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I V. Arrivée du cardinal Ju

lien.

Mais comme il ne fe trouva alors que de prélats, on se contenta de tenir quelques AN. 1431. congregations jufqu'au mois de décembre. On vouloit auffi donner le tems au cardinal Julien d'arriver, parce qu'il avoit promis de s'y rendre, & il arriva en effet dans le mois d'Octobre. Son premier foin, après fon entrée à Bafle, fut d'ecrire aux Bohémiens des lettres fort preffantes & pleines de témoignage d'amitié, pour les inviter d'envoier leurs députés au concile; & il offrit de leur donner des fauf- conduits auffi étendus qu'ils les défiroient, & dans les termes dans lesquels ils voudroient qu'ils fuffent exprimez. L'empereur leur avoit auffi écrit xx1. liv. 105. en termes capables de les gagner. Ces lettres ". 49.89 & produifirent leur effet dans la fuite.

guer

Suprà tom.

90.

V.

Le pape

Eugene IV. cominence à

Cependant le pape Eugene, informé qu'il y avoit très-peu de prélats à Bafle, & qu'il n'y avoit aucune sûreté pour eux à cause de la re qui étoit entre les ducs de Bourgogne & d'Au- vouloir diftriche, follicité d'ailleurs par les Grecs à tenir un foudre le con concile pour l'union des églifes grecque & lati- cile de Balle, ne, fuivant l'accord fait avec Martin V. conçut le deffein de diffoudre le concile de Bafle, ou du moins de le transferer dans une autre ville plus à portée des Grecs; ne croiant pas qu'il fût à propos, pour le bien de la religion, de tenir deux conciles en même tems; & jugeant qu'il étoit mieux d'indiquer un feul, à Boulogne en Italie dans un an & demi, & un autre dans dix ans, fuivant le décret du concile de Conftance. Il en écrivit même au cardinal Julien, de l'avis de dix cardinaux qui étoient auprès de lui; mais cette propofition ne fut pas favorablement reçue. On lui répondit qu'il étoit plus convenable que le concile fût tenu à Bafle, que dans toute autre ville, étant plus à portée dans celle-ci de reformer les mœurs des Allemands, & qu'on le prioit

de faire une nouvelle convocation des prélats. AN. 1431. Eugene reçut mal cette réponse;parce qu'il avoit déja réfolu d'empêcher abfolument la tenue de

ce concile, où il fçavoit bien qu'on devoit y

traiter des matieres qui choquoient fon autorité. Spond. ad Mais le cardinal Julien, qui penétroit dans hunc ann. n. l'intention du pape, ufa de l'autorité qu'il lui

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avoit donnée lui-même, & qui le rendoit maître. de cette affaire. Ainfi ayant tenu une congregation générale le vendredi feptiéme de Decembre, il indiqua la premiere feffion du concile au vendredi fuivant quatorziéme du même mois. Ce qui l'autorifoit encore à agir avec tant d'ardeur, c'est que la raifon du petit nombre de prélat, qu'Eugene avoit apportée pour diffoudre le concile de Bafle, & le transferer ailleurs, ne fubfiftoit plus. Ony voioit arriver tous les jours un grand nombre d'évêques, de cardinaux, d'abe bés, & des ambaffadeurs de rois & de princes. Les chemins auffi étoient libres, & l'on pouvoit venir à Bafle fans rien craindre. D'ail leurs le cardinal Julien étoit perfuadé que la tenue du concile à Bafle étoit absolument néceffaire pour les affaires d'Allemagne & de Bohême, & qu'on ne pouvoit honnêtement le remettre ni dans un autre tems, ni dans un autre lieu, fans fe faire tort, & fans fournir un fujet de plaintes aux princes & aux prélats. Aïant donc indiqué la feffion pour le 14 de Decembre, il en donna auffi-tôt avis à Sigifmond. Ce prince reçut cette nouvelle à Milan, d'où il répondit l'onzième du même mois à la lettre du cardinal & au concile. Il approuva leur zéle, loua beaucoup leur intention, & les exhorta d'y perféverer avec courage, & de retrancher tous ceux qui voudroient ou diffoudre, ou différer le concile Il confideroit cette diffolution comme d'une très-dangereufe conféquence pour le bien de

léglife. Il écrivit auffi au pape, pour le diffua

der de fa réfolution, & l'exhorta à accorder AN. 1431. plûtôt fa protection au concile, qu'à penser à le rompre.

V I. Premiere leffion du concile de

La premiere feffion fut donc tenue le quator. ziéme de Décembre dans l'église cathédrale de Bafle. La meffe y fut célébrée par Philibert évêque de Coutances en Normandie; & après Bale. les prieres ordinaires dans ces occafions, le cardinal Julien, en qualité de président du concile, fit un difcours fur ces paroles du prophéte Ifaïe, chap. 12. v. 51. Purifiez-vous, vous qui portez les vafes du Seigneur. Il exhorta les peres à mener une vie pure & fans tache, à avoir une charité fincere les uns pour les autres, & à pourvoir au besoin de toute l'églife, comme il convient à ceux qui en font les chefs & les miniftres. Après le difcours l'évêque de Coutances monta fur un trône affez élévé, & lut les reglemens (uivans à voix haute & intelligible, pour être entendus de tout le monde, en préfence de l'ambaffadeur du roi des Romains, de celui du duc de Savoye, & des autres personnes de diftinction.

