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ÉVENEMENS DU REGNE DE VOU-TING. Kaug-mo.

1324. 1266.

1274,

1216.

J. C.

avant

CE E Prince, nommé Tchao, étoit fils de Siao-ye; on lui Tfou-chou. donne le titre de Kao-tsong. Sa premiere année, fuivant le Tfou-chou, eft la quarante-quatrieme d'un cycle; sa Cour étoit à Yn, & il eut pour premier Ministre Kan-pan, celui fous lequel il avoit étudié. La troisieme année il vit en fonge un homme qui se trouva être Fou-yue; il le fit venir, & la fixieme année il le fit fon premier Ministre. Il fit examiner les études & donner des vivres aux vieillards. La vingt-cinquieme année le Prince héritier fon fils, nommé Hiao-su mourut dans une campagne. La vingt-neuvieme année il fit un fecond facrifice, & le Faifan chanta (1). La trente-deuxieme année il alla faire la guerre dans le pays de Kuei-fang, & le foumit la trente-quatrieme année. Les peuples de Ti & de Kiang vinrent auffi lui rendre hommage. Il remporta encore plusieurs victoires fur différens Peuples, & il mourut après un regne de cinquante-neuf ans.

Le Kang-mo, qui met fa premiere année la cinquantequatrieme d'un cycle, dit que ce Prince refta, après la mort de fon pere, pendant trois ans dans le deuil & dans le filence; que tous les Miniftres s'adressoient, pour les affaires, à Kanpan, qui étoit Tchong-tfai ou premier Ministre. C'est cet événement qui eft le fujet du huitieme Chapitre du Chou-king. On lui donne également cinquante-neuf ans de

regne.

(1) Cet événement fait le fujet du Chapitre IX de cette Partie.

Q

Kang mo. 1324. 1266.

Tfou-chou.

1274. 1216.

avant J. C.

INTITULÉ

YUE MIN G.

SOMMAIRE.

Ce Chapitre eft divifé en trois parties; le titre fignifie ordres donnés à Yue, le même que Fou-yue, dont il eft parlé dans la vie de Vou-ting. Il ne contient que des demandes du Roi, & des inftructions de Fou-yue. Les trois parties de ce Chapitre ne font que dans l'ancien texte, & forment trois Chapitres. Le P. Duhalde, T. 2, pag. 305, en a rapporté la traduction.

PREMIERE SECTIO N.

LE Roi (1), apès trois ans de deuil paffés dans le Palais de

Leang-gan (2), gardoit encore le filence. Tous les Grandsfui firent alors des représentations, & lui dirent : celui qui fait eft celui qui comprend & qui voit clairement; celui qui comprend & qui voit clairement eft le véritable modele. Le Fils du Ciel eft le Maître de tous les Royaumes; les Miniftres le fuivent comme leur modele. Les paroles du Roi font des ordres; mais s'il ne parle pas, les Grands ne peuvent recevoir

fcs ordres.

Le Roi répondit dans un écrit: je défire de mettre le bon ordre dans tout le Royaume ; fi je ne parle pas, c'est parceque

(1) Le Roi dont il eft parlé eft le Roi Kao-tfong, le même que Vou ting; il portoit le deuil de fon pere Siao ye.

(2) Leang-gan eft le Palais où Kao tfong portoit le deuil. L'an 1 3 24 avant J. C. eft, felon l'Hiftoire de Tong-kien-kang mou, la premiere année du regne de Kao-tfong.

je crains de ne pas imiter la vertu de mes prédéceffeurs. J'ai refléchi refpectueusement en moi-même fur la Loi : dans un VOU TING. fonge le Seigneur (1) m'a donné un Ministre fidele ; c'est lui qui doit parler pour moi.

Kang-mo.

1324.

1266. Tfou-chou. 1274.

On peignit donc la figure de cet homme qui avoit apparu en fonge. On prit ce tableau, & on chercha dans tout le Royaume. Yue (2) travailloit alors en maçonnerie dans la campagne de Fou-yen (3). Ce fut lui qui fut trouvé ressemblant; c'eft pourquoi il fut établi Miniftre, & le Prince lui avant J.C confia le foin de toutes les affaires.

Il lui ordonna de l'inftruire tous les jours depuis le matin jufqu'au foir. Aidez-moi, dit le Roi, à me rendre vertueux; foyez pour moi ce qu'eft une pierre à aiguifer le fer, ce que font une barque & des rames pour paffer une riviere confidérable & ce qu'eft une pluie abondante dans une année de féchereffe.

Ouvrez votre cœur & arrosez le mien.

Si après avoir pris une médecine, on ne fent aucun trouble (4) dans les yeux & dans le cœur, on ne peut attendre de guérifon; fi en marchant pieds nuds, on ne jette pas les yeux fur la terre, le pied sera blessé.

De concert avec les Miniftres, ne craignez pas de me redreffer, quoique je fois votre Maître; procurez la tranquillité au Peuple, en faifant enforte que j'imite les Rois mes prédéceffeurs, & fur-tout mon fublime Maître (5).

Obfervez exactement ce que je vous ordonne, & ne ceflez jufqu'à la fin.

C'est par

la regle & par le cordeau, répondit Yue, que le

(1) Le Seigneur eft Ti; c'eft le Chang-ti. Le fonge de Kao-tsong est un trait d'Hiftoire que les Chinois ont toujours regardé comme un des plus authentiques & des plus avérés.

(2) Yue eft auffi nommé Fou-yue.

