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An. Sylvi Fasciculo inter ejus

rerum,

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&c.

Ces précautions prifes par les peres du concile, ne parurent pas fuffifantes au cardinal Ju- AN. 14324 lien qui fe crut obligé d'écrire au pape, pour lui remontrer avec une liberté entiere, accompagnée toutefois du profond respect qu'il lui devoit, combien il étoit éloigné de vouloir diffoudre le concile, en vifageant cette diffolution comme la ruine & la perte de l'églife. Æneas Sylvius a rapporté les deux lettres de ce cardinal, qui font d'un ftyle vraiement apoftolique, plein de force & d'une liberté chrétienne, qui regne partout. « Je vous parle, très-saint p-c X I. re, dit il, avec beaucoup de confiance, & je « n'épargnerai pas même les expreffions for- lettre du car tes, parce que j'ai appris de S. Bernard que la véritable amitié fouffre quelquefois des re- « proches, & jamais de flaterie: que fi j'agif « fois autrement, je me rendrois coupable de ce facrilége & d'infidélité devant Dieu & de- « vant les hommes. » Voici les raisons qu'allegue ce cardinal, pour engager le pape point diffoudre le concile.

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I. Parce que les Bohémiens y avoient déja été appellez, pour y traiter des moyens d'unir les Grecs avec les Latins: ils avoient reçu les lettres préfentées par les députez du concile, ils avoient répondu qu'ils étoient prêts d'y ve nir, pourvû qu'on déliberât fur les quatre articles, aufquels ils réduifoient tous leurs différends avec les catholiques, & qu'on rapportera plus bas. Or fi l'on diffout le concile

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difoit le cardinal, que diront les hérétiques? « L'églife ne reconnoîtra-t'elle pas fa défaite, « puifqu'elle n'a pas ofé attendre ceux qu'elle « avoit convoquez? Par notre fuite nous ap- « prouverons leurs erreurs, & nous paroîtrons condamner la vérité & la juftice qui font de ce notre côté. »

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opera.

Premiere

dinal Julica au pape.

II. Tous les fidéles fe fcandaliferont de la AN. 1432. diffolution du concile, & ils auront lieu de croire que notre doctrine eft fauffe, puisque nous n'ofons pas la défendre contre les erreurs des Bohémiens. Après cela il exhorte le pape Eugene à fe defifter de fon deffein, par la confidération de fon propre intérêt, puifque les Bohémiens, difoit-il, n'ont pas feulement répandu dans toute l'Allemagne, des erreurs contre la foi de l'églife univerfelle, mais même contre l'autorité & contre l'honneur du faint fiége en particulier.

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III. Tout le monde fçait que le concile de Bafle a été affemblé principalement pour extirper l'héréfie des Bohémiens. Quelle confu»fion & quel fcandale, dit encore le même cardinal, ne fera-ce pas dans l'églife, fi le >> concile fe termine fans avoir rien fait? Tout » l'univers qui aura été trompé par une fauffe >> attente d'une entiere réforme de l'églife, n'au» ra- t'il pas fujet de croire que le clergé eft

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incorrigible, & qu'il veut perfifter dans fes » défordres ? N'armera-t'il pas tous les héréti»tiques contre nous, comme contre des gens » qui fe mocquent de Dieu & des hommes? Ne » s'en prendra-t'il pas à l'évêque de Rome mê» me, qui rendra un compte exact de la perte » des ames, dont il aura été coupable? Enfin 2 » quel honneur pour la cour de Rome, de trou» bler un concile affemblé pour la réforme ? N'eft-il pas vrai que toute la haine & toute » la honte retomberont fur celui qui aura été la

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» caufe de tous ces maux?

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» IV. On a publié partout que le concile de Bafle étoit affemblé pour réunir les princes » chrétiens, principalement pour accorder le » roi de France & celui d'Angleterre, qui font en guerre depuis long-tems, Ils ont été in

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ez de venir au concile; ne fera-ce pas les « romper, fi on le diffoud? Il n'y aura donc « AN. 1432. plus de bonne foi parmi les hommes ; on ne « pourra plus faire fonds fur aucune parole «< donnée, & l'on ne se fiera plus à perfonne. « Ajoutez, faint pere, continue le cardinal, « que toute la nobleffe d'Allemagne s'eft of ce ferte à faire marcher une armée très-puiffante l'été prochain contre les Bohémiens, « pourvû qu'on leur fourniffe trente mille écus « d'or. J'en ai écrit quatre fois à votre fainteté « fans aucune réponse: enfin je leur ai promis « cette fomme de la part du concile, & je les « ai exhorté à l'exécution d'un deffein filouable « pour lequel il faudroit vendre & croix & ca- « lices, afin de fournir auffi-tôt cette fomme, « fans excufe & fans délai. Si la diffolution du «e concile fe permet, que deviendra ma pro- « meffe? N'eft ce pas commettre toute l'églife avec les hérétiques, qui ne manqueront pas « de fe prévaloir de nos détours & de nos four- « beries? N'eft-ce pas donner l'épouvante aux « Catholiques, & les forcer à prendre parti << avec les hérétiques? N'eft ce pas enfin irri- « ter toute la nobleffe & toute la milice d'A!- « lemagne, qui fe voyant trompée, s'élevera «< contre le clergé, & décriera partout fon ava- «< rice? Toute la faute, dit ce cardinal au pape, « retombera fur vous, puifque vous n'avez pas « répondu à mes lettres, par lefquelles je vous priois d'envoyer du fecours à cette milice: « mais encore vous m'ordonnez de rompre le « concile, duquel feul, j'ai lieu d'efpérer ce « que vous m'avez refufé; la foi & le falut des ames doit être préféré au temporel, & au « patrimoine de l'églife. Et quand il feroit cer- « tain que vous dûffiez perdre Rome & tout << l'état eccléfiaftique, vous feriez obligé de fe