Le premier de ces reglemens étoit un décret

Conc. Pas de la trente neuvième feffion du concile de tris Labbe Conftance, touchant la célebration des conciles, tom. 12. p. où il étoit ordonné qu'il se tiendroit un conci- 459. 462, le général cinq ans après celui de Conftance, un troifiéme, fept ans après la fin du second; & à l'avenir qu'il s'en tiendroit toujours un de dix ans en dix ans, dans les lieux que le pape indiqueroit à la fin de chaque concile, du confentement & avec l'approbation du concile mề me. Après cette lecture, on publia le decret bid. p. 4.65. qui affignoit la ville de Bafle, pour le lieu du & 463. concile, avec la bulle de Martin V à ce fujet. Enfuite on propofa fix motifs, qui furent com-.

'AN. 1431.

me le but & la fin de tout le concile. Le pre mier, d'extirper les hérefies. Le fecond de reunir tout le peuple chrétien à l'églife catholique. Le troifiéme, de les inftruire dans les vérités de la foi. Le quatriéme, d'appaifer les guerres entre les princes chrétiens. Le cinquiéme, de réformer l'églife dans fon chef & dans les membres. Le fixiéme, de rétablir, autant qu'il feroit poffible, l'ancienne difcipline de l'églife. Et parce que tous ces motifs fe réduifoient à ce deffein capital de réformer l'églife, les peres prirent toutes les mefures & toutes les précautions néceffaires, pour l'executer sûrement, & pour prévenir tous les obftacles qu'on auroit pû y apporter. Enfin on renouvella les décrets publiez dans le concile de Conftance, contre ceux qui troubleroient le concile, & qui, par des intrigues fecretes, ou par une violence ouverte & déclarée, en empêcheroient le progrès; contre ceux qui feroient infulte aux membres du concile, & contre ceux qui s'en retireroient, fans avoir auparavant fait part des raisons qui les porteroient à le quitter.

Une preuve de la fageffe & de la prudence des peres de ce concile, fut le foin & l'exactitu de qu'ils apporterent dans la décision des matieres conteftées. Ils ordonnerent d'abord que tous les évêques qui venoient au concile, feroient diftribués en quatre claffes égales, & que chaque claffe feroit compofée de cardinaux, patriarches, archevêques, évêques, abbés, cu rés & docteurs, tant féculiers que réguliers, en théologie & en droit canon, de quelque nation ou province qu'ils fuffent. Afin que le nombre de ceux qui compofoient ces claffes, fut égal, on choifiiloit tous les mois quatre perfonnes. c'est-à-dire, un de chaque claffe, qui diftribuoient également ceux qui venoient de nou

veau. Chacune de ces claffes fe choififfoit un

préfident, un fyndic, un notaire, & d'autres AN. 1431. officiers. Ils s'affembloient régulierement trois jours de la femaine, le lundi, le mercredi & le vendredi. Toutes les claffes, ou pour ufer des termes du concile, toutes les députations avoient la liberté de conférer enfemble ou féparément fur les queftions qu'il falloit examiner : & celui qui avoit deffein de propofer quelque chofe, étoit obligé d'en inftruire auparavant le préfident & le fyndic de fa députation, qui en avertiffoient leurs confréres. Si une députation étoit d'accord fur quelque point, on avoit coutume de choisir le plus capable de cette députation, qui en rapportoit la conclufion aux trois autres, avec toutes les raifons fur lefquelles elle étoit appuyée, afin qu'elles puffent auffi dire leur fentiment. Que s'il arrivoit que quelqu'une des claffes ou députations. füt partagée en deux partis, quand même le nombre des fuffrages de l'un des deux auroit excedé l'autre, on choififfoit néanmoins un habile homme des deux partis, & on l'envoïoit aux trois autres députations, pour y propofer les fentimens, & les raifons qu'on avoit de les foutenir. Si les trois députations étoient d'accord, & que la quatriéme y trouvât encore quelque difficulté confidérable, on rapportoit la queflion à ces trois claffes, pour y être encore examinée; & fi quelque particulier fe déclaroit incapable de dire fon fentiment fur le champ, on lui donnoit du tems, pour confulter fes livres, & chercher la vérité. Enfin on choififfoit tous les mois trois perfonnes intelligentes de chaque claffe, qui s'affembloient tou tes les femaines dans les jours vacans, c'est àdire, dans les jours aufquels les claffes ne s'affembloient pas, Ces douze perfonnes conve

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