(3) Ping-lo-hien, ville du diftrict de Ping-yang fou, du Chan-fi, eft près du lieu où on trouva Fou-yue. On y voit encore une Salle bâtie en l'honneur de cet homme illuftre.

(4) On veut dire par-là que fi la médecine ne fe fait pas fentir, &c. (5) Tching tang, fondateur de la Dynaftic.

1219.

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bois devient droit. Si le Roi fe conforme aux avis des fages VOU-TING, il pourra devenir parfait (1), & s'il eft parfait, fes Miniftres front d'eux-mêmes leur devoir : qui oferoit alors violer les orKang-mo. dres d'un tel Roi?

1324.
1266.

Tfou-chou.

1274.

1216.

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Yue, après avoir affemblé tous les Miniftres, & leur avoir avant J. C. communiqué fes ordres, fit ainfi fon rapport: le Roi intelligent, qui autrefois se conforma avec refpect à la loi du Ciel, fonda l'Empire (2) & établit une Cour. If affigna des lieux où devoient réfider le Roi, les grands Vaffaux & les grands Officiers. Ce Prince intelligent ne s'occupa pas des plaifirs, il n'eut que le gouvernement du peuple en vue.

Le Ciel (3) eft fouverainement intelligent; l'homme parfait

(1) Ching, c'eft le fage accompli, le jufte & le fage parfait.

(2) Ici Yue parle du premier Roi de la Chine; mais ce qui fuit ne donne aucune lumiere fur le tems où il régna. On peut encore traduire, ce me femble, au plurier, & dire : les Rois intelligents fonderent l'Empire. Yue parloit de ce premiet Roi comme d'un perfonnage connu. Dans les Commentaires fur le livre claffique Y-king, Confucius parle de Fou-hi comme du premier Roi, & fur cet article l'autorité de Confucius eft préférahle aux autres. Mais il n'eft nullement certain qu'il foit queftion ici de Fo hi ], (3) La parfaite intelligence attribuée ici au Ciel a été fort remarquée les que par les Interpretes anciens & modernes. Ceux qui ont prétendu anciens Chinois n'ont reconnu d'autre Ciel que le matériel, n'ont eu garde d'examiner ces fortes de paffages dans les King. C'eft cependant de l'inter prétation de ces paffages clairs qu'on doit juger de ce que penfent les Chinois d'aujourd'hui.

Le célebre Thai-chin, qui vivoit vers l'an 1200 de J. C., dit qu'il n'y a rien que le Ciel n'entende & ne voye. Les autres Commentateurs expliquent en détail cette fouveraine intelligence. Le Commentaire à l'ufage de Kang-hi, dit que le Ciel eft fimple, intelligent, jufte, fpirituel, qu'il voit tout ce qui fe fait en public & en particulier dans les endroits les plus cachés. Le beau Commentaire Ge-kt dit: pouvoir châtier les mauvais récompenfer les bons, être la vérité même, être efprit incompréhensible immuable, permanent, jufte, fans paflion, tout cela fe trouve dans ces deux caracteres Chinois Tfong-ming, qui dans ce texte fignifient, fouverainement intelligent. Je n'ai rapporté ici qu'une partie de ce qui eft dit

l'imite, les Miniftres lui obéiffent avec refpect, & le peuple fuit les loix du Gouvernement.

VOU-TING.

Kang-mo. 1324.

1266.

Les paroles (1) font naître la honte; le cafque & la cuiraffe, la guerre; les habits doivent être mis dans les armoires. Il faut être attentif aux armes. Abftenez-vous des fautes qui peuvent venir de ces quatre fources; mais fi vous procurez Tfou-chous fincerement l'avantage qui peut en réfulter, il n'est aucun que vous ne puiffiez faire.

bien

La paix & le trouble dépendent des Miniftres. Les Emplois ne doivent pas être donnés à ceux qui ne fuivent que leurs paffions, mais à ceux qui ont de la capacité; les honneurs ne doivent pas être conférés aux méchants, mais aux fages.

Penfez au bien avant que d'agir, mais fachez choisir le tems. Croire (2) qu'on a affez de vertu, c'est l'étouffer; & relever fes bonnes actions, c'eft en perdre le fruit.

Refléchiffez avant que d'agir; c'est en refléchissant qu'on fe délivre des inquiétudes.

Si l'on ne fait pas de bien aux hommes, on en eft méprifé; fi l'on ne rougit pas d'une faute involontaire, c'est une nou

velle faute.

Si l'on eft fixe fur un objet déterminé, le Gouvernement fera fimple.

Dans les facrifices & dans les oblations, obfervez la propreté; autrement il n'y a point de refpect. Les rits & les cérémonies trop multipliés font naître de la confufion; il n'est pas aisé de fervir & d'honorer les Efprits.

Que cela eft admirable, dit le Roi! Je veux fuivre exactement vos avis. Si vous ne m'aviez pas parlé ainsi, comment aurois-je appris ce que je dois faire?

par les Commentateurs de ce paffage. Si on veut fe donner la peine d'examiner les Commentaires des paffages des King, depuis la Dynastie des Han jufqu'à celle d'aujourd'hui, on trouvera une doctrine pareille à ce que je viens de dire fur l'intelligence du Ciel.

(1) Ce paragraphe contient des fentences fans doute en ufage & de grand poids au tems de Yue.

(2) Yue, après avoir dit que le Prince doit imiter la fouveraine intelligence du Ciel, dit en quoi le Prince doit imiter cette intelligence.

1274.

1216.

avant J. C.

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