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endroit foumis à l'état eccléfiaftique, qu'on voudroit choifir, qu'il mettoit au plein pouvoir du AN. 1432. concile, & qu'il s'y tranfporteroit aufli-tôt pour fe foumettre avant toutes chofes à ce qu'on décideroit fur la réforme, tant par rapport à luimême, que par rapport aux autres prélats & officiers qui en auroient befoin.

Ce difcours du légat du pape ne fut pas agréa ble au concile; & comme les peres avoient autant d'ardeur pour continuer le concile à Bafle, que le pape Eugene en avoit pour le diffou dre, & le transférer ailleurs; on répondit aux légats, que s'efforcer de rompre & de diffoudre un concile légitimement affemblé, c'étoit vouloir renouveller dans l'églife un fchifme, qui ne pouvoit tendre qu'à fa ruine, & que ceux qui fe conduifoient ainfi, contriftoient le SaintElprit, & le chaffoient de leur propre cœur, parce qu'ils rompoient le lien effentiel, qui eft feul capable de le retenir, c'est-à-dire, la charité; que l'autorité des conciles généraux repréfentant toute l'églife catholique, avoit un pouvoir fouverain fur tous les membres, parce qu'elle procedoit immédiatement de JefusChrift, & que les papes mêmes étoient obligez de s'y foûmettre, en ce qui regardoit la foi, le fchifme & la réformation des mœurs; que c'étoit pour cette raison qu'on ne pouvoit pas dire, que le concile de Bafle eût rien attenté contre le pape Eugene, en le citant à comparoître, & que les caufes qu'il apportoit pour le rompre, étoient nulles en beaucoup de manieres, & toutà-fait préjudiciables au motif pour lequel le concile étoit convoqué & affemblé : qu'ainfi les peres ne pouvoient en confcience ni confentir aux deffeins du pape, ni acquiefcer à la rupture du concile, Cette lettre eft du troifiéme de Septembre,

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XXIV.

Réponte des peres du concile à ces légats. Labbe con

tom. xil. •

475.

AN. 143.

XXV.
Sixiéme

feffion du

concile de Bafle.

Labbe conc.

tom: x11. p. 493.

Le famedi fuivant fixiéme du même mois, on tint la fixiéme feffion On chanta une meffe de la fainte Vierge, qui fut célébrée folemnellement par Philibert éveque de Coutances, en préfence du cardinal Julien préfident, de deux autres cardinaux; fçavoir le cardinal Firmin, & celui de Plaifance, de Guillaume duc de Baviere, protecteur du concile, avec trente-deux prélats en habits pontificaux. Comme le pape Eugene n'avoit ni révoqué la bulle de la diffolution du concile, ni comparu en perfonne, ni par procureur, le jour qui lui avoit été affigné dans la troifiéme feffion, les promoteurs du concile demanderent qu'il fût déclaré contumace, ce qui leur fut accordé, après néanmoins l'avoir cité encore par trois fois à la porte de l'églife. Ses légats, les archevêques de Coloffe & de Tarente, l'évêque de Maguelone, & l'auditeur parurent, & demanderent que, pour éviter les Icandales, on fursît quant aux procedures qui concernoient le pape & les cardinaux. Sur leurs remontrances, l'on commit deux évêques pour examiner les raisons de leur absence, & l'on envoya Gerard évêque de Lodi, au roi d'Angleterre, pour lui représenter la convocation légitime du concile, l'exhorter à y envoyer fes prélats, & le folliciter à faire fa paix avec la France, afin qu'on pût enfuite travailler plus sûrement pour le bien de l'église, & qu'on le fit fans obftacle.

Il y eut une congrégation générale le vendredi vingt-quatriéme d'Octobre, dans laquelle on propofa plufieurs articles qui concernoient la réformation des mœurs dans le chef & dans les membres de l'églife, felon le deffein du concile. mais comme les peres n'étoient pas affez unis pour une fi bonne œuvre, ces projets n'aboutirent à rien, parce que l'affaire du pape Eugene occupoit davantage.

On tint donc la septiéme feffion le jeudi fixiéme de Novembre ; & après la meffe du Saint- AN. 14;2. Elprit, qui fut chantée par l'évêque de Novar

XXVI.
Septiéme

re, & les autres cérémonies ordinaires, on publia le décret de la quatriéme feffion, qui porte, feffion da que, fi pendant la tenue du concile, le faint fié concile de ga venoit à vaquer, il ne feroit point permis. aux cardinaux de proceder à l'élection d'un nou

Balle.

Labbe conc

veau pape, fans le confentement du concile, tom. XII. p. & que cette élection ne se feroit que foixante 496. jours après la vacance du faint fiége, afin de donner aux cardinaux abfens le tenas de fe rendre au concile pour proceder à cette élection. Par un autre décret, le concile ordonna, qu'afin que ceux à qui il appartenoit de droit de difpofer des bénéfices des cardinaux rebelles, le puffent faire librement, & par la voïe de collation, présentation, élection, & toute autre provifion, quand ce feroit des bénéfices de métropolitaines, de cathédrales, ou autres poffédez par les mêmes cardinaux, fous le titre de commande; tous ces bénéfices fercient remis aux collateurs ordinaires, fans avoir aucun égard aux réserves du faint fiége; & que le pape ne difpoferoit point des bénéfices de ceux qui étoient dans le concile.

