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XI. 20.

autres miniftres facrés. Il défend auffi aux hommes de porter les cheveux longs, qui étoit un usage des philofophes, & de ceux que les piens tenoient pour prophétes, ou confacrés aux dieux. Et comme fur ces matieres de foi indifférentes, on peut avoir divers usages, & raisonner diversement, il conclut par l'autorité, en ces termes: Si quelqu'un femble être contentieux: nous n'avons point cette coutume, ni l'église de Dieu.

Il les blâme du peu de refpect qu'ils apportoient à la cène du Seigneur, c'est-à-dire à la fainte euchariftie. Comme Jefus-Chrift l'avoit inftituée le foir en Chryf. hic, foupant, elle en gardoit le nom, & l'usage étoit de hom. 27. init. l'accompagner d'un fouper de viandes ordinaires, que les chrétiens prenoient tous ensemble, avant que de fe féparer: chacun y contribuoit felon fon pouvoir, & les pauvres y devoient profiter de l'abondance des riches. Car c'étoit un repas de charité, d'où vient qu'on lui donna le nom grec d'Agape. Mais à Corinthe la divifion des efprits avoit paffé jusqu'à ce repas. Chacun apportoit fon fouper, & le mangeoit à part; enforte que les riches en avoient trop, & les pauvres manquant du néceffaire, recevoient de la confufion. Pour leur faire voir la grandeur de cette irrévérence, l'apôtre les rappelle à l'inftitution de l'euchariftie. D'où il conclut, que quiconque mange ce pain, & boit ce calice indignement, eft coupable du corps & du fang du Seigneur: & qu'il faut s'éprouver, avant que de le prendre, pour ne pas manger & boire fon jugement. Et c'eft, dit - il, pour punition de ces péchés, que plusieurs d'entre vous font malades, & meurent. Ainfi, mes

freres,

freres, quand vous vous assemblez, attendez-vous les uns les autres. Si quelqu'un a besoin de manger plus que les autres, il pourra manger chez lui. Je reglerai tout le refte, quand je ferai venu. Ces dernieres paroles montrent qu'il ne leur écrivoit pas tout: Et on croit qu'elles enferment les principales cérémonies de la confécration, & de la diftribution de l'eucharistie: c'est-à-dire, celles qui ont été observées de même maniere dans toute l'églife catholique.

Aug. ad Ja

nuar. epift.

18.n.3.

χένα.

Don des lan

gues, de pro

homil. 29..

Saint Paul vient enfuite aux effets fenfibles du faint Efprit, comme le don des langues, des guérifons miraculeuses, de prophétie, qui dans ces com- phétie, &c. mencemens de l'églife étoient répandus fi communément fur les fidéles, que quelques-uns en tiroient, 1. Cor. XII. vanité, & d'autres en étoient jaloux; enforte qu'il étoit nécessaire de leur donner des regles pour en bien ufer. Et comme les Corinthiens étoient dans Chryfoft.hic une des villes les plus fuperftitieufes de la Grece, au milieu des oracles & des devins, il commence par leur marquer la différence de l'efprit de Dieu, & de l'efprit malin. Les faux prophétes des païens étoient agités par le démon, qui les faifoit parler malgré eux, leur troublant l'esprit & les mettant en fureur. L'efprit de Dieu agifloit doucement fur les vrais prophétes, les éclairoit, les rendoit humbles & tran- mand. 12. quilles, & leur laissoit la liberté de parler ou de fe taire. Une autre différence eft, que l'efprit malin blafphémoit souvent contre Jefus-Christ. A ces marques on pouvoit difcerner les efprits, fans attendre l'événement des prophéties.

Lib. paftor.

Ici l'apôtre fait le dénombrement des graces fur- 1.Cor. xxx. 41 Tome I.

N

XIV.

naturelles, mettant au dernier rang le don des langues, que les Corinthiens eftimoient trop. Il montre que tous ces dons viennent de la même fource, qui eft l'efprit de Dieu, & tendent à une même fin, qui eft l'édification de fon églife. Comme notre corps a plusieurs membres pour différentes fonctions, les unes plus nobles, les autres moins, fans qu'ils aient droit de fe mépriser, ou de s'envier les uns les autres: ainsi dans l'église chacun ne doit pas confidérer l'excellence du don, que lui, ou un autre pofféde, mais l'utilité commune. Il va plus loin, & montre que tous ces dons font imparfaits, ne regardant que l'état de la vie préfente: bien inférieurs à la charité, & inutiles fans elle. D'où s'enfuit que c'eft un étrange défordre, d'en prendre occasion d'altérer la charité par la vanité & la jalousie.

Il exhorte donc les Corinthiens à s'exercer fur-tout à la charité; & s'ils defirent des dons fpirituels, il veut qu'ils recherchent, non les plus merveilleux, par une curiofité puérile; mais les plus utiles, c'est-à-dire, le don de prophétie, plutôt que le don des langues, & le don d'interpréter la langue avec celui de la parler; car ces dons étoient différens. Tel parloit une langue par miracle, fans l'entendre: & tel autre, par miracle, la fçavoit interpréter. Tous ces dons, quoique diftribués par le faint Efprit comme il vouloit, saccordoient fouvent aux prieres de ceux qui les *IV. 13. demandoient, puifque S. Paul leur confeille de defirer l'un plutôt que l'autre, & leur propose la priere comme le moyen de l'obtenir. Il rend raifon de ce confeil. Si celui qui a le don de parler une langue, n'a pas le don de l'interpréter, elle ne fert ni pour

fon édification, ni pour celle des autres: l'efprit de Dieu prie en lui, fans que fa raison y ait de part. Celui qui l'écoute ne peut répondre, amen, à fa priere, ne fçachant pas même s'il prie. Le don des langues est alors seulement un prodige, pour étonner les infidéles. Il peut même les fcandalifer. S'ils entrent dans x1v. 227 votre assemblée, & vous entendent parler tous diverses langues, ils vous prendront pour des insensés: au contraire, le don de prophétie sert à édifier, exhorter, à confoler. Un infidéle voyant qu'un prophéte lui découvrele fecret de fon cœur, fe jettera le vifage contre terre, adorera Dieu, & confeffera qu'il eft véritablement en vous.

Saint Paul descend à des reglemens plus par- xv. 26: ticuliers: Quand vous êtes affemblés, dit-il, & chacun de vous eft infpiré pour chanter un pfeaume, pour enfeigner, pour déclarer une révélation, parler une langue, ou l'interpréter : que tout fe faffe pour l'édification de l'églife. Quant à ceux qui ont le don des langues, que deux ou trois tout au plus parlent dans chaque affemblée, l'un après l'autre, & que quelqu'un explique. S'il n'y a point d'interpréte, que celui qui a le don de la langue fe taife dans l'églife, & fe contente de la parler en particulier, à Dieu, & à lui-même. Que deux ou trois prophétes parlent l'un après l'autre dans la même affemblée, & que les autres en jugent, de peur qu'il Chryf. hom ne s'y mêle quelque faux prophéte. Si un de ceux qui font affis pour écouter reçoit la révélation, le premier fe taise, pour le laisser parler à fon tour: car les efprits des prophétes leur font foumis, & quoiqu'ils ne foient pas infpirés quand ils veulent,

que

36.

XIV. 33.

Marc. xv1.17.

ils ne font pas forcés de parler. Que les femmes se taifent dans l'églife: fi elles veulent s'inftruire de quelque chofe, qu'elles le demandent à leurs maris dans leurs maisons. Que tout fe faffe avec paix, avec modeftie, avec ordre.

Il est évident que ces dons furnaturels étoient bien fréquens, puifque l'on avoit befoin de tels reglemens. Et ce n'étoit pas feulement à Corinthe: S. Paul dit, qu'il enseigne la même chofe dans toutes les églifes. Ainfi s'accompliffoit à la lettre la promeffe de JesusChrist, que ceux qui croiroient en lui, parleroient des langues nouvelles, guériroient les maladies, & feroient d'autres miracles. On voit auffi combien dèslors étoit recommandé l'ordre & la bienféance dans les assemblées de l'église, puisque les prophétes mêmes, & les autres qui avoient des dons miraculeux, étoient foumis à la difcipline. Que fi l'on obferve foigneufement ce que les apôtres nous ont marqué en divers lieux de leurs écrits, on y trouvera ce qui nous a été depuis expliqué plus diftinctement, touA. xx. 7. chant ces faintes affemblées. Elles fe tenoient le dimanche dans quelque falle d'une maison particuliere: Heb. x. 25. & il étoit défendu d'y manquer. On y lifoit les faintes Coloss. IV. 16. écritures, non-feulement l'ancien teftament, mais les épîtres des apôtres. Les apôtres, ou les docteurs ordonnés par l'impofition de leurs mains, c'est-àdire, les évêques & les prêtres, inftruisoient & exhortoient le peuple: fouvent auffi c'étoit des prophétes infpirés extraordinairement. On chantoit ou les pfeaumes de David, & les autres anciens cantiques, ou ceux que l'efprit de Dieu dictoit de nou1. Cor. XI. 21. veau. Là étoit la table du Seigneur, l'autel propre

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