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noient ensemble, fur les déliberations des qua AN. 1431. tres claffes, elles en faifoient leur rapport au préfident du concile, qui indiquoit l'affemblée générale, pour y dreffer la conclufion synodale dans une feffion publique.

Cette affemblée générale étoit compofée des quatre nations, qui le trouvoient dans le chapitre de l'églife cathédrale de la ville de Bafle Conc. gen. en Suiffe; & là il étoit libre à chacun de proin edit. reg. pofer ce qu'il vouloit, fur la queftion qui avoit tom. 30. in été examinée, & fur laquelle on devoit confine.

clure. Après quoi la feffion publique fe tenoit dans l'églife cathédrale. On dreffoit la conclufion, & on l'inferoit dans les actes du concile. Voilà l'ordre qui fut gardé par les peres du conciles de Bafle, dans les matieres conteftées. La raison de cette maniere d'agir du concile, fut pour empêcher les brigues de la nation d'Ita Îie, qui à beaucoup plus d'évêques que les autres, & qui par leur grand nombre auroit pû retarder, ou empêcher la réforme de l'églife. On a vû que ce même ordre avoit été gardé, vingt-quatre ans auparavant dans le con cile de Conftance. Les fiécles qui ont fuivi, & ceux qui ont précedé ce concile, ne nous fourniffent point d'exemple d'une plus grande exactitude, ni d'une plus grande liberté.

Pour empêcher les conteftations qui pouvoient s'élever fur les rangs, il fut ordonné que celui qu'on auroit dans le concile, & que les qualités qu'on y prendroit, ne pourroient fervir de titre d'un droit acquis, ni préjudicier à perfonne. Enfin on accorda à ceux qui affifteroient au concile, le droit de percevoir les fruits de leurs bénéfices, quoiqu'absens ; & on nomma les officiers. Les notaires furent Luc de Viffo, fécretaire du cardinal Julien, & Rodulphe, du diocèle de Geneve, aufquels on joignit Henri

Nithart, do&teur en droit canon, & Louis Paris licentié, pour avoir infpection fur les actes qu'on AN. 143 I. écriroit. On nomma pour promoteurs Nicolas Ami licentié en théologie, avec Henri Anefter, licentié en droit canon, & Henri Stater doyen d'Utrecht, avec Suadere de Marthufen, furent choifis pour regler les places dans le concile. Le préfident y affiftoit en habits pontificaux, & étoit placé dans la chair épifcopale, près de l'autel, le vifage tourné vers les peres du concile, qui étoient affis en habits pontificaux, dans les fieges des deux côtés du chœur. Les ambaffadeurs des princes étoient dans le milieu fur des bancs, le vilage tourné vers le préfident, & derriere eux les généraux d'ordre, les docteurs & les autres eccléfiaftiques. Les prieres ordinaires étant finies, un ou deux prélats montoient au jubé, lifoient les décrets, & demandoient fi on les approuvoit : le président du concile, & ceux de chaque députation répondoient qu'oui, & ainfi finiffoit la feffion.

VII. Affemblée de Bourges.

Jean Char

de Charles

Vil.

Tout le tems qui s'écoula jufqu'à la prochaine feffion qui fe tint l'année suivante, futemployé en différentes congregations, où l'on penfa aux moiens d'empêcher le pape Eugene de diffoudre le concile, comme il avoit réfolu de le faire. Ce fut pour s'oppofer à ce deffein, que les prélats de l'églife de France, s'étoient tier, hiftoire affemblés à Bourges, par l'autorité du roi, & qu'ils firent le vingt-fixiéme de Février quelques reglemens ou chapitres, fous le nom d'Avis, dans lefquels ils remontroient que le concile Labbe. étoit légitimement convoqué, & devoit s'af- end. 1. tom. VII. p. 819. fembler à Bafle, & qu'il ne devoit point être transferé ailleurs, & prioient le roi très - chrétien d'envoïer fes ambaffadeurs au pape, afin de l'engager, cû égard aux befoins de l'églife, & au bien général de la religion chrétienne, à

Αν

Conc. gén.

ap

continuer le concile de Bafle, & par-là fermer AN. 1431. la bouche aux ennemis de la foi, & de fa fainteté. Ils fupplioient auffi le roi Charles VIII d'écrire à Sigifmond roi des Romains, & aux ducs de Savoye & de Milan, afin qu'ils tinffent la main à ce concile, & qu'ils euffent foin de rendre les chemins libres, particulierement du cô. té de Rome. Amedéé archevêque de Lyon, & depuis cardinal, fut choifi dans cette affemblée de Bourges, pour aller trouver le pape de la part du roi & du clergé. Le roi fut auffi prié d'envoier fes ambaffadeurs au concile, & de permettre aux prélats de fon royaume de s'y rendre ce qui leur fut accordé, avec la quatrième partie des dixmes pour leur dépenfe.

