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damné, & déposé des papes convaincus d'erreur dans la foi & dans les mœurs & qu'au contrai- AN. 14327 re le pape n'a jamais condamné, ou excommuConcil. Lab nié, ou déposé le refte du corps de l'églite. Ainfi ut fuprà. quoique le pape & l'église aient reçu le pouvoir de lier & de délier, le pape toutefois n'a jamais exercé ce pouvoir contre l'églite; mais l'églife l'a quelquefois exercé contre le pape. L'autorité enfin nous prouve la méme chose : car ces paroles de Jefus-Christ dans l'évangile : Si Matth. votre frere a péché contre vous, dites-le a l'églife, &s'il n'écoute pas l'églife même, qu'il foit à votre égard comme un l'aien & un Publicain, comprennent tous les hommes, faint Pierre auffi-bien que fes fucceffeurs. Que S. Pierre ait été compris dans ces paroles, S. Paul nous en Galat. 6. 20 fournit une preuve évidente, lorsqu'il résista en face à cet apôtre devant tout le monde, parce qu'il étoit, dit-il, repréhenfible. Or qu'a-t'il fait autre chofe, en réfiftant à S. Pierre en présence de tout le peuple, que découvrir fa faute à toute l'églife? Que fes fucceffeurs y foient compris auffi, il eft aité de le prouver par les exemples des papes Anaftafe & Libere, qui furent regardez par toute l'églife de Rome, comme des papes dans l'erreur; & par la conduite du concile de Conftance, qui a déclaré que les crimes des papes contre la foi, leur schisme, & le déreglement de leurs moeurs, peuvent être déclarez à l'églife, & qu'ils font tenus de fe foumettre à fes décifions. Que fi par opiniâtreté ils refusent d'y obéir, ils peuvent être condamnez à une pénitence proportionnée, & l'on peut recourir à d'autres remedes marquez dans le droit ; & par conféquent on peut les excommunier. Cela étant, ils feront regardez comme des hérétiques & des publicains.

La lettre ajoute: Le pape fe plaint que nous Zuid

aions appellé les Bohémiens au concile: on no AN. 1432. l'a pû faire, dit-il, fans offenfer le concile de Conc. Lab. Conftance qui les a condamnez. On répond: tom. XII, ut Dans quel décret de ce concile avez-vous lû, Suprà.

que l'églife ne doive pas appeller les Bohémiens
pour les inftruire? Nous ne fommes pas furpris,
continue-t'on, fi l'on a pris occafion des ter-
mes dont s'eft fervi notre orateur, lorfqu'il a
invité les Bohémiens au concile, pour avoir un
prétexte de diffoudre le concile même, puisque
T'on a fait un pareil ufage des lettres que nous
avons écrites, quelques ménagées qu'elles fuf-
fent. Plût à Dieu, que pour l'honneur du fou-
verain pontife, il n'eût pas inferé cette raison
dans fes lettres, qu'une femblable convocation
des Bohémiens, eft injurieuse au faint fiége, aux
conciles, aux décrets des faints peres, & aux loix
de l'églife. Mais fi le pape défaprouve l'audien-
ce qu'on accorde aux Bohémiens, pourquoi ne
veut-il pas qu'on agiffe de même avec les Grecs;
puifque les uns & les autres font féparez de l'u-
nité de l'églife? Si le concile eft indiqué à Bou-
logne pour les Grecs, pourquoi les Bohémiens
n'auront-ils pas le même avantage à l'égard
du concile de Bafle? Leur hérefie n'eft-elle pas
plus dangereufe ; & n'eft-ce pas une raison qui
nous oblige à nous y appliquer plus fortement ?
La même lettre montre enfuite l'importance
d'écouter les Bohémiens, les conféquences fâ-
cheufes pour l'églife, fi on leur refufoit une au-
dience, la conduite qu'on y tiendra, n'aïant d'au-
tre vûë que de les inftruire & les convertir, s'il
eft poffible: & que cette conduite a été pratiquée
par beaucoup de peres & de docteurs de l'Eglife,
dans tous les fiécles. Elle conjure en finiffant
& fupplie le pape avec toutes les inftances pof
fibles, pour le falut de fon ame, & pour la con-
fervation de l'églife, d'adherer au concile de

Balle

Bafle, & de ne point penfer à le diffoudre. Cette

lettre eft datée de Bafte dans une congregation AN. 14326 générale, le troifiéme de Septembre.

Les prélats qui étoient allé trouver le pape & les cardinaux de la part du concile, étoient l'évêque de Lauzane, & le doyen d'Utrecht: on les chargea de demander avec inftance au pape Eugene la révocation de fon decret. Ces deux députez s'acquitterent de leur commiffion avec beaucoup de fidélité,& l'empereur joignit même fes prieres aux leurs ; mais ils ne gagnerent rien encore fur l'efprit d'Eugene. Les députez revinrent fort chagrins du mauvais fuccès de leur députation; & le concile voyant qu'Eugene vouloit toujours maintenir fon decret, & que le concile fût diffous, celui-ci, fans avoir égard à ce decret, opposa son autorité à la fienne.

XV. Troifiéme feffion du

XII.

