leur provifion aux Indes Orientales. Ce font-là les feuls bâtimens de la Citadelle qui meritent quelque attention: car quoi qu'on y trouve encore quelques autres maifons de bois, elles font peu confiderables par le mauvais état où elles font. Outre les Apoticaires il n'y a que le Gouver neur, avec quelques officiers, & environ 200 foldats, qui y demeurent.

La fortereffe eft entourée de la ville de Petersbourg, qui eft en partie fur plufieurs îles, & en partie fur la terreferme. Elle eft d'une fi grande étenduë qu'elle reffemble plutôt à un affemblage de plufieurs villages, qu'à une ville. Elle a un grand mille d'Allemagne de long, & prefqu'autant de large. Les maifons y font fort ferrées, & comme il refte très-peu de terrain propre à bâtir, ceux qui viennent tous les jours pour s'y établin, font obligés de chercher les endroits les moins marécageux; mais comme ils ne font pas entierement deffechés, les nouvelles rues font exceffivement mal-propres, fur tout pendant le printems & l'automne.

On voit dans un coude de la riviere, l'endroit où étoit autrefois

Schantz-ter-nie (ou le fort de Neva) & c'est-là qu'une petite riviere, dont j'ai oublié le nom, fe perd dans la grande; à peine refte-t-il aujourd'hui une pierre de ce Fort.

La partie baffe de la ville, qu'on appelle la Slabode des Mofcovites, ne laiffe pas, quoique fituée fur la terre-ferme, d'avoir auprès d'elle du côté de la ville un marais fort profond, dans lequel il n'y a qu'un paffage affés mauvais, par où elle puiffe communiquer avec la ville, comme on peut voir au (n.61.) & qui forme une espece d'autre île, ou de prefqu'ile mais entre l'Arfenal, (n. 3.) & la riviere, il y a une colline qui avec celle qui eft vis-à-vis de l'autre côté de l'eau près de la gran de Brafferie (n. 4.) font les deux feuls endroits fecs, & élevés de Pe tersbourg, & qui foient à l'abri des inondations. Le Czar, le feu Prince Czarien avec fon Epoufe, & la Prin ceffe Natalie demeuroient dans ce quartier de la ville. On y trouve aufli la fonderie des canons, ( n. 6.) où il s'en fond tous les ans un grand nombre. Mr Bruce Grand-Maître de l'Artillerie, a fait bâtir tout au près

près une belle maifon de pierre (n..
7.) qui fe fait remarquer, malgré fon
peu d'étendue,par la regularité de fon
deffein. On voit encore d'autres mai-
fons de Boiares le long de la riviere,
& dans la premiere ruë qui lui eft
parallele. Le refte eft habité par des
Mofcovites de differentes conditions,
& c'est pour cela qu'on nomme ordi-
nairement ce quartier la Slabode des
Mofcovites. On rencontre plus bas
le long d'un petit bras de la riviere
plufieurs maifons de Gentils-hom-
mes (n. 8.) dont le nombre au-
gmente tous les jours. On a bâti de-
puis l'année 1717, du côté de la
campagne plus de fix mille maifons,
qui font toutes de bois pour la plu-
part, & fe font fans beaucoup de
façons. On les conftruit en pofant
des Poutres les unes fur les autres,
ils ne les rabotent pas en dehors,
mais ils fe contentent de les polir en
dedans avec une hache :'ils en cou-
vrent les toits de planches de fapin
très-minees, de 10 à 12 pieds de
long, qu'ils joignent les unes fur les
autres, & qui ne tiennent que par
le moyen des lattes qu'ils clouent en
travers par deffus. Ceux qui veulent
Tome II.
B

être plus à l'abri de la pluie, atta chent par deffous ces planches de grands morceaux d'écorce de Bou feau très-deliés, qui ne pourriffent jamais, & refiftent affés bien à l'eau mais qui font très-fufceptibles du feu, & par confequent très-dangereux; d'autres mettent par deffus du gazon qui conferve fa verdure tant qu'il a de la fraicheur, & rend les maifons très-féches en dedans. Ou tre ces maisons ordinaires qui n'ont qu'une falle, & un étage, il y en a plufieurs autres compofées de divers appartemens, l'un par deffus l'autre. Celles du feu Prince Czarien, de la Princeffe fon Epoufe, & de la Princeffe Natalie font de ce nombre auffi- bien que plufieurs autres, & font couvertes de tuilles courbes. Mais le Czar ayant ordonné à tous les feigneurs de fa Cour, qui demeurent dans cette partie de la ville, de faire conftruire des maifons de pierre de l'autre côté de la riviere, dans Vaffeli-Oftrosf, ou l'ile du Prince, & plufieurs ayant déja commencé à le faire, il eft probable qu'on n'épar gnera rien à l'avenir pour embellir ce quartier de la ville: quant à l'aum J11 S OT

tre, on a permis au peuple d'y bâtir, Le Palais d'Eté du Czar eft de l'au tre côté de ce bras de riviere (n°. 9; ) c'est un bâtiment de pierre très-beau, quoique petit la maison est au milieu du jardin, qui, par rapport à sa situation, & au peu de tems qu'on a em ployé à le faire, peut paffer pour une piece achevée, & de très-bon goût & où il feroit difficile de trouver aucun défaut. En 1716 on creusa un canal tout au tour du Jardin, & on planta des berceaux de tous côtés en forme d'allées, & on l'orna de belles ftatues de marbre blanc. Il y a auffi une pepiniere de chênes qui croiffent à vûë-d'oeil ; ce qui eft d'autant plus remarquable, que ni le pays voifin, ni même toute la Mofcovie ne produifent pas de cette forte d'ar bres, il eft, aifé de juger par là jufqu'où peut aller l'induftrie des hom mes. On trouve encore dans ce jardin un cabinet de verdure, & des Cafcades (n. 10. ) mais ce qu'on doit le plus admirer, c'eft une grotte magnifique, qui ne le cedera à aucune autre de l'Europe, quand elle fera entierement achevée. On a plan té un verger dans une grande prairie