Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ne les y trouva point, quoiqu'elle fût bien fermée :
ils étoient dans le temple, qui enfeignoient. On les
amena dans le confeil, & le pontife leur dit: Nous
vous avions défendu d'enseigner en ce nom. Pierre
& les apôtres répondirent: Il faut obéir à Dieu plû-
tôt qu'au
'aux hommes: & commencerent à leur foûte-
nir que JESUS étoit le Sauveur. Les Juifs déchirés
de rage vouloient les faire mourir. Mais un docteur
vénérable nommé Gamaliel, de la fecte des Phari-
fiens, leur confeilla de les laiffer faire, difant: Si
cette entreprise vient des hommes, elle fera diffipée:
fi elle vient de Dieu, vous ne pouvez lui résister. Ils
fuivirent fon avis: & toutefois en renvoyant les
apôtres, ils les firent fouetter, & leur défendirent
encore de parler au nom de JESUS. Les apôtres s'en
allerent joyeux, d'avoir été trouvés dignes de rece-
voir pour lui cet affront. Ils ne ceffoient tous les
jours d'enseigner dans le temple & par les maifons.

V.

Election des

A&t. VI. I.

Le nombre des difciples croiffoit toujours, & ily avoit une grande quantité de facrificateurs. Entre Diacres. tant de fidéles étoient plufieurs Helléniftes, c'est-à- Ad. vi. 7. dire des Juifs, qui étant nés entre les Grecs, ne parloient point la langue Syriaque, comme ceux de Palestine; mais feulement la langue grecque. Ceuxci fe plaignirent, que dans les diftributions ordinaires leurs veuves étoient méprisées. Les douze apôtres affemblerent la multitude des difciples, & leur dirent: Il n'eft pas jufte que nous quittions la parole de Dieu pour fervir aux tables: choififfez d'entre yous fept hommes de bonne réputation, pleins du S. Efprit, & de fagesse, que nous établissions pour cette œuvre: Et pour nous, nous nous appliquerons

Euf.chr. an.

34.

kift, c. I.

Epiph. hæref.

à la priere & au miniftere de la parole. Ils choifirent Etienne, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parmenas & Nicolas profélyte d'Antioche. Leurs noms font tous grecs, & l'on peut croire qu'ils étoient la plûpart Hellénifles. Ils les préfenterent aux apôtres qui prierent, & leur impofèrent les mains. Ce furent les premiers diacres. Ils avoient foin de la nourriture des pauvres, & de la diftribution de ce qui étoit nécessaire à chacun pour sa subfa fiftance, dans cette église où tous les biens étoient en commun. Mais de plus ils fervoient à la table facrée, c'est-à-dire, à l'administration de l'eucharistie; même ils préchoient l'évangile dans les occafions.

Alors, comme l'on croit, l'apôtre S. Jacques fur*Id. lib. 11. nommé le juste, fut établi premier évêque de Jérufalem. On le nommoit encore le frere du Seigneur, parce qu'il étoit parent de Jefus - Chrift, fils d'Alphée & de Marie fœur de la fainte Vierge. Ce furent S. Pierre & les deux fils de Zébédée, S. Jacques & S. Jean qui le choifirent évêque, fans lui difputer cet honneur, ni fe prévaloir des marques de préférence que le Seigneur leur avoit données. On dit que pour marque de fa dignité, il portoit fur le front une lame fcript. in Jac. d'or. Il fut faint, c'est-à-dire confacré à Dieu, dès le ventre de fa mere: il ne but jamais de vin, ni nemangea d'aucun animal : le rasoir ne paffa point fur fa tête: il ne se baignoit, ni ne fe frottoit point d'huile: grande auftérité en pays chaud. Il avoit feul' permiffion d'entrer dans le fanctuaire, parce qu'il ne portoit point de laine, mais feulement du linge. Dans le temple on le trouvoit à genoux demandant

29. n. 4. Hier. de

hift. ap. Eufeb.

11. hift. c. 23.

pardon pour le peuple; ce qu'il faifoit fi continuellement, que fes genoux s'étoient endurcis comme ceux d'un chameau. L'excellence de fa vertu le faifoit nommer le juste, & en fyriaque oblia, c'est-à-dire le rempart du peuple, ou plûtôt Ophlia, la forteresse de Dieu. Il gouverna l'église de Jerufalem vingtneuf ans.

pro

VI.

Martyre de A. vi. 8.

Jof. contr..