Les peres du concile, pour empêcher que les JAN. 1432. bruits qu'on répandoit de la prochaine diffoluVIII. tion du concile par le pape, ne détournassent Lettres cir- les autres prélats de venir à Bafle, écrivirent à culaires des tous les fidéles le vingt-uniéme de Janvier de peres du concette année, qu'ils avoient unanimement réfolu cile pour fa continuation & arrêté de continuer le concile, légitimement convoqué & commencé, & qu'ils ne quitteroient point la ville, qu'il ne fût entierement fini ils exhortent un chacun de les affifter; & ordonnent aux prélats, fur les peines de droit, de s'y rendre promptement. Ils écrivirent auffi aux rois & aux princes, pour les prier d'y tenir la main, & d'y envoyer eux mêmes leurs prélats. La copie des lettres écrites au roi de Pologne fe trouve dans l'addition des actes du conCon. tom. cle. Après toutes ces mesures, on se prépare à XII. p. 832. tenir la feconde feffion.

I X. Seconde

feffion, du

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Elle fe tint le quinziéme de Février de cette année 1432, & le premier décret qu'on y concile de fit, fut pour rétablir l'autorité du concile, & empêcher le pape Eugene de le diffoudre ou de le transferer. C'est pour cela que les deux

Bafle,

Labbe conc.

tom. XII. •

477.

décrets du concile de Conftance, de la quatriéme & cinquième feffion, y furent confirmés. AN. 1432. Par le premier, il eft déclaré que le fynode affemblé au nom du Saint Elprit, qui compose le concile général, & représente l'église militante, a fon pouvoir immédiatement de Jefus-Chrift, & que toute perfonne, de quelque état & dignité qu'elle foit, même le pape, eft obligé de lui obéir, dans ce qui regarde la foi, l'extirpation du schisme, & la réforme générale de l'églife, dans fon chef & dans les membres. Dans le fecond, le concile déclare que tous ceux, de quelque dignité & condition qu'ils foient, & le pape même refufant d'obéir aux ordonnances & aux décrets de ce concile général & de tout autre, feront mis en pénitence, & punis. En conféquence de ces décrets, & de celui qui ordonne la tenue des conciles généraux, le concile de Bafle déclare qu'il n'a pû, qu'il ne peut, & ne pourra être diffous, transferé ou prorogé par qui que ce foit, même par le pape, fans le confentement & la délibération dudit concile. On déclara nul tout ce que le pape, ou tout autre feroit, pour donner atteinte à fa tenue, & pour appeller ailleurs ceux qui y affiftoient, ou qui devoient y affifter. On défendit à ceux qui y étoient incorporés, d'en fortir pour quelque caufe que ce fût, fans fon confentement; & on déclara que toutes les cenfu. res & interdits, ou fufpenfes portez par le pape, contre les fuppôts du concile, feroient nulles, & n'obligeroient en aucune maniere.

La raison qui obligea les peres à prendre toutes ces précautions, fut la nouvelle certaine qu'on reçut que le pape Eugene avoit donné un décret pour la diffolution du concile. Ce pape ayant appris que toutes les nations, animées d'un faini zéle pour la reforme de l'é

X.

glife, fe rendoient en foule à Bafle, &

que le

AN. 1432 nombre des prélats & des docteurs étoit plus que fuffifant pour compofer le concile, ne penfa Le pape écrit plus qu'à arrêter ce zéle qui l'incommodoit. au cardinal Dans cette vue il envoya l'archevêque de Tafoudre le rente, & l'évêque de Coloffe au cardinal Julien concile. pour l'exhorter à chercher les moyens pour rom.

Julien de dif

Labbe conc. pre le concile, ou de fufpendre. Son prétexte tom. XII. p.étoit que l'union des Grecs avec les Latins, com

334.

mencée dans le concile de Sienne, ne pouvoit point se traiter à Bafle, fi les Grecs n'y étoient préfens; & qu'ils ne pouvoient s'y trouver qu'après un tems confidérable, à cause de leur grand éloignement; il croyoit ces raifons, fuffilantes pour rompre le concile, & le transferer à Boulogne en Italie; à quoi il ajoutoit que cette ville lui feroit auffi plus commode, & qu'alors il pourroit affifter au concile, & y préfider.

Comme le véritable dellein du pape ne tendoit qu'à empêcher la réforme de l'églife, les peres voulant pourvoir à la sûreté du concile, - renouvellerent les deux décrets de Conftance déja rapportez, & ordonnerent que le pape ne pourroit rompre le concile, ni le transferer ailleurs. Ce qui montre que ces deux décrets avoient, au tems du concile de Bafle, la même autorité & la même force qu'ils avoient eu, pendant le fchifme qui donna occafion au con cile de Conftance; puifqu'ils ont été confirmez à Bafle, & que le concile ordonna qu'ils fuffent inferez dans fes actes après l'extinction du fchifme. Il n'eft donc pas vrai, comme le prétendent quelques auteurs, que ces deux décrets n'ont été approuvez que par le parti de Jean XXIII, durant le fchifme feulement, lorfqu'en doutoit encore du chef légitime de l'églife, puifqu'Eugene étoit alors reconnu univeriellement pour pape.

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