crucifié. Ils admirerent la fermeté de Pierre & de Jean, fçachant que c'étoient des hommes du commun & fans lettres: & ne pouvant contredire ce miracle, ils fe contenterent de leur défendre d'enseigner au nom de JESUS, ni d'en parler en façon quelconque. S. Pierre & S. Jean leur répondirent: Jugez vous-mêmes s'il est juste de vous obéir plutôt qu'à Dieu. Car nous ne pouvons nous empêcher de dire ce que nous avons vu & entendu. Ils les laifferent aller ; & les apôtres vinrent trouver les fidéles, qui ayant appris d'eux ce qui s'étoit paffé, en rendirent graces à Dieu, lui demandant la force de prêcher fon nom, & les miracles pour foûtenir fa parole. Après cette priere, le lieu où ils étoient affemblés fut ébranlé, & ils furent tous remplis du S. Efprit.

Toute la multitude des fidéles n'avoit qu'un Eglife de Jé- cœur & qu'une ame. Personne ne difoit que rien fût Eéniens. à lui en particulier, mais tous leurs biens étoient communs; enforte qu'il n'y avoit point de pauvres entre

rufalem.

A&t. IV. 32.

21.

chiz. c. 23.

eux. Car ceux qui avoient des terres ou des maisons, les vendoient, & en mettoient le prix aux pieds des apôtres. Les fidéles de Jérusalem renonçoient ainsi à leurs biens, pour pratiquer exactement le confeil de Matth. xIx. Jefus-Chrift, de tout quitter pour le fuivre ; & pour n'a- Aug. de catevoir rien qui les attachât à cette malheureuse ville, M. xxiv. fçachant qu'elle devoit être ruinée, & tout le 34. pays défolé avant qu'il fe paffàt une génération, comme Jefus-Chrift l'avoit prédit : d'ailleurs la charité qui les uniffoit, étoit la marque qu'il avoit donnée pour connoître fes difciples..

Jof. XIII. 35

om. pr. liber.

Jof. 11. Bell.

c. 12. p. 705.

Il y avoit depuis long-tems des Juifs qui prati- Philo. Quod quoient la vie commune. On les nommoit Efféens, p. 876. D. ou Elléniens, comme plus faints que les autres. Car de tous les Juifs, c'étoit ceux qui avoient le plus de réputation pour la vertu. Ils fuyoient les grandes villes & habitoient dans les bourgades: leur occupation étoit le labourage & les métiers innocens; mais ils ne s'appliquoient ni au trafic, ni à la navigation. Ils n'avoient point d'esclaves, mais fe fervoient les uns les autres. Ils méprifoient les richesses, n’amassoient ni or ni argent, & ne possédoient pas même de grandes pieces de terre, fe contentant du néceffaire pour la vie, & s'étudiant à fe paffer de peu. Ils vivoient en commun, mangeant ensemble, & prenant à un même vestiaire leurs habits, qui étoient blancs. Plufieurs logeoient fous un même toit. Les autres ne comptoient point que leurs maifons leur fuffent propres; elles étoient ouvertes à tous ceux de la même fecte. Car l'hospitalité étoit grande entre eux, & ils vivoient familierement enfemble fans s'être jamais vûs. Ils mettoient en com

mun tout ce que produisoit leur travail, & prenoient grand foin des malades.

La plupart des Efféniens renonçoient au mariage, & vivoient en continence, craignant l'infidélité des femmes & les divifions qu'elles caufent dans les familles. Ils élevoient les enfans des autres, les prenant dès l'âge le plus tendre, pour les inftruire & les former à leurs mœurs. On éprouvoit les poftulans pendant trois années, une pour la continence, les deux autres pour le refte des mœurs. En entrant dans l'ordre, ils lui donnoient tout leur bien, & vivoient enfuite comme freres; enforte qu'il n'y avoit entre eux ni pauvres ni riches. On choififfoit des œconomes pour chaque communauté,

Ils avoient un grand respect pour les vieillards, & gardoient une grande modeftie : ils retenoient leur colere, ne mentoient ni ne juroient point, excepté le ferment qu'ils faifoient en entrant dans l'ordre: c'étoit d'obéir aux fupérieurs; de ne se distinguer en rien, si on le devenoit; ne rien enseigner que comme on l'auroit appris; ne rien celer à ceux de la fecte; n'en point révéler les mysteres à ceux de dehors, quand il iroit de la vie. Leur feule étude étoit la morale, qu'ils apprenoient dans la loi, principalement les jours de fabat, affemblés dans leurs fynagogues avec un grand ordre. Il y en avoit un qui lifoit, un autre qui expliquoit. Tous les jours ils obfervoient de ne point parler de choses profanes avant le foleil levé, & de donner ce tems à la priere. Enfuite leurs fupérieurs les envoyoient au travail. Ils s'y appliquoient jusques à la cinquiéme heure, qui revient à onze heures du matin. Alors ils s'affem

bloient

bloient & fe baignoient ceints avec des linges; mais Ils ne s'oignoient point d'huile. Ils mangeoient en une même fale, affis en filence: on ne leur fervoit que du pain & un feul mets. Ils faifoient la priere devant & après le repas, puis retournoient au travail jufques au foir. Ils étoient fobres, & vivoient la plûpart jufques à cent ans. Leurs jugemens étoient féveres. On chaffoit de l'ordre celui qui étoit convaincu de quelque grande faute; & il lui étoit défendu de recevoir des autres même la nourriture; enforte qu'il y en avoit qui mouroient de misere. Mais fouvent on les reprenoit par pitié.

Il n'y avoit des Efféniens qu'en Palestine, encore n'y étoient-ils pas en grand nombre, seulement quatre mille ou environ. C'étoient les plus fuperftitieux de tous les Juifs, & les plus fcrupuleux à obferver le fabat, & les cérémonies légales; jusques - là qu'ils n'alloient point facrifier au temple, mais y envoyoient leurs offrandes, parce qu'ils n'étoient pas contens des purifications ordinaires. Il y avoit entre eux des devins, qui prétendoient connoître l'avenir par l'étude des livres facrés, jointe à certaines préparations. Ils vouloient même y trouver la médecine & les propriétés des racines & des pierres. Ils donnoient tout au deftin, & rien au libre arbitre; étoient fermes dans leurs réfolutions, méprifoient la mort & les tourmens, & avoient un grand zele pour la liberté, ne reconnoissant pour chef & pour maître que Dieu feul, & prêts à tout fouffrir, plutôt que d'obéir à un homme. Ainfi de quelque vertu qu'ils fiffent profeffion, ils étoient bien au - deffous des disciples de Jefus-Chrift,

Tome I.

B

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A&t. IV. 36.

Act. v.

Entre ceux qui vendirent leurs héritages, pour en apporter le prix aux apôtres, fut Jofeph Lévite, natif de Chipre, que les apôtres furnommerent Barnabé. Mais un nommé Ananias, de concert avec Saphira fa femme, ayant vendu un héritage, retint une partie du prix, & apporta le reste aux apôtres. Saint Pierre lui dit: Ananias, pourquoi t'es - tu l'aiffé tenter par Satan, de mentir au S. Efprit? Ananias mourut fur le champ. Sa femme vint trois heures: après & S. Pierre lui ayant demandé combien ils avoient vendu la terre, elle répondit comme fon mari. S. Pierre lui dit: Vous avez donc concerté tous deux de tenter l'esprit de Dieu. Ceux qui viennent d'enterrer ton mari, t'enterreront auffi. Et elle tomba morte à fes pieds. Ce miracle causa une grande crainte dans toute l'églife & dans tous ceux qui l'apprirent. Les fidéles s'affembloient d'ordinaire pour prier au temple, dans la galerie de Salomon, ainfi nommée, parce qu'Hérode l'avoit bâtie au lieu que Salomon avoit comblé autrefois. Le refte du peuple n'ofoit fe joindre à eux, par la crainte des plus puiffans: mais les louoit & les honoroit, & la multitude des fidéles croiffoit tous les jours. Les apôtres faifoient une infinité de miracles. On mettoit les malades fur des lits le long des rues, afin que l'ombre de S. Pierre portât fur eux, quand il pafferoit: on apportoit des villes voifines les malades & les poffedés du démon, & tous étoient guéris.

Att. v. 17.

Le fouverain pontife, avec ceux de fon parti, qui étoient les Sadducéens, fit encore mettre les apôtres en prison: mais un Ange les délivra. Le Sanhédrin affemblé, les ayant envoyé querir dans la prison,

on

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