univerfité à Tréves; Conrad évêque de Metz,

& Guillaume comte de Duglas, feigneur d'E- AN. 1450. coffe, qui ayant été accufé en fon abfence d'a- Beët. l. 18. voir voulu fe rendre maître du royaume, fut Buchan,!.11. obligé de s'en retourner promptement dans fon pays, pour fe juftifier: mais il le fit avec tant de hauteur, que quelques hiftoriens difent que le roi le tua de fa propre main; & d'autres, qu'il lui fit trancher la tête : quoiqu'il en foit, fa mort fut caufe d'une guerre civile, que le roi ne termina que par les confeils & la fageffe de Jacques évêque de faint André, qui l'aida à ranger les rebelles à leur devoir. Ôn vit auffi à Rome le comte de Cilley en Stirie fur les confins de la Carniole, qui fit ce voyage, quoiqu'il fut âgé de quatrevingt-dix ans. Ce prince avoit toutes fortes de vices, il étoit cruel, impudique, voleur, impie, & faifoit peu de cas de la religion; il revint de Rome comme il étoit allé, & mourut en vrai Sardanapale, c'eft-à-dire, de la même maniere qu'il avoit vécu.

En. Sylv.

de Eur. c. 21,

Le grand nombre & l'éclat des miracles qui s'operoient au tombeau de Bernardin de Sienne, mort le vingtiéme de Mai de l'an 1444, réunirent tous les habitans de la ville de Sienne avec ceux d'Aquila où il étoit décédé, pour demander fa canonifation. On en avoit com- XXVIII. mencé les informations dès le tems du pape de S. BernarCanonifation Eugene IV, qui avoit été témoin de beaucoup din de Sienne. de faintes actions de Bernardin à Ferrare, à Florence & à Rome. Nicolas V fit continuer les procédures par les foins du bienheureux Jean de Capiftran, avec tant de diligence, qu'ayant été terminées à la fin de 1449, ce pape célébra folemnellement fa canonifation le jour même de la Pentecôte vingt-cinquième de Mai de Cette année 1450, & l'on en fit la fête le trej,

Ballar. to 2. Nicol.V.comjt.

AN. 1450.

XXIX.

vius eft fat

évêque Sienne.

ziéme de Juin fuivant. L'année d'après le pape ayant appris que les habitans d'Aquila s'obftinoient à ne vouloir pas rendre le corps de ce Saint que l'on confervoit dans le monastere des Religieux conventuels de faint François, il en accorda au moins la garde & la difpofition aux Obfervantins qui le regardoient comme leur fecond inftituteur, & leur patron fingulier, jufqu'à ce qu'ils lui euffent bâti une églife, qui fut achevée vingt ans après, & l'on y tranfporta le corps du Saint, le dix-feptiéme de Mai fous le pape Sixte IV. Neuf ans après il fut mis dans une chaffe d'argent que Louis XI roi de France donna pour marque de fa vénération envers le Saint.

Jean de Capiftran, dont on vient de parler, Aneas Syl étoit alors vicaire général des Cordeliers. Le de pape l'envoya cette année en Allemagne, à la perfuation d'Eneas Sylvius, afin d'y rétablir la regle de faint François dans fa premiere vigueur. L'empereur Frederic envoya Enée lui-même en qualité d'ambaffadeur auprès d'Alphonfe roi d'Arragon, à l'occafion du mariage qu'il avoit deffein de contracter avec Eleonore fœur du roi de Portugal, & niéce d'Alphonfe par fa fœur. Ce mariage ayant été arrêté, Enée le déclara au pape fur la fin du jubilé en plein confiftoire, & affura fa fainteté que dans l'année fuivante l'empereur comptoit de venir à Rome pour y recevoir la couronne. Il demanda auffi au pape de la part de cet empereur, que le concile qu'on devoit tenir en France, fût plutôt convoqué en Allemagne. Le même Enée fut fait enfuite évêque de Sienne fa partie.

XXX. Bulles du pa

pe Nicolas en

Comme on déliberoit alors fur les mesures qu'il falloit prendre pour envoyer du fecours à faveur des Demetrius Paleologue prince du Peloponese, & frere de Conftantin empereur de Constan

Chrétiens.

AN. 1450.

Turcs.

tinople, & à Scanderberg duc d'Albanie qui étoient en guerre avec les Turcs, & qui s'étoient adreffés particulierement au pape, à Al- contre les phonse & aux Vénitiens; le fouverain pontife, afin qu'on trouvât moins d'obstacle à la guerre Mariana, l; qu'on alloit entreprendre contre les infidéles, 22, 6, 20. renouvella le vingt-troifiéme d'Août de cette année les bulles de fes prédéceffeurs, contre ceux qui fourniroient aux Turcs des armes, du bois, des chevaux & autres chofes dont ces ennemis du nom chrétien pourroient fe fervir contre les fidéles, & contre ceux qui leur donneroient du fecours en quelque maniere que ce fût.

