229 MANIFESTE DU PROCÉS CRIMINEL DU CZAREWITZ ALEXIS PETROWITZ Fugé à Petersbourg par ordre de Sa Majefté Czarienne le 25 de Fuin 1718. V. S. OIT notoire que dans la prefente année 1718. le 14 du mois de Juin, le Trèshaut Seigneur, CZAR, & Grand Prince PIERRE ALEXEOWITZ, Souverain de toute la grande, petite & blan che Ruffie, a par une Ordonnance, fait convoquer dans la falle de la Regence du Senat établi pour les affaires de l'Empire Ruffien, les Archevêques, & Archimandrites, tous les Miniftres d'Etat, le Senat, les Etats militaire & civil, & la principale Nobleffe qui fe trouve à prefent à Petersbourg, & leur a ordonné d'y attendre l'arrivée de Sa Majesté. Sa Majefté Czarienne s'étant renduë en haute perfonne au Palais, elle commanda qu'on fît venir en fa prefence Imperiale, & devant l'affemblée, le Czarewitz Alexis Petrowitz; lequel ayant comparu, Sa Majesté fit de bouche une courte expofition du fujet de cette convocation, & ordonna qu'on fit publiquement la lecture des écrits fuivans. Quoique l'évafion du Czarewitz Alexis, & une partie de fes transgreffions foient déja connues à tout le monde par le Manifefte qui a été publié à Mofcou, le troifiéme jour de Février de la prefente année 1718. cependant il fe découvre encore à prefent, contre toute attente, des chofes qui furpaffent de beaucoup tout ce qui a precedé, & l'on voit avec quelle méchanceté & quelle noirceur ce Prince a tâché d'en impofer à fon Souverain & à fon Pere: quels parjures il a commis contre Dieu, & comment il a feint une mauvaise santé, pour empêcher qu'on ne fît attention à fes mauvaises pratiques, & qu'on ne découvrît fes pernicieufes intrigues. Tout cela va être expofé ici clairement, & avec ordre, en reprenant la chose dès fon commencement. A peine le Czarewitz Alexis eûtil atteint l'âge de raifon, que Sa Majefté Czarienne, fon Pere, employa toute forte de moyens pour le former aux affaires du gouvernement, & lui donner des connoiffances de l'art militaire, comme il eft rapporté dans le Manifefte de Mofcou. Elle a continué ces mêmes foins pendant les années fuivantes, fans aucun fruit & aucun progrès. Sa Majefté a attendu de jour en jour qu'il fe corrigeât par un changement de conduite & de moeurs; mais voyant que ce Prince s'oppofoit à tous fes bons deffeins, elle lui a declaré fes intentions par écrit, & lui a demandé fa derniere réfolution: car l'année 1715, le 11 jour d'Octobre, au retour des funerailles de la feue Princeffe de la Couronne Epoufe du Czarewitz, Sa Majesté Ĉzarienne se rendit chez ce Prince, & lui donna l'écrit fuivant. Declaration à mon Fils. » Vous ne pouvés point ignorer ce qui eft connu de tout le mon» de, jufqu'à quel point nos peuples gemiffoient fous l'oppreffion » des Suedois avant le commencement de la prefente guerre. 99 » Par l'ufurpation de tant de pla»ces maritimes fi neceffaires à notre Etat, ils nous coupoient tout com» merce avec le refte du monde, & » nous avons vû avec regret qu'ils » avoient encore mis un voile épais devant les ieux des clairvoyans. » Vous favés combien il nous en a » coûté au commencement de cette " guerre, (où Dieu feul nous a conduit, comme par la main, & nous guide encore) à nous rendre experimentés & nous opposer aux avantages que nos ennemis irreconciliables remporterent fur nous. Nous |