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AN. 79.

Jof. vi. Bell.

5. 32.

Jofeph a pris les noms, quoique Jofeph ait en effet voulu marquer par ces noms les mois judaïques, qui y répondent à peu près.

Tout ce qui fe trouva dans le temple fut massacré, fans diftinction d'âge, de fexe, de condition: l'autel étoit environné de corps entaffés, le pavé ne paroiffoit point, tant il étoit couvert de fang & de carnage. Il n'y eut que les féditieux qui s'échapperent l'épée à la main, & gagnerent le mont de Sion. Entre le peuple qui périt dans le temple, il y avoit fix mille perfonnes, hommes, femmes, enfans, qu'un faux prophéte avoit abufés, & y avoit fait monter de la ville, difant que Dieu l'ordonnoit, & qu'ils y recevroient de fa part des fignes de falut. Il y avoit plusieurs impofteurs femblables, dont les tyrans fe fervoient pour retenir le peuple, & l'empêcher de passer vers les Romains.

Le temple étant brulé, les Romains planterent leurs enfeignes devant la porte orientale, & leur facrifierent à la place même, c'est-à-dire, aux idoles dont leurs enfeignes étoient chargées. Les féditieux avoient gagné la ville haute. Tite les fomma de fe rendre à difcrétion, la vie fauve; mais ils demanderent qu'il leur permît d'aller dans le défert, avec leurs femmes & leurs enfans. Tite irrité de leur infolence, fit bruler toute la ville basse, & attaqua là ville haute, où les Romains entrerent par la brèche le huitiéme de SepIbid. c. 40. tembre ou Gorpiée, jour du fabbat, la seconde année de Vefpafien, foixante & dix de Jefus - Chrift, & y mirent tout à feu & à fang. Tite acheva de faire abattre ce qui restoit du temple & de la ville, & y fit paffer la charrue. Il réserva feulement une partie de la

muraille à l'occident, avec trois tours, Hippique, Phafaël & Mariamne, afin que leur beauté fît voir à la postérité un échantillon de cette malheureuse ville, auparavant fi magnifique. Le butin fut fi grand, que l'or diminua de la moitié de fon prix en Syrie.

AN 70.

Philoftr. A

poll. 1.6.c.14

On trouva dans les égouts fouterrains environ deux mille corps de Juifs morts de faim, ou de maladie, ou qui s'étoient tués les uns les autres, plutôt plutôt que de fe rendre aux Romains. Les deux tyrans Jean & Simon á vii. Bell. c. 7. qui s'y étoient cachés, fe rendirent à la fin, & furent gardés pour le triomphe. On compte jusqu'à onze cens mille Juifs morts en ce fiége, & quatre-vingt-dix-fept mille vendus; mais à peine vouloit-on les acheter. Tite refufa des couronnes que les nations voisines lui offroient, pour honorer fa victoire. Il dit que ce n'étoit point fon ouvrage, & qu'il n'avoit fait que prêter ses mains à la vengeance de Dieu irrité contre les Juifs. Pour garder les ruines de Jérufalem, il y laiffany une légion; & avec deux autres retourna à Céfarée, Jofvx.Bell. où il ailembla tous les captifs & tout le butin, & C. 4.6. demeura le refte de l'année foixante & dix, attendant le tems propre pour fe mettre en mer, & paffer en Italie. A la fête de la naillance de fon frere Domitien, Pagi an. 70 qui étoit le vingt-quatre d'Octobre, il y eut plus de n. 3. deux mille cinq cens Juifs qui périrent, foit par le feu, foit par les bêtes aufquelles ils furent expofés, foit les uns par les mains des autres, comme gladiateurs. Il périt encore un grand nombre de ces miférables captifs, aux jeux que Tite fit à Béryte en Phénicie, pour célébrer l'anniversaire de l'avenement de fon pere à l'empire, qui fut le premier de Juillet de l'année fuivante foixante & onze de Jefus - Christ.

y

Ibid. c. 8.V.

AN. 71

Tbid. c. 9.

2:15. 17.

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Tite alla enfuite à Antioche, où les Juifs étoient accufés d'avoir brulé la place quarrée, les archives, le greffe & les bafiliques. On eut bien de la peine à retenir le peuple, qui les vouloit maffacrer: mais il fut vérifié que c'étoit des gens obérés qui avoient commis ce crime, pour se délivrer des poursuites de fe leurs créanciers. Tite y étant venu, les citoyens le prierent d'en chaffer les Juifs, ou du moins de leur ôter leurs priviléges. Mais il refufa l'un & l'autre, & les Juifs demeurerent à Antioche comme devant. Tite visita les autres villes de Syrie: Puis il revint par la Judée & par Jérufalem en Egypte, & s'embarqua à Alexandrie. Après qu'il fut arrivé à Rome, il triompha de la Judée avec fon pere.

pour

En ce triomphe furent menés Jean & Simon, chefs des féditieux, avec fept cens Juifs des plus forts & des mieux faits. Simon, comme chef des ennemis, Jof. vi. Bell. fut exécuté à mort, fuivant la coutume. En ce même triomphe fut portée la table, le chandelier d'or à fept branches, & ce que l'on avoit confervé des vaiffeaux. facrés du temple, principalement le livre de la loi, qui fut gardé dans le palais avec les rideaux de Villalp to. 2. pre du fanctuaire. On voit encore à Rome l'arc qui fut bâti pour ce triomphe, où paroiffent en bas relief de marbre le chandelier & la table. Le chandelier eft porté par huit hommes: contre la table font appuyées deux trompettes croifées l'une fur l'autre : avant la table on porte un titre; un fecond avant le chandelier; un troifiéme fuit qui précédoit apparemment le livre de la loi. On voit auffi dans les cabinets des curieux des médailles de Vefpafien & de Tite.,. où eft représentée une femme affife au pied d'une

1.587.

palme, couverte d'un grand manteau, la tête penchée & appuyée sur sa main, avec cette inscription: La Judée captive.

Fin de la

Juifs.

Jof. vii.Bell.

C. 20.

Pour achever entierement la conquête, Lucilius- XLI. Baffus fut envoyé en Judée, en qualité de légat, avec guerre des des troupes. Il prit par compofition le château d'Hérodion: puis il affiégea celui de Machéron, au-delà du Jourdain, & le prit enfin par compofition, quoique très-fort. Libérius - Maxime étoit procurateur Ibid. c. 25. de la Judée. L'empereur lui écrivit de vendre toute la terre des Juifs, & leur impofa pour tribut, quelque part qu'ils fuffent, de porter tous les ans au capitole les deux dragmes, que fuivant la loi ils avoient accoutumé de porter au temple de Jérusalem. Ce fut l'an de Jefus - Chrift foixante & douze.

C.

AN. 72.

Jof.vii.Bell.

L'année suivante, Publius Silva fut gouverneur de la Judée, à la place de Baffus qui étoit mort. Il affiégea “. 30. la fortereffe de Maffada qui paffoit pour imprenable, & où commandoit Eléafar, petit - fils de Judas le Galiléen, & chef des ficaires, qui s'opiniâtroit encore à faire la guerre, & à traiter comme ennemis tous ceux qui obéissoient aux Romains. Les Sicaires voyant qu'ils ne pouvoient plus résister, fuivirent le conseil furieux d'Eléafar. Ils tuerent leurs femmes & leurs enfans, puis s'égorgerent les uns les autres: & ayant tiré au fort, celui qui demeura le dernier, regarda de tous côtés s'il ne reftoit plus perfonne en vie, puis mit le feu au palais, & enfin fe tua lui-même. Le nombre des morts fut de fix cens quatre-vingt-dix. C'étoit le quinziéme d'Avril, l'an foixante & treize. Les Romains entrerent le lendemain dans Maffada, & par cette conquête toute la Judée fut paisible.

AN. 73

Ibid. vII. 36.

Plufieurs des ficaires s'échapperent de Judée, & vinrent en Egypte, où ils folliciterent à la révolte les Juifs d'Alexandrie; mais ceux-ci, par le confeil des principaux, fe jetterent fur les ficaires. Six cens furent pris & livrés aux Romains, qui en firent justice: les autres s'enfuirent par l'Egypte & la Thébaïde, où ils furent auffi pris. Ils montrerent une constance extraordinaire dans les plus cruels tourmens; & jamais on ne put en contraindre aucun, non pas même les enfans, de donner à l'empereur le nom de maître. Ibid. c. 30. Vefpafien ayant appris ce refte de révolte, commanda à Lupus, préfet d'Egypte, de détruire le temple que les Juifs y avoient, & qu'Onias, frere du pontife Onias, avoit bâti du tems de Ptolomée Philométor, deux cens trente-cinq ans auparavant. Lupus fe contenta de fermer le temple, après avoir ôté quelque partie des préfens qui l'ornoient. Mais Paulin fon fucceffeur ôta le reste, ferma les portes, & le rendit inacceffible.

Jof. vII. Bell. c. 36. 37.

La fureur des ficaires s'étendit dans la Cyrénaïque. Un tifferan nommé Jonathas, très - méchant homme, attira dans les déferts plufieurs miférables, promettant de leur faire voir des miracles. Catulle, gouverneur de cette partie de Lybie, y envoya de la cavalerie & de l'infanterie, qui les défit facilement. On lui amena Jonathas, qui accufa les plus riches d'entre les Juifs de lui avoir donné ce confeil. Quoique ce fât une calomnie, Catulle voulut le croire, & en fit maffacrer trois mille: Jonathas fut envoyé à Rome chargé de chaînes, & l'empereur le fit battre de verges, & bruler vif. Le nombre des Juifs qui périrent pendant cette guerre en diverfes occafions, compris

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