XXVII. Huitiéme feffion du

concile de

La huitiéme feffion fut tenuë le dix-huitiéme Décembre, qui étoit un jeudi. Le concile y dit d'abord, que quoique felon le droit, eu égard à la grande opiniâtreté du pape Eugene, Baile. & des cardinaux qui lui font attachez, on dût proceder juridiquement pour les déclarer con- Ibid. p. 497. &feq. tumacès, & employer contre eux les peines de droit; cependant voulant agir à leur égard avec toute la douceur poffible, dans l'espérance que peut être ils le repentiront; & d'ailleurs faifant attention à la priere du roi des Romains qui faifoit faire de nouvelles inftances auprès

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du pape par fes ambaffadeurs, & fouhaitoit qu'on AN. 1432. usât de quelque furséance, be concile donne encore après les trois mois expirez, foixante jours au pape Eugene, pour accomplir ce qui eft porté dans la troifiéme & fixiéme feffion, & pour révoquer fans autre délai fa bulle de diffolution du concile; qu'autrement il fera procedé contre lui fans autre ajournement, & fans nouvelle citation. On déclare nulles toutes les provifions ou collations de bénéfices qu'il pourroit donner entre ci & ce tems-là, On enjoint à tous les of ficiers & prélats de le quitter vingt jours après ce terme expiré, fur peine d'être privez de leurs bénéfices.

XXVIII.

I abbe conc. Tom, XII. pag. 498.

On fit enfuite un autre décret, dans lequel Décrets qui les peres déclarent, que comme l'églife fainte déclarent & catholique eft une, Jefus Chrift fon époux qu'il ne peut difant: Cant. 6. Une feule eft ma colombe & y avoir ma parfaite amie; & cet article étant de foi, qu'un concile général. il fuit de-là que cette unité ne pouvant recevoir aucune diviñon, il n'y peut avoir qu'un concile général repréfentant l'églife catholique. Comme donc le concile a été établi dans la ville de Bafle, conformément aux décrets des conciles de Conftance & de Sienne, avec l'approba tion de deux fouverains pontifes, Martin V. & Eugene IV. il eft clair que tant que le concile continue à Bafle, on n'en peut affembler d'autre ailleurs; & que toute autre affemblée tenue fous le nom de concile général, feroit eftimée une congrégation de cabale & de schisme. C'eft pourquoi le faint concile avertit & exhorte tous les fidéles, de quelque état, dignité, condition qu'ils foient, papes, empereurs, rois, en vertu de la fainte obéiffance, & fous les peines portées par le droit contre les fchifmatiques, d'empêcher la tenuë d'aucun concile, pendant que celui de Bafle fe tiendroit: &

ajoûte, que quiconque iroit à Boulogne, ou

en tel autre lieu que ce pût être, pour la tenue AN. 1432. d'un concile, il encourroit l'excommunication

Labbe conc.

pfo facto, & la privation de fes bénéfices. Par tom. XII. un autre décret, le concile déclare déchus de p. 499. tous droits aux bénéfices, ceux qui les demanderont, & obtiendront du pape Eugene, pour en priver ceux qui affiftent au concile. Enfin, par un troifiéme décret, l'on fait défense au pape Eugene de faire aucune aliénation des terres & châteaux de l'église Romaine, comme il l'avoit projetté, de mettre de nouveaux impôts dans la ville de Rome & ailleurs ; & en cas qu'il le fit, on déclare nul ce qu'il auroit fait.

pag. 5oo.

XXIX.

pour prote

Labbe conc.

Ce qui ranima la conftance des peres du concile, & ce qui les rendit plus hardis, fut la nou-dis de velle qu'ils apprirent, que Sigifmond avoit ex- Pempereur pédié, & fait publier à Sienne des lettres paten- ger le contes du vingt-deuxième Novembre, pour appren- cile. dre à tous les fujets qu'il continuoit de mettre fous fa protection le concile de Bafle, comine tom. XII. ap. il avoit fait dès le commencement, & qu'il ne pend. 1. p. fouffriroit jamais qu'on blefsât en aucune ma- 464. nière fon autorité ni fa liberté. Ce prince s'étoit rendu à Sienne, à la priere des habitans, qui avoient imploré fon fecours & fa protection contre les Florentins leurs ennemis. Ceux-ci faifoient tous leurs efforts pour empêcher Sigifmond de s'avancer vers Rome, où il devoit être couronné, & le pape leur fut toujours favorable, jufqu'à la paix qui fe fit l'année fuivante.

XXX.

Affaires du

royaume de Naples.

Dans le royaume de Naples les affaires ne fe terminerent pas heureusement pour Jean Caraccio li grand-fénéchal, qui par une ambition demefurée, avoit tellement ufurpé l'autorité, qu'il s'en regardoit comme roi. Ce prince irrité du refus que la reine lui avoit fait de la princi- Summon le pauté de Salerne, en vintjufqu'aux injures & aux

4.63.

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