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courir les ames, pour lesquelles Jefus Christ

AN. 1432. eft mort, plutôt que vos fortereffes, & les » murs de vos villes. »

XII. Bulle du

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pour 1ompre le concile.

Labbe conc.

Enfin le cardinal Julien affure le pape Eugene dans la même lettre, qu'encore que peutêtre la célébration du concile ne dût point procurer tous les biens qu'on en espéroit, qu'on diroit néanmoins qu'ils feroient arrivez, s'il n'eût point été diffous. Il réfute enfuite les raisons du pape pour la diffolution, & fe plaint des variations & des paroles équivoques de ceux qui leur en avoient apporté les lettres. Il infifte plus fortement fur le danger évident du fchif me, affurant la fainteté que les peres du concile étoient fermes dans la réfolution de le continuer, lui expofant les raifons qu'on avoit eûes d'improuver la bulle, dont il avoit chargé l'archevêque de Tarente, pour rompre le concile. L'examen de cette bulle fut faite par des perfonnes habilles & intelligentes, aufquelles ce cardinal la lut, pour tâcher de juftifier le pape, & de colorer fon procédé fous quelque prétexte fpécieux. Voici les raifons ou plutôt les prétextes qu'Eugene alleguoit dans fa bulle, pour engager les peres du concile à fe retirer.

I. Les perfecutions & les violences que quelques citoyens de la ville de Bafle, infectez de pe Eugene erreur des Bohémiens, exerçoient contre le clergé. Cette raison fut déclarée fauffe, parce qu'on avoit des preuves certaines que les citoyens de la ville de Basle étoient très bons catholiques, & bien intentionnez pour le clergé. II. Les guerres continuelles entre les ducs de Bourgogne & d'Autriche, qui ôtoient, difoi-il, la liberté des chemins; mais on répondit qu'il y avoit une trève entre ces princes, & que perfonne ne s'étoit encore plaint d'avoir couru quelque danger fur le chemin de Bale.

tem. XII. p. 937.

III. Son troifiéme prétexte étoit l'union des Grecs avec les Latins, qui ne permettoit pas, AN. 143. selon lui, de précipiter le concile. Cette raison fut déclarée non-recevable, & même ridicule; parce que, difoit-on, il ne falloit pas permettre que l'Allemagne, dont la foi étoit alors bien établie, tombât dans l'héréfie des Bohémiens pour un fujet auffi incertain qu'étoit la réunion des Grecs avec les Latins, qui fe défaifoit auffi fouvent qu'elle fe traitoit. Il y a trois cens ans, difoient les peres, qu'on nous rebat les oreilles de cette chanson, & qu'on la renouvelle chaque année. IV. Il difoit qu'il vouloit affifter lui-même au concile; d'où il concluoit qu'il falloit l'affembler en Italie. Mais cette raison fut jugée auffi frivole que les autres; parce qu'on ne croyoit pas qu'eû égard au danger, dont la foi & tout l'état eccléfiaftique étoient menacés, le pape dût rompre le concile de Bafle, par la raifon qu'il ne pou voit y affifter en perfonne, puifque fon légat y étoit préfent. Telles étoient les raifons qu'Eu gene apportoit dans fa bulle, & aux réponses qu'on fit; on voit bien que fon autorité tomboit d'elle-même.

XIII.

Seconde let.

Auffi le cardinal Julien, fans s'arrêter à cette bulle, écrivit au pape Eugene une feconde lettre tre du cardiplus vive encore, & plus preffante que la premie- nal Julien au re. Il lui repréfente d'abord la joye que les Bo- pape Eugene, hémiens ont témoigné, lorfqu'ils ont oui parler de la paix, & la difpofition où ils étoient de ve- An. Sylv. nir au concile, pourvû qu'on leur donnât un fauf. Fascic. rer. conduit. Il lui montre enfuite l'avantage que reexp. & inter cevroit fa réputation, fi quittant l'Italie, & le foin des biens temporels de l'églife, dont il pouvoit commettre l'adminiftration à des vicaires il fe rendoit au concile; «parce que,dit il,le vé- « ritable patrimoine de l'églife, c'eft de gagner «

ejus operan

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