Pour cet effet on tint la troifiéme feffion dans l'église cathedrale de Basle le vingt-neuviéme d'Avril de l'an 1432. On commença par le rap- concile de port de tout ce que le concile avoit fait, pour Bafle. fupplier le pape & les cardinaux de venir à Bafle, & y examiner avec les autres membres affemblez Lab, concil. les affaires importantes qu'on avoit à y traiter, Tom. 1. p du refus qu'ils avoient toujours fait de s'y rendre, & de l'opiniâtre réfistance d'Eugene, qui vouloit abfolument que ce concile fut diffous. Après ce rapport on renouvella les decrets du concile de Conftance,touchant l'autorité du concile général, que l'on avoit déja publiez dans la précédente feffion. On fit enfuite un autre decret par lequel le préfent concile légitimement af femblé, gouverné par le Saint-Esprit, & ayant toute l'autorité d'un concile général avertit,prie, conjure, & fomme expreffément le pape Eugene de révoquer abfolument & de fait le decret qu'il avoit donné pour diffoudre le present concile, de faire publier la révocation par tout le monde,& Tome XXII, B.

non-feulement de ne pas empêcher, mais même AN. 1432, de donner toutes fortes de fecours pour la tenuë & la liberté du concile, & de s'y trouver en perfonne dans trois mois, fi fa fanté le lui permettoit, ou du moins d'y envoyer des perfonnes qui euffent un plein pouvoir d'agir en fon nom; & en cas qu'il négligeât de le faire, le concile proteste qu'il pourvoira aux néceffitez de l'églife, felon que le Saint-Esprit lui dictera, & qu'il procedera par les voyes de droit. Il exhorte auffi & avertit les cardinaux de le trouver au concile dans le même terme de trois mois, à l'exception de ceux qui avoient quelque empêchement canonique, & du cardinal de Sainte-Croix, qui étoit médiateur de la paix entre les rois de France & d'Angleterre: mais à l'égard des cardinaux de Plaisance, de Foix & de Saint-Eustache, qui étoient plus près du concile, il reftreint le terme à deux mois. Enfin, on ordonne à tous les prélats de publier ce decret, de le notifier au pape, fi cela se peut, & de le faire afficher; & le concile déclare que, dès qu'il aura été lû, publié & affiché à la porte de l'églife de Bafle, il fera cenfé fignifié au pape. Une année entière fe paffa en citations contre Eugene, au grand fcandale de l'églife.

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Outre les notaires qu'on avoit choifis dans la premiere feffion, le concile jugea à propos d'en nommer encore deux autres dans celle-ci; fçavoir Barthelemi de Lutignia, qui étoit de Sien ne, & Thomas Chefnelot, bachelier en droit chanoine du diocèle de Reims. Après quoi l'on finit la feffion;mais dans une congrégation qu'on tint le neuviéme de Mai, les peres qui n'avoient point encore remercié les prélats de France, de ce qu'ils avoient fait en faveur du concile Le concile dans l'affemblée de Bourges, en écrivirent alors au roi Charles VII. pour l'en féliciter, & le prierent, que, comme les rois fes prédéceffeurs

XVI.

écrit au roi de France.

avoient toujours paru pleins de zele pour fe

courir l'églife, ce qui leur avoit merité le nom AN. 1432. de rois tres chrétiens, il lui plût de faire exécuter la délibération de fes prélats, & d'envoyer les évêques de France avec les ambassadeurs, afin que le concile étant devenu par-là plus nombreux, il fût en état de pourvoir plus fürement au bien de la religion. Le concile exhorta de même les prélats à se rendre à Bafle, aussi bien que le fieur de la Trémouille, qui étoit plus avant que tout autre dans la faveur du roi, Renault archevêque de Reims, chancelier de France, & l'archevêque de Lyon, qui étoit alors légat du pape. Le concile pria ce dernier de quitter fa légation comme inutile, pour fe rendre promptement à Basle, afin qu'à son exemple les autres y vinffent à l'envi. Cependant il paroît par une lettre de ce prélat à l'évêque de Lauzane, qu'il ne quitta point la France, s'y croyant plus néceffaire, pour les affaires du concile.

XVII. Affemblée

miens pour

des Bohé-
députer au
concile.
x11. liv. 105.
Sup. tom.
. 89.& 90.

Æn. Sylv.

Les Bohémiens incertains s'ils devoient répondre favorablement aux invitations du concile, & aux lettres que l'empereur leur avoit écrites pour les engager à y envoyer leurs députez, s'affemblerent à Egre, pour prendre leur réfolution. Les fentimens d'abord furent fort partagez. Les Orphelins, les Thaborites & prefque tout le peuple dirent, qu'on ne devoit point y aller ni y envoyer, apportant pour raison l'éxemple de Jean Hus & de Jerôme de Prague, hift.Boh. 6.49, qui s'étoient fiez ainfi au fauf-conduit de Sigifmond, & qui néanmoins avoient été condamnez au fupplice du feu, dans le tems du concile de Conftance. Mainard prince de la Maison neuve, & toute la nobleffe fut d'un autre fentiment. Ils représenterent qu'on ne devoit point fouffrir ceux qui introduifoient de nouveaux dogmes, une doctrine étrangere & de nouveaux

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