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affemblée particuliere. Les Grecs y furent par AN. 1439. tagez, les uns étoient ennemis de l'union, & les autres la fouhaitoient, & cherchoient les moiens de la faire réuffir. L'empereur foutenoit ces der niers, & défiroit avec ardeur d'établir la concorde à quelque prix que ce fût. Il fit donc réfoudre dans une autre affemblée , que l'on envoïeroit dire au pape que les difputes étant inutiles, il falloit chercher quelque autre voie pour l'union. A quoi le pape fit reponse, qu'il falloit que les Grecs reconnuffent que les Latins avoient bien prouvé que le faint Efprit procede du Fils, ou qu'ils apportaffent des témoignages de l'écriture formellement contraires; finon qu'on s'affemblât, que l'on prêtât ferment fur les évangiles de dire la verité, qu'enfuite chacun diroit fon avis, & qu'on embrafferoit le fentiment qui auroit la pluralité des voix: qu'il ne fçavoit pas d'autre voie pour concilier les efprits.

Cette réponse du pape aiant été rapportée à l'empereur, il lui fit dire que ce n'étoit pas là le moïen de procurer l'union, que cela feroit renaître de nouvelles difputes, & qu'il faudroit en venir à un jugement, ce qu'on vouloit éviter ; qu'ainfi il prioit fa fainteté de chercher quelque autre voie. Toutes ces négociations durerent plus de deux mois, pendant lefquels on examina avec la derniere exactitude l'écrit de Jean provincial des Dominicains. Marc d'Ephese foutenoit toujours que l'on ne pouvoit foufcrire au dogme des Latins, qu'il ofa même traiter d'hérefie. Au contraire Beffarion de Nicée dit hautement qu'il falloit rendre gloire à Dieu, avouer de bonne foi que la doctrine des Latins étoit celle de la plupart des anciens peres de l'églife Grecque; qu'on devoit expliquer ceux qui avoient parlé plus obfcurement par les autres qui s'étoient expliquez très-clairement fur ce

&

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fujet; qu'il étoit honteux de n'avoir rien à répliquer à un fi grand nombre d'autoritez tout-à- AN. 1439. fait évidentes, finon ce à quoi Marc étoit réduit, que les livres des peres Grecs avoient été corrompus par les Latins; comme fi l'on ne voyoit pas évidemment que tous ces anciens exemplaires étoient tirez de la Grece & tranfcrits depuis plufieurs fiécles par les Grecs mêmes. George Tom. XIII Scolarius fut du même avis, & le prouva par un conciliorum discours que nous avons dans les actes du conci- gener. Lab le, dans lequel il montre qu'il n'y a nulle honte bei, p. 563. & feq. à changer de fentiment & de parti, quand on a de nouvelles lumieres qui découvrent clairemen la vérité. On trouve dans ces actes trois Difcours de difcours de ce fçavant homme; dans le premier larius pour George Scodefquels il montre la néceffité de faire l'union, l'union, dans le fecond il propofe les moyens qu'on peut employer pour lever les obftacles à cette union, dans le troifiéme il expofe les voyes dont on peut fe fervir pour parvenir à un heureux fuccès.

XIII.

XIV. Difcours de

On lit auffi dans les mêmes actes un difcours fort long de Beffarion de Nicée. Ce Grec fut Beffarion de toujours favorable à l'union, ce qui le rendit Nicée en faodieux à ceux à qui elle déplaifoit, & l'obligea de veur de l' refter en Italie. Il fut dans la fuite élevé à la di- nion. gnité de cardinal qu'il honora beaucoup par fa fcience, par fa fageffe & fa piété. Il justifie dans ce difcours le dogme des Latins fur la proceffion du faint Efprit. Il y expose en premier lieu les caufes du fchifine, & fait voir que fi les Grecs étoient excufables fur leur féparation de l'églife. Romaine avant le concile général, il n'y avoit plus préfentement d'excufe pour eux, qu'ils ne pouvoient fe féparer fans crime, à moins qu'ils ne prouvaffent que les Latins s'écartoient de la vérité. Il montre en fecond lieu la néceffité d'ac- conc. gener. corder ensemble les docteurs de l'églife d'Occi- pag. 392. dent avec ceux de l'églife d'Orient. 3. Que quoi-Seq.

Tom. X171.

AN. 1439.

terminer

l'union.

qu'il n'y ait aucune contradiction dans leurs paroles, fi toutefois il s'en trouve quelques-unes d'apparentes, il faut tâcher de les accorder comme une chose néceffaire à la foi. 4. Que pour entendre ceux qui ont parlé obscurement, il faut fe fervir de l'explication de ceux qui fe font exprimez d'une maniere plus claire. s. II explique comment on peut entendre ces deux prépofitions per & ex, dont on fe fert pour marquer la proceffion du faint Esprit. 6. II rapporte les autoritez des peres, qui difent que le faint Efprit provient du Fils, ce qu'on entend de la perfonne même du faint Esprit, & non pas de la grace. 7. Il montre la confor mité des peres de l'églife d'Orient avec ceux de l'églife d'Occident, felon les témoignages qu'en ont apportez les Latins dans les conférences. Enfin il réfute les réponses frivoles que les Grecs ont faites aux preuves des Latins, & finit en exhortant fes compatriotes à l'union, Ce difcours de Beffarion, & ceux de George Scolarius furent préfentez aux Grecs, afin qu'ils y fiffent leurs réflexions, & qu'ils fe rendiffent au défir qu'on avoit de voir une union parfaite entre les deux églifes.