XXXI.
Le cardinal

Le pape Nicolas qui avoit rétabli le cardinal d'Arles dans toutes fes dignités, lorfqu'Amedée fit fa ceffion, pour lui donner des marques autentiques de fa confiance & de fon eftime, le fit légat du faint fiége dans la baffe Allemagne. Ce ne fut pas fans beaucoup d'obftacles que ce cardinal exécuta fa commiffion: d'Arles légat on lui dreffa des embûches dans fon chemin, dans la baffe on exerça fur lui & fur les gens de fa fuite Allemagne. plufieurs hoftilités; on pilla fouvent fon bagage, & les contradictions qu'il rencontra au rétablissement de la bonne difcipline, ne furent pas les moindres peines qu'il eut à fouffrir. Mais Dieu le garantit de tous les dangers où il fe vit expofé dans cette difficile légation, & il revint heureufement à Arles dans cette année. Il y travailla avec plus d'ardeur que jamais à réformer les mœurs de fon peuple, & à rendre l'état de fon églife floriffant. Il fit de grandes aumônes aux pauvres qui le regardoient comme leur pere: il bâtit, ou e tretint divers hôpitaux, & il ne faifoit point difficulté d'y aller fervir lui-même les pauvres. Enfin étant à Salon ville de fon diocéfe entre Arles

& Aix, il tomba malade, & prévit que Dieu AN. 145 vouloit le retirer du monde. Il se prépara à ce paffage par le renouvellement de fa pénitence, pour mourir comme il avoit vécu ; il demanda avec empreffement le facrement de l'Extrêmeonction; & après l'avoir reçu avec de grands fentimens de piété, il expira tranquillement le feiziéme de Septembre de l'an 1450, âgé d'en viron foixante ans.

XXXII.

cardinal,

Quelques auteurs ont prétendu qu'il étoit mort Mort de ce dans l'abbaye de Haute-Combe en Savoie, qui n'étoit pas fort loin du lieu de fa naiffance. D'autres veulent que ç'ait été dans un autre lieu de la Savoie près du lac de Genêve, & qu'il ait été enterré d'abord à Laufanne. Mais tous conviennent que fon corps fut transféré très-peu de tems après la mort dans l'églife cathédrale d'Arles; il y a beaucoup de vraisemblance que cette tranflation fe fit de Salon.

L'opinion que l'on avoit eue de fa fainteté dès fon yivant, s'accrut après la mort, au bruit qui se répandit des miracles que Dieu opéroit à fon tombeau. Ils firent tant d'éclat, que les partifans des conciles de Ferrare & de Florence, & du feu pape Eugene en demeurerent fort interdits, & ceux qui firent difficulté de fe rendre d'abord à la voix publique des peuples, ne purent enfin résister à l'autorité du fiége XXXIII. apoftolique: car le pape Clement VII le décla Le pape Cle- ra bienheureux avec le cardinal Pierre de Lument VII le xembourg. Dans la bulle de leur béatification déclare bien qu'il publia le neuvième d'Avril de l'an 15274

heureux.

il témoigne que les peuples invoquoient depuis longtems le bienheureux Louis Aleman comme un puiffant interceffeur auprès de Dieu.

Ce témoignage ne s'accorde gueres avec celui que le pape Eugene rendit de ce cardinal,

lorfqu'il fulmina une bulle d'excommunication contre lui, & que le regardant comme le principal auteur & l'unique appui du fchifme & de l'élection de l'antipape Felix, il ne fait point difficulté de le qualifier enfant de perdition, nourriffon de l'iniquité, qui pour fa rébellion, & pour divers crimes dont il étoit coupable, avoit déja été condamné par les conciles de Ferrare & de Florence, dégradé & privé de toutes fes dignités.

AN. 150.

XXXIV.

Juftification de fa conduite

dans le concAde Bafle.

Si les défenfeurs du pape Eugene fuppofent que le cardinal d'Arles a fait pénitence des excès qu'on lui attribue, c'eft une fiction qui n'a été imaginée que pour adoucir le chagrin d'une le palinodie mortifiante à laquelle fe font trouvé réduits ceux, qui, après avoir eu la témérité de le déchirer comme un fcelerat, un rébele, un perfide, un auteur de fchifme, un prédicateur de l'héréfie, ont été contraints d'acquiefcer aux témoignages vifibles que Dieu a rendu de fa fainteté aux hommes. Perfonne n'a encore pû produire aucune preuve du répentir de tant de crimes qu'on lui impute, & il paroît au contraire qu'il avoit toujours perfeveré dans les mêmes fentimens; puifque quand les peres du concile de Bafle où il préfidoit, se réunirent à Laufanne au pape Nicolas V, ce ne fut point en reconnoiffant qu'ils euffent mal fait, ni de réfifter à Eugene, ni de le dépofer, ni d'élire Amedée ce fut au contraire en proteftant qu'ils n'avoient rien fait que pour le bien de l'églife. Ils déclarerent qu'ils ne s'uniffoient à Nicolas V, qu'en l'élifant de nouveau après la ceffion volontaire de Felix V. Et l'union fe fit fans qu'on les obligeât à rien défavouer de tout ce qu'ils avoient fait. D'un autre côté Nicolas V, confirma ce qui avoit été fait à Bafle, & témoigna approuver toute la conduite Saints de A1

Vies de