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d'Egypte: deux autres dans l'Orient, l'un en Affyrie;
l'autre en Palestine, hébreu d'origine. Ayant ren-
contré le dernier, qui étoit le premier en mérite, je
me suis arrêté en Egypte, l'étudiant fans qu'il s'en
apperçût. C'étoit une abeille industrieuse, qui fuçant
les fleurs de la prairie des apôtres & des prophétes,
a produit dans les efprits de fes auditeurs un trésor im¬

mortel de connoiffances.

Ceux-là avoient confervé la vraie tradition de la bienheureufe doctrine, qu'ils avoient reçue immédiatement des faints apôtres, de Pierre, de Jacques, de Jean & de Paul, chacun comme un fils de fon pere. Mais il y en a peu de femblables à leurs peres. Ils font venus, par la grace de Dieu, jusqu'à nous, pour nous confier cette femence divine: & je fçais qu'ils fe réjouiront de voir ici leurs difcours; non pas expliqués, mais feulement marqués, pour les conferver. Car je crois que l'on a voulu décrire une ame qui defire que la bienheureuse Prov. 1. 1. tradition demeure fixe, quand on a dit: Un homme qui aime la fageffe réjouira fon pere. Ce font les paroles de S. Clément Alexandrin.

Hier. de

fcript. in Clem.

Euf. VI. c. 11,

On croit que le dernier de fes maîtres qui le retint en Egypte, eft Panténus, & il eft certain qu'il lui fuc¬ céda dans l'école d'Alexandrie, qui avoit principalement pour but l'instruction des Catéchuménes. Il fut ordonné prêtre, & Alexandre, évêque de Jérusalem, fucceffeur de Narciffe, lui rendoit ce témoignage, dans une lettre à l'église d'Antioche: Je vous écris ceci, Meffeigneurs mes freres, par le bienheureux Clément, prêtre, homme vertueux & éprouvé, que vous connoissez déja, mais vous le connoîtrez encore plus, Etant venu ici par une providence & une grace parti,

1

Euf.

149

culiere du Seigneur, il a fortifié & augmenté l'églife de Jefus - Christ. Le même Alexandre écrivant depuis à Eu v2. Origène, difoit: Il a plu à Dieu. comme vous fçavez, que j'aie confervé & même fortifié l'amitié que mes m'ont laiffée. Car je reconnois pour peres, ces peres Saints qui nous ont précédés, & que nous irons bien→ tôt trouver. Je dis le bienheureux Panténus mon Seigneur; le faint homme Clément qui a été mon Seigneur, & qui m'a tant fait de bien.

Clément fit plufieurs difciples illuftres, outre cet Alexandre & Origène, qui lui fuccéda dans la charge d'inftruire. Il compofa plufieurs ouvrages; & on dit qu'il avoit expliqué toute la fainte écriture, depuis le commencement jufqu'à la fin. Ce qui nous refte eft l'exhortation aux gentils, le pédagogue, les ftromates & le petit traité: Qui eft le riche qui fera fauvé. L'exhortation aux gentils montre d'un côté la beauté de la religion chrétienne, qui n'eft que raifon & vertu, & de l'autre l'abfurdité de l'idolâtrie. Clément en découvre l'origine, la fauffeté des fables, les infamies que cachoient les mysteres profanes, & les explique fort en détail. Il répond à l'objection de la coutume, qui étoit le plus grand obftacle à la conversion des païens, & conclut, en les invitant charitablement, mais fortement, à croire en Jefus - Chrift, & à vivre fuivant fes loix. Ce difcours eft plein de paffages des poëtes, que l'auteur femble avoir entaffés, non-feulement pour convaincre les païens par leurs propres auteurs, mais pour les attirer en parlant le langage qui leur étoit familier. Il eft d'une élégance finguliere.

Clem. Alex

pedag. 11. Cafod prafa Infl. div. led

10. & c. 8.

XXXVII.

Le pédagogue eft un abregé de toute la morale chré- Pédagogue tienne, compofé principalement pour les catéchumé

de Clément A lexandrin

p. 616. B.

L.1.c.7.

c. ult.