XV. L'empereur voulant abfolument finir cette Affemblée affaire, tint après Pâques une affemblée dans la chez le pamaifon du patriarche, où le cardinal Julien fe triache pour trouva, & où il tâcha de perfuader aux Grecs l'affaire de de reprendre leurs conferences; mais l'empereur ne voulut point écouter cette propofition: & étant allé lui-même trouver le pape, il con Tom. XIII. vint avec lui que l'on nommeroit dix perfon¬ 467.474. nes de part & d'autre, qui s'affembleroient & donneroient l'un après l'autre leur avis fur les moyens qu'ils jugeroient à propos pour parvenir à l'union. Beffarion propofa dans la premiere conférence, que les Latins & les Grecs *approuvaffent

conc. gen.

XVI. Autres con

férences

pour accom

moder les

deux partis.

XVII. Profeffion

de foi des Latins fur la du S. Elprit. proceffion

approuvaffent la lettre de faint Maxime fans aucune explication, parce que les Latins y don- AN. 1439. noient un fens dont les Grecs ne s'accommodoient pas. Marc d'Ephefe propofa enfuite que l'on retranchât l'addition faite au fymbole. D'autres propoferent pour modele la profeffion de foi du patriarche Taraife, où il eft dit que le faint Efprit procede du Pere par le Fils. Enfin il y eut divers temperamens propofez dans cinq conférences, qui furent tenues fur ce fujet; mais aucun ne fut accepté par les deux partis. Les Latins drefferent enfuite une profeffion de foi, dans laquelle ils déclaroient qu'ils n'admettoient point deux principes, ou deux caufes dans la Trinité mais un feul principe qui eft l'action du Pere & du Fils, & leur puiffance productive; & que le faint Efprit ne procede pas du Fils comme d'un autre principe, ou d'une autre caufe, parce qu'il n'y a qu'une caufe, qu'une racine, qu'une fource de la divinité qui eft le Pere; que cependant le Pere & le Fils font deux perfonnes, quoiqu'ils agiffent par une même action, & que la perfonne produite de la fubftance & de l'hypoftafe du Pere & du Fils font une Que ceux qui difent que le faint Esprit ne procede que du Fils, font obligez de dire qu'il y a eu un tems que le Pere n'étoit point, ou de féparer la fubftance de l'hypoftafe, ce qui eft abfurde. Cette profeffion de foi fut envoyée aux Grecs par les Latins le vingt-neuvième d'Avril; & les Grecs n'en ayant point été contens, il fallut leur en envoyer une autre.

Cette feconde profeffion de foi des Latins contenoit encore la proceffion du faint Esprit, du pere & du Fils; enforte toutefois qu'il étoit dit que le Pere étoit la feule cause du Fils & du faint Efprit. Les Grecs en donnerent ensuite une de leur côté, dans laquelle ils déclaroient Tome XXII,

L

XVIII.

Autre pro feffion de foi des La

tins.

que le Pere étoit la fource & la racine du Fils &

AN. 1439. du faint Efprit ; & que le faint Efprit fortoit du Fils, & étoit envoyé par le Fils. Les Latins demandoient qu'ils expliquaffent ces termes, & qu'ils euffent à dire en quel fens ils les prenoient; s'ils les entendoient de la proceffion éternelle & fubftantielle du faint Elprit, ou fet:lement d'une miffion temporelle. Les Grecs, après quelques difficultez, drefferent une profeffion de foi, qui étoit conçuë en ces ter

XIX.

de foi dref

fée
par
les
Grees pour
les Latins.

mes:

,

» Nous autres Latins nous affurons & faiProfeflion fons profeffion, que quand nous difons que » le faint Efprit procede du Pere & du Fils, » nous n'entendons nier pour pas cela le que » Pere ne foit le principe & la fource de toute », la divinité du Fils & du Saint Esprit, ou que » le Fils procede du Pere; ou admettre deux » principes & deux productions du faint Ef» prit mais nous affurons & croyons que le S. Efprit procede du Pere & du Fils comme » d'un feul principe, & par une feule produc» tion. Et nous autres Grecs reconnoiffons que » le faint Efprit procede du Pere, & qu'il ap» partient au Fils, qu'il fort de lui, & qu'il procede fubftantiellement des deux, fçavoir » du Pere par le Fils, & nous nous uniffons dans » cette profeffion de foi unanime. ››

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Cette profeffion de foi ayant été luë dans Paffemblée des Grecs, fut approuvée des uns & rejettée des autres. Cependant elle paffa à la pluralité des voix, & fut envoyée au pape, qui demandoit qu'on y ajoutât encore diverfes explications. Les Grecs étoient partagez entre eux. Beffarion de Nicée, & l'archevêque de Ruffie foutenoient que l'on pouvoit dire que le faint Efprit procede du Pere & du Fils, comme le difoient les Latins, ou du Pere par le

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