Imágenes de páginas
PDF
EPUB

ufages, avant qu'ils euffent rendu compte à l'éAN. 1432. glife de leur conduite & de leurs fentimens, & qu'ils euffent foumis à des gens éclairez ce qu'ils avoient appris au peuple. Cet avis l'emporta fur l'autre, & toute l'affemblée conclut qu'il falloit envoyer des députez au concile. Les principaux furent Guillaume Coska, & le célébre Procope pour la nobleffe; Jean de Roquefane, & deux autres pour le clergé mais avant leur départ, ils voulurent être munis d'un fauf-conduit en bonnes formes. Il leur fut ex

XVIII.

feflion du

concile de Bafle.

accordé aux

Labbe conc.

482.

Quatriéme pédié dans la feffion fuivante, qui étoit la quatriéme, & qui fe tint le vendredi vingtiéme de Juin de la même année 1432. Ce sauf conduit étoit une fignification qu'on faifoit à tous les XIX. peuples du royaume de Bohême, du marquifat Sauf conduit de Moravie, de Prague, & autres lieux, aux Bohémiens. prêtres, barons, nobles, eccléfiaftiques & feculiers qui feroient envoyez au concile général de Bafle de s'y rendre en tel nombre qu'ils voufoz. XII. • dront, pourvû qu'il foit au-deffous de deux cens ; & le concile, par ce fauf-conduit, leur accorde une entiere fûreté, & leur permet de demeurer à Bafle, d'y traiter des affaires qui leur auront êté commises, de les conclure & de les terminer, de célébrer l'office divin dans les lieux de leur demeure, fans qu'on puiffe les en empêcher, de fortir de la ville toutes les fois qu'ils le voudront, pour prendre l'air, ou pour d'autres sujets; de punir eux-mêmes ceux des leurs qui manqueront à leur devoir, fans que d'autres puiffent s'en mêler. Le concile promet auffi de les prendre fous fa protection, durant tout le tems qu'ils feront à Bafle; & quand ils auront eu une audience fuffifante, s'ils demandent à fe retirer, ou que le concile juge à propos de les renvoyer, il promet de leur accorder vingt jours pour le rendre au lieu qu'ils défireront.

[ocr errors]
[ocr errors]

XX.

Lettre des peres du con. cile aux Bo. hémiens

Labbe cone.

tom. XII. p.

485.

Le concile fit lire dans la même feffion la lettre qu'il écrivit aux Bohémiens, pour les féli- AN. 1432. citer de la résolution qu'ils avoient prise dans la ville d'Egre de députer au concile, & qui fai. foit elpérer une prochaine réunion. » Nous »louons, disent les peres du concile dans cette » lettre, & nous beniffons le Seigneur qui nous » procure le plus heureux jour de notre vie; >> nous voyons.toutes les voyes difpofées pour » la manifestation de la gloire de Dieu, & l'a»vancement du peuple chrétien. Il n'y avoit » aucun de nous qui ne répandit des larmes de joye, pendant que nos députez nous rapportoient ce qui s'eft paffé avec vous. Nos entrailles étoient émûes de voir un fi heureux >> commencement, qui fera fans doute fuivi » d'un plus heureux fuccès. Levons donc nos » mains vers le ciel, & rendons gloire à Jesus» Chrift, d'avoir rendu fi prochaine cette paix que nous lui avons demandée fi fouvent. » Oui, l'heure approche, en laquelle l'église » notre fainte mere, qui a été fi long-tems conf»ternée de voir fes enfans divifez, commence à fe réjouir de la paix & de l'unité que » Vous nous faites efperer, à changer en joye » fon deuil paffé. Il eft tems que ceux qui ont » été marquez du sceau de Jesus-Christ, qui ont été régénerez par le même baptême, quittent » toute diffenfion, fe revêtent du même efprit » de charité & d'unité, travaillent de toutes leurs » forces à augmenter la gloire du nom chrétien, & protegent la foi orthodoxe que les » infideles & les payens déchirent honteusement en beaucoup d'endroits, & qu'ils voudroient éteindre entierement » Le concile envoya cette lettre aux Bohémiens avec le fauf-conduit qu'il avoit dreffé; & pour montrer à cette nation qu'il vouloit leur donner toute la fûreté

[ocr errors]

AN. 1432.

Labbe conc.

qu'il pouvoit lui procurer, il envoya à Sigifmond
Jean de Mulbrun 9
un de ceux qui avoient été
députez en Bohême, & qui avoient affifté à l'as-
femblée d'Egre, pour demander à ce prince un
autre fauf conduit figné de lui: & le concile dit
dans fa lettre aux Bohémiens, qu'il le leur en-
voyera dès qu'il l'aura reçû, afin que rien ne
manque de la part de ce qui peut les engager à
faire avec l'églife une paix entiere & parfaite.

