caffé le concile de Bafle, légitimement affemblé, néanmoins pour éviter les grandes diffentions AN. 1433. qui s'étoient élevées, & de plus grandes qui pourroient s'élever dans la fuite, à l'occafion de cette rupture, il déclaroit que ce concile avoit été légitimement continué depuis fon commencement, & qu'il le devoit être à l'avenir; qu'il l'approuvoit, & le favorifoit dans ce qu'il avoit ordonné & décidé, & qu'il déclaroit que la diffolution qu'il en avoit faite étoit nulle, & qu'on ne devoit y avoir aucun égard : Il ajoûtoit: qu'il caffoit & annulloit pareillement tout ce qui avoit pû être attenté contre l'autorité de ce concile, & tous les procès faits ou commencez contre les membres, & qu'il promettoit fincerement de se défifter de tout ce qui pourroit leur porter préjudice. Quoique l'on dût ce changement de conduite en partie au dérangement des affaires d'Eugene, & en partie aux prieres & aux follicitations de Sigifinond, néanmoins ce pape fait connoître dans une lettre dattée de Florence le treiziéme des calendes de Mars, c'eft-à-dire, le dix-feptiéme de Février, qu'il ne s'étoit rangé à ce parti que de l'avis & du confentement du vénérable frere Jourdain évêque de Sabine, & de fes bien aimez fils Antoine de Saint Marcel, François de Saint Clement, Angelot, du titre de Saint Marc prêtres ; & de Lucide de Sainte Marie en Cofmedin, de Profper, du titre de Saint George, & de Dominique, du titre de Sainte Marie in via leta, diacres, & tous cardinaux de la fainte église Romaine. Ce fut d'entre ces cardinaux qu'il tira deux de ceux qu'il choifit pour préfider au concile; fçavoir, Jourdain des Urfins, & Angelot, du titre de Saint Marc, aufquels il joignit Nicolas Albergat, & Pierre évêque d'Albe, auffi cardiTome XXII, D naux. Mais quelques affaires importantes les reAN. 1433. tenant à Rome, Eugene leur fubftitua dès le lendemain feiziéme de Décembre Jean archevêque de Tarente, Pierre évêque de Padouë, & Louis abbé de Sainte Juftine; & les revêtit d'un pouvoir femblable à celui qu'il avoit donné aux premiers. Et le même jour feiziéme il écrivit au cardinal Julien, pour le confirmer préfident du concile, comme il l'avoit été jusqu'alors; en forte néanmoins que ceux qu'il envoyoit, préfidéroient avec lui.. LXXXIV. tées contre le concile. Outre tant de témoignages de fincerité de Le pape l'approbation qu'il donnoit au concile, il voulut révoque les révoquer expreffément les deux bulles qu'il avoit bulles por fait publier pour le caffer, & le déclarer illégitime; & il fe fervit de cette occafion pour défayouer une troifiéme bulle, qui avoit parų en même tems, dans laquelle on apportoit les tome X11. Praisons qui l'avoient fait réfoudre à la rupture du concile, & l'on s'emportoit même beaucoup contre les peres.» Afin, dit-il, que tout Labbe conc. $89. " le monde foit évidemment perfuadé de notre »intégrité & de notre dévouement à l'église >> univerfelle, & au faint concile de Bafle, nous » révoquons nos deux bulles données depuis » long-tems dans notre palais apoftolique; car à la troifiéme qu'on dit commencer par >> quant bid pag. 532. » ces mots, Deus novit, comme nous ne fça»vons pas qu'elle foit jamais émanée de nous » quoiqu'il foit inutile de révoquer ce qui n'é»xifte point, nous la révoquons aufli néan» moins pour plus grande précaution, & parce » qu'on le demande, de même que toutes les » autres qui pourroient paroître en notre nom, » au préjudice du même concile, ou contre fon autorité. دو сс Cette conduite du pape fut approuvée des LXXXV. & blâmée des autres. Les partifans du con Jugement uns, tile en triompherent, regardant cette révoca té de cette tion comme une preuve autentique de l'autorité AN. 1433. du concile de Bafle, & qui charge de confufion ceux qui, contre la foi des actes de ce concile & qu'on a pordes lettres d'Eugene, affurent que c'eft un con- conduite du cile acephale, ou fans chef, & fchifmatique. Ce pape. reproche en effet eft contre toute vraisemblance, puifque ce concile ayant été convoqué non-seulement par le pape Martin V. & par Eugene fon fucceffeur, mais encore confirmé & approuvé par ce dernier, qui reçoit par fa bulle tout ce qui s'y eft fait dans les feffions précédentes, & tout ce qui fe fera à l'avenir pour l'extirpation des héréfies, pour l'union des princes chrétiens, & pour la réformation de l'églife en fon chef & en fes membres; il s'enfuit que ce concile ayant toutes les conditions qu'on demande pour un concile légitime, ne peut être acephale. Un de ceux qui s'eft le plus fortement élevé contre Eugene, à caufe de l'approbation que ce pape a donnée au concile de Bafle, c'eft l'hiftorien Platine; il lui reproche d'avoir troublé par là toutes les chofes divines & humaines, d'avoir engagé le peuple Romain à prendre les