103. F.

S. Etienne le premier des diacres, étant plein de grace & de force, faifoit de grands miracles, & prê- s. Etienne. choit librement Jefus - Chrift. Quelques Juifs des vinces s'éleverent contre lui. Il y en avoit de libertins, c'est-à-dire en latin, affranchis; & l'on croit qu'ils portoient ce nom, parce qu'ils avoient été emmenés en Italie efclaves des Romains, & depuis mis en liberté. Il y en avoit de Cyrénéens, defcendus de ceux que le premier des Ptolomées avoit tranf- Ap. lib. 2. p. ferés à cette partie d'Afrique. Il y en avoit d'Alexandrie, de Cilicie & d'Afie. Comme ils ne pouvoient résister à S. Etienne dans la difpute, ils fufciterent de faux témoins, qui l'accuferent d'avoir blafphemé contre Moïfe & contre Dieu, & d'avoir dit, que Jesus de Nazareth détruiroit le lieu faint, & changeroit les traditions. Il fut pris & amené dans A. v11: le confeil, où il rendit compte de fa doctrine, montrant par l'hiftoire du peuple de Dieu depuis Abraham, & par les témoignages des prophétes, que la religion n'étoit point attachée à la terre fainte, ni au temple: que les Juifs avoient toujours rejetté ceux que Dieu leur avoit envoyés pour les délivrer, & lui avoient toujours réfifté. Ce discours les mit en fureur: ils le traînerent hors la ville, & le lapiderent. C'étoit Lev. XXIV. le fupplice des blafphémateurs & des féducteurs..

Cod. Thalm:
Sanhedr. c.
VII. n. 4.

Deut. xv11.7. 'Sanhedr. c. v.

22. 4.

Un des plus échauffés contre lui étoit un jeune homme de Cilicie, nommé Saul. Il gardoit les manteaux des témoins, qui, fuivant la loi, jettoient les premieres pierres contre celui qu'on lapidoit. S. Etienne en mourant se mità genoux, & cria à haute voix: Seigneur, ne leur imputez point ce péché. Ce fur le premier martyr, c'est-à-dire en grec témoin parce qu'il fut le premier qui mourut pour le témoignage de la doctrine de Jefus - Christ. Des hommes pieux l'enfevelirent; & firent un grand deuil pour lui, montrant ainfi qu'ils ne le tenoient pas pour Sanhedr.c.vi. condamné. Car ceux qui l'étoient légitimement, étoient privés de la fépulture de leurs ancêtres, & on ne faifoit point de deuil. On dit même que les Aug.serm.32. fidéles garderent des pierres dont S. Etienne avoit été lapidé.

Act VIII. 2.

n. s. 6.

de diverf.alias

325.1.2.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

Cependant il y eut une grande perfécution contre l'églife qui étoit à Jérufalem; & tous les fidéles fe difperferent par la Judée & la Samarie, hors les apôtres. Plusieurs toutefois furent emprisonnés à Jérusalem: plufieurs condamnés & exécutés à mort, contre lefquels Saul dit fon avis comme les autres. Les princes des prêtres lui avoient donné pouvoir, en vertu duquel il en fit punir plufieurs par les fynagogues; les contraignant de blafphémer contre JefusChrift. Il entroit dans les maifons, prenoit tout, hommes & femmes, & les mettoit en prifon, Les fidéles difperfés à cette occafion, ne s'étendirent pas feulement dans la Palestine, mais dans la Phénicie, l'ifle de Chipre, & jufques à Antioche; & ce fut comme une femence répandue pour fructifier plus loin; car ils prêchoient par-tout l'évangile, ne l'an

nonçant toutefois encore qu'aux feuls Juifs. Un dif- Athan. homil. ciple nommé Ananias alla à Damas, & y affembla de fem. p. une églife.

[ocr errors]

1062. B.

VII. Converfion

Juftin. 2.

Apolog. p. 69.

S.. Philippe, le fecond des diacres, vint à Samarie, & y prêcha Jefus - Chrift; car encore que les Sama- de Samarie ritains fussent regardés par les Juifs comme hérétiques, A. vIII. 5. ils n'étoient point comptés entre les Gentils. Ils avoient la circoncifion, & faifoient profeffion d'adorer le vrai Dieu fuivant la loi de Moïfe. Les Samaritains écouterent Philippe, voyant les grands miracles qu'il faifoit : plufieurs furent baptisés, & la ville fut remplie de joie. Il y avoit à Samarie un nommé Simon, natif de Gitthon dans la même province. Il étoit magicien, fe difoit un grand perfonnage, C. edir. 1615. & avoit long-tems abufé le peuple de fes prestiges, enforte que tous l'écoutoient, & le nommoient la grande vertu de Dieu. Il se fit alors baptifer comme les autres, étonné des grands miracles qu'il voyoit. Les apôtres qui étoient à Jérufalem, ayant appris que Samarie avoit reçû l'évangile, y envoyerent S. Pierre & S. Jean, qui étant arrivés prierent pour eux, & leur impoferent les mains, afin qu'ils reçuffent le faint Efprit; car ils n'étoient encore que baptifés.

Simon le magicien voyant que par l'impofition des mains des apôtres on recevoit le faint Esprit, qui se rendoit alors fenfible, par le don des langues, des guérifons, & des autres miracles: Simon voyant ces merveilles, offrit de l'argent aux apôtres, & leur dit: Donnez-moi auffi ce pouvoir, que tous ceux à qui j'imposerai les mains reçoivent le faint Esprit. S. Pierre lui dit: Que ton argent périffe avec toi,

« AnteriorContinuar »