Comme le pape étoit alors affez dangereusetom. XII. p. ment malade, le concile ordonna dans la même 487.488. feffion, que fi le faint fiége venoit à vaquer, les cardinaux n'éliroient point le pape ailleurs que dans le concile même. On publia enfuite quatre decrets: le premier porte, que le pape vivant ne pourra point créer de nouveaux cardinaux durant la tenue du concile, parce que leur grand nombre étoit à charge à l'églife, & que s'il en créoit, la création feroit déclarée nulle. Et parce que le pape Eugene pouvoit en Ε créer malgré la défenfe du concile, on statua que s'il en faifoit quelques-uns, il ne pourroit point les préconifer, pour prévenir un abus dan gereux au deffein qu'on fe propofoit de réfor mer l'églife; qui étoit, que plufieurs personnes ambitionnoient le chapeau du cardinal, & euffent pû par-là quitter le parti de l'églife, pour s'attacher à la cour de Rome, ce que le concile vouloit empêcher Le fecond decret por te, que perfonne n'étoit dispensé de venir au concile, fous prétexte de ferment, de promesse ou d'engagement fait au pape, ou à tout autre, & que ces fermens & ces engagemens font nuls, de même que toutes les procedures qui feroient faites à ce sujet, ou que l'on aura déja faites. Le troifiéme, que le fceau des lettres & actes du concile feroit en plomb, que d'un côté le Saint-Esprit y feroit gravé fous la forme de co

lombe, & de l'autre côté ces mots: Le faint & facré concile général de Bafle.

AN. 1432

neur d'Avi

gnon.

Labbe conc.

Le dernier decret de cette feffion contient XXI. la commiffion donnée par le concile à Alfonfe Le cardinal Barrigle Espagnol, cardinal du titre de Saint- de S. EustaEuftache, pour être gouverneur de la ville d'A- che, gouver vignon & du comtat Venaiffin, avec une pleine & entiere puiffance, femblable à celle que François archevêque de Narbonne, & camerier de l'Eglife Romaine avoit reçûë de Martin V. Ce tom. 1. p. prélat se trouve avoir été le premier vice légat d'Avignon, après le départ des papes & de leur cour: Pierre cardinal de Foix, auquel le pape Eugene avoit donné cette légation, ayant êté rejetté par ceux d'Avignon, ce qui fut caufe d'une guerre, & de la prife de la ville.

489.

XXII. Cinquiéme feffion du

concile de

Lahbe conc.

tm. XII. p.

Dans la cinquiéme feffion quife tint le famedi neuvième d'Août, veille de faint Laurent,le concile faifant attention qu'il étoit utile & même nécessaire d'établir des perfonnes capables pour Balle. examiner & traiter les caufes qui regardoient la foi, avant que le concile donnât un jugement définitif, il établit pour cela trois juges; Fran- 490. & feq. çois évêque de Pavie, Conrad évêque de Ratif bonne, & Jean abbé de Citeaux, & il leur donna pouvoir de citer, entendre, connoitre, décider, & faire tout ce qui concernoit les causes de foi, foit dans le lieu du concile, foit hers du concile même. Cependant les députez du concile devoient examiner avant eux ces causes,. & enfuite leur en faire leur rapport, & les leur remettre, pour en connoître plus pleinement; & ces juges avoient le pouvoir de prononcer deffus,jufqu'à fentence définitive exclufivement, c'est-à-dire, que le concile fe réfer voit le pouvoir de décider définitivement; ce qui étoit né ceffaire, afin que la décision eût force de loi. On nomma aufli trois autres évêques pour con

noître de toutes les caufes qui étoient dévoAN. 1432. luës au concile, excepté celles qui regardoient la foi, quelques autres officiers. Le pouvoir

XXIII.

des uns & des autres fut limité à trois mois. Enfin l'on ordonna que tous ceux qui étoient incorporez au concile, ou leurs procureurs, ne pourroient être ajournez à la cour de Rome ni ailleurs, & qu'on ne pourroit les forcer de s'y rendre, fi on les y avoit ajournez. Ainfi finit la feffion.

Le vingt-troifiéme du mois d'Août il y eut Congrega une congrégation générale pour entendre les tion où l'on légats du pape Eugene, arrivez depuis peu à écoute les lé- Bafle. Ils étoient au nombre de quatre, fçavoir, gats du pape Eugene. André de Conftantinople, archevêque de Coloffe, Jean de Tarente Bertrand évêque de Maguelone, dont le fiége a été depuis transferé à Montpellier, & Antoine auditeur des causes du facré palais. Ils parurent tous dans cette affemblée, & André parla le premier, & fort au long, des malheurs du fchifme, & des avantages d'une paix folide qu'il falloit embraffer avec le chef de l'églife, afin d'y amener les Grecs plus facilement, de travailler plus efficacement à la converfion des Bohémiens,& de réformer les mœurs du clergé. Dans un autre congrégation, le vingt-cinquiéme du même mois, Jean de Tarente parla de l'autorité fouveraine & néceffaire du pape; il dit qu'Eugene avoit eu un jufte fujet de diffoudre le concile de Bafle, que c'éroit à lui feul qu'il appartenoit de difpofer du tems & du lieu de la célébration des conciles fans pouvoir en cela être foûmis à d'autres : il ajouta, que le pape défirant fur-tout que le concile fût tenu en faveur des Grecs, des Bohémiens & de la réformation des mœurs; & fa maladie, jointe à d'autres affaires importantes, ne lui permettant pas de quitter l'Italie, il offroit tel

« AnteriorContinuar »