armes, d'avoir excité un nombre infini de maux. Le cardinal Cajetan eft le premier qui ait ofé traiter ce concile d'acephale & de fchifmatique, dans un difcours particulier qu'il en fit, & qui fut inferé dans la feffion onzième du concile de Latran fous Leon X. Le cardinal Bellarmin a été de meilleure foi; il s'eft contenté de dire le concile de Bafle a été légitime dans fon commencement, mais qu'il a ceffé de l'être au tems de la dépofition du pape : & cette opinion eft la plus reçue, qu'il eft général & acumenique jufqu'à la dixiéme feffion, felon les uns, ou plus probablement jufqu'à la vingt-fixiéme, selon les autres; parce que ce fut en cette que Platin de vit. Pontif. in Eng. IV. Bellarm. liv. 3. de Ecclef. militante. c. 61. AN. 1433. * Plus bas liv. 108. feffion du concile de Balle. tom. XII. p. 228. feffion qu'on commença à déliberer de la dépo fition du pape Eugene. Panorme a fait un excellent traité pour juftifier le pouvoir & la conduite du concile de Bafle dans la dépofition d'Eugene: nous en parlerons ailleurs *. La feiziéme feffion fe tint le vendredi cinquiéme de Février dans le lieu ordinaire. L'empereur 'AN. 1434 Sigilmond y affifta en habits impériaux, & plus LXXXVI. de quatre-vingt dix prélats avec des mitres Seiziéme blanches. Après les prieres accoutumées on lut les lettres d'Eugene, pour l'approbation du concile, & la révocation de la diffolution qu'il avoit prétendu en faire. Ces lettres furent préLabbe conc fentées par l'archevêque de Tarante & l'évêque de Cervia, & après qu'on les eut lûës & examinees avec foin, le concile déclara que le pape avoit pleinement fatisfait aux avertissemens, citations & requêtes du concile, felon ce qui étoit porté dans la feffion quatorziéme, & dans la formule qui y étoit inferée. Ces lettres furent approuvées & rapportées dans les actes. Neanmoins Jean qui fut depuis cardinal de la Tourbrûlée, & qui étoit à ce concile,nie qu'on puiffe rien inférer de ces lettres, qui foit favorable à ceux de Bafle; le pape n'approuvant pas tout ce le concile avoit ordonné, & ne s'obligeant. point à approuver ce que les peres voudroient Turrecrem. fum de Ecclef. 1.2. cap. 100. que P. Alexand. arrêter au-deffus de l'autorité ordinaire des conpart. 3. facul. ciles. Pour voir combien le fentiment de ce car. XV. & XVI. dinal eft peu fondé, on n'a qu'à confulter le Hift. Eccl. p. P. Alexandre dans fa huitiéme differtation fur le concile de Bafle. 365. tion pour LXXXVII. Après que le concile eut approuvé les lettres Congréga- du pape dans cette feffion, on tint une congrégation générale le vingt-quatrième d'avril, pour incorporer les légats d'Eugene au concile fous leurs propres & privez noms. Ces légats étoient Nicolas cardinal de Sainte-Croix, Jean arche incorporer les légats du pape au concile. vêque de Tarente, Pierre évêque de Padouë, & Louis abbé de Sainte Juftine, qu'on obligea AN. 1434. de jurer qu'ils agiroient & travailleroient fidelement pour la gloire du concile, qu'ils en obferveroient les decrets, & particulierement ceux de la quatriéme & cinquième feffion du concile de Conftance: fçavoir, qu'un concile légitimement affemblé repréfente l'églife universelle qu'il tient immédiatement de Jefus - Christ fon autorité, que le pape même eft obligé d'y obéir, dans les chofes qui regardent la foi, l'extinction du fchifme, & la réforme générale de l'églife. Qu'ils ne reveleroient point le fecret du concile, & qu'ils n'en fortiroient point fans le congé des députez qu'enfin ils donneroient en toutes chofes de bons confeils felon Dieu & leur con.. fcience. A quoi ils s'obligerent tous par ferment en leurs propres & privez noms. Les peres du concile prirent toutes ces précautions, par la crainte qu'ils avoient que la rétractation du pa- P'us bas liv. pe ne fût une feinte, qu'il n'eût envoyé fes légats au concile que pour en projetter fecrete- fuiv. ment la rupture: : ce qui arriva en effet. 107.n.54. & Ces quatre légats après avoir prêté ferment LXXXVIII dans cette congrégation, furent admis dans la Dix-feptiéme feffion du dix-feptième feffion qu'on tint le lundi vingt- concile de fixiéme d'Avril en préfence de l'empereur, vêtu Bafle. de fes ornemens imperiaux, & de plus de cent LXXXIX. prélats en mitres & en habits pontificaux. Ces Serment légats y préfiderent avec le cardinal Julien an- qu'on exige cien préfident. Les peres du concile y firent plu- des légats. fieurs decrets pour rendre leur conduite plus fure; car craignant que s'ils recevoient les légats d'Eugene pour préfider au concile avec une au- 536. & 540. torité abfolue & indépendante, ce ne fût un trop puiffant obftacle à la réformation des membres. de l'églife; ils déclarerent d'abord qu'ils ne les recevoient pour préfidens, qu'à condition qu'ils Labbe conc tom. XII. p. |