Strom. 1. 6. nes: car Clément étoit chargé de leur inftruction. II tend à les guérir de leurs paflions & de leurs mauvaises habitudes, & à les préparer à la doctrine de l'église. Il est divifé en trois livres. Dans le premier, l'auteur explique ce qu'il entend par fon pédagogue. L'idée de ce nom étoit plus noble chez les Grecs, que chez nous, & répondoit à peu près à ce que nous appellons un gouverneur chargé d'accompagner toujours un enfant, pour lui apprendre à vivre & former fes mœurs en toutes rencontres. Le pédagogue que Clément propose en ce livre, n'eft pas moins que Jefus - Chrift le Verbe incarné, la raifon fouveraine. Les hommes s'en éloignant font tombés dans le péché & dans l'idolâ→ trie. Pour les ramener, Dieu les inftruit par sa parole. Ce divin pédagogue nous remet les péchés, comme Dieu, & nous en préserve comme homme, par ses 4: instructions sensibles. Il inftruit également l'un & l'autre fexe, & réduit tous fes difciples à une heureuse enfance, qui ne laiffe pas d'être un état de perfection. Il c. 8. 9. 10. 11. a conduit les Ifraélites par la crainte, & depuis fon incarnation il conduit le nouveau peuple par l'amour; c'est toutefois le même, & il n'eft pas moins bon, lorsqu'il exerce fa justice, que lorsqu'il use de miséricorde. Ce que l'auteur prouve amplement & folidement, à caufe des hérétiques qui rejettoient le Dieu .ult. de l'ancien teftament. Il conclut en montrant que la vie chrétienne confifte dans la foi, qui eft la foumiffion à la fouveraine raison, & dans la pratique des vertus & l'obfervation de fes commandemens même par le miniftere du corps.

12.

c.

c. 6.

c. 7.

Lib. 11. c. 1.

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Dans le second livre il commence à regler les mœurs en détail, Il yeut que la nourriture fe mesure, non par

le

edit. 1641.

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B.

le plaifir, mais par la néceffité de vivre avec fanté & p. 148. avec force: qu'elle foit très-fimple: plutôt du poisson que de la chair, plutôt ce qui fe mange crud, que ce qu'il faut apprêter au feu. Un repas par jour, le foir, p. 152. B. deux tout au plus; c'eft-à-dire, outre le fouper, un P. 158. A. déjeûner de pain fec, fans boire. Pour la boisson, il prouve contre les Encratites que l'usage du vin eft permis: & cela par l'exemple de Jesus-Christ même; mais il veut que l'on en boive peu, & feulement le foir, pas même beaucoup d'eau. Il défend le vin aux jeunes gens. Il blâme ceux qui abufoient des agapes, p. 141. D & les convertiffoient en de grands repas. Il fuit les préceptes de S. Paul défendant de manger des viandes immolées, & permettant toutefois de manger avec les infidéles, quand on eft prié ; alors il exhorte à ne point craindre la variété des viandes, ni la rechercher, p. 144. D. Il défend tout ce qui fent le luxe, dans les meubles & la vaisselle; & même l'argent. Il défend les inftrumens de mufique, les chanfons profanes, même 4 dans les repas, & n'y permet que des cantiques fpirituels. Il ne permet de rire que peu, modestement & fans éclater. Il défend tous les difcours deshonnêtes, c.6. & donne plufieurs préceptes de civilité & de politeffe «. 7. dans la converfation & le commerce de la vie. Il ne c. 8, veut point que les chrétiens fe fervent de couronnes de fleurs, ni de parfums, ou d'huile de fenteur, fi ce n'eft pour des onctions médecinales.

c. 3.

c. 5.

C.

Il regle la maniere de paffer la nuit. Après le re- .. pas nous louerons Dieu, des biens qu'il nous a donnés, & de la journée que nous avons paffée. Puis on dormira dans des lits qui ne foient, ni précieux, ni trop mous. On dormira peu, afin d'allonger la vie, Tome I. Rrr

. 10.

dont le fommeil femble un tems perdu. On fe relevera 7.185. D. plufieurs fois la nuit pour prier. On fe levera avant le jour, les hommes pour étudier ou travailler, les femmes pour filer. On ne dormira jamais le jour. Ce précepte eft remarquable, dans un pays auffi chaud que l'Egypte. Comme la corruption des mœurs y étoit exceffive, il y traite à fond la matiere de la chafteté, & montré folidement & en philofophe combien toute 9-188. A. forte d'impureté eft contraire à la raison. La seule fin de l'union des deux fexes, eft la production des créa tures raisonnables, qui doivent durer éternellement. L'homme eft particulierement l'image de Dieu, en tant qu'il concourt avec lui à la production d'un hom. 193. C. me. Il faut donc ou fe marier, ou s'abftenir entierement; & puifque l'on délibére même fi l'on doit fe marier, à plus forte raifon ne doit-on pas regarder ce commerce comme une néceffité pareille à la nourp. 192. C. riture, & d'un usage ordinaire. Il eft injufte de chercher le plaifir feul dans le mariage, dont l'usage doit être reglé par la raison & l'honnêteté, & est toujours P. 195. C. dangereux, quoique légitime. Il faut être continuellement attentif à la préfence de Dieu, qui voit dans les ténébres les plus obfcures, & refpecter nos corps, qui font fes temples.

10. p. 197.

Comme la parure tend principalement à la débauche, il traite enfuite des habits. Il veut qu'ils foient fimples, pour la néceffité de se couvrir; mais que la perfonne vaille toujours mieux que ce qui la couvre. p. 251. A. Il veut que les habits foient blancs & fans aucune P. 203. D. teinture, & qu'ils ne foient point traînans; mais il permet aux femmes un peu plus de délicateffe qu'aux hommes. Le blanc étoit la couleur